mercredi 21 mars 2018

Silence, ils meurent... notre lâcheté



Silence ils meurent  (trouvé sur Atlantico ce 21/3/2018)
La chute d'Afrin : 
le déshonneur de l'Occident !

Comme Munich en 1938 notre indifférence et notre inaction face au massacre des Kurdes demeurera une tache indélébile sur notre histoire.

Ils meurent et nous n'avons rien dit. Ils souffrent et nous n'avons rien fait. Ils appellent au secours et nous sommes restés sourds. Avons-nous menacé Erdogan et Poutine ? Avons-nous saisi le Conseil de Sécurité pour les faire condamner ?

Pourquoi Erdogan ? Parce que ce sont ses troupes et ses supplétifs arabes, particulièrement barbares, qui, pénétrant en territoire syrien, ont envahi l'enclave kurde d'Afrin. Pourquoi Poutine ? Parce que sans son aval l'aviation turque n'aurait jamais pu faire des trouées sanglantes dans les rangs kurdes.
En effet la Russie contrôle étroitement le ciel syrien. Elle y a des bases aériennes, des avions, des radars. Quand l'aviation israélienne bombarde en Syrie des bases du Hezbollah, faisant quelques morts, les Russes sont toujours discrètement prévenus. Leurs avions restent au sol et leurs radars deviennent aveugles. Quand l'aviation turque décolle pour tuer des milliers de kurdes les Russes en sont également informés.

Ils ferment les yeux et, complices, laissent faire. Et nous ? Rien. Pas un mot. Pas une protestation. Je comprends bien qu'on ne va pas bombarder les Turcs et les bases russes. Mais les sanctions commerciales et financières ça existe. Les saisies des comptes bancaires des responsables turcs et russes des opérations aussi.

Mais on ne va quand même pas trop se fâcher avec Erdogan et surtout avec Poutine. Avec quelques gémissements plaintifs nous lui avons permis, en pleurnichant, de dévorer la Crimée et d'avaler le Donbass. Pourquoi se gênerait-il? Et pourquoi Erdogan se gênerait-il ? A notre demande il garde chez lui, moyennant une énorme rançon, des centaines de milliers de migrants dont nous ne voulons pas. La tranquillité ça se paye…

Une voix, une seule, s'est élevée en France pour dire la vérité. Celle de François Hollande. Dans une interview au Monde, dont les médias paresseux n'ont retenu que quelques piques contre Macron, il a dit ce qu'il fallait dire. Que "si la Russie menaçait elle devait être menacée". Que les Kurdes étaient un grand peuple et qu'ils s'étaient battus contre Daech pour leur liberté et pour la nôtre.

Que n'a-t-il trouvé ces mots-là quand il était président de la République ? Quant à nous, la France, l'Europe, l'Occident méditons encore une fois la célèbre phrase de Churchill au lendemain des honteux accords de Munich. "Vous avez voulu la paix dans le déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre". Non, nous n'aurons pas la guerre. Car nous ne faisons pas la guerre : les Kurdes la font pour nous.

samedi 6 mai 2017

l’histoire pourra demander aux évêques de rendre compte de leur silence historique face au front national



Christian Delorme: « Le silence historique des évêques de France »
Dans une tribune au « Monde », le prêtre du diocèse de Lyon déplore que les digues anti-FN soient tombées chez de nombreux pratiquants catholiques.

LE MONDE | 05.05.2017 à 10h25 • Mis à jour le 05.05.2017 à 10h48 |
Par Christian Delorme (Prêtre du diocèse de Lyon)


TRIBUNE. Alors que, le 7 mai au soir, la France risque de se retrouver avec une présidente élue représentant la famille de l’extrême droite, la Conférence épiscopale française a fait le choix d’une parole tiède que l’on peut assimiler à un silence coupable tant cette parole est inaudible et peut seulement profiter à Marine Le Pen.

Dès le 30 mars, le président du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France, le pasteur Laurent Schlumberger, a alerté, dans un communiqué, sur la « catastrophe » que serait une victoire de la candidate du Front national à l’élection présidentielle. Le 25 avril, c’était au tour du grand rabbin de France, Haïm Korsia, d’appeler à voter sans hésitation au second tour pour Emanuel Macron.

