lundi 20 octobre 2014

Je n'ai pas donné à manger à un pauvre... et c'était Dieu!

Bien chère cousine,

J'ai été très touché par ta lettre du 11 octobre 2014
et tout particulièrement par ce passage:

"... Je t'envoie un chèque de 25 euros: si tu peux les donner à un pauvre.
Le jour de la communion de mon fils (c'est loin!) je n'ai pas donné à manger
à un pauvre qui passait et maintenant, je pense que c'était Dieu.
Alors, ça bouge dans mon cœur et ma tête,
j'en suis très malheureuse....."

D'abord, je suis émerveillé que tu aies reconnu Dieu dans ce pauvre qui passait.
C'est en effet le cœur de la vie chrétienne...
Si tu as compris cela, tu as tout compris de la vie chrétienne.
et je n'ai plus rien à t'apprendre.

Ensuite, je suis étonné que tu sois "très malheureuse"
d'avoir raté une occasion de "servir" Dieu...
Dans la vie chrétienne, chaque fois que nous "ratons" quelque chose
-- et c'est bien plus souvent qu'on pense --
Dieu est là pour nous pardonner et nous remettre en route,
jamais pour nous condamner.
Il suffit de lui demander humblement pardon
et il nous pardonne.

Cela nous apprend l'humilité (nous ne sommes pas encore complètement des saints)
et cela nous redonne du courage sur le chemin de la sainteté.

J'aimerais beaucoup que tu fasses confiance à Dieu qui t'a déjà pardonné
et que tu retrouves la paix dans ton cœur...

Sainte Thérèse de Lisieux (la petite Thérèse, comme j'aime l'appeler)
a donné un jour une image à un de mes confrères pour qui elle priait (il y a 150 ans);
sans doute avait il un peu peur de n'avoir pas fait toujours la volonté de Dieu...
elle écrivait sur cette image:

"Je ne puis craindre un Dieu qui s'est fait si petit pour moi
Il n'est qu'amour et miséricorde"

Oui, à Noel Dieu s'est fait tout petit enfant juste pour qu'on l'aime,
il vient chercher notre amour... le reste ne l'intéresse pas!

Alors, oui, redis lui:
"Mon Dieu, je t'aime: tu m'as tellement aimé!"

et tu retrouveras la paix dans ton cœur.

Journée missionnaire mondiale (homélie à Notre Dame de la Garde)

Frères et sœurs,

En cette journée missionnaire mondiale,
je commence par vous citer ce magnifique texte de St Paul, 
dans sa lettre aux Romains (Ro 10, 13 et ss) :

" Tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.
Or comment invoquer le Seigneur sans avoir d'abord cru en Lui?
Comment croire en Lui, sans avoir entendu sa Parole ?
Comment entendre sa Parole si personne ne l'a proclamée?
Comment proclamer sans être envoyé?
Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle ...
N'aurait on pas entendu ?
Mais si, bien sûr!
Un psaume le dit:
Leur cri a retenti par toute la terre
et leur parole, jusqu'au bout du monde!"

Et voilà que de nos pays de vieille chrétienté ils ne sont plus très nombreux
à tout laisser pour partir au loin
vers des peuples qui n'ont pas entendu la Bonne Nouvelle
vers des peuples qui vivent des situations très dures
vers des hommes et des femmes qui attendent une parole d'espérance!

Mais vous en connaissez sans doute encore dans vos familles,
dans votre entourage. Alors, priez pour eux, soutenez les, écrivez leur...
comme le faisait déjà il y a 150 ans la petite Thérèse de Lisieux...
Une plaque dans cette basilique évoque ceux pour qui elle a prié...
Elle a prié pour un de mes confrères  père blanc (le Père Maurice Bellière)
et a même dessiné pour lui une image sur laquelle elle a écrit:
"Je ne puis craindre un Dieu qui s'est fait pour moi si petit
Il n'est qu'amour et miséricorde"


Aujourd'hui, le relais est pris par les pays du Sud...
Oui, elles sont nombreuses les vocations missionnaires en Afrique,
en Inde, en Amérique Latine....
Là aussi, tous ces jeunes en formation (ils sont 400 chez les Pères Blancs)
ont besoin de votre soutien et de votre prière!
Et les instituts missionnaires ont encore beaucoup de travail à accomplir
de peuples à rencontrer, de langues à apprendre, de coutumes à découvrir,
d'hommes et de femmes à accompagner sur les chemins de l'espérance...


Mais depuis Vatican II, nous avons appris que c'est toute l'Eglise qui est missionnaire!
que tous les chrétiens doivent participer à la mission universelle de l'Eglise.
Mais comment faire, me direz vous, si nous n'avons pas cette vocation particulière
à aller dans les terres lointaines?
Eh bien , c'est facile: "sortez de votre bulle".


