lundi 29 décembre 2008

Une invitation indécente "à réveillonner avec Christ".


Droit dans les yeux :

Une invitation indécente…

Peut être vous a-t-on distribué à Ouagadougou, à la sortie de la messe de minuit de Noël, cette annonce/invitation de la « Communauté Catholique Mère du Divin Amour » :


La Communauté vous invite le 31 décembre 2008 de 20h30 à l’aube, dans un grand hôtel de Ouaga dont je tairai le nom, à réveillonner avec Christ, roi de miséricorde… participation : adulte 15.000 Fcfa ; enfant 8.000 Fcfa… au programme : exhortation, repentance, adoration, effusion du Saint Esprit, messe… NB : buffet spécial, savamment concocté par l’hôtel… suivent les numéros de téléphone et les lieux où on peut acheter les tickets.


En ces temps de fêtes, ils sont nombreux ceux qui se sont approchés de moi, me confiant leurs détresses : « du lait pour mon bébé, je n’y arrive plus… » ; « du riz pour mes enfants le jour de Noël, ce serait bien… » Ils sont trop nombreux autour de nous ceux qui sont dans l’extrême pauvreté pour supporter une pareille annonce/invitation publique. Si au moins ils étaient restés discrets ! Pourvu que leurs yeux ne soient pas aveuglés comme l’étaient ceux du riche de l’Evangile qui n’a pas vu le pauvre Lazare mourir à sa porte… tout occupés qu’ils étaient de leurs fêtes et de leurs ripailles.


Il y a de multiples lieux où, à Ouagadougou, l’église catholique a prévu des veillées de prières pour accueillir la nouvelle année, dans les paroisses, les aumôneries ou autres où, tous ensemble, riches et pauvres sans distinction, peuvent rendre grâce à Dieu pour l’année passée et mettre dans la main de Dieu l’année qui vient.

Mais lorsque la sélection se fait par l’argent pour « réveillonner avec Christ, roi de miséricorde », lorsque l’entrée est facturée un mois de SMIG pour un couple pour accéder à la prière et à une soirée sur le thème « Il m’a envoyé pour proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres… » autour d’un grand buffet à 15.000F, lorsqu’au programme est inscrite « l’effusion de l’Esprit Saint » avec tant de contradictions et si peu de discernement, alors, oui, je me mets à pleurer !


La fracture sociale, le fossé qui sépare les riches des pauvres ne cesse de se creuser au pays des hommes intègres et encore plus en ces temps de crise économique et de vie chère.

Si dans l’enseignement, la sélection se fait par l’argent pour accéder aux meilleurs établissements privés,

Si pour la santé, la sélection se fait par l’argent pour accéder aux meilleurs soins dans les cliniques privées,

S’il existe des groupes où l’on se coopte sur des critères financiers (au moins en partie), comme les lions club ou les francs maçons,

Pourvu qu’il n’en soit jamais ainsi dans l’église catholique, mon église,

Et je ne le souhaite pas non plus aux églises évangéliques, ni aux communautés musulmanes.

Appelés tous ensemble, en frères et sœurs sur les chemins de Dieu, je vous souhaite à toutes et à tous pour cette nouvelle année 2009 qui vient Paix, partage, amour, solidarité, avec une attention toute particulière pour les plus pauvres.


Koudougou, le 26 décembre 2008

Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr


publié par le journal "Le Pays" du 30 décembre 2008, rubrique "droit dans les yeux"

jeudi 25 décembre 2008

Noel 2008

Sarkozy a encore menti

(...) Rappelons ce que disait le candidat Sarkozy le 8 juin 2006 : "Si un jour je devais avoir des responsabilités, une des premières choses que je ferais, c’est de supprimer le droit de grâce et l’amnistie." Sarkozy a supprimé l'amnistie, système sans doute trop démocratique et il a décidé de conserver le droit de grâce pour en faire un usage aristocratique, pour les "méritants".

En avril 2008, Nicolas Sarkozy avait encore quelques scrupules ou du moins jouait à en avoir : "On me demande de rayer d’un trait de plume ce que la justice vient de décider, ce n’est pas rien”, avait-il déclaré à propos d'une éventuelle grâce de Marchiani. Eh bien, ses scrupules sont bien loin à présent. Le parquet de Paris a confirmé une information que LCI avait donnée mardi 23 décembre : une grâce présidentielle a été accordée à Marchiani, équivalant à 6 mois de remise de peine sur les trois ans de prison ferme auxquels il a été condamné. (...)

lu sur agoravox le 24-12-2008

mercredi 24 décembre 2008

Droit dans les yeux : Une école « pour tous » et plus « solidaire »

Droit dans les yeux :

Une école « pour tous » et plus « solidaire »


J’ai eu le bonheur, mais il y a un peu longtemps déjà, d’enseigner au Burkina. J’ai vécu ce temps comme une découverte extraordinaire qui m’a poussé et me pousse encore à réfléchir sur les enjeux des méthodes pédagogiques pratiquées dans l’enseignement. Non pas celles qui sont enseignées aux maîtres seulement, mais celles qui sont pratiquées effectivement. Elles sont diverses, parfois mêlées, mais jamais innocentes. Et je suis sûr que ce papier fera réagir beaucoup d’enseignants.


Il y a d’abord la « méthode autoritaire » : il s’agit de « soumettre » l’élève au maître ; on privilégie alors une très rigoureuse discipline, une totale obéissance au maître. Il est malvenu de poser des questions ; il faut apprendre par cœur et tout « recracher » tel qu’on l’a reçu ; on frappera éventuellement les enfants pour les corriger. La punition est essentielle. On imagine alors l’enthousiasme avec lequel un élève part à l’école, avec parfois 4 vêtements en espérant amortir les coups. Les élèves ainsi formés viennent vous saluer en regardant à terre, croisant les bras et faisant une éventuelle courbette….


Il y a ensuite la « méthode libérale » : il s’agit, dans une classe de 100 élèves ou plus, de repérer au plus vite les meilleurs et de s’occuper d’eux. De donner des notes et de faire des classements. Que le meilleur gagne et… tant pis pour les autres. On n’a ni le temps ni les moyens de s’en occuper. Une sorte de « réalisme » qui cadre bien avec l’idéologie en cours… qui permet (éventuellement) aux meilleurs de réussir par une forte concurrence entre eux, mais qui laisse la plus grande partie au bord de la route. L’école fabrique ainsi les aigris et les frustrés parce que, de fait, elle les rejette.