Des responsables musulmans ont suivi. Nos compatriotes protestants et juifs ont une longue expérience des persécutions liées à des pouvoirs identitaires, et ils ne sauraient se tromper sur les dangers qui montent (surtout après que Marine Le Pen a exprimé récemment que la France n’était « pas responsable du Vel’ d’Hiv » et fait l’éloge du cardinal de Richelieu, qui aurait eu raison de combattre les protestants, qui « avaient des exigences qui allaient contre la nation »).

Les évêques français, eux, se sont contentés, le soir du 23 avril, d’un vague communiqué signé par leur secrétaire et porte-parole, rappelant différents points de discernement concernant les choix électoraux, parmi lesquels le souci de la construction européenne et celui du respect de l’immigré. Mais point d’appel aux catholiques à ne pas se laisser happer par les sirènes d’un parti « génétiquement » nationaliste et xénophobe ! Pas de parole tranchante ! Au contraire : le communiqué précise que la Conférence épiscopale « n’appelle pas à voter pour l’un ou l’autre candidat ».

Droitisation de plus en plus forte

Par le passé, les évêques français ont su faire preuve d’attitudes autrement moins conciliantes à l’égard du parti d’extrême droite. En 1998, le cardinal Louis-Marie Billé, archevêque de Lyon et président de la Conférence des évêques, signait avec les autres grands chefs religieux de notre pays une déclaration qui commençait ainsi : « Les responsables des grands courants religieux de France s’inquiètent de la place désormais prise dans la vie politique française par un parti qui n’a jamais caché ses thèses racistes, xénophobes et antisémites. »
A l’élection présidentielle de 2002, plusieurs évêques appelèrent à voter Jacques Chirac pour barrer la route à Jean-Marie Le Pen. Ce temps est fini. Pourquoi ? A cela plusieurs raisons, qui ne sont pas toutes également condamnables. Le Front national a tenté, ces dernières années, de se débarrasser de l’antisémitisme obsessionnel de son fondateur, et il peut sembler être devenu plus fréquentable (mais, au soir du 23 avril, sa présidente confiait les rênes du parti à un député européen négationniste !).

AUX ÉLECTIONS RÉGIONALES DE DÉCEMBRE 2015, 24 % D’ENTRE EUX ONT VOTÉ POUR LES CANDIDATS DU FN !

De manière plus certaine, sa base électorale s’est énormément élargie, rassemblant beaucoup de gens honnêtes qui n’ont pas d’autre tort que d’appartenir aux couches les plus en difficulté de la population, les plus sanctionnées par le phénomène de la mondialisation et celui de la financiarisation de l’économie. Surtout, les digues sont tombées chez de nombreux pratiquants catholiques. Aux élections régionales de décembre 2015, 24 % d’entre eux ont voté pour les candidats du FN ! Quelques mois auparavant, l’évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Dominique Rey, n’avait pas craint d’inviter avec une amabilité ostentatoire Marion Maréchal-Le Pen à un rassemblement diocésain.

Discours de victimisation

Surtout, depuis une vingtaine d’années, on assiste à une droitisation de plus en plus forte de l’Eglise catholique de France, au niveau de son clergé et de son épiscopat et au sein des forces militantes montantes. En face du déploiement de l’islam, en particulier, les réflexes et les arguments identitaires prennent une place croissante. Le discours de victimisation à l’encontre d’une République laïque considérée comme anticléricale trouve de plus en plus d’oreilles complaisantes. Aux militants de l’Action catholique presque tous désormais disparus ont succédé les militants de La Manif pour tous pour qui les critères de discernement à prendre en compte en premier sont une politique familiale dynamique et ce qu’ils considèrent être la morale sexuelle « naturelle ».

Des schismes silencieux

Au moment des débats et des manifestations provoqués par l’élargissement de l’institution du mariage aux personnes homosexuelles, ces nouvelle forces militantes de l’Eglise catholique ont été le fer de lance et ont composé l’essentiel des troupes opposées au gouvernement, se mettant à rêver à une « rechristianisation » de la France par la morale. Or, que voit-on, qu’entend-on ces jours-ci ?

La Manif pour tous, présidée par la très catholique Ludovine de La Rochère, a lancé, sur les réseaux sociaux, une campagne appelant à voter « contre Macron ». Le mouvement Sens commun, lui aussi essentiellement composé de militants catholiques, a décidé, de son côté, qu’il ne se prononcerait « ni pour Macron ni pour Le Pen ». Christine Boutin, ancienne présidente du Parti chrétien démocrate, elle, a franchi le Rubicon : elle votera Le Pen !