Et là encore, l'exemple de la petite Thérèse de Lisieux est magnifique
et peut nous servir de boussole pour nous montrer le chemin:
Il nous faut avoir un cœur grand comme le monde!
Imaginez: elle est restée depuis l'âge de 15 ans et jusqu'à sa mort à 24 ans
dans son monastère sans en sortir,
et elle a été déclarée "patronne des Missions".
Sans cesse elle a porté dans son cœur, dans sa prière et dans ses lettres
des missionnaires qui étaient, eux, sur le terrain
elle a désiré ardemment que la Bonne Nouvelle parvienne à tous
elle a désiré la conversion des pécheurs
elle a désiré être l'amour pour le monde.

A Marseille, nous avons la chance d'avoir au milieu de nous
des gens de toutes races, peuples et nations...
Pourquoi n'irions nous pas vers eux pour leur ouvrir un chemin d'espérance ?
pourquoi ne tisserions nous pas quelques amitiés solides avec des gens différents de nous
pour briser leur solitude et jeter de nouveaux ponts de fraternité...
La mondialisation nous en fournit tous les jours de nombreuses occasions!
Nous avons vocation, nous chrétiens, à élargir les horizons de nos contemporains
Nous avons vocation à être des sentinelles de l'amour...
Mais voilà, trop souvent, nous avons peur et nous restons enfermés sur nous mêmes!
Aujourd'hui, nous sommes invités à sortir vers les autres!

Si nous nous laissons entrainer dans la passion de Dieu pour les hommes,
oui, nous deviendrons des missionnaires.
Que Dieu chasse toute peur de nos cœurs
pour nous entrainer dans le tourbillon de son amour.

Quand, en Afrique, nous fondions une nouvelle paroisse, aussitôt, suivaient un dispensaire, puis une école, puis des projets agricoles... qui se voulaient des signes de charité
aujourd'hui, on dirait des signes de solidarité
être missionnaire, ce n'est pas apporter Jésus dans ses bagages... Jésus nous précède partout!
Mais c'est à nous de le révéler, de faire voir son visage...
et il n'y a que l'amour qui puisse révéler le visage du Christ à nos frères...
Alors, partout où vous êtes, vous pouvez être ces témoins de l'amour
"A la façon dont vous vous aimez,
A la façon dont vous témoignerez votre amour,
les hommes reconnaîtront que vous êtes mes disciples"
Alors vous serez des missionnaires là où vous êtes
parce que vous aurez un cœur grand comme le monde
parce que vous serez capable d'aimer tous ceux que vous rencontrerez
parce que vous serez capables de rendre compte de l'Espérance qui vous habite.


Au soir d'une vie missionnaire, (j'ai passé 27 ans au Burkina Faso), il me reste quelques convictions profondes que j'aimerais vous partager:

= D'abord, je suis sûr que l'Esprit Saint existe...
Vu la façon dont on a été capables de parler les langues africaines, parfois bien mal,
et quand on voit comment le message de l'Evangile a été reçu,
oui, je suis émerveillé par le travail du Saint Esprit
dans le cœur des gens que nous avons rencontrés;

= Ensuite, la charité l'emporte sur tout... elle est vraiment notre signe et notre force à nous.
C'est vrai que l'amour concret vécu dans la vie de tous les jours est une énergie et une force formidable pour changer le monde

= Enfin, la peur est vaincue par la foi:
C'est incroyable comme la foi est libératrice, elle libère de toute peur... et elle nous permet ainsi de vivre pleinement dès aujourd'hui.

Je reste ébloui par le témoignage qu'ont donné les martyrs de l'Ouganda,
ces jeunes hommes fidèles à leur foi
qui ont choisi d'être fidèles à Dieu plutôt qu'à leur roi...
Et ils ont donné leur vie pour vivre cette fidélité à leur baptême.
Leurs reliques sont là, dans cet autel sur lequel nous allons célébrer l'Eucharistie
C'est bien d'avoir avec nous cette présence concrète
de ces hommes qui ont donné leur vie pour le Christ

Et puis comme tant d'hommes et de femmes qui sont montés ici à la Bonne Mère
avant de prendre le bateau à Marseille pour partir en mission,
confions nous à Marie, Reine des apôtres,
que nous puissions avec elle donner le Sauveur au monde
que nous puissions dire le même "oui"
qui nous entraînera à sa suite dans la grande aventure missionnaire


 (homélie prononcée à Notre Dame de la Garde par Jacques Lacour à six reprises le dimanche 19 octobre 2014, en la journée missionnaire mondiale)