Il y a aussi la « méthode solidaire » : dans la même classe de 100 élèves, le maître, également débordé, charge ceux qui ont compris d’expliquer aux autres (éventuellement dans leur langue maternelle)… et il se passe parfois des miracles. Et voilà toute une « classe d’âge » qui s’entraide pour l’acquisition du savoir sous la direction d’un maître qui éveille à la créativité, au partage du savoir et à la solidarité (les plus faibles sont encouragés). Les notes ne sont que des indicateurs de progrès personnels, jamais pour se comparer aux autres.


Bien sûr, ce n’est jamais aussi simple. Les élèves me réclamaient du « par cœur », des « notes » et des « classements ». Le système le voulait, mais cela me répugnait. A quoi peut il également servir de frapper un enfant, sinon apaiser la colère du maître et révéler sa « non maîtrise » de soi ?

En discutant avec les élèves, ce sont toutes ces questions qui me reviennent sans cesse et que je vous confie : Quelle « école pour tous » voulons nous, pour faire les hommes et les femmes de demain ? Ensemble pour un Burkina de citoyens libres, éclairés, créatifs et solidaires…


Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr


paru dans le quotidien "Le Pays" (édition papier) , rubrique "droit dans les yeux" du mardi 23 décembre 2008.

Les philosophes, le sans-papiers et la police: bravo Air France, bavo Sarko

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Société... publié le 23-12-2008...

Les philosophes, le sans-papiers et la police

Immigration . Pour avoir protesté contre une expulsion, il y a une semaine, alors qu’ils prenaient l’avion, trois intellectuels français ont été placés en garde à vue.

L’histoire remonte au mardi 16 décembre. Quatre philosophes français se rendent en République démocratique du Congo pour un colloque universitaire, organisé par l’Agence universitaire de la francophonie et les facultés catholiques de Kinshasa. Thème du colloque : « La culture du dialogue, les frontières et l’accueil de l’étranger ». À bord de l’avion, les passagers découvrent un « Africain, menotté, entouré de six policiers en civil ». « L’homme était très calme, très digne », se souvient Pierre Lauret, l’un des philosophes. L’organisateur du colloque, assis à l’avant du porteur, est trop loin pour intervenir. Mais les trois autres philosophes s’interrogent. À des degrés divers, ce sont tous des militants de la cause des sans-papiers, pas du genre à rester tranquillement assis quand on expulse dans le même avion qu’eux… « On a simplement posé des questions. Ça a attiré l’attention des passagers, pratiquement tous des Africains, qui ont commencé à s’indigner, raconte Pierre Lauret. On n’a lancé aucun slogan. Le feu a pris tout seul, mais est vite retombé. Un quart d’heure après, tout le monde était assis. »

C’est alors que le commandant de bord se rend à la place de Pierre Lauret et lui ordonne de débarquer. Après le refus de celui-ci, il est embarqué manu militari par une escorte de policiers en uniformes, qui le plaquent à terre et le menottent. « J’ai été jeté dans une camionnette, le visage en sang, puis mis en garde à vue où je suis resté six heures. » Libéré à 20 heures, il est inculpé d’opposition à une mesure de reconduite à la frontière et d’entrave à la circulation d’un aéronef et convoqué au tribunal de Bobigny pour une procédure de plaider coupable le 4 mars prochain.

Et ce n’est pas tout. Hier, au retour du vol de Kinshasa, les deux autres philosophes, Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset, ont été appréhendés par la police à leur descente d’avion et placés à leur tour en garde à vue. Ils y étaient toujours hier en fin d’après-midi. Sidéré, Pierre Lauret tenait surtout à dénoncer le rôle de la compagnie aérienne : « Tout cela signifie que l’équipage a informé la police de leurs noms et de leur date de retour. Air France, en la personne du commandant de bord, les a livrés pieds et mains liés. »

M. B. (L'Humanité)


Note: Une notice explique les risques de s'opposer à une expulsion

Avant de monter dans l'avion, les trois philosophes comme tous les autres passagers se sont vu remettre une notice d'information, signée du directeur de la police aux frontières (PAF) de Roissy-Charles-de-Gaulle. Cette note spécifie que s'opposer à une reconduite à la frontière "en incitant à faire débarquer une escorte policière ainsi que l'étranger reconduit hors des frontières françaises" est un délit passible d'une peine de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 18 000 euros. Les oppositions aux expulsions d'étrangers en situation irrégulière se multipliant, une telle notice est, depuis 2007, de plus en plus systématiquement distribuée en salle d'embarquement par la PAF. Les peines prononcées n'ont jusque-là pas été au-delà du paiement d'une somme symbolique.


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dimanche 21 décembre 2008

Recensement au Burkina

(Depuis mon premier séjour au Burkina (1971), la population a quasiment triplé)

Les résultats définitifs du 4e Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) de décembre 2006, ont été rendus publics, ce vendredi 14 novembre 2008 à Ouagadougou par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). A cette date (décembre 2006), le Burkina Faso comptait 14 017 262 habitants, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 3,1%.

Les résultats définitifs du 4° recensement livrés au public, ce 14 novembre 2008, par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), indiquant qu’à la date du dénombrement (décembre 2006), la population du Burkina Faso était de 14 017 262 habitants. Elle est composée de 48,3% d’hommes et 51,7% de femmes, soit un rapport de 93 hommes pour 100 femmes. Le taux d’accroissement annuel moyen est de 3,1% contre 2,4% en 1996. Les résultats montrent aussi que la population burkinabè est jeune car, 50% des habitants ont moins de 16 ans, et les personnes âgées de moins de 20 ans représentent 57% de la population.

Il apparaît que le milieu rural demeure le lieu de résidence privilégié de la plupart des Burkinabè, puisque 77% y vivent. La densité de la population, qui était de 20,8 habitants au km2 en 1975, est passée à 51, 8 en 2006 avec 615 habitants au km2 dans la région du Centre, Ouagadougou.

jeudi 18 décembre 2008

Droit dans les yeux: Burkinabè, attention à vos terres !

Droit dans les yeux
Burkinabè, attention à vos terres !


