samedi 28 janvier 2012

Le printemps africain viendra-t-il des prélats?

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Le printemps africain viendra-t-il des prélats?

En RDC, au Nigeria et ailleurs, ils désavouent haut et fort les régimes corrompus, raconte
Christine von Garnier, active dans les réseaux missionnaires.

En République démocratique du Congo (RDC), l’Eglise catholique entre en résistance. La Conférence épiscopale nationale du Congo a déclaré jeudi 12 janvier que «le processus électoral a été entaché de graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats». Il avait donné la victoire au président sortant, Joseph Kabila. Les évêques mettent surtout en cause la Commission électorale et lui demandent d’avoir le courage de se remettre en question, de corriger impérativement les graves erreurs qui ont entamé la confiance de la population en cette institution, sinon de démissionner. En même temps, le clergé de Kinshasa a lancé un appel à des actions non violentes de désobéissance civile pour le rétablissement de la légitimité et de la légalité du pouvoir. Il est appuyé par les Associations de supérieurs majeurs des ordres religieux qui exigent l’annulation des élections du 28 novembre, et demandent à la communauté internationale de ne pas reconnaître le gouvernement
du Congo. Aux dernières nouvelles, la publication des résultats a été reportée sine die.

Le vent des révolutions arabes est donc arrivé jusque-là. Mais ce n’est pas tout: en novembre, le pape Benoît XVI a remis aux évêques africains l’exhortation apostolique rédigée par l’Assemblée du synode des évêques pour l’Afrique en 2009, leur recommandant de s’engager pour la réconciliation, la justice et la paix au-delà des clivages ethniques. Etonnant Benoît XVI, très conservateur théologiquement, mais qui exhorte à un engagement politique!

Si le prestige presque sacré des «vieux chefs» rend les prélats africains souvent redoutables pour les dictateurs en place, leur rôle ressemble parfois à une mission impossible: être la voix des sans-voix, dire ce qui ne va pas dans la société et risquer sa vie. Plusieurs d’entre eux ont néanmoins adopté des positions en pointe contre les violences religieuses, les fraudes politiques et économiques, conformément aux directives du Vatican. Ils sont parfois associés à des Eglises protestantes locales et même à des imams modérés.

Ainsi en RDC, le cardinal Lauren reconduisant Joseph Kabila, comme «conformes ni à la vérité, ni à la justice». Au Nigeria, le cardinal de Lagos Anthony Okogie et de Abuja, Mgr John Onaiyekan, ont clamé haut et fort qu’il n’y avait pas de guerre de religion, coupant court aux appels à la vengeance et critiquant les faiblesses du gouvernement pour sa politique économique. Au Sénégal, le cardinal Adrien Sarr a critiqué le gouvernement de ne pas en faire assez pour la paix en Casamance et la Conférence des évêques a déjà mis en garde le gouvernement en vue des prochaines élections. Au Burkina Faso, Mgr Philippe Ouédraogo a indiqué que les évêques s’opposaient à une révision de la Constitution qui permettrait au président Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat.

Au Cameroun, le cardinal à la retraite Christian Tumi, non suivi par les autres évêques, dénonce la corruption du régime du président Paul Biya. Il a reçu en novembre le Prix de l’intégrité de l’ONG Transparency International. En Ouganda, l’évêque de Kampala, Mgr Cyprian Kizito, critique avec force la corruption, la violation des droits de l’homme et les mauvaises lois qui contredisent le message de paix, de justice et de réconciliation délivré Noël passé. Dans ce même pays, l’évêque anglican Mgr Luke Orombi parle d’un pays corrompu, superstitieux et immoral. Au Soudan, Mgr Macram Max Gassis, évêque d’El Obeid, pousse un cri d’alarme et dénonce le risque d’un nouveau génocide par le gouvernement de Khartoum qui veut arabiser et islamiser les populations des monts Nouba par tous les moyens, y compris les armes chimiques.

Au nouveau Soudan du Sud traumatisé par des années de guerre, les évêques s’inquiètent des conflits internes et invitent le gouvernement et tous les citoyens à travailler en faveur de l’unité et de l’intégration. Et que dire de l’évêque anglican Desmond Tutu (Afrique du Sud), qui a dit prier pour la chute du président Jakob Zuma à cause de sa mauvaise gouvernance comme il avait prié pour la chute du régime de l’apartheid!

Mais ces exemples ne doivent pas cacher les divisions. Certains évêques mènent grande vie et sont parfois démis pour corruption et affaire de mœurs, comme ces dernières années les anciens archevêques de Cotonou et Bangui. D’autres ont des liens avec le pouvoir (liens de parenté, pots-de-vin), avec leurs ethnies ou parfois avec des gouvernements étrangers qui peuvent les manipuler. Au Gabon, les évêques sont dociles face au président Ali Bongo; en Côte d’Ivoire, ils sont apparus très divisés face à la récente crise politique. Les laïcs, de mieux en mieux formés et informés par les médias comme le sont les révolutionnaires arabes, s’organisent aussi.

