vendredi 28 novembre 2008

SDF: Nicolas Sarkozy deux ans avant...

Lu sur "le Post", écrit par "Birenbaum", le 28 nov. 2008


Un politique, quel qu'il soit, ne devrait jamais faire des promesses de ce genre...

"Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid..."

Pourquoi faut-il que nos campagnes électorales soient toujours des moments pendant lesquels tous nos politiques échangent des arguments et des propositions au minimum démagogiques, au pire mensongères ?

Que vaut encore la parole politique lorsque l'on constate six mois, un an, deux ans après... que ce qui a été promisjurécrachécroixdeboiscroixdefersijemensjevaisenenfer n'était qu'un "coup", lancé pour avoir les caméras braquées sur soi, le temps d'un meeting ?

À l'ère d'internet, des sites de partage de vidéos et des blogs, il va devenir de plus en plus difficile d'effacer d'un coup de gomme magique ce que l'on a promisjurécrachécroixdeboiscroixdefersijemensjevaisenenfer...

Tous les politiques devraient en prendre conscience.

Et notamment l'auteur, compositeur et interprète du fameux "Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas" (ici pour mémoire...).

Le futur simple ? Un temps qui vieillit très mal...

mardi 25 novembre 2008

Droit dans les yeux: Eviter de faire d’un pauvre un mendiant

.

Droit dans les yeux

Eviter de faire d’un pauvre un mendiant


A chaque instant de la journée, je suis sollicité.


Les pauvres sont légion dans notre pays, et dans leur malheur, ils ne savent plus vers qui se tourner. L’action sociale n’a pas de moyens, les politiciens s’en désintéressent (moins d’état = moins d’entraide = économies).

Dans la grande ville de Ouagadougou, comme dans la petite ville de Koudougou, ils n’hésitent pas à se tourner vers le « blanc » supposé cueillir les billets craquants sur les arbres de son pays. Un blanc est forcément « riche », « très riche » même. Les mythes ont la vie dure.



Mais chaque fois que quelqu’un se tourne vers moi pour quémander, je lui demande d’abord : « Mais où est ta famille, où sont tes frères, où sont tes oncles ? »

Si c’est une femme qui vient me présenter ses jumeaux : « Où est ton mari ? »

Une aide risque fort d’être une solution de facilité qui détruit les solidarités traditionnelles, pourtant fort nombreuses.



Un jeune en difficulté est venu me demander les 1.500 F qui lui manquaient pour coudre son uniforme scolaire. Famille monoparentale, plusieurs frères et sœurs à l’école, pauvreté évidente… Mais il ne me connaît pas et je ne le connais pas. Il m’aurait été facile de me « débarrasser » de lui en lui donnant ces 1.500 F ; mais j’ai pris le temps de discuter longtemps avec lui… Deux jours plus tard, il est venu, rayonnant, avec deux poulets que lui a donnés un oncle au village et je lui ai payé ses deux poulets à 5.000 F Il est libre, moi aussi ; toutes ses solidarités sont préservées…



Il y a bien sûr, le cas des garibous, des élèves coraniques que leur maître envoie mendier. Alors là, je refuse carrément. C’est en « fulfulde du marché » que je discute alors avec les enfants. « D’où viens tu, de Djibo, de Dori ? ». Venus de là bas pour étudier me répondent ils… Ma réponse invariable est celle-ci : « Le marabout qui t’enseigne doit te donner à manger ; s’il ne le veut pas, c’est qu’il est un mauvais maître et qu’il n’a pas le soutien de la communauté des musulmans. » C’est aux parents à nourrir les enfants, pas le contraire. Dans ce cas, je ne donne jamais – quelle que soit ma douleur intérieure – pour ne pas prolonger ce système ignoble. (et que l’état continue de tolérer : c’est invraisemblable !)



Et puis, il y a aussi ceux qui demandent, juste pour tenter leur chance… ceux qui n’ont aucune honte à quémander, ceux qui imaginent m’honorer par leurs « doléances », les vrais « clients », ceux qui se laisseront acheter leur voix pour 1.000 F au prochain passage d’un politicien, ceux qu’on entretient volontairement dans ce système de clientélisme face au « chef », face au puissant… Ceux-là, je les reçois assez mal et ils ont du mal à comprendre pourquoi…



Les vraies associations « caritatives » ne se contentent jamais de « donner », parce qu’elles savent qu’un simple don à un pauvre est particulièrement destructeur des relations vraies et risque de le transformer en « mendiant » et en « dépendant ».

Si elles le font, c’est « à temps », dans les situations de détresse incontournables ;

Si elles le font, elles le font dans la discrétion et veillent à accompagner ceux qui reçoivent sur des chemins de développement qui leur permettront de s’en sortir à long terme.

Si elles le font, c’est parce qu’en même temps, elles luttent pour la transformation des structures injustes de nos sociétés qui engendrent ces situations.



Mais lorsqu’elles continuent à le faire « à contretemps » (quand le temps de la soudure est fini, par exemple)

Quand elles le font sans assurer un « suivi » de ceux qu’elles aident,

Quand elles le font devant les caméras et la presse pour se vanter, se mettre en exergue, et éventuellement confondre « charité » et « politique »,

Quand elles le font pour faire de la publicité à un régime libéral qui « fabrique » les pauvres, sans lutter contre les réelles causes de la pauvreté,

Alors, on est en droit de se poser beaucoup de questions sur les intentions des donateurs, qu’ils soient de l’étranger ou du pays.