Depuis longtemps déjà, de nombreuses multinationales ont commencé à acheter des terres dans le monde entier par milliers d’hectares, sinon par millions…
Volkswagen (Allemagne) a acheté des milliers d’hectares au Brésil
Benetton a acquis 900.000 hectares en Patagonie (Argentine)
Soros (milliardaire des Etats-Unis) et Stallone veulent y faire la même chose au détriment du peuple Mapuches.
Les Emirats Arabes Unis ont acquis d’immenses prpriétés au Pakistan, en Indonésie, aux Philippines…


Ces sociétés ont de l’argent, beaucoup d’argent et veulent diversifier leurs investissements.
Avec la « crise alimentaire » qui frappe la planète actuellement, elles veulent se garantir pour elles, et pour les pays riches qui manquent de terres, des bénéfices substantiels sur la nourriture à produire (qui va manquer) ou sur les agro-carbuants si le prix du pétrole remonte (et il va remonter).
Elles veulent garantir aussi leur propre accès à la nourriture (aujourd’hui menacé) en achetant des terres dans les pays pauvres. Qui ne savent pas ou ne peuvent pas se défendre. Et dont les dirigeants ne perçoivent pas l’enjeu à long terme de ces ventes, mais seulement un éventuel petit bénéfice à court terme.
Ce qui se prépare est ceci : « En vendant ainsi leurs terres, les Etats pauvres vont produire de la nourriture pour les pays riches aux dépends de leur propre population affamée. » (Jacques Diouf de la FAO) Cela fait penser à la famine d’Irlande de 1850 : pendant qu’un million d’Irlandais mourraient de faim, les gros fermiers anglais exportaient du blé de ce pays….


A Madagascar, Daewoo Logistics (Corée du Sud) a ce genre de projet : C’est Daewoo même qui apporte les précisions et la nouvelle a été reprise dans la presse anglophone, Financial Times et BBC en tête. Les Coréens du Sud veulent louer pour 99 ans des terrains arables à Madagascar d’une surface de 1.300.000 (un million trois cent mille) hectares pour la culture du maïs et la production d’huile de palme.. La surface louée (13.000 km2) représente l’équivalent de presque la moitié de la Belgique.
Ou encore de la moitié des surfaces cultivables à Madagascar. C’est énorme !
La main d’œuvre spécialisée serait sud-africaine
La production serait destinée avant tout à la Corée du Sud."


Ainsi, la flambée des prix alimentaires à l'échelle mondiale (qui est prévue pour durer) a d'ores et déjà déclenché une deuxième "ruée vers l'Afrique" : Une nouvelle colonisation est en cours en Afrique. Et Madagascar n’est pas seule.
Le Soudan cherche également à attirer des investisseurs pour 900 000 hectares de terres ; le Premier ministre d'Ethiopie cherche des investisseurs saoudiens ; d'immenses terrains en Tanzanie ont également éveillé l'intérêt de sociétés occidentales qui s'intéressent à la production de biocarburants.
« Mais le problème, c'est que, dans cette ruée vers les terres, aucune place n'est accordée aux petits exploitants. » (Oxfam)
Les détails des accords fonciers sont généralement tenus secrets, si bien qu'on ne sait pas s'ils prévoient des garanties pour les populations locales.
De fait, des terres agricoles fertiles sont de plus en plus privatisées et concentrées. Si elle devait rester incontrôlée, cette main basse sur les terres à l’échelle planétaire pourrait sonner le glas des petites exploitations agricoles et des moyens de subsistance ruraux dans bien des régions du monde et particulièrement en Afrique.

Au Burkina Faso aussi, il faut rester extrêmement vigilant. Des contrats pour l’octroi de terres agricoles ont été signés avec la société AgroEd, par exemple, qu’en est il aujourd’hui ? D’autres sociétés privées ont également obtenu des terres.
Des personnalités et des opérateurs économiques riches achètent également les meilleures terres agricoles et en « chassent » de fait les petits paysans pour qui c’était leur seul instrument de subsistance. Ou bien ils les transforment en travailleurs agricoles sous-payés. «Mais, mon père, je les paie 100.000 F par an » (même pas 10.000 F par mois !) me disait récemment, sans honte, dans mon bureau, une personnalité de Yako.
L’association SOS Sahel International s’en est émue lors de sa dernière assemblée générale et son président n’a pas caché qu’il n’est pas souhaitable qu’un ministre rachète des terres… qu’il ne convient pas que ce soit les membres du gouvernement qui rachètent les bonnes terres…

N’y a-t-il rien à faire ? Pas si sûr.
En Ouganda, le gouvernement avait vendu une partie d’une « réserve » à des sociétés indiennes pour y planter de la canne et construire une usine de sucre. Les populations qui avaient été interdites de prélever quoique ce soit dans cette réserve s’y sont opposées… et avec succès.
En Inde, l’industriel TATA n’a pu faire aboutir l’expulsion de dizaines de paysans pour obtenir le terrain industriel où produire sa « voiture pas chère ». Ils s’y sont opposés avec succès.
Priver un paysan de sa terre sans une contrepartie qui lui permette à long terme de faire subsister sa famille, c’est le condamner à la misère, lui et sa famille.

(Pour ces questions, voir aussi : « grain.org », « abcburkina.net » et « fr.news.yahoo.com/13/20081127 »…)
Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou) le 11-12-2008
jacqueslacourbf@yahoo.fr

publié exceptionnellement le mercredi 17 décembre 2008 dans le journal "Le Pays", rubrique "Droit dans les yeux".

Merci au combattant à la chaussure


Choukran, Muntadar !
Merci au combattant à la chaussure
MICHEL COLLON


Cher Muntadar,

Comme des millions de gens dans le monde, j’ai souvent serré les poings de rage en voyant les crimes impunis de Bush. J’aurais tant aimé l’avoir en face de moi... Lui faire ressentir ne serait-ce que la millième partie de la peur et des souffrances infligées à tant d’innocents !

Vous l’avez fait. Quel courage, en sachant qu’un gouvernement de marionnettes vous le ferait payer. Mais vous avez choisi d’incarner notre révolte à tous face aux guerres du pétrole, guerres du dollar, guerres du mensonge.

S'il y avait une Justice, vous seriez décoré, Bush jugé pour crimes contre l'humanité et les Etats-Unis devraient payer des dommages à l'Irak - martyr.

Choukran (merci), Muntadar !