Tels sont les signes annonciateurs d’une résistance des populations sur le continent africain, lui aussi touché par l’onde de choc mondiale contre les dictatures anciennes et nouvelles, déguisées en pseudo-démocraties favorisées par des multinationales, des Etats étrangers ou des militaires. Il faut soutenir ce mouvement notamment par la formation à la citoyenneté responsable, par des relations commerciales plus justes, et des règles juridiques contraignantes pour les multinationales dans les domaines sociaux, environnementaux et financiers.


© 2012 Le Temps SA
Jeudi 26 janvier 2012
Par Christine von Garnier

mercredi 18 janvier 2012

Mais pourquoi avait-on voté en 1973 cette loi imposant à l'Etat de passer par les banques privées ou les marchés pour financer sa dette ?

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Mais pourquoi avait-on voté en 1973 cette loi imposant à l’État de passer par les banques privées ou les marchés pour financer sa dette ?



Comment sommes-nous passés, d’une société où, malgré toutes les imperfections humaines et sociales, l’économie travaillait pour l’homme, à une société où l’homme travaille pour l’économie et l’économie pour la finance ?


Au centre de ce changement de nature, il y a, en France, la loi du 3 janvier 1973. Cette loi à peu près inconnue du grand public a en effet bouleversé l’organisation de la finance, et ses rapports avec l’État, garant de l’intérêt général. En effet, cette loi, directement inspirée du système américain de la FED (réserve fédérale américaine), interdit à la Banque centrale de faire des avances au Trésor. Dit autrement, de prêter directement à l’État de l’argent à taux zéro ou à un taux équivalent à celui qui prévaut lorsque la Banque centrale prête de l’argent aux banques.


Dès lors, en vertu de cette loi, l’État est obligé de passer par le système des banques privées pour financer son endettement. Cette loi constitue en elle-même un véritable défi à la souveraineté étatique, puisqu’elle interdit au Souverain - l’État démocratique étant l’aboutissement politique et juridique du Peuple souverain - de se donner l’argent dont il est pourtant le seul garant et seul émetteur de monnaie de base. Et elle l’oblige, pour emprunter, à passer par des tiers privés (les banques) qui lui prêtent l’argent dont il est cependant le fournisseur en dernier ressort ! Une situation déjà ubuesque en elle-même, mais qui s’est encore aggravée depuis, puisque, en volant au secours des institutions financières lors de la crise de 2008, l’État est également devenu le fournisseur en premier ressort de ces mêmes institutions qui aujourd’hui lui reprochent son endettement, et lui appliquent en conséquence des taux usuraires…


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Il ne peut y avoir deux souverains
Ou bien l’État met sous contrôle la finance ou bien la finance met l’État sous son contrôle. Soit c’est le peuple qui est le souverain (via ses élus), soit c’est le système financier (agences de notation, banques, institutions financières) qui est le souverain, dictant au peuple et à ses élus, la politique à suivre. Et comme conséquence, un pouvoir qu’on ne peut plus sanctionner, puisqu’il n’est pas élu et n’a même pas de "visage". La dépossession progressive de toute latitude monétaire des États ne pose donc pas seulement un problème économique. Elle représente aussi un effroyable déni de démocratie, la volonté et les intérêts des acteurs de la finance primant de facto sur ceux des peuples.

Publié le 18 janvier 2012
Jean-Luc Schaffhauser
Atlantico


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dimanche 1 janvier 2012

Crise de la dette L’Islande est notre Utopie moderne

En rejetant par référendum le sauvetage de leurs banques et le remboursement de la dette extérieure du pays, les Islandais ont montré qu’il est possible d’échapper aux lois du capitalisme et de prendre son destin en main, se réjouit un historien espagnol.



lire l'article sur:
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/1320091-l-islande-est-notre-utopie-moderne



en conclusion:

Toute carte de l’Europe devrait avoir l’Islande comme point de fuite. Cette carte doit se construire avec la certitude que le possible est inscrit dans le réel, au même titre que la nécessité. La nécessité n’est pas seulement une possibilité en plus à l’intérieur du réel. L’alternative existe. L’Islande nous l’a rappelé en proclamant que l’imagination faisait partie de la raison. C’est à la multitude qu’il appartient de définir ce qui est réel et réaliste, en utilisant la possibilité de la différence. De cette manière, nous ne nous contenterons pas de consoler les rêveurs. Au contraire, nous nous appuierons sur une partie de la réalité que la carte du capital voudrait totalement effacer. L’existence d’Utopie en dépend, et avec elle le concept même d’une vie digne d’être vécue.