Jacques Lacour

jacqueslacourbf@yahoo.fr




Paru dans "Le Pays" du mardi 25 novembre 2008, rubrique "Droit dans les yeux"


.


dimanche 23 novembre 2008

Un nouveau livre de Jean Ziegler

La haine de l’Occident

Un nouveau livre de Jean Ziegler

(Recension récupérée sur la liste Burkina du yahoogroupe.

Membre du haut Conseil des droits de l'Homme aux Nations Unies et ancien rapporteur des Nations Unies sur l'alimentation, Jean Ziegler, dans son nouveau livre "La haine de l'Occident", ne dresse pas seulement un saisissant réquisitoire contre "l'ordre meurtrier de l'Occident", contre son arrogance et son déni de justice à l'égard des pays du Sud, c'est à dire des trois quarts de la population mondiale. Il montre que la "mémoire collective resurgie" des peuples affamés, pillés, assassinés, est une force historique qui peut changer le monde.

"Après un enfouissement des traumatismes par les sociétés qui ont subi un choc...nous vivons le temps du retour à la mémoire. Les peuples 'brusquement' se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comptes à l'Occident".
Et c'est une bonne chose, explique Jean Ziegler. Tout d'abord, parce que le passé négrier et colonial de l'Europe est "moralement, spirituellement indéfendable", comme disait Aimé Césaire, et parce qu'il est sans aucune comparaison avec toute autre forme d'exploitation
et de meurtre dans l'histoire de l'humanité. Jean Ziegler reprend à son compte le commentaire d'Edgar Morin : "La domination de l'Occident est la pire de l'histoire humaine dans sa durée et son extension planétaire", d'autant que les Occidentaux n'ont jamais dépassé 24 % de la population mondiale et qu'aujourd'hui ils n'en représentent que 12,8 %.Et pour tous ceux qui n'auraient pas une vue complète des horreurs commises par les puissances occidentales, ou qui penseraient qu'elles sont loin derrière nous, Jean Ziegler développe plusieurs chapitres largement méconnus de ces 500 ans de crimes contre l'humanité et de cette "obsession occidentale de détruire les cultures et identités qui les avaient précédées".


Pour ne citer que ceux-là :

le rapt des enfants autochtones en Tasmanie (Australie) admis par les Anglais depuis 1836 jusqu'en 1969, date de son abolition ( !). Puisque par ordre de la Couronne, tous les enfants autochtones à partir de l'âge de 3 ans étaient enlevés à leur famile et mis dans un orphelinat où ils étaient castrés, stérilisés, violés, mutilés.


Même phénomène au Canada où s'est pratiqué le rapt des enfants d'ethnie indienne jusqu'en 1960. Ce n'est que le 10 juin 2008, que le gouvernement britannique a présenté des excuses aux peuples autochtones pour les 150 000 enfants enlevés, agressés sexuellement et psychologiquement.


Jean Ziegler rappelle que ce que Karl Marx écrivait déjà en son temps : "Le capital arrive au monde suant le sang et la boue par tous les pores. Il fallait pour piedestal à l'esclavage dissimulé des salariés en Europe, l'esclavage sans fard dans le nouveau monde (...) Les trésors directement estorqués hors de l'Europe par le travail forcé des indigènes réduits en esclavage par la concussion, le pillage et le meurtre, refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital", est toujours vrai.


A propos des conséquences bien actuelles de cette politique, qui a pris le nouveau visage du néo-libéralisme, il souligne à quel point "le sous-développement a été accru par les mercenaires de l'OMC et du FMI".


Toutes les 5 secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. 100.000 personnes meurent ainsi chaque jour. 500 000 femmes sont mortes en couches en 2007 en Afrique sub-saharienne.1,7 milliard d'être humains n'ont pas accès aux soins primaires (vaccinations, médicaments...). 123 millions de personnes sont sous-alimentées en permanence, alors que l'agriculture mondiale est actuellement capable de nourrir 12 milliards d'êtres humains.


Et entre 2001 et 2007, 125 000 paysans indiens se sont suicidés à cause de la "libéralisation" de l'agriculture (et de manière horrible, c'est à dire en avalant un bidon de pesticides, la substance qui les avait ruinés).


Aucune fatalité, donc, dans tout cela. "Un enfant qui meurt de faim aujourd'hui, est un enfant assassiné", fait-il remarquer, condamnant le "négationnisme" et "l'arrogance" de nos dirigeants, tel un Sarkozy refusant de s'excuser sur les massacres de Sétif ou allant déclarer à Dakar que "l'homme africain est responsable des malheurs de l'Afrique".


"Un Occident dont les pratiques démentent constamment les valeurs qu'il proclame. D'où la méfiance, voire l'aversion des pays du sud pour cet Occident qui tente depuis des siècles de confisquer à son seul profit le mot "humanité". D'où la "ruine des Nations Unies", souligne-t-il. Jean Ziegler illustre ce double langage avec l'exemple du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et l'un des plus riches du monde "mis en coupe réglée par les seigneurs de la guerre économique mondiale".


"la Haine raisonnée de l'Occident", "l'affirmation identitaire autochtone face à la prétention universaliste du dominateur occidental", sont une "nécessité". Elles ont permis pour la première fois depuis 500 ans, l'arrivée au pouvoir, en Bolivie, d'un paysan indien, Evo Morales, qui reprend le contrôle des immenses richesses de ce pays, pour les restituer à une
population qui est, paradoxalement, parmi les plus pauvres du monde.

samedi 22 novembre 2008

Synthèse des travaux de la troisième semaine sociale du Burkina


J'ai eu beaucoup de bonheur à être le rapporteur général de ce temps fort de la vie de l'église du Burkina.Un formidable espace d'expression et si tout ne peut figurer dans ces quelques lignes, elles disent un peu quelque chose de cette rencontre.