MICHEL COLLON

lundi 15 décembre 2008

Affaire Norbert ZONGO (Suites à Ouaga)

Bonjour,
Ce message est destiné à la presse et aux médias. Il s'agit de la réaction du collectif des organisations démocratiques de masses et de partis politiques à la suite d'interpellations de matin de 4 responsables du collectif qui ont été depuis relachés

Vous pouvez joindre les responsables du collectif aux numéros suivants

Chrysogone ZOUGMORE : (00 226) 70 72 90 65
Tolé SAGNON: (00 226) 70 20 53 56
Jean Claude MEDA: (00 226) 70 28 87 15
Me Bénéwendé S. SANKARA : (00 226) 70 20 34 78

Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et de Partis Politiques
(AJB -ACAT –Ass. Scolaires - Ass. KEBAYINA/FB - CIJ -TS – Collectif CGT-B - FANIDHO - FONOZO – FTS – Groupe 14 Février –LDLP - MBDHP- MBEJUS - SEP - Col. Avocats – UGEB).


COMMUNIQUE


Le Bureau de la Coordination Nationale du Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et des Partis Politiques informe les militantes et militants du Collectif, l’opinion publique nationale et internationale que quatre membres du Bureau de la Coordination nationale du Collectif ont été convoqués ce jour 15 décembre 2008 par la Gendarmerie Nationale. Il s’agit de Chrysogone ZOUGMORE, Président du Collectif, Tolé SAGNON, Vice-Président, Me Bénéwendé SANKARA et Jean Claude MEDA, tous deux rapporteurs.
Les responsables ont été auditionnés par le Chef d’Etat Major (le Colonel Martin Zambo ZONGO) entouré de deux de ses collaborateurs de 9h à 10 h 30 ce 15 décembre 2008. Au bilan de cet entretien, il leur est reproché d’avoir, au cours de la grande marche du 13 décembre 2008 marquant le 10ème anniversaire des assassinats de Sapouy, rebaptisé l’Avenue de la Nation en y apposant un autocollant portant la mention « Avenue Norbert Zongo ».
A l’issue de l’audition, le Chef d’Etat Major, en remerciant les responsables interpellés, a indiqué qu’il produira un rapport qui suivra son cours.
On se rappelle qu’en novembre 1999, à la suite de la publication d’une déclaration, les responsables du Collectif avaient été interpellés et auditionnés par la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) puis déférés devant la justice le 27 décembre 1999 pour « appel à la sédition et à la désobéissance », « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « démoralisation de l’armée ». Il a fallu une forte mobilisation nationale et internationale afin qu’ils soient relaxés.
C’est pourquoi, le Bureau de la Coordination nationale du Collectif, tout en félicitant l’ensemble des militantes et militants du Collectif, le Pays réel, les démocrates et progressistes à travers le monde pour leur mobilisation spontanée, les invite à rester mobilisés et à se tenir prêts au cas où l’évolution de la situation le commanderait.
En tout état de cause, la lutte doit se poursuivre et se poursuivra contre le non lieu et pour la réouverture et l’instruction sérieuse du dossier Norbert ZONGO. La Coordination nationale vous fera parvenir dans les jours à venir des instructions précises dans ce sens.
Ouagadougou, le 15 décembre 2008.
Pour la Coordination Nationale , le Bureau :

Le Président du Collectif :
Chrysogone ZOUGMORE
(M.B.D.H.P )

vendredi 12 décembre 2008

Il était une fois une lampe

Burkina Faso, Affaire Norbert Zongo:

Il était une fois une lampe


Une lampe. Quoi de plus banal ! dira-t-on. Oui, c’est a priori vrai si elle servait seulement à éclairer l’intérieur de la case d’une vieille au village, les étals d’un épicier dans un quartier périphérique ou encore le salon d’accueil d’un commissariat de police dans un chef-lieu de département isolé. Mais point de tout cela. Ce luminaire posé à l’entrée du bâtiment du Centre national de presse Norbert-Zongo (CNPZ) a une mission toute autre et des plus importantes : rester allumé jusqu’au jour où la lumière judiciaire sera faite sur la mort de ce journaliste émérite dont le centre porte le nom.

En janvier 1999, soit un mois après la mort du fondateur de l’hebdomadaire l’Indépendant, les journalistes participants à une journée qui lui était dédiée ont décidé d’installer ledit objet, pour symboliser leur soif de lumière (vérité) et de justice sur l’assassinat de leur confrère.

Et huit ans après, un des participants, Jean Claude Medah, président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), semble toujours animé de la détermination du premier jour : « Il en sera ainsi. La lampe restera allumée jour et nuit, qu’il pleuve ou qu’il neige. C’est vrai qu’il n’y a pas de neige au Burkina mais, c’est dire que, malgré les intempéries, ce luminaire jouera à plein temps le rôle pour lequel il a été conçu ».


Beaucoup de personnes qui visitent le Centre de presse cherchent à comprendre le symbolisme de cette lampe. Après explication, certains auditeurs, étreints sûrement par l’émotion, font parler leur cœur. Ils mettent la main à la poche en disant : « Tenez, payez du pétrole pour allumer votre lampe ». La deuxième du genre.

La première ayant été envoyée au cimetière parce qu’elle fumait beaucoup. En attestent les taches noires sur le mur. Le personnel d’appui s’occupe de l’entretien quotidien de l’objet avec une régularité qui frise le fétichisme. C’est le cas de Michel Nana, un des chargés de la sécurité des lieux. Il y a été embauché le 10 octobre 1998, soit deux mois avant l’assassinat de Norbert Zongo.

Etait-il présent le premier jour de l’installation de la lampe, en janvier 1999 ? « Non, a-t-il répondu, j’étais de nuit. On l’a mise dans la matinée, et c’est donc à mon arrivée, le soir, que je m’en suis aperçu ». A l’écouter, depuis ce jour, leur toute première activité lorsque lui ou son collègue de travail arrive le matin, c’est de voir comment s’est réveillée Dame Lampe.

Ils sont aux petits soins pour elle, comme s’il s’agissait de la prunelle de leurs yeux : « Nous vérifions le niveau du pétrole ; s’il est bas, nous en rajoutons. Nous nettoyons le verre s’il est sale et vérifions de temps en temps l’état de la mèche ». Et Jean Claude Medah de renchérir : « En saison pluvieuse, s’il y a du vent ou une averse qui risque de l’éteindre, nous la plaçons sous le chapiteau. Bien entendu, il arrive que l’on l’éteigne, mais juste pour changer de mèche ».

