mardi 31 mars 2009

Droit dans les yeux : Quand l’hôpital Yalgado réfère ses patients au privé

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Quand l’hôpital Yalgado réfère ses patients au privé



Je connais bien mademoiselle N… qui a eu de graves ennuis de santé et que notre communauté a aidé à accéder aux soins.

Comble de malheur, elle a été heurtée et renversée par une moto.
Gravement blessée au bras (2 fractures) et au visage (deux fractures aussi), elle a été évacuée à Ouagadougou sur l’hôpital Yalgado et accueillie dans le service de chirurgie maxillo-faciale du docteur Dieudonné Ouédraogo, après un passage en traumatologie où son bras a été soigné.

Décidé à continuer à l’aider dans son malheur, je lui ai rendu visite dans ce service où elle m’a expliqué que la double intervention qu’elle devait subir (mâchoire et arcade sourcière) coûterait 78.000 F + 98.000 F soit 176.000 F (tarifs de l’hôpital public de Bobo-Dioulasso). Mais que le docteur venait de lui dire qu’il serait préférable – pour la bonne réussite de l’opération – que l’intervention ait lieu en clinique privée où cette même intervention coûterait 350.000 F, soit le double.

Sortant de sa chambre, je rencontre le docteur Dieudonné Ouedraogo, chef de ce service qui me confirme les paroles de N…. Il est préférable qu’elle soit opérée en clinique à cause d’un « manque de logistique pour assurer l’opération dans de bonnes conditions » à l’hôpital. Je n’ose pas trop poser de questions face à une affirmation aussi péremptoire.

Quelques instants plus tard, dans l’enceinte même de l’hôpital, je rencontre par hasard un ami médecin à qui je parle de cette affaire : Il me dit très clairement qu’il y a des disfonctionnements dans ce service : Quel manque de logistique empêcherait l’opération à l’hôpital ? Opérer en clinique rapporte deux fois plus qu’opérer à l’hôpital ; voilà, me dit-il, le seul problème. J’ose à peine y croire…

Du coup, me rappelant la campagne médiatique actuelle sur « Yalgado, hôpital de référence du Burkina », je ne comprends pas bien qu’on doive se référer au privé pour un tel cas : « A Bobo, ces opérations se pratiquent couramment à l’hôpital », me confirme-t-on.
L’urgence étant de bons soins pour mademoiselle N…, « je me patiente » avant de me renseigner plus en profondeur.
Finalement N… est opérée par le docteur Dieudonné Ouédraogo à la clinique FATIMA pour la modique somme de 312.000 F (opération seule) sans les examens divers et tous les actes secondaires systématiquement facturés… soit un « modique » surcoût de 136.000 F (au bas mot) par rapport au prix connu de l’hôpital public…

Désirant mieux comprendre cette situation, je me suis mis à prendre des renseignements un peu partout et voilà les deux questions que je me pose aujourd’hui :
= Certains services de l’hôpital Yalgado sont ils si sous équipés, manquent ils tant de logistique que les malades doivent être dirigés vers des cliniques privées ? Même quand ils ont reçu un bloc tout neuf ?
= Les cliniques privées manquent elles tellement de malades qu’elles soient obligées de détourner ceux de l’hôpital… et cela, au prix fort pour les malades parfois incapables de payer ?

Avec tous les burkinabè, nous aimerions tellement que l’hôpital Yalgado devienne ou redevienne le véritable hôpital référent du Burkina, accessible à toutes et à tous, à un prix raisonnable et pour les soins les meilleurs.

Que Dieu entende notre prière, mais aussi et surtout tous ceux qui sont concernés !

Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)
jacqueslacourbf@yahoo.fr

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Cet article a été publié dans la rubrique "Droit dans les yeux" du journal "Le pays" du mardi 31 mars 2009 (allégé du nom du docteur et de la clinique privée...) à l'adresse suivante:

http://www.lepays.bf/spip.php?article1415


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lundi 30 mars 2009

Drame fluvial entre Illa et Dori: un chemin que j'ai navigué des dizaines de fois

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SOUROU

15 morts dans le naufrage d’une pirogue

Quinze personnes dont 4 enfants se sont noyées dans les eaux du fleuve Sourou, plus précisément à Di (province du Sourou) suite au naufrage d’une pirogue traditionnelle dans la matinée du 29 mars 2009.