Synthèse des travaux
De la troisième semaine sociale du Burkina


Au terme de cette rencontre de quatre jours, les 170 personnes venues participer à la 3° semaine sociale du Burkina rendent grâces à Dieu pour le nouvel élan que cette rencontre va leur donner.

Les participants représentaient les 13 diocèses du Burkina, de nombreuses congrégations et institutions religieuses ainsi que d’autres confessions religieuses et de nombreux services d’Etat. Deux évêques du Niger nous ont honorés de leur présence.

Musulmans et Evangéliques ont participé aux travaux et ont apporté leurs contributions à ce thème qui réunit tous les croyants : Lutter contre la corruption. Lutter contre la pauvreté.
« Ne cédez pas à la corruption sur la terre ; Dieu n’accueille pas l’illicite… » nous a dit notre frère musulman.
« Vous êtes le sel de la terre… », la réception de l’Evangile transforme les cœurs. Nous a témoigné notre frère évangélique.

Ce temps fort a permis en effet à tous les participants d’étudier, de travailler et de faire des propositions sur le thème de :
« Corruption et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso
Contribution de l’Eglise Catholique ».

La corruption est un phénomène généralisé qui participe à l’appauvrissement économique et moral de nombreuses nations dans le monde, le Burkina n’est pas épargné et il était important d’en faire l’état des lieux et de proposer des pistes d’action pour ce sujet délicat, mais pas tabou.

Tous les pays du monde sont aux prises avec la pauvreté, d’une manière ou d’une autre et à des degrés divers, mais le Burkina l’est de façon toute spéciale et son récent classement 176°/177 par le PNUD interpelle fortement.

Sept conférences, deux panels et trois ateliers ont permis à tous les participants de mieux comprendre ces deux phénomènes, de poser les questions qui les préoccupent, de proposer des pistes de travail et de formuler des recommandations.
La visite d’un chantier de concassage de cailloux par des femmes à Pissy leur a révélé la précarité sanitaire et la dureté de ce métier qui rapporte peu. Les travailleurs pauvres sont légion au pays et mériteraient une réglementation protectrice.

A la séance d’ouverture, Monseigneur Thomas KABORE les a invités à « se laisser guider dans leurs travaux par l’Evangile… Ce monde de justice et de Paix que nous appelons de tous nos vœux, c’est un don de Dieu à demander, et pour lequel il nous faut aussi nous engager »




La corruption :

Les définitions de la corruption n’ont pas manqué, mais on retiendra ici surtout ses effets dévastateurs :

Elle crée des problèmes économiques et financiers, détruit le tissu social et solidaire, pervertit le système éducatif, discrédite l’autorité publique, sape les fondements de la société et peut mener jusqu’aux guerres civiles,
Elle engendre partout le soupçon,
Elle nie les droits de l’Homme et écrase les plus faibles
Elle affaiblit les institutions et fragilise la démocratie, elle confond bien public et bien privé
Elle fait croire que le succès vient des pots de vin et du favoritisme plus que de l’effort et du travail, elle décourage les meilleurs, elle inverse l’échelle des valeurs
Elle invente les paradis fiscaux, la fraude en tous genres. Elle recycle l’argent du crime.
Elle fait perdre 148 milliards de dollars à l’Afrique chaque année.

Dans une société qui exacerbe les désirs à des fins mercantiles,
Où la recherche de l’argent devient la seule valeur et le seul but
Dans une civilisation du clinquant et des apparences

Au Burkina, elle atteint tous les domaines : santé, éducation, transports et circulation routière, marchés publics, domaine foncier, justice, pièces administratives, douanes, impôts, détournements des moyens et matériels de l’Etat… On la trouve partout, même dans l’église…

Les témoignages d’un petit commerçant affronté à un contrôle fiscal disproportionné, d’un entrepreneur à qui on tarde à remettre son avis de réception des travaux, d’un religieux donnant une ramette de papier dans un bureau, d’un marché perdu pour refus de fausses factures, les sollicitations à un avocat… Tous ces témoignages ont interpellés très fort.

Ses causes sont nombreuses :
bas salaires, valeurs perdues (honnêteté, justice, tolérance, respect de la vie…), ignorance et « déficit d’éducation », disfonctionnements administratifs, impunité, coût social de l’intégrité, frustrations nées de l’écart riches/pauvres, « âpreté au gain » et recherche du profit à tout prix, gros risques à « dénoncer », les modèles importés d’ailleurs, l’influence des mass médias …


Du côté de l’Etat burkinabè, une récente étude montre l’étendue de la corruption et formule des recommandations validées à Ouahigouya en février 2008.
De très nombreuses structures sont mises en place, dont la dernière est l’Autorité Supérieure du Contrôle de l’Etat. Elles suscitent espérance, indifférence ou scepticisme…
La justice semble immobile (trop liée aux instructions ministérielles, aux soucis de carrière et aux collusions avec le milieu d’affaires… trop politisée…trop inefficace…) Elle ne se saisit pas, elle ne fait pas d’enquêtes.