Dans le registre comptable de la maison, l’entretien de la lampe est classé dans la rubrique des menues dépenses, à l’image des piles pour la torche du gardien. Foi de Michel Nana, le verre de la lampe actuellement en fonction n’a jamais été changé. Par contre, le pétrole, lui, est injecté dans le réservoir en moyenne une fois tous les deux jours. « A la station, pour l’achat du carburant, j’amène avec moi 2000 FCFA pour une provision qui permet de tenir environ 15 jours », a estimé cet interlocuteur, qui ne veut se risquer à faire dans la précision.

Avec un petit calcul, la lampe a, depuis son installation en 1999, consommé pour environ 384 000 FCFA de pétrole. Une lanterne bien vorace, penseront les Harpagon sans cœur qui ne voient qu’à la dépense, oubliant la grande peine de ce luminaire constitué d’un réservoir contenant du pétrole lampant qui monte vers le bec grâce à une mèche et apparu vers 1853, malheureux veilleur de jour et de nuit, obligé de fonctionner 24 heures sur 24, qu’il pleuve ou qu’il neige, pour reprendre la formule de Claude Medah.

Le mieux serait plutôt de lui souhaiter de pouvoir s’éteindre bientôt pour souffler un peu. Sûrement que sa flamme rendra l’âme un jour, pour donner raison à cette sagesse qui stipule qu’aussi longtemps que durera la nuit, viendra le jour.

© L'Observateur : Issa K. Barry

Quelques photos d'Aribinda

Aribinda

La mission catholique, vue des collines de granit du sud de la ville



La mission catholique, vue des collines de granit du nord de la ville
On voit bien au premier plan la nouvelle église.


Le village vue du Sud (la prise de vue la plus célèbre!)


La colline rouge à l'Est de la ville où sont ensevelis les chefs de l'Aribinda...
Un des lieux interdits au commun des mortels...
Sous un socle de latérite très dure, l'argile ou la latérite tendre permettent la construction de galeries-tombeaux.


Le soleil se couche sur le Sahel...
immense étendue aride, mais pas stérile.
Le télephone vient jusqu'ici (depuis 2003): l'isolement est enfin brisé!



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Bénédiction de la nouvelle église d'Aribinda.

Notre Dame des apôtres....



Eh bien voilà: un peu plus de 8 ans après l'arrivée des Pères Blancs à Aribinda et la fondation de la "quasi-paroisse" en 2000, nous avons participé, ce dimanche passé le 7 décembre 2008, à la bénédiction de l'église de ce gros village du Sahel... qui compte si peu de chrétiens mais qui rayonne aujourd'hui sur une quinzaine de communautés chrétiennes et catéchuménales... J'ai pu constater de mes yeux aussi que les projets avancent: la pharmacie, dans un petit bâtiment flambant neuf est fonctionnelle et connaît un grand succès. La construction d'un premier petit bâtiment pour accueillir des soeurs à Boukouma (12 km d'Aribinda) est terminée... tous espèrent que les autres bâtiments et la clôture suivront bientôt (de l'eau a été trouvée dans leur concession: merci à Dieu!)


La procession part de l'ancienne chapelle de l'ancienne concession...


.... vers la nouvelle église de la nouvelle concession.



Le peuple chrétien s'installe dans la nouvelle église


avec son équipe sacerdotale et son évêque (Joseph, Justin, Joachim et Christian)



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mercredi 10 décembre 2008

maman a eu 86 ans aujourd'hui

Pauvre Kouchner, est il encore crédible ?

Lu sur le net:

L'âge de la retraite pour les droits de l'homme ?

Le jour de ses 60 ans, un ex-humanitaire aux étranges affaires s'exprime : "On ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme."
Les affaires seraient-elles devenues le Kouchner de la guerre ?
Vive le secrétariat d'Etat au doigt de l'homme !

(Et pourtant, ses piges pour Total en Birmanie auraient dû bien crever la baudruche…)
voir
http://www.rue89.com/2008/12/10/quand-kouchner-retire-le-tapis-sous-les-pieds-de-rama-yade

Droit dans les yeux Le CSLP (Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté) est il encore crédible ?

Droit dans les yeux

Le CSLP (Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté)

est il encore crédible ?

Voilà un « cadre stratégique » que je vois critiqué très fort partout et qui semble particulièrement inefficace pour lutter contre la « pauvreté » qui augmente régulièrement dans notre pays. Si l’analyse de la « pauvreté » et de ses indicateurs renseigne le lecteur attentif, les solutions proposées dans ce document sont inopérantes et inefficaces. Mais pourquoi cela ? Au moment même où toutes sortes d’activités sont présentées tous les jours sous nos yeux comme participant à la lutte contre la pauvreté, et la pauvreté progresse !


Le libéralisme est une machine à fabriquer les pauvres

Ce cadre stratégique est encore un programme politique imposé de l’extérieur, par la Banque Mondiale et le FMI, dans la continuité des PAS (plans d’ajustements structurels) qui imposent tout un tas de conditions qui ne peuvent en aucun cas faire reculer la pauvreté, mais qui, au contraire, fabriquent des pauvres : privatisations, désengagement de l’Etat, transfert des charges fiscales de la douane vers l’impôt, liberté totale du commerce, libre échange, importations de produits agricoles qui ruinent notre agriculture, exportation de produits bruts sans plus value…

On a vu en quelques années que l’imposition de cette politique libérale, dont se réclament Blaise Compaore, Tertius Zongo, le gouvernement et le CDP, n’a fait qu’enrichir les riches et appauvrir les pauvres ; et tout particulièrement les ruraux qui représentent 80% de la population et que l’Etat a complètement laissé tomber.

Jamais un programme politique imposé de l’extérieur n’a marché au Burkina (peut être même en Afrique). Et tant qu’on créera des programmes pour les pauvres sans les pauvres, ça ne marchera pas. Et le CSLP n’a pas marché.