La pirogue qui transportait des passagers, du matériel et du bétail (4 boeufs) en provenance de Illa, un village de la commune rurale de Barani dans la province de la Kossi, se rendait au marché de Di dans la commune rurale de Lanfiéra (province du Sourou).

Selon nos sources, c’est en voulant rallier l’autre rive du fleuve que la pirogue a tangué avant de chavirer sous le coup probable de la surcharge et d’un vent violent. Les corps de 14 morts (3 enfants, 4 femmes et 7 hommes) ont pu être repêchés dans la soirée du 29 mars 2009. Le corps d’un 15e mort, un bébé, a été repêché dans la matinée du 30 mars. Douze des 15 victimes seraient toutes du village de Illa et les 3 autres de Di.

Des rescapés, au nombre de 21, auraient eu la vie sauve grâce à leur courage. Ils auraient réussi à s’accrocher à 2 des 4 boeufs. Cette noyade intervient après celle survenue le 14 mars dernier dans le barrage de Oumarou Kanazoé (province du Passoré) et qui avait fait 16 morts.

S.C et M.Y (Le Pays)

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lundi 23 mars 2009

Droit dans les yeux: Peut on forcer les peuples à cultiver et à manger des OGM ?

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Droit dans les yeux

Peut on forcer les peuples à cultiver et à manger des OGM ?


Ce qui vient de se passer en Europe devrait être très instructif pour nous tous ici au Burkina.

La commission européenne présidée par Mr Barroso vient de subir un cinglant revers sur ce sujet : Elle voulait obliger tous les pays de l’Union Européenne à autoriser la culture du maïs OGM Mon 810 de la firme américaine Monsanto, au prétexte que, peut être, un jour, l’OMC allait condamner l’Union Européenne pour ce refus.

Pourtant deux pays ont interdit cette culture sur leur territoire : l’Autriche et la Hongrie. La commission voulait faire lever cette interdiction. Contre tous les lobbies, contre Monsanto, contre la commission européenne qui abusait gravement de ses prérogatives, les ministres européens lui ont dit « Non ». On ne peut, on ne doit pas forcer ceux qui n’en veulent pas !


Ainsi, la commission européenne n’a pas pu forcer des états qui ne le voulaient pas à cultiver des OGM, surtout le Mon810, ce maïs à problème dont les peuples, informés, ne veulent pas dans leur nourriture, mais surtout pas non plus dans leur environnement, tant il menace la biodiversité.

Ainsi, les peuples qui n’en veulent pas ont obtenu gain de cause et peuvent continuer de refuser les OGM contre la collusion « Commission européenne – Monsanto », contre les lobbies malhonnêtes qui font des pressions innommables.


Mais pour cela, il faut que les peuples soient informés, qu’ils aient une société civile forte, qu’ils soient sensibilisés au développement durable et à la biodiversité, qu’ils n’aient pas envie de devenir esclaves de Monsanto dont les pratiques sont aujourd’hui mieux connues, et qu’à l’approche d’élections, ceux qui veulent se faire ré élire soient capables d’écouter les peuples.


Pourtant aujourd’hui encore, il y a des dirigeants qui osent proclamer que « seuls les OGM pourront résoudre les problèmes de famines dans monde » ! Faut il être mal informé ou avoir si peu de prudence et de discernement pour dire aujourd’hui des choses pareilles ! Une telle affirmation n’est qu’un argument publicitaire et commercial uniquement proclamé par les multinationales qui les produisent… et un argument qui n’a pas fait ses preuves, une véritable illusion !


Aujourd’hui, trois pays produisent l’essentiel des maïs OGM : les USA, l’Argentine et le Brésil (et encore, essentiellement pour la nourriture animale et les agrocarburants); partout ailleurs – sauf à bricoler les statistiques -- les cultures OGM reculent ou, en tous cas, stagnent, même si le Burkina fait figure d’exception en se lançant dans cette hypothétique aventure dont il ne maîtrise réellement ni la technologie ni les tenants et aboutissants. Hélas !


C’est probablement ce qui fait qu’au Burkina, le débat sur les OGM a été décrété clos avec ceux qui cherchent des explications, remettent en cause les OGM, ou les refusent. Au Burkina, les autorités ont décidé sans le peuple et n’acceptent plus le débat avec ceux qui contestent ces choix. Au Burkina, les autorités en charge de l’agriculture ne veulent plus discuter, et même avec un syndicat paysan qui avait demandé une entrevue sur la question.