Ce silence des évêques, qui équivaut à une autorisation morale donnée aux catholiques de voter Marine Le Pen s’ils pensent pouvoir le faire « en conscience », représente un événement historique qui aura, dans tous les cas de figure, de lourdes conséquences. D’une part, les évêques de France participent ainsi à la banalisation du Front national et à son installation de plus en plus grande dans le paysage politique français, et l’histoire pourra leur demander d’en rendre compte.

D’autre part, leur décision de ne pas prendre franchement position, pour ménager une partie des pratiquants, vient blesser toute une autre partie des catholiques qui, eux, ne se résolvent pas à ce que la France puisse devenir une terre de haine et que sombre l’Europe démocratique dont les pères fondateurs étaient, pour la plupart, de grandes figures chrétiennes. A certains silences peuvent répondre des schismes silencieux.

Christian Delorme est l’un des initiateurs de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme » de 1983. Il est l’auteur, avec Rachid Benzine, de « La république, l’Eglise et l’islam » (Bayard, 2016).

dimanche 30 avril 2017

Non, non et non au Front National et à Marine Le Pen



Audrey Pulvar : « Une léthargie nationale »

Par Audrey Pulvar (Journaliste)
 
Dans une tribune au « Monde », la journaliste, suspendue de la chaîne CNews pour avoir signé une pétition contre le Front national, réagit à l’absence de mobilisation face à la présence de Marine Le Pen au second tour.

TRIBUNE. « Pour tant de beauté, merci et chapeau bas ! », aurait peut-être entonné Barbara, au regard des cortèges, graves et fraternels, emplissant les rues des villes, partout en France. Tous ensemble ! A Paris, de République à Nation, entre 400 000 et 900 000 personnes le 1er mai 2002. Pour défendre la République, on manifestait. Depuis le 21 avril au soir, nous décortiquions l’infernal résultat, à coups d’éditoriaux enflammés, jetant l’anathème sur l’abstentionniste penaud, vouant l’« électeur dispersé » aux gémonies, démoralisés par les mortels manquements d’une campagne, celle de Lionel Jospin, passée à côté de tant d’inquiétudes quotidiennes de millions d’entre nous.

« En 2002, on affrontait l’inimaginable. Ensemble »

La France, légataire universelle des Lumières, venait de placer au second tour de la présidentielle un leader d’extrême droite ! On affrontait l’inimaginable. Ensemble. Dans les kiosques, des kilomètres d’indignation Libération, la « une » barrée d’un gigantesque « NON », parlait de la « France affreuse ». Au Monde, la « France blessée ». Dans le stade de foot de Bordeaux, une banderole de supporteurs : « Eteignons la flamme de la honte ». Dans les rues ce 1er mai 2002, djembés, jeunes motivés, bambins sur les épaules-à-papa, slogans : « C’est pas les sans-papiers, c’est pas les immigrés, c’est Le Pen qu’il faut virer ! » Et l’inquiétude. On se cherche, on se reconnaît, on est ensemble. Pour dire non.      
     
2017 ? Comme un cauchemar recommencé qui pourrait cette fois devenir réalité. Au lendemain du premier tour, 40 % d’électeurs, voire plus, se disent prêts à porter l’extrême droite au pouvoir. Face à eux, l’abyssal silence de rues vides, la tentation d’une rageuse abstention. Mais, surtout, une léthargie nationale devant ce qui n’étonne ni ne heurte plus. Pourtant, le Front d’aujourd’hui, pour lissé qu’il fût ces quinze dernières années, n’a rien amendé de ses intrinsèques périls.

Le FN, « un parti comme les autres » ?

Hier le « détail de l’histoire », aujourd’hui la France « pas responsable de la rafle du Vél’ d’Hiv ». Hier la tête de Catherine Trautmann, maire de Strasbourg, décapitée sur un plateau [Une mise en scène de Jean-Marie Le Pen dans une réunion publique entre les deux tours des législatives en mai 1997], aujourd’hui les photos d’atrocités commises par Daech postées sur un compte officiel.