Le monde rural familial n’est pas pris en compte

Le monde rural qui représente 80% de la population et son accès à un revenu décent pour créer un marché intérieur n’est pas pris en compte ; sécuriser les paysans sur leurs terres et rémunérer leur production à son juste prix, comme le font tous les grands pays du monde, est la condition première d’un « développement » de notre pays. Le gouvernement a choisi de favoriser l’agrobusiness, l’accaparement des terres par une minorité, les OGM et les firmes internationales au détriment des exploitations familiales : l’exode rural, la fuite des jeunes vers la ville en sont la conséquence directe et créent de nouvelles catégories de pauvres. La machine à fabriquer les pauvres continue de fonctionner, aucun CSLP n’y pourra rien contre elle si on ne l’arrête pas.

Les partenaires ne sont pas vraiment contents des résultats
Lorsque les autorités du Burkina ont rencontré leurs « partenaires » techniques et financiers le 17 octobre dernier à propos du CSLP, les comptes rendus de presse ont été particulièrement éloquents.
« On peut s’inquiéter de l’impact de ces politiques économiques sur la réduction de la pauvreté. Cela est d’autant plus effrayant que l’incidence de la pauvreté, elle, pourrait augmenter de 2 points en passant de 42,6% à 44,5%. Cela dénote que l’avancée de la pauvreté dans notre pays devient préoccupante. Dans un tel cas de figure, on est en droit de se demander si effectivement les subventions censées aider les couches les plus démunies ne contribuent pas à renforcer les inégalités dans la distribution des revenus de la croissance… des défis restent à relever comme la gestion des marchés publics et la réforme du système judiciaire… ils ont constaté un manque de communication envers les populations, ce qui limite les effets. Il y a donc nécessité de mettre en place un contrôle et un suivi de l’application de ces mesures… Là où les PTF sont plus critiques, c’est au niveau de l’élargissement des opportunités en matière d’emploi et d’activités génératrices de revenus »
Une fois lu ce document, que reste-t-il du CSLP ? Qu’est ce que les pauvres ont gagné ? Malgré les réponses du PM, on est bien obligé de constater que bien peu de choses ont changé pour les pauvres.

La déception des OSC qui collaborent au CSLP
Pour elles, les efforts du gouvernement restent en deçà des attentes. "Le rapport d’étape 2008 de mise en œuvre du CLSP laisse apparaître une incidence de la pauvreté de 42,6% en 2007 contre un objectif de 39,2%. En 2006, l’incidence était de 42,1%. Cette situation s’explique, entre autres, par le fait que le secteur primaire (80% de la population) a connu une croissance négative entre 2006 et 2007". Le CDC/CSLP pense que la situation de pauvreté est aussi liée à la faible implication des populations dans le choix des politiques, mais également le suivi de la mise en œuvre, car, le plus souvent, on se dit qu’elles n’ont pas les moyens de le faire et on se limite à ces préjugés ».
Un cadre stratégique imposé du dehors, le monde rural (secteur primaire) abandonné, les populations et surtout les pauvres pas associés. La pauvreté qui progresse. Mais à quoi sert donc le CSLP ? Et les OSC (assez peu nombreuses) qui ont accepté de collaborer à ce travail sont déçues par l’action du gouvernement. Comment ne pourraient elles pas l’être ?

On construit des « quartiers de riches » à Ouaga où les pauvres ne sont pas invités ; il y a de plus en plus d’« écoles privées de riches » où les pauvres n’auront jamais accès parce que c’est trop cher ; il y a des cliniques privées pour les « riches » à des coûts exorbitants ; les grosses exploitations agricoles qui accaparent les meilleures terres se multiplient ; l’écart riches/pauvres n’existait pas à ce point il y a vingt ans ; il se creuse et risque de devenir une « bombe à retardement » bien plus dangereuse encore que la prétendue « bombe démographique ». Et le CSLP n’y aura rien fait.

Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)
jacqueslacourbf@yahoo.fr

publié dans la rubrique droit dans les yeux du quotidien le Pays du mardi 9 décembre 2008

Jacques Poirier est parti pour Rome

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Notre confrère Jacques Poirier, secrétaire du SEDELAN, est parti il y a 3 semaines pour Rome où il devient rédacteur en chef du "Petit Echo", la revue interne des Missionnaires d'Afrique qui a deux éditions: une en français et une en anglais. Son prédecesseur part comme provincial d'Amérique des Missionnaires d'Afrique.
Jacques a quitté Koudougou avec 2 valises... bravo.

Jacques accueilli à Rome



Jacques, à gauche, accueilli par son prédécesseur



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jeudi 4 décembre 2008

Quand on me demande ce que je fais

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Des chemins pour Justice et Paix


En venant à Koudougou en 2005, je savais que la forme de mon apostolat allait changer. Je quittais le cadre paroissial où j’avais donné le meilleur de moi-même depuis 1978.
Arrivant au SEDELAN, il s’agissait d’abord de mieux comprendre les contraintes qui pèsent sur le monde paysan (80% des Burkinabè sont des ruraux) et les possibilités qui leur sont offertes… Vaste chantier qui touche beaucoup de domaines dans lesquels j’ai dû m’informer et me former.

Les « forums sociaux » furent ma deuxième préoccupation, surtout avec la « naissance » parfois laborieuse du « forum social du Burkina » qui a réussi deux « éditions » en 2007 et en 2008 avec une bonne participation.
« Accompagner » une multitude d’associations très différentes, être attentif aux « enjeux de pouvoir », mais aussi goûter la joie d’un rassemblement réussi. « Un autre monde est possible » : Quand la parole est donnée aux gens ordinaires, ils savent très bien dire leurs préoccupations et proposer des solutions alternatives. Pourquoi les puissants (économiques et politiques) ne les écoutent-ils jamais ?

Il m’a été aussi demandé d’animer le « Réseau Justice et Paix des Instituts religieux au Burkina ». Si Justice et Paix est devenue une priorité pour beaucoup d’instituts, bien peu parviennent à y consacrer le temps qu’il y faudrait. Axé sur la formation (2 week ends par an) et l’information (deux lettres par an), ce réseau essaie de garder vive la flamme prophétique de notre consécration. Tout cela m’a donné de bons contacts avec l’Union des Supérieur(e)s majeur(e)s, avec la Commission Nationale Justice et Paix et avec les Semaines Sociales du Burkina où il m’a été donné d’être le « rapporteur général » pour la troisième édition consacrée au thème : « corruption et lutte contre la pauvreté au Burkina : contribution de l’Eglise Catholique » (novembre 2008).