Pourtant une stratégie peut être mise en place pour combattre la corruption
que seul peut mener un « peuple debout »:
= Etre persuadé que la corruption n’est pas une « fatalité ». (D’autres – comme le RENLAC – sont depuis longtemps dans cette lutte) ;
= Mobiliser à tous les niveaux, se regrouper pour être forts et vaincre la peur ;
= Nommer des hommes intègres aux postes importants (pour la « bonne gouvernance ») ;
= Refuser les gestes de corruption les plus simples (« qui vole un œuf vole un bœuf ») ;
= Instaurer partout la transparence financière et la culture du compte rendu et du contrôle. La culture du « secret » est à convertir ;
= Faire toute leur place aux femmes (« Il est internationalement reconnu que les femmes sont moins corrompues et tolèrent moins la corruption que les hommes ») ;
= Initier à l’éthique économique et politique ;
= Retrouver les valeurs africaines : partage, joie, solidarité…la solidarité n’est pas corruptible ;
= Promouvoir les « valeurs citoyennes ». Redevenir fiers d’être honnêtes ;
= Former des êtres spirituels, habités de convictions fortes, capables de ce combat ;
= Donner une formation morale et civique, l’apprentissage du service gratuit,… (Ecole, Familles, Paroisses) ;


La pauvreté

Comment la définir ?
Longtemps perçue comme le seul manque d’argent, on comprend mieux aujourd’hui la fragilité et la précarité du pauvre dans tous les domaines : accès à l’éducation, à la santé, à la justice ; incapacité à agir sur les conditions qui les écrasent, exclusion et ségrégation sociale de fait par l’argent (quartiers bourgeois)…
Le pauvre vit au jour le jour, il lui est impossible de se relever sans l’aide d’autrui.
Pour lutter contre la pauvreté, c’est tout cela qu’il faut « guérir ».

Dans un monde dominé par le libéralisme, la concurrence, la bagarre pour les choses devenues rares, l’appropriation, l’accumulation et l’augmentation des profits, il n’y a pas de place pour le pauvre.
La domination de l’argent dans les relations fait naître les violences.

Au Burkina, en 2003, 46% de la population vit avec moins de 80.000 Fcfa par an.
Mais le pauvre n’a pas perdu sa dignité dans les communautés villageoises ou urbaines.
Rechercher avec lui le bien être humain plus que l’accumulation seule des biens

Attention à ne pas considérer que toute activité contribue à la « lutte contre la pauvreté »,
comme on l’entend dire si souvent aujourd’hui.

Eradiquer la pauvreté exige :
= Un développement endogène.
= Le développement des activités génératrices de revenus.
= Des emplois pour les jeunes.
= La bonne gouvernance. Une volonté et un engagement de l’Etat. (Que l’Etat cesse de se désengager de tout).
= La lutte contre la corruption.
= Une école de qualité pour tous, pour chasser l’ignorance (éviter de « faire du chiffre » avec des maîtres mal formés et peu motivés)
= Des politiques agricoles qui assurent aux paysans un revenu digne et des productions qui assurent au pays la souveraineté alimentaire.
= L’implication des pauvres dans les programmes à eux destinés.
= Une plus grande ardeur au travail, une plus grande créativité et moins de parasitisme
= d’éviter les aides qui rendent dépendants.
= des revenus décents, une éducation à la bonne gestion et l’apprentissage de la prévoyance.


Conclusion

Toute cette semaine a été pour tous les participants une interpellation, un engagement citoyen, un engagement de foi. Ils ont cherché ensemble le regard du Christ sur les réalités du monde et particulièrement du Burkina d’aujourd’hui.



Ils ont reçu pour mission d’annoncer une vision du monde, de dénoncer les mécanismes injustes, de rappeler sans cesse la dimension spirituelle de l’Homme, d’évangéliser l’économie et la politique, de féconder la société par la solidarité.

Il s’agit aussi de proposer des alternatives :
Quitter la seule accumulation des richesses pour « être plus »,
Résister à la seule valeur de l’argent qui s’impose partout,
Combattre les structures oppressives,
Donner place à Dieu au cœur de nos actions humaines.

En retournant dans leurs milieux, dans toutes les structures où ils vont travailler,
ils construiront un réseau de gens qui pourront projeter la lumière sur toutes les formes de corruption.
Dans les paroisses et les familles, à travers la pastorale familiale, ils enseigneront, vivront et feront vivre les valeurs chrétiennes.
Dans l’enseignement, ils éduqueront au civisme.

Chacun, habité par l’Esprit de l’Evangile s’engagera là où il est par une multitude de petits actes quotidiens à construire un monde de droiture, d’honnêteté et de confiance.

Et, comme nous y invitait au début de cette session le mot reçu du pape :
« Corruption et pauvreté sont des drames dans le contexte actuel des crises alimentaires et économiques. Travaillons pour une société plus juste et plus solidaire où chacun pourra vivre dans la dignité »

merci

Ouagadougou, le 20-11-2008
Les participants à la Semaine Sociale du Burkina



Et n’oubliez pas que : (paroles du Père Maugenest, sj.)

« Nous baignons tous dans la corruption » ;
Un progrès moral est il possible ? Peut on faire disparaître la corruption ? Non.
Etre des semeurs de bon grain plus que des arracheurs d’ivraie.
Essayer de penser spirituellement la corruption
Plutôt que lutter moralement contre la corruption.
Nous sommes précaires, corruptibles, voués à la mort.
Mais habités du désir d’incorruptibilité.
Ce qui est voué à la mort disparaîtra.
Vivre alors plus fort la quête de l’Esprit qui fait vivre
Qui conduira le vivant à l’incorruptibilité.
Il s’agit d’un combat spirituel, pas seulement un combat moral.
Nous sommes capables d’incorruptibilité : c’est l’œuvre de Dieu en nous.
Qui passe par la Croix.