On ne discute plus, tant la controverse risquerait de déstabiliser des choix parfois bien difficiles à justifier.


Ainsi, devant un peuple largement analphabète, qui ne sait pas ce dont il s’agit, devant un peuple qui ne vit pas en régime démocratique au sens qu’il n’a pas vraiment la possibilité de s’exprimer, devant un peuple sous informé et qui n’est pas autorisé à poser des questions, devant un peuple de paysans que l’on ne craint pas, alors, oui, on peut continuer à refuser le débat, et alors oui, on peut lui faire cultiver et manger des OGM !*


Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr



Cette rubrique "Droit dans les yeux" a été mise en ligne sur le site du journal "Le Pays" dès le lundi 20 mars à 21 heures, à l'adresse suivante:
http://www.lepays.bf/spip.php?article1348

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vendredi 20 mars 2009

Eruption sous marine près des îles Tonga (Pacifique)

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La région des Tonga a été récemment secouée par plusieurs séismes et un volcan sous-marin est entré en éruption en début de semaine à une dizaine de km au large de la principale île de Tongatapu, ne représentant cependant pas de danger pour la population, selon les autorités.

Le séisme s'est produit le long de la faille dite de l'"Anneau de Feu" dans le Pacifique, où les tremblements de terre et les éruptions volcaniques sont fréquents.




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lundi 9 mars 2009

Supprimer le juge d’instruction ? Le « coup de gueule » d’Eva JOLY

Monsieur le président,


Supprimer le juge d'instruction ne constitue pas une simple réforme de notre système pénal, mais porte atteinte au plus haut de nos principes, celui de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice à l'égard du pouvoir politique. Votre discours ne mentionne aucune garantie d'indépendance pour les enquêtes. Ce silence, dans un domaine qui constitutionnellement vous échoie, porte la marque du stratagème politique.


Mais le verbe haut et toute la rhétorique du monde ne suffiront pas pour convaincre les Français qu'un parquet soumis aux instructions du ministre constitue une meilleure garantie pour le justiciable qu'un juge indépendant.


Vous affirmez que notre pays est marqué par une tradition de "rivalité" entre le politique et le judiciaire. La rivalité n'est pas du côté des juges, elle est le fruit de la peur des politiques. Vous pensez que la légitimité politique prime sur tous les pouvoirs. Or c'est précisément pour contenir le désir de toute-puissance qui s'empare naturellement des gouvernants que les Lumières ont forgé le concept de séparation des pouvoirs. John Locke l'a observé justement : "C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites."


Il ne fait pas bon en France incarner une de ces limites. Plus d'un magistrat en France peut en témoigner. Qui peut encore croire que le juge d'instruction est "l'homme le plus puissant de France" ? Certainement pas vous, Monsieur le président. L'homme le plus puissant de France, c'est vous.

Vous avez le pouvoir de faire saisir un tribunal arbitral qui attribue 285 millions d'euros à un de vos soutiens.

Vous avez le pouvoir de déguiser une grâce individuelle à un préfet dévoyé en grâce collective.


LE SPECTACLE DE L'IMPUNITÉ


A de rares exceptions, en matière financière, il n'y a plus que des enquêtes préliminaires, et des dossiers bouclés dorment dans les tiroirs. La liste des enquêtes non effectuées est impressionnante : les soupçons de corruption à l'encontre de Christian Poncelet, ex-président du Sénat ; les flux financiers allégués de Jacques Chirac au Japon ; les fortunes apparemment mal acquises des présidents africains placées en France ; le rôle supposé de la BNP Paribas dans les montages corrupteurs au Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa. La justice aurait dû enquêter pour crever l'abcès. Elle ne l'a pas fait, laissant se répandre le poison du soupçon et le spectacle de l'impunité.

Une justice dépendante, c'est une justice qui n'ouvre pas d'enquête lorsque les faits déplaisent au pouvoir.


Rappelez-vous du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Il n'y eut jamais aucune enquête ! Aucune condamnation ! Parce que le parquet ne le jugea pas opportun. Est-ce cette face-là de la justice qu'il faut faire ressortir au XXIe siècle ?

Le juge d'instruction est le fruit de notre histoire. Il n'existe pas ou a disparu en dehors de nos frontières.

Il peut évidemment être supprimé, mais à condition que sa disparition entraîne davantage de démocratie et non davantage d'arbitraire.