Quand le Père Frans Balemans quitta le Burkina Faso en 2006, la rubrique « Droit dans les yeux » qu’il tenait dans le quotidien « Le Pays » m’a été confiée. Chaque mardi, il s’agit d’aborder un problème de société ou d’actualité de manière critique et de formuler des alternatives. Cela permet de proposer une analyse porteuse des valeurs de Justice et de Paix. Prêtre missionnaire et étranger, je peux avoir dans cette rubrique une certaine liberté de parole que beaucoup de Burkinabè m’envient.

Aujourd’hui, des thématiques fortes m’habitent et me poussent à formuler des analyses et des propositions hors de la pensée unique libérale si réductrice et appauvrissante ; il m’est parfois demandé des interventions sur certains de ces thèmes (conférences, participation à des ateliers) : Commerce international (OMC, APE, TEC…) ; crises financière, alimentaire, économique et environnementale ; problématiques paysannes (foncier, OGM, agrobusiness, place des femmes,…) lutte contre la pauvreté, corruption. Le souci des migrations et des migrant(e)s me préoccupe depuis mes années de formation à Strasbourg et ne m’a jamais lâché. Merci à la Province qui m’a permis de participer récemment au forum de Rivas (Espagne) sur ce thème.

Et pour que rien de tout cela ne se perde, je pose mes textes (et d’autres) sur un blog. A la maison j’assure aussi l’économat local. Et je trouve encore un peu de temps pour la philatélie et la généalogie !

Nous le croyons : Un autre monde est possible, où chaque personne pourra trouver sa place et sa dignité, où chaque paysan pourra vivre de la terre, où chacun pourra vivre et travailler en paix, où l'homme sera remis au centre des préoccupations politiques et économiques, cet homme que Dieu n'a jamais cessé d'aimer...

Jacques LACOUR ( jacqueslacourbf@yahoo.fr )

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vendredi 28 novembre 2008

SDF: Nicolas Sarkozy deux ans avant...

Lu sur "le Post", écrit par "Birenbaum", le 28 nov. 2008


Un politique, quel qu'il soit, ne devrait jamais faire des promesses de ce genre...

"Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid..."

Pourquoi faut-il que nos campagnes électorales soient toujours des moments pendant lesquels tous nos politiques échangent des arguments et des propositions au minimum démagogiques, au pire mensongères ?

Que vaut encore la parole politique lorsque l'on constate six mois, un an, deux ans après... que ce qui a été promisjurécrachécroixdeboiscroixdefersijemensjevaisenenfer n'était qu'un "coup", lancé pour avoir les caméras braquées sur soi, le temps d'un meeting ?

À l'ère d'internet, des sites de partage de vidéos et des blogs, il va devenir de plus en plus difficile d'effacer d'un coup de gomme magique ce que l'on a promisjurécrachécroixdeboiscroixdefersijemensjevaisenenfer...

Tous les politiques devraient en prendre conscience.

Et notamment l'auteur, compositeur et interprète du fameux "Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas" (ici pour mémoire...).

Le futur simple ? Un temps qui vieillit très mal...

mardi 25 novembre 2008

Droit dans les yeux: Eviter de faire d’un pauvre un mendiant

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Droit dans les yeux

Eviter de faire d’un pauvre un mendiant


A chaque instant de la journée, je suis sollicité.


Les pauvres sont légion dans notre pays, et dans leur malheur, ils ne savent plus vers qui se tourner. L’action sociale n’a pas de moyens, les politiciens s’en désintéressent (moins d’état = moins d’entraide = économies).

Dans la grande ville de Ouagadougou, comme dans la petite ville de Koudougou, ils n’hésitent pas à se tourner vers le « blanc » supposé cueillir les billets craquants sur les arbres de son pays. Un blanc est forcément « riche », « très riche » même. Les mythes ont la vie dure.



Mais chaque fois que quelqu’un se tourne vers moi pour quémander, je lui demande d’abord : « Mais où est ta famille, où sont tes frères, où sont tes oncles ? »

Si c’est une femme qui vient me présenter ses jumeaux : « Où est ton mari ? »

Une aide risque fort d’être une solution de facilité qui détruit les solidarités traditionnelles, pourtant fort nombreuses.



Un jeune en difficulté est venu me demander les 1.500 F qui lui manquaient pour coudre son uniforme scolaire. Famille monoparentale, plusieurs frères et sœurs à l’école, pauvreté évidente… Mais il ne me connaît pas et je ne le connais pas. Il m’aurait été facile de me « débarrasser » de lui en lui donnant ces 1.500 F ; mais j’ai pris le temps de discuter longtemps avec lui… Deux jours plus tard, il est venu, rayonnant, avec deux poulets que lui a donnés un oncle au village et je lui ai payé ses deux poulets à 5.000 F Il est libre, moi aussi ; toutes ses solidarités sont préservées…



Il y a bien sûr, le cas des garibous, des élèves coraniques que leur maître envoie mendier. Alors là, je refuse carrément. C’est en « fulfulde du marché » que je discute alors avec les enfants. « D’où viens tu, de Djibo, de Dori ? ». Venus de là bas pour étudier me répondent ils… Ma réponse invariable est celle-ci : « Le marabout qui t’enseigne doit te donner à manger ; s’il ne le veut pas, c’est qu’il est un mauvais maître et qu’il n’a pas le soutien de la communauté des musulmans. » C’est aux parents à nourrir les enfants, pas le contraire. Dans ce cas, je ne donne jamais – quelle que soit ma douleur intérieure – pour ne pas prolonger ce système ignoble. (et que l’état continue de tolérer : c’est invraisemblable !)



Et puis, il y a aussi ceux qui demandent, juste pour tenter leur chance… ceux qui n’ont aucune honte à quémander, ceux qui imaginent m’honorer par leurs « doléances », les vrais « clients », ceux qui se laisseront acheter leur voix pour 1.000 F au prochain passage d’un politicien, ceux qu’on entretient volontairement dans ce système de clientélisme face au « chef », face au puissant… Ceux-là, je les reçois assez mal et ils ont du mal à comprendre pourquoi…



Les vraies associations « caritatives » ne se contentent jamais de « donner », parce qu’elles savent qu’un simple don à un pauvre est particulièrement destructeur des relations vraies et risque de le transformer en « mendiant » et en « dépendant ».