La vie sociale est risquée ; chacun sera jugé sur ses actes.
Que chacun y fasse sa vie selon l’Esprit (conversion), selon l’appel de Dieu.
Qu’est ce que l’Esprit m’inspire de faire aujourd’hui ? ou d’éviter ?


.

Synthèse des travaux De la troisième semaine sociale du Burkina

J'ai eu beaucoup de bonheur à être le rapporteur général de ce temps fort de la vie de l'église






Synthèse des travaux
De la troisième semaine sociale du Burkina


Au terme de cette rencontre de quatre jours, les 170 personnes venues participer à la 3° semaine sociale du Burkina rendent grâces à Dieu pour le nouvel élan que cette rencontre va leur donner.

Les participants représentaient les 13 diocèses du Burkina, de nombreuses congrégations et institutions religieuses ainsi que d’autres confessions religieuses et de nombreux services d’Etat. Deux évêques du Niger nous ont honorés de leur présence.

Musulmans et Evangéliques ont participé aux travaux et ont apporté leurs contributions à ce thème qui réunit tous les croyants : Lutter contre la corruption. Lutter contre la pauvreté.
« Ne cédez pas à la corruption sur la terre ; Dieu n’accueille pas l’illicite… » nous a dit notre frère musulman.
« Vous êtes le sel de la terre… », la réception de l’Evangile transforme les cœurs. Nous a témoigné notre frère évangélique.

Ce temps fort a permis en effet à tous les participants d’étudier, de travailler et de faire des propositions sur le thème de :
« Corruption et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso
Contribution de l’Eglise Catholique ».

La corruption est un phénomène généralisé qui participe à l’appauvrissement économique et moral de nombreuses nations dans le monde, le Burkina n’est pas épargné et il était important d’en faire l’état des lieux et de proposer des pistes d’action pour ce sujet délicat, mais pas tabou.

Tous les pays du monde sont aux prises avec la pauvreté, d’une manière ou d’une autre et à des degrés divers, mais le Burkina l’est de façon toute spéciale et son récent classement 176°/177 par le PNUD interpelle fortement.

Sept conférences, deux panels et trois ateliers ont permis à tous les participants de mieux comprendre ces deux phénomènes, de poser les questions qui les préoccupent, de proposer des pistes de travail et de formuler des recommandations.
La visite d’un chantier de concassage de cailloux par des femmes à Pissy leur a révélé la précarité sanitaire et la dureté de ce métier qui rapporte peu. Les travailleurs pauvres sont légion au pays et mériteraient une réglementation protectrice.

A la séance d’ouverture, Monseigneur Thomas KABORE les a invités à « se laisser guider dans leurs travaux par l’Evangile… Ce monde de justice et de Paix que nous appelons de tous nos vœux, c’est un don de Dieu à demander, et pour lequel il nous faut aussi nous engager »






La corruption :

Les définitions de la corruption n’ont pas manqué, mais on retiendra ici surtout ses effets dévastateurs :

Elle crée des problèmes économiques et financiers, détruit le tissu social et solidaire, pervertit le système éducatif, discrédite l’autorité publique, sape les fondements de la société et peut mener jusqu’aux guerres civiles,
Elle engendre partout le soupçon,
Elle nie les droits de l’Homme et écrase les plus faibles
Elle affaiblit les institutions et fragilise la démocratie, elle confond bien public et bien privé
Elle fait croire que le succès vient des pots de vin et du favoritisme plus que de l’effort et du travail, elle décourage les meilleurs, elle inverse l’échelle des valeurs
Elle invente les paradis fiscaux, la fraude en tous genres. Elle recycle l’argent du crime.
Elle fait perdre 148 milliards de dollars à l’Afrique chaque année.

Dans une société qui exacerbe les désirs à des fins mercantiles,
Où la recherche de l’argent devient la seule valeur et le seul but
Dans une civilisation du clinquant et des apparences

Au Burkina, elle atteint tous les domaines : santé, éducation, transports et circulation routière, marchés publics, domaine foncier, justice, pièces administratives, douanes, impôts, détournements des moyens et matériels de l’Etat… On la trouve partout, même dans l’église…

Les témoignages d’un petit commerçant affronté à un contrôle fiscal disproportionné, d’un entrepreneur à qui on tarde à remettre son avis de réception des travaux, d’un religieux donnant une ramette de papier dans un bureau, d’un marché perdu pour refus de fausses factures, les sollicitations à un avocat… Tous ces témoignages ont interpellés très fort.

Ses causes sont nombreuses :
bas salaires, valeurs perdues (honnêteté, justice, tolérance, respect de la vie…), ignorance et « déficit d’éducation », disfonctionnements administratifs, impunité, coût social de l’intégrité, frustrations nées de l’écart riches/pauvres, « âpreté au gain » et recherche du profit à tout prix, gros risques à « dénoncer », les modèles importés d’ailleurs, l’influence des mass médias …


Du côté de l’Etat burkinabè, une récente étude montre l’étendue de la corruption et formule des recommandations validées à Ouahigouya en février 2008.
De très nombreuses structures sont mises en place, dont la dernière est l’Autorité Supérieure du Contrôle de l’Etat. Elles suscitent espérance, indifférence ou scepticisme…
La justice semble immobile (trop liée aux instructions ministérielles, aux soucis de carrière et aux collusions avec le milieu d’affaires… trop politisée…trop inefficace…) Elle ne se saisit pas, elle ne fait pas d’enquêtes.