Peu importe qui mène les enquêtes pourvu que les magistrats soient préservés des pressions ; pourvu que les investigations puissent être conduites, ne soient pas étouffées dans l'œuf. Vous voulez confier les enquêtes au parquet ? Cela se peut, mais il faut alors rendre le parquet indépendant de votre pouvoir, ce qui, vous en conviendrez, n'a guère été votre choix. Les contempteurs des juges d'instruction affirment qu'il est impossible d'instruire à charge et à décharge. Si le parquet enquête, il héritera du même dilemme. A moins que vous n'ayez l'intention d'accorder aux avocats un pouvoir d'enquête. Non seulement la justice sera aux ordres, mais elle deviendra inégalitaire, à l'image de la justice américaine. En somme, vous aurez pris le pire des deux systèmes : l'arbitraire et l'inégalité.


Face à un projet qui foule aux pieds l'idéal de 1789 d'égalité des citoyens devant la loi, face à une réforme qui risque de transformer notre pays en République oligarchique, à la solde de quelques-uns, j'appelle les Françaises et les Français épris de justice à la mobilisation contre votre projet..


Eva Joly,

Etat de droite, soir de colère… par Anne-Marie Garat

Etat de droite, soir de colère…

En 1933, depuis près de trois ans, le Reichstag avalise sans broncher ; les décisions se prennent sans débats ni votes. Von Hindenburg gouverne un coude sur l’épaule des SPD, tétanisés, un coude sur celle des nazis, bons bougres. Hitler n’a plus qu’à sauter sur l’estrade, grand clown des atrocités, impayable dans son frac tout neuf.


Qui prétend encore que c’est arrivé du frais matin ?
Le sommeil a bon dos, où naissent les songes, et les cauchemars. Mais on ne se réveille pas dans le pire, stupeur, au saut du lit : le pire s’est installé, insidieux, dans le paysage, banalisé par l'apathie ou l’incrédulité des uns, la bénédiction des autres.


Des gendarmes brutaux, grossiers, débarquent impunément avec leurs chiens dans les classes d’un collège du Gers, pour une fouille musclée; le proviseur entérine, bonasse. Et le ministre de l’Education, qu’en dit-il ? Que dit-il de l’enlèvement d’enfants dans une école de Grenoble, d’eux et de leur famille expulsés en vingt-quatre heures, après combien d’autres ? Qui tient la comptabilité de ces exactions ordinaires ?


Un journaliste est interpellé chez lui, insulté, menotté, fouillé au corps, pour une suspicion de diffamation, qui reste encore à démontrer en justice… Qu’en dit la Garde des Sceaux ? Elle approuve (mutine bague Cartier au doigt, n’en déplaise au Figaro).
Nos enfants, nos journalistes, ce sont encore catégories sensibles à l’opinion.
Celle-ci s’émeut-elle ? Mollement. Elle somnole.


Mais les réfugiés de Sangatte, chassés comme bêtes, affamés dans les bois ; les miséreux du bois de Vincennes menacés de « ratissage », les gueux de nos trottoirs au vent d’hiver ? Les sans papiers raflés, entassés dans des lieux de non droit, décharges d’une société, qui détourne le regard ignoble de son indifférence ? Et la masse des anonymes, traités mêmement comme rebut par une administration servile ? Au secours, Hugo !


Il y a de jeunes marginaux qualifiés par la ministre de l’Intérieur d’ « ultra gauche » - spectre opportun des bonnes vieilles terreurs - jusqu’ici, pure pétition communicationnelle… Sa police veille, arme à la hanche, elle arpente, virile, les couloirs du métro, des gares. Sommes-nous en Etat de siège ? A quand l’armée en ville ?


Il y a le malade mental incriminé à vie par anticipation ; l’étranger criminalisé de l’être ; le jeune de banlieue stigmatisé pour dissidence du salut au drapeau : danger public; le prisonnier encagé dans des taudis surpeuplés – à 12 ans, bientôt ; le sans travail accusé d’être un profiteur, le pauvre d’être pauvre et de coûter cher aux riches ; le militant associatif qui le défend condamné, lourdement, pour entrave à la voie publique. Il y a le fonctionnaire taxé de fainéantise (vieille antienne) ; l’élu réduit au godillot ; le juge sous menace de rétorsion ; le parlementariste assimilé au petit pois ; la télé publique bradée aux bons amis du Président, qui fixent le tarif ; son PDG berlusconisé et des pubs d’Etat pour nous informer – à quand un ministre de la Propagande ? On en a bien un de l’Identité nationale. Et le bon ami de Corse, l’escroc notoire, amuseurs sinistres, protégés par décret du prince…