Si elles le font, c’est « à temps », dans les situations de détresse incontournables ;

Si elles le font, elles le font dans la discrétion et veillent à accompagner ceux qui reçoivent sur des chemins de développement qui leur permettront de s’en sortir à long terme.

Si elles le font, c’est parce qu’en même temps, elles luttent pour la transformation des structures injustes de nos sociétés qui engendrent ces situations.



Mais lorsqu’elles continuent à le faire « à contretemps » (quand le temps de la soudure est fini, par exemple)

Quand elles le font sans assurer un « suivi » de ceux qu’elles aident,

Quand elles le font devant les caméras et la presse pour se vanter, se mettre en exergue, et éventuellement confondre « charité » et « politique »,

Quand elles le font pour faire de la publicité à un régime libéral qui « fabrique » les pauvres, sans lutter contre les réelles causes de la pauvreté,

Alors, on est en droit de se poser beaucoup de questions sur les intentions des donateurs, qu’ils soient de l’étranger ou du pays.



Jacques Lacour

jacqueslacourbf@yahoo.fr




Paru dans "Le Pays" du mardi 25 novembre 2008, rubrique "Droit dans les yeux"


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dimanche 23 novembre 2008

Un nouveau livre de Jean Ziegler

La haine de l’Occident

Un nouveau livre de Jean Ziegler

(Recension récupérée sur la liste Burkina du yahoogroupe.

Membre du haut Conseil des droits de l'Homme aux Nations Unies et ancien rapporteur des Nations Unies sur l'alimentation, Jean Ziegler, dans son nouveau livre "La haine de l'Occident", ne dresse pas seulement un saisissant réquisitoire contre "l'ordre meurtrier de l'Occident", contre son arrogance et son déni de justice à l'égard des pays du Sud, c'est à dire des trois quarts de la population mondiale. Il montre que la "mémoire collective resurgie" des peuples affamés, pillés, assassinés, est une force historique qui peut changer le monde.

"Après un enfouissement des traumatismes par les sociétés qui ont subi un choc...nous vivons le temps du retour à la mémoire. Les peuples 'brusquement' se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comptes à l'Occident".
Et c'est une bonne chose, explique Jean Ziegler. Tout d'abord, parce que le passé négrier et colonial de l'Europe est "moralement, spirituellement indéfendable", comme disait Aimé Césaire, et parce qu'il est sans aucune comparaison avec toute autre forme d'exploitation
et de meurtre dans l'histoire de l'humanité. Jean Ziegler reprend à son compte le commentaire d'Edgar Morin : "La domination de l'Occident est la pire de l'histoire humaine dans sa durée et son extension planétaire", d'autant que les Occidentaux n'ont jamais dépassé 24 % de la population mondiale et qu'aujourd'hui ils n'en représentent que 12,8 %.Et pour tous ceux qui n'auraient pas une vue complète des horreurs commises par les puissances occidentales, ou qui penseraient qu'elles sont loin derrière nous, Jean Ziegler développe plusieurs chapitres largement méconnus de ces 500 ans de crimes contre l'humanité et de cette "obsession occidentale de détruire les cultures et identités qui les avaient précédées".


Pour ne citer que ceux-là :

le rapt des enfants autochtones en Tasmanie (Australie) admis par les Anglais depuis 1836 jusqu'en 1969, date de son abolition ( !). Puisque par ordre de la Couronne, tous les enfants autochtones à partir de l'âge de 3 ans étaient enlevés à leur famile et mis dans un orphelinat où ils étaient castrés, stérilisés, violés, mutilés.


Même phénomène au Canada où s'est pratiqué le rapt des enfants d'ethnie indienne jusqu'en 1960. Ce n'est que le 10 juin 2008, que le gouvernement britannique a présenté des excuses aux peuples autochtones pour les 150 000 enfants enlevés, agressés sexuellement et psychologiquement.


Jean Ziegler rappelle que ce que Karl Marx écrivait déjà en son temps : "Le capital arrive au monde suant le sang et la boue par tous les pores. Il fallait pour piedestal à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans fard dans le nouveau monde (...) Les trésors directement estorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage par la concussion, le pillage et le meurtre, refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital", est toujours vrai.


A propos des conséquences bien actuelles de cette politique, qui a pris le nouveau visage du néo-libéralisme, il souligne à quel point "le sous-développement a été accru par les mercenaires de l'OMC et du FMI".


Toutes les 5 secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. 100.000 personnes meurent ainsi chaque jour. 500 000 femmes sont mortes en couches en 2007 en Afrique sub-saharienne.1,7 milliard d'être humains n'ont pas accès aux soins primaires (vaccinations, médicaments...). 123 millions de personnes sont sous-alimentées en permanence, alors que l'agriculture mondiale est actuellement capable de nourrir 12 milliards d'êtres humains.


Et entre 2001 et 2007, 125 000 paysans indiens se sont suicidés à cause de la "libéralisation" de l'agriculture (et de manière horrible, c'est à dire en avalant un bidon de pesticides, la substance qui les avait ruinés).


Aucune fatalité, donc, dans tout cela. "Un enfant qui meurt de faim aujourd'hui, est un enfant assassiné", fait-il remarquer, condamnant le "négationnisme" et "l'arrogance" de nos dirigeants, tel un Sarkozy refusant de s'excuser sur les massacres de Sétif ou allant déclarer à Dakar que "l'homme africain est responsable des malheurs de l'Afrique".


"Un Occident dont les pratiques démentent constamment les valeurs qu'il proclame. D'où la méfiance, voire l'aversion des pays du sud pour cet Occident qui tente depuis des siècles de confisquer à son seul profit le mot "humanité". D'où la "ruine des Nations Unies", souligne-t-il. Jean Ziegler illustre ce double langage avec l'exemple du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et l'un des plus riches du monde "mis en coupe réglée par les seigneurs de la guerre économique mondiale".


"la Haine raisonnée de l'Occident", "l'affirmation identitaire autochtone face à la prétention universaliste du dominateur occidental", sont une "nécessité". Elles ont permis pour la première fois depuis 500 ans, l'arrivée au pouvoir, en Bolivie, d'un paysan indien, Evo Morales, qui reprend le contrôle des immenses richesses de ce pays, pour les restituer à une
population qui est, paradoxalement, parmi les plus pauvres du monde.