Pourtant une stratégie peut être mise en place pour combattre la corruption
que seul peut mener un « peuple debout »:
= Etre persuadé que la corruption n’est pas une « fatalité ». (D’autres – comme le RENLAC – sont depuis longtemps dans cette lutte) ;
= Mobiliser à tous les niveaux, se regrouper pour être forts et vaincre la peur ;
= Nommer des hommes intègres aux postes importants (pour la « bonne gouvernance ») ;
= Refuser les gestes de corruption les plus simples (« qui vole un œuf vole un bœuf ») ;
= Instaurer partout la transparence financière et la culture du compte rendu et du contrôle. La culture du « secret » est à convertir ;
= Faire toute leur place aux femmes (« Il est internationalement reconnu que les femmes sont moins corrompues et tolèrent moins la corruption que les hommes ») ;
= Initier à l’éthique économique et politique ;
= Retrouver les valeurs africaines : partage, joie, solidarité…la solidarité n’est pas corruptible ;
= Promouvoir les « valeurs citoyennes ». Redevenir fiers d’être honnêtes ;
= Former des êtres spirituels, habités de convictions fortes, capables de ce combat ;
= Donner une formation morale et civique, l’apprentissage du service gratuit,… (Ecole, Familles, Paroisses) ;




La pauvreté

Comment la définir ?
Longtemps perçue comme le seul manque d’argent, on comprend mieux aujourd’hui la fragilité et la précarité du pauvre dans tous les domaines : accès à l’éducation, à la santé, à la justice ; incapacité à agir sur les conditions qui les écrasent, exclusion et ségrégation sociale de fait par l’argent (quartiers bourgeois)…
Le pauvre vit au jour le jour, il lui est impossible de se relever sans l’aide d’autrui.
Pour lutter contre la pauvreté, c’est tout cela qu’il faut « guérir ».

Dans un monde dominé par le libéralisme, la concurrence, la bagarre pour les choses devenues rares, l’appropriation, l’accumulation et l’augmentation des profits, il n’y a pas de place pour le pauvre.
La domination de l’argent dans les relations fait naître les violences.

Au Burkina, en 2003, 46% de la population vit avec moins de 80.000 Fcfa par an.
Mais le pauvre n’a pas perdu sa dignité dans les communautés villageoises ou urbaines.
Rechercher avec lui le bien être humain plus que l’accumulation seule des biens

Attention à ne pas considérer que toute activité contribue à la « lutte contre la pauvreté »,
comme on l’entend dire si souvent aujourd’hui.

Eradiquer la pauvreté exige :
= Un développement endogène.
= Le développement des activités génératrices de revenus.
= Des emplois pour les jeunes.
= La bonne gouvernance. Une volonté et un engagement de l’Etat. (Que l’Etat cesse de se désengager de tout).
= La lutte contre la corruption.
= Une école de qualité pour tous, pour chasser l’ignorance (éviter de « faire du chiffre » avec des maîtres mal formés et peu motivés)
= Des politiques agricoles qui assurent aux paysans un revenu digne et des productions qui assurent au pays la souveraineté alimentaire.
= L’implication des pauvres dans les programmes à eux destinés.
= Une plus grande ardeur au travail, une plus grande créativité et moins de parasitisme
= d’éviter les aides qui rendent dépendants.
= des revenus décents, une éducation à la bonne gestion et l’apprentissage de la prévoyance.




Conclusion

Toute cette semaine a été pour tous les participants une interpellation, un engagement citoyen, un engagement de foi. Ils ont cherché ensemble le regard du Christ sur les réalités du monde et particulièrement du Burkina d’aujourd’hui.

Ils ont reçu pour mission d’annoncer une vision du monde, de dénoncer les mécanismes injustes, de rappeler sans cesse la dimension spirituelle de l’Homme, d’évangéliser l’économie et la politique, de féconder la société par la solidarité.

Il s’agit aussi de proposer des alternatives :
Quitter la seule accumulation des richesses pour « être plus »,
Résister à la seule valeur de l’argent qui s’impose partout,
Combattre les structures oppressives,
Donner place à Dieu au cœur de nos actions humaines.

En retournant dans leurs milieux, dans toutes les structures où ils vont travailler,
ils construiront un réseau de gens qui pourront projeter la lumière sur toutes les formes de corruption.
Dans les paroisses et les familles, à travers la pastorale familiale, ils enseigneront, vivront et feront vivre les valeurs chrétiennes.
Dans l’enseignement, ils éduqueront au civisme.

Chacun, habité par l’Esprit de l’Evangile s’engagera là où il est par une multitude de petits actes quotidiens à construire un monde de droiture, d’honnêteté et de confiance.

Et, comme nous y invitait au début de cette session le mot reçu du pape :
« Corruption et pauvreté sont des drames dans le contexte actuel des crises alimentaires et économiques. Travaillons pour une société plus juste et plus solidaire où chacun pourra vivre dans la dignité »

(Bon retour dans vos foyers où vous serez sel et lumière)

Ouagadougou, le 20-11-2008
Les participants à la Semaine Sociale du Burkina









Et n’oubliez pas que :

« Nous baignons tous dans la corruption » ;
Un progrès moral est il possible ? Peut on faire disparaître la corruption ? Non.
Etre des semeurs de bon grain plus que des arracheurs d’ivraie.
Essayer de penser spirituellement la corruption
Plutôt que lutter moralement contre la corruption.
Nous sommes précaires, corruptibles, voués à la mort.
Mais habités du désir d’incorruptibilité.
Ce qui est voué à la mort disparaîtra.
Vivre alors plus fort la quête de l’Esprit qui fait vivre
Qui conduira le vivant à l’incorruptibilité.
Il s’agit d’un combat spirituel, pas seulement un combat moral.
Nous sommes capables d’incorruptibilité : c’est l’œuvre de Dieu en nous.
Qui passe par la Croix.