Hier la clique des nervis de l’OAS, aujourd’hui des élus clamant sans vergogne qu’accueillir quelques migrants dans les territoires ruraux, c’est « faire venir les viols, les vols et le terrorisme islamiste ». Hier Saddam Hussein, aujourd’hui Bachar Al-Assad. Hier comme aujourd’hui, la mise en cause, l’agression physique ou la menace verbale à l’égard de journalistes et de juges. Hier le négationnisme de Bruno Gollnisch, aujourd’hui celui de Jean-François Jalkh, s’interrogeant sur les difficultés à utiliser du Zyklon B pour des tueries de masse…

Hier, le courage de journalistes comme Paul Nahon, Bernard Benyamin ou Anne Sinclair devant le jeu dangereux d’une profession fascinée par les outrances d’un parti alors tout à fait contournable, résistible. Aujourd’hui ? L’acceptation, principe de neutralité oblige, d’un phénomène, le succès de l’extrême droite, que nous, journalistes, avons contribué à créer depuis trente ans. Au nom de ce principe et afin de protéger du soupçon mes consœurs et confrères, dont je loue le professionnalisme, inattaquable, il était prévisible que je sois écartée de l’antenne jusqu’à nouvel ordre.

Mais cette décision n’est-elle pas le splendide aveu que nous tous traitons désormais le Front national tel « un parti comme les autres » ? Spectaculaire retournement ! Il y a quinze ans, Jacques Chirac refusant d’offrir à Le Pen la respectabilité d’un débat télévisé convoquait « l’idée même que nous nous faisons de l’homme, de ses droits, de sa dignité ». Ce qui ne souffrait aucun faux-fuyant, c’était le consensus indigné du pays pour le combat, inaliénable, contre ceux qui voudraient l’abaisser. Aujourd’hui, rompre le consensus, c’est dire, à l’inverse, que non, le Front national n’est pas un parti comme un autre.

Le poison de la haine

Quand la mithridatisation a-t-elle achevé son œuvre ? Les coups de tonnerre se sont succédé, sans que le politique, de droite comme de gauche, prenne jamais la mesure des fracturations. 11 septembre 2001, la peur absolue devant ce que l’on croyait impossible. Il pleut des corps désespérés à Manhattan, brouillard de poussières toxiques, sirènes hurlantes, deux tours vont bientôt s’effondrer, un avion s’abîme dans le Pentagone. 21 avril 2002, la peur moite, à fleur de peau, devant ce qui semblait également impossible. Magistrale gifle assenée à notre conception de nous-mêmes, terrible sanction pour la gauche naïve.

2005, le rejet du traité de Constitution européenne, la parole au peuple balayée d’un revers de main. 2005 encore, l’embrasement des banlieues, surgissement du mal-être de milliers de Français, hurlement exaspéré de relégués, aubaine flairée par de petites frappes, carburant pour les nouveaux pyromanes de la République, ceux qui, de 2002 à 2012, se sont ingéniés à normaliser une lecture extrême droitière de notre quotidien.

Calculateurs de petits profits personnels, en nombre de voix, de lecteurs ou de téléspectateurs, autoproclamés guides religieux de pacotille, propagateurs d’extrêmes discordes ou encore fossoyeurs à long terme de la droite républicaine : ils sont tous responsables, en partie, de la légitimation, pour l’opinion, de réponses biaisées, simplistes, haineuses, à des situations d’une réelle complexité. 2007, le début d’un quinquennat accolant immigration à identité nationale, le discours de Dakar, les civilisations ne se valant pas, les racailles à déloger au Kärcher comme on se débarrasse de la saleté. 2008, la crise financière dévastant l’économie réelle. L’Allemagne, ex-homme malade de l’Europe, décidant du cap à fixer à l’Union européenne, alors que ses voisins, les pieds pris dans la glaise du chômage de masse, courbent l’échine devant un Himalaya de dettes.

2012, le retour de la gauche au pouvoir. Est-il besoin de lister ses renoncements, vécus comme autant de trahisons ? Citons par exemple le projet de déchéance de nationalité, en réponse au terrorisme islamiste : mithridatisation quand tu nous tiens ! Est-ce ainsi que l’on éreinte des électorats en proie au doute, tétanisés par des peurs justifiées, tentés par l’égoïsme ? Quinze années de déséquilibres mondiaux auraient-elles cependant suffi à oblitérer en nous le désir de faire peuple, dans un pays aux sangs mêlés, ou le poison de la haine descendu jusqu’en nous est-il à plus lente incubation ?

