samedi 3 octobre 2009

Immigration: prendre notre part de la misère du monde

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70e anniversaire de la Cimade
Inventer une politique européenne de l’hospitalité
26-09-09, Strasbourg

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Intervention de Michel Rocard
en introduction à la Table Ronde:
« Quel accueil de l’autre dans le monde de demain ? »



Chers amis,

La France et l’Europe peuvent et doivent accueillir toute la part qui leur revient de la misère du monde !

Permettez-moi, dans l’espoir, cette fois-ci, d’être bien entendu, de le répéter :
la France et l’Europe peuvent et doivent accueillir toute la part qui leur revient de la misère du monde,
c’est-à-dire de ces migrants courageux qui, prenant tous les risques, y compris celui de leur vie, viennent frapper aux portes des pays les plus riches dans l’espoir d’échapper à une destinée misérable pour eux-mêmes et leurs enfants dans leur pays d’origine.
Que nous ne puissions à nous seuls prendre en charge la totalité de la misère mondiale ne nous dispense nullement de devoir la soulager autant qu’il nous est possible.

Il y a vingt ans, venu participer en tant que Premier Ministre au Cinquantenaire de la Cimade, j’ai déjà voulu exprimer la même conviction. Mais une malheureuse inversion, qui m’a fait évoquer en tête de phrase les limites inévitables que les contraintes économiques et sociales imposent à toute politique d’immigration, m’a joué le pire des tours :
séparée de son contexte, tronquée, mutilée ma pensée a été sans cesse invoquée pour soutenir les conceptions les plus éloignées de la mienne. Et, malgré mes démentis publics répétés, j’ai dû entendre à satiété le début négatif de ma phrase, privé de sa contrepartie positive, cité perversement au service d’idéologies xénophobes et de pratiques répressives et parfois cruellement inhumaines que je n’ai pas cessé de réprouver, de dénoncer et de combattre.

Je veux espérer qu’aujourd’hui, vingt ans après, pour le 70e anniversaire de la grande Cimade, placé sous ce titre magnifique :
« Inventer une politique européenne d’hospitalité »,
on voudra bien retenir ma conviction que c’est bien là notre tâche aujourd’hui :
non pas penser d’abord à dresser des frontières sécuritaires face aux migrants mais, au contraire, être capables d’assumer, dans une politique concertée responsable, notre devoir d’hospitalité - parce que la France et l’Europe peuvent et doivent accueillir toute leur part de la misère du monde !

....lire la suite dans le journal Libération

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