La vie sociale est risquée ; chacun sera jugé sur ses actes.
Que chacun y fasse sa vie selon l’Esprit (conversion), selon l’appel de Dieu.
Qu’est ce que l’Esprit m’inspire de faire aujourd’hui ? ou d’éviter ?

jeudi 20 novembre 2008

Droit dans les yeux : La lutte contre les pauvres continue

.

Droit dans les yeux :

La lutte contre les pauvres continue

En ce mois, un sujet nous réjouit tous : cette année, la récolte a été abondante. La pluie est venue, la terre a été généreuse à cause du travail et de la sueur des paysans


Mais certains encenseurs du régime voudraient nous faire croire que c’est à cause du gouvernement que les paysans ont produit davantage et que les inutiles ballets de 4x4 venus défoncer les pistes de brousse en hivernage y sont pour quelque chose.

Sachant qu’un 4x4 vaut trois tracteurs… les paysans ont dû rêver.

Et je n’oublierai jamais combien j’ai pesté contre ceux qui se glorifiaient de passer partout en hivernage avec leur 4x4 dans les pistes de la vallée du Sourou, quand pendant les longs mois de la saison sèche nous devions ensuite jongler avec les énormes ornières qu’ils avaient creusées.


On nous a parlé aussi des semences sélectionnées et des intrants. Venus trop tard et en l’absence de circuits de distribution et de crédits, ils n’ont pu profiter qu’à une minorité, sans doute encore ces fermes modèles de nos dignitaires que l’on nous a tant vantées.


La récolte est bonne, oui, mais les prédateurs sont là, qui guettent les paysans.

Je viens d’apprendre qu’une réunion officielle s’est tenue récemment à Ouagadougou avec des fonctionnaires, des « partenaires » des membres du CIR-B, mais sans les producteurs de riz ! A cette rencontre, il fut proposé (mais sous le sceau du secret) d’acheter aux producteurs leur riz paddy à 115 F le kilo, sachant très bien que les coûts de production dans les grandes plaines se situent entre 100 et 110 F par kilo.

C’est une honte, une arnaque, une spoliation pure et simple. C’est un mépris total des paysans et de leur travail ; c’est une grave injustice !


Jamais le Burkina ne sortira de sa pauvreté et de sa misère si le travail des paysans n’est pas rémunéré à sa juste valeur. Tous les grands états du monde (Etats-Unis, Europe, Japon…) aident leurs paysans et soutiennent leurs productions, car aucune économie solide ne s’est construite sans d’abord une agriculture forte et un minimum de souveraineté alimentaire.

Ici, c’est le contraire, l’état envisage d’écraser les paysans en ne leur payant pas le juste prix pour leur production.


Et pire encore, ils ne seraient autorisés à retenir pour leur consommation que 10% de leur production. Sur une ferme de 170 hectares (suivez mon regard), cela ne pose pas de problème, la quantité sera toujours suffisante, mais sur une parcelle de 1 hectare que restera t il au paysan et à sa grande famille ?


Le gouvernement voudrait aussi faire l’impasse sur les étuveuses, une profession qui se met peu à peu en place et qui permet de créer de la plus-value pour les femmes des plaines irriguées, créant ainsi de la richesse accessible à toutes. Mais il y faudrait du micro crédit… et ce n’est pas la préoccupation de l’état qui préfèrerait confier la récolte de riz ainsi réquisitionnée à ses amis opérateurs économiques ou à quelque unité industrielle dont ils pourraient partager les profits jusqu’à la prochaine faillite.


Quant aux autres céréales, vu leur abondance cette année, l’état laisse s’écrouler les prix et semble décidé à ne pas intervenir : le revenu des paysans n’est pas son problème. Sa seule préoccupation est de nourrir la ville pas cher pour éviter d’augmenter les salaires. 8% d’augmentation pour les petits salaires… sur les 25% demandés : mais où étaient les syndicats ce jour là ?


Pourtant, quelques mesures simples sont possibles : la constitution de stocks de sécurité (A quoi sert la SONAGESS ?), la fixation d’un prix plancher (10.000 F le sac de 100 litres par exemple) avec sanctions pour ceux qui paient moins, la normalisation des systèmes de mesure pour éviter les tromperies des commerçants (21 ans de démocratie n’ont pas réussi à rétablir cet instrument de justice élémentaire), le micro crédit pour constituer des stocks locaux gérés par les villageois ; ces mesures simples pourraient éviter le pillage des campagnes à la récolte par les commerçants. Ils rêvent, eux, de faire sur les céréales encore mieux que sur le ciment !


Il faudrait aussi encourager les paysans à refaire des greniers comme autrefois (à quoi servent la radio et la télé ?), à constituer des stocks familiaux ou, avec l’appui de crédit, des stocks villageois ; leur expliquer aussi qu’il faut – autant que possible – vendre petit à petit pour que les prix ne s’effondrent pas.