Criminalisation systématique de qui s’insurge, dénis de justice, inhumanité érigés en principe de gouvernement. Presse paillasson, muselée par ses patrons, industriels des armes. Intimidations, contrôles au faciès, humiliations, brutalités, violences et leurs dérapages - quelques précipités du balcon, quelques morts de tabassage accidentel -, sitôt providentiellement dilués dans le brouhaha des crises bancaires, de l’affairisme et du sensationnel saignant, bienvenu au JT : touristes égarés, intempéries, embouteillages du soir… Carla et Tapie en vedettes.
Ces faits sont-ils vraiment divers, ou bien signent-ils un état de fait ? En réalité, un état de droite. Extrême. Dire que Le Pen nous faisait peur…


Cela rampe, s’insinue et s’impose, cela s’installe : ma foi, jour après jour, cela devient tout naturel. Normal : c’est, d’ores et déjà, le lot quotidien d’une France défigurée, demain matin effarée de sa nudité, livrée aux menées d’une dictature qui ne dit pas son nom. Ah ! le gros mot ! N’exagérons pas, s’offusquent les mal réveillés. Tout va bien : M. Hortefeux est, paraît-il, bon bougre dans sa vie privée.


« Tout est possible », avait pourtant promis le candidat. Entendons-le bien. Entendons ce qu’il y a de totalitaire dans cette promesse cynique qui, d’avance, annonce le pire.


Sous son agitation pathologique, un instant comique – au secours, Chaplin ! - , sous ses discours de tréteaux, ses déclarations à tous vents, contradictoires, paradoxales, sous son improvisation politique (oripeau du pragmatisme), sous sa face de tic et toc s’avance le mufle des suicideurs de république, des assassins de la morale publique. La tête grossit, elle fixe et sidère.
Continuerons-nous à dormir ? Ou à piquer la marionnette de banderilles de Noël ?



Anne-Marie Garat (17/12/2008)

son site est magnifique... les chroniques... et l'album photo qui m'a beaucoup ému.

vendredi 6 mars 2009

Abbé Pierre

Je trouve ce magnifique diaporama... et j'avais tellement envie de le publier que j'ai passé ma matinée à chercher comment!


mardi 3 mars 2009

Droit dans les yeux : La crise alimentaire continue…

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Droit dans les yeux :

La crise alimentaire continue…


Ce n’est pas parce que la récolte 2008 dans le monde entier a été sensiblement meilleure, qu’il faut croire que la crise alimentaire est finie. Loin de là ! N’oublions pas qu’elle touche le monde entier et qu’il ne faut pas espérer y échapper… sans prendre des mesures énergiques et rapides.


La lecture de la presse ces jours ci est plus que révélatrice de l’angoisse qui gagne peu à peu de nombreux dirigeants dans le monde qui ne savent plus comment faire face au long terme alimentaire qui risque de devenir pour de très nombreux pays la priorité numéro un : « manger d’abord »


La production agricole reste dépendante des aléas climatiques et il semble, d’après de nombreuses études dont certaines parfaitement officielles, que les épisodes de sécheresse et les pays atteints vont se multiplier dans les proches années à venir… Argentine, Corne de l’Afrique, Chine, Inde… Les prévisions ne sont pas bonnes. Et ayant vu de mes yeux les famines des années 70 puis 80 au Burkina, je crains que soient trop vite oubliés, tant par les paysans que par les dirigeants, ces épisodes dramatiques de notre climat… Déjà le Kenya nous annonce que 10 millions de ses habitants sont directement menacés de disette…


Dans le monde, les céréales sont de plus en plus recherchées pour produire de la viande. Il faut 2,5 kg de céréales pour produire un kilo de poulet. On peut se réjouir de voir de plus en plus de gens accéder à une meilleure nourriture… mais on n’en mesure pas toujours le prix. Si les pays côtiers achètent nos céréales « pas chères » (au regard de leur situation économique), une grande partie sert à produire de la viande. Pourvu que ce ne soit pas au détriment de la nourriture céréalière des plus pauvres.