Intégrité et résistance

Ne s’est-il pas répandu au fil de décennies de destruction de la pensée politique et de découragement de l’espoir populaire – promesses non tenues, affairisme, financements illégaux de campagnes électorales, manipulation de la jeunesse, fausse ouverture à la diversité, accommodements peu raisonnables, prétendu aggiornamento, instrumentalisation du vote Front national dès les années 1980 –, couplés à l’implosion des communismes et à la mystification de la mondialisation ruisselante de bonheur.

« Face aux dérégulateurs en chef, qu’ont déployé la gauche socialiste et la droite gaulliste ? »

Plutôt qu’un parallèle entre 2002 et 2017, c’est dans le triomphe du fameux acronyme TINA [There Is No Alternative, il n’y a pas d’autre choix], au tout début des années 1980, qu’il faut peut-être chercher les racines d’un mal aux dimensions désormais de baobab. Face aux dérégulateurs en chef, qu’ont déployé la gauche socialiste et la droite gaulliste ? En France, comme ailleurs en Europe, l’effondrement du sens de l’Etat, la défaite de la pensée solidaire devant l’argent tout-puissant, le temps de cerveau disponible commercialisé par et pour la société du spectacle, la dévitalisation de l’engagement.

Tous pourris ? Non. Des femmes et des hommes debout, avec une forme d’intégrité désenchantée, solitaires ou dans l’action collective, continuent de bâtir une autre vision de demain, quand le monde désintermédié d’aujourd’hui, celui où le sort d’économies entières peut se jouer sur un clic droit, nouvelle civilisation soumise à la transparence permanente et mondiale, enfle de menaces totalitaires. Comme eux, résistons à la férule de forces conservatrices en permanence tendues vers le rétrécissement des droits de tous et dans cette époque forcenée, demeurons verticaux.

Par Audrey Pulvar (Journaliste)

samedi 26 mars 2016

Résistance: à quoi va ressembler demain ?



On a placé la France
Sous vidéo surveillance
Kidnappé l'insouciance
Entre les barreaux de la méfiance

Regards fuyants, sourires éteints
La peur de l'autre au quotidien
On est plus sauvages que des chiens
A quoi va ressembler demain ?

Si pour être en sécurité
Il faut fermer son cœur à clef
J'préfère cent fois me faire plomber
Comme un oiseau en liberté
Plutôt que de vivre planqué
Comme, comme, comme le cafard sous un évier

On a plongé la France
Dans la bêtise et l'ignorance
Etouffé l'intelligence
Sous les dossiers de la finance
Cerveaux branchés sur la télé
Nos idées sont téléguidées
Même les enfants sont abrutis
Qui va censurer la connerie ?

Si pour être quelqu'un de censé
Il faut mettre sa tête aux normes
J'préfère cent fois être cinglé
Comme la tempête, le vent, la marée
Plutôt que d'être sans intérêt
Comme, comme, comme un ciel triste et tempéré

On a connu en France
L'insurrection, la résistance
Reste aujourd'hui la bonne conscience
Grâce aux oeuvres de bienfaisance
On est rangés et bien pensants
Charitables de temps en temps
Le monde peut baigner dans le sang
La police protège nos enfants

Les voitures crament dans les banlieues
Les braves gens trouvent ça scandaleux
C'est pourtant la règle du jeu
Qui sème la haine récolte le feu
Si pour être civilisé
Il faut mettre sa vie en cage
J'préfère cent fois être un sauvage
Au risque d'attraper la rage
Que d'être sage comme une image
Je, je, je n'veux pas jaunir avant l'âge

poème d'Etienne de Boissezon, un grand ami à moi
informaticien de métier connu au Burkina à Koudougou

lundi 28 décembre 2015

maman nous a quittés le 13 décembre 2015








Décès de Madame Elisabeth LACOUR née MARCHAL

Madame Lacour est née le 10 décembre 1922 à Viéville en Haye, deuxième fille de Marguerite HELLUY et de René MARCHAL. Elle est encore née dans les baraques provisoires avant la fin de la reconstruction de son village entièrement détruit lors de la guerre 1914-18.
Après avoir suivi les cours à l'"école primaire supérieure" rue St Léon à Nancy, elle fut titulaire du "brevet de capacité pour l'enseignement primaire" en 1939.
Institutrice de 1939 à 1942 à Bouillonville, Saizerais et Malleloy, elle travaille ensuite comme employée aux impôts à Pont à Mousson. Jusqu'en 1945 année où elle épouse François Lacour (1912-1993), originaire de Dieulouard.