Pour cela, certaines mesures sociales évidentes devraient être prises : retarder le paiement des scolarités jusqu’au 10 décembre, par exemple, pour ne pas obliger les paysans à « vendre sur pied » leur récolte pendant la période de soudure à des prix dérisoires


Et qui connaît l’avenir ?

On peut rêver que le changement climatique nous soit favorable et nous apporte des saisons pluvieuses toujours plus abondantes,

Mais on peut aussi interroger les vieux qui nous rappelleront opportunément que les cycles de famine reviennent à intervalles réguliers et que, si l’art de gouverner est de prévoir, les dirigeants pourraient travailler à les anticiper.


Koudougou, le 12 novembre 2008

Père Jacques Lacour ( jacqueslacourbf@yahoo.fr )


paru dans "Le Pays" du mardi 18 novembre 2008, rubrique "droit dans les yeux".


.

Retrouvailles

lundi 17 novembre 2008

les paysans se plaignent des commerçants

La «tine» de maïs (environ 17 kilogrammes) se vend à 600 francs CFA. Le sac de 100 kilogrammes de maïs, acheté à 6000 francs CFA à Diassara, se revend à 16 500 francs CFA à Ouagadougou. Mathias Zongo, agriculteur, est révolté par la situation:«Les commerçant nous pillent ici ! Quand nous voulons augmenter nos prix, ils nous disent que c’est trop cher». Les commerçants se défendent de profiter de la situation. Ils affirment ne pas faire de gros bénéfices, à cause du coût du carburant. «C’est une zone éloignée, et lorsque nous déduisons le prix du carburant, nous ne gagnons pas grand chose non plus», explique Hamidou Ouédraogo, un commerçant de céréales.

dimanche 16 novembre 2008

Terrible accident de la route au Burkina

voici le communiqué du gouvernement
15-11-2008

Un accident tragique de la circulation est intervenu le samedi 15 novembre 2008 au petit matin sur l’axe Ouagadougou Bobo-Dioulasso aux environs de Boromo.

Cette catastrophe routière a fait soixante six (66) morts et trente (30) blessés dénombrés sur les lieux de la collision frontale qui s’est produite entre un bus de transport voyageurs et un camion remorque de marchandises générales.

Les secours intervenus dès les premiers moments du drame se poursuivent avec abnégation et ont déjà permis l’évacuation des blessés vers les hôpitaux de Bobo-Dioulasso, de Ouagadougou et les centres médicaux les plus proches.

Ce drame qui vient allonger hélas la liste des victimes de la route interpelle chacun d’entre nous sur le respect scrupuleux du code de la route.

Une délégation gouvernementale a été dépêchée sur les lieux pour une évaluation de la situation et le renforcement des secours.

D’ores et déjà, l’identification des victimes et la recherche de leurs familles sont en cours.

Le gouvernement présente aux familles des victimes ses condoléances les plus attristées et toute sa compassion »

Service d’Information du Gouvernement.

samedi 15 novembre 2008

Et ce sera le printemps


Et ce sera le printemps...

Janvier, février,
C'est le temps où l'on achète des rosiers,
On va les mettre en terre
Et attendre patiemment
Que les bourgeons, les feuilles, les fleurs
Arrivent.

Accueillir l'autre,
C'est être un jardinier...
C'est savoir prendre son temps,
Être patient.
Laisser l'autre devant nous
Arriver tout sec
Comme le rosier que l'on vient d'acheter,
Le laisser nous dire, petit à petit,
Qui il est.

Nous montrer ses épines,
Et surtout, aller à la recherche
Des roses enfouies en lui.
L'aider à ce qu'il se voie, lui même.

Attendre un peu
Qu'il se réchauffe au soleil
Et être fiers des belles fleurs
Qui vont bientôt éclore.

Et ce sera "le printemps"
Pour accepter la vie en lui
Et avec les autres
Dans notre monde cassé
Mais toujours à améliorer

(Georges de Pajol)
En exergue au livre "Oser la rencontre"

Au revoir, Dominique


Notre confrère Dominique Nothomb avait 84 ans
Il a servi au Rwanda, au Tchad et au Burkina.
Il a écrit plein de livres...
Il est parti il y a quelques jours vers ce Dieu qu'il aimait tant.
Il a été exaucé: il voulait mourir et être enterré en Afrique.
Il a eu les funérailles qu'il voulait: 4 évêques, 80 prêtres et la cathédrale de Ouagadougou remplie.
Pour cela, il a forcé (un peu) la main du Bon Dieu et de ses supérieurs: il n'a jamais obéi à leur demande de retour en Europe pour la retraite.

Avec Dominique, nous avons plusieurs fois croisé le fer: bien souvent nous n'étions pas d'accord sur les mots pour dire la foi...
Nous avons pu de temps en temps nous dire des choses fortes:
sur sa façon de voir sa mort,
sur mon ministère "dans lequel il ne se serait pas senti à l'aise"
Il réagissait souvent à mes articles qu'il lisait assidûment.
Il gardait pour moi les timbres oblitérés.

J'ai aimé ce qui a été dit de lui à la célébration.
Que d'éloges!
Et j'ai aussi retenu ceci (d'un membre de sa famille): "en vieillissant, il est devenu moins intransigeant"

Si ceux qui t'ont canonisé pendant la célébration ont dit vrai,
alors tu m'ouvriras la porte, n'est ce pas?

(Jacques Lacour)

mercredi 12 novembre 2008

DROIT DANS LES YEUX : Détresse extrême : Mariage forcé

DROIT DANS LES YEUX :

Détresse extrême : Mariage forcé

Il nous arrive parfois de croire que nous sommes arrivés