Le maïs s’étant moins bien vendu cette année aux Etats-Unis ou en Ukraine pour cause de surproduction, il sera sans doute moins semé cette année ; ainsi les prix augmenteront à nouveau parce que la demande de maïs destiné à la fabrication d’agrocarburants (éthanol) ne fléchit pas : Le président américain, Barack Obama, a en effet décidé de maintenir le développement de cette filière, bien que la quasi-totalité des usines productrices de cet agrocarburant soient en dépôt de bilan !


Attention aux terres utilisées au Burkina pour produire des agrocarburants ! Que le jatropha ne vienne pas concurrencer les cultures vivrières sur les mêmes terres comme à Boni… où, semble-t-il, même la forêt classée aurait été un moment menacée.
D’ailleurs, il serait, dans ce contexte, de plus en plus urgent de se poser la question de la production du coton. A quoi sert il de produire des millions de tonnes de coton, d’être le « premier producteur », si on doit le vendre à perte et qu’au lieu de nous apporter des devises, il nous enfonce dans le trou de la dette ou dans la dépendance des multinationales ?

Ne vaudrait il pas mieux revenir doucement à la culture des céréales dont les prix repartent sérieusement à la hausse (tout en restant très « volatils », très variables), surtout pour nous protéger et assurer notre souveraineté alimentaire en ces temps difficiles où les crises se surajoutent les unes aux autres : crises financière, alimentaire, économique, énergétique, environnementale, sociale….

Ne faudrait il pas veiller à ce que les terres du Burkina ne soient pas spoliées par des multinationales sulfureuses, comme AgroEd où Mr Millon est déjà l’objet d’enquêtes pour malversations financières ?


A ce titre, il serait bon de réfléchir au drame que vit le peuple malgache, nouvelle illustration d’une économie mondiale ultralibérale qui étrangle les peuples : crise alimentaire des peuples (le SMIC là-bas est à 20.000 Fcfa, comme le sac de riz), voracité des spéculateurs (une société coréenne prétend à une concession de 1.300.000 hectares pour 99 ans dont toute la production est destinée à la Corée) collusion du politique et du patronat (Le président, propriétaire de chaînes de magasins vient de s’acheter un avion boeing personnel !). L’exemple malgache doit nous faire réfléchir ici, au Burkina, pour nous éviter de tomber dans les mêmes travers et éventuellement les mêmes violences.


Le prix des céréales, tant au niveau mondial que régional ou national sera l’objet de spéculations surtout de la part des commerçants, des spéculateurs de métier, grâce à la collusion entre les acteurs politiques et économiques. Il restera très variable…


Si les paysans font de la « rétention », comme certains le prétendent, j’en suis très heureux : à la soudure, ils n’auront pas à payer quatre fois le prix de ce qu’ils auraient vendu à la récolte et ils s’en porteront mieux. Vu les capacités de gestion de la SONAGESS et de son ancêtre l’OFNACER, je suis heureux de voir les paysans se réapproprier la gestion de leur stocks.

Mais il n’est pas sûr que cette analyse soit tout à fait juste : d’énormes quantités de grains sont parties vers le Ghana et vers le Mali. Un de mes confrères de l’Ouest me disait récemment : « tout est parti, tout, de véritables trains de camions ont déjà tout emporté, je les ai vus »


S’il en est ainsi, les plus pauvres auront donc de moins en moins accès à la nourriture. Ca va être un gros problème pour les dirigeants, surtout dans les villes qui ne produisent pas suffisamment de richesse pour nourrir leurs populations urbaines:

« Qu’allons nous faire des plus pauvres ? »

Une réponse, c’est de les transformer en mendiants par les dons systématiques du Programme Alimentaire Mondial… et c’est commencé !


Une autre façon de se poser la question serait :

« Qu’allons nous faire avec les pauvres ? »

Une des réponses pourrait être :

Au lieu de les encourager à quitter leurs terres pour la ville où ils ne trouveront plus de concessions et seront nourris par l’aide internationale comme des mendiants, leur permettre – autant qu’il sera possible – de cultiver mieux leurs terres, de se perfectionner, de trouver un prix rémunérateur pour leurs céréales… pour cela un soutien massif de l’état, sans arrière pensées, est nécessaire : semences (mais pas OGM ! pitié !), engrais, petite mécanisation agricole, conseils…


Que Dieu bénisse les paysans du Burkina

Qu’Il leur donne la force de nous nourrir tous

Et qu’ils trouvent enfin le respect qui leur est dû !



Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr



paru dans le journal "Le Pays", rubrique "droit dans les yeux" du 3 mars 2009:
http://www.lepays.bf/spip.php?article1171

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