Elle le suit, comme agricultrice, à Bonencontre (Haute Marne) puis à Aingeray (1947-1956).
Onze enfants sont nés de cette union, 14 petits enfants et 4 arrière petits enfants.
Marie Françoise (1946), Monique (1947), Jean (1949-2013), Jacques (1950), Bernard (1952),
Marc (1954), Philippe (1956), Claude (1957-1987), Bernadette (1958-1977), Francis (1960) et Marie Dominique (1964)
Elle a consacré beaucoup de son temps pour la réussite de ses enfants.

En 1956, ils sont venus s'installer à Dieulouard où Mr Lacour avait trouvé un emploi à "La Gouvy". En 1959, ils viennent habiter rue du stade où elle a vécu 56 ans...
Elle cultive, aidée de son mari, un très grand jardin de 16 ares pour nourrir la famille.

Avec son mari, elle a beaucoup travaillé dans les associations familiales, dans les bourses aux vêtements, puis au Secours Catholique.
Elle s'est beaucoup donnée pour la réussite de la ruche et pour la kermesse paroissiale.
Elle a même fait de l'alphabétisation.
Elle a appartenu à un groupe œcuménique et était très active à L’Église.

En 1978, elle reprend un emploi comme aide-ménagère auprès des personnes âgées: un travail qu'elle aimait beaucoup. Elle prendra sa retraite en 1987 à 65 ans... Tout le monde se souvient d'elle en vélo parcourant les rues de Dieulouard...

Aux municipales de 1989, elle sera élue et deviendra "adjointe aux affaires sociales".
En 1990, elle fête ses 45 ans de mariage entourée de toute sa famille.
Elle aimait beaucoup tricoter;
elle ne parlait pas beaucoup, mais elle savait écouter.
L'une de ses grandes souffrances de maman est d'avoir perdu trois de ses enfants...
et son mari en 1993.

En décembre 2012 elle a fêté ses 90 ans entourée de ses enfants, de ses petits enfants et de son premier arrière petit enfant.

Elle nous a quittés ce dimanche matin, très paisiblement, après une belle vie bien remplie, généreuse.
La cérémonie religieuse a eu lieu à Dieulouard samedi le 19 décembre à 10 heures
Elle repose au cimetière de Dieulouard, dans la même tombe que son mari

 

dimanche 3 mai 2015

immigration: "on sera riche ensemble ou on se noiera ensemble!"



L’écrivaine Fatou Diome était l’invitée de Frédéric Taddeï dans l’émission “Ce soir ou Jamais” du 24 avril 2015. L’occasion pour cette femme africaine talentueuse de revenir sur les milliers de morts africains qui se noient chaque année dans la méditerranée. 

Lors de son passage sur “Ce soir ou Jamais”, Fatou Diome est revenue sur l’hypocrisie des européens devant les milliers de morts qui souhaitent rejoindre les rives nords de la Méditerranée. Les médias et politiques découvrent aujourd’hui un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années avec la crise économique et les nombreuses guerres fomentées par l’Occident. 

“Ces gens là qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si c’était des blancs, la terre entière serait en train de trembler ! Mais là, ce sont des noirs et des arabes (…) Si on voulait sauver les gens, on le ferait, mais on attend qu’ils meurent d’abord ! Et on nous dit que c’est dissuasif, mais ça ne dissuade personne, car celui qui part pour sa survie, considère que sa vie (qu’il peut perdre lors du voyage) ne vaut rien, celui là n’a pas peur de la mort !”

A la réponse d’un invité sur l’importance de fermer les frontières pour éviter l’arrivée massive de migrants, Fatou Diome a présenté l’homme “blanc” comme un poisson rouge.

“Monsieur, vous ne resterez pas comme des poissons rouges dans la forteresse Européenne ! A l’heure d’aujourd’hui, l’Europe ne sera plus jamais épargnée, tant qu’il y aura des conflits ailleurs dans le monde (…) Alors il faut arrêter l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on se noiera tous ensemble ! “

Une prestation remarquable de Fatou Diome qui fait le buzz sur les réseaux sociaux époustoufflés par une telle éloquence. La colère de l’écrivaine est aujourd’hui l’écho de millions d’autres !
*** Source et montage : Sajida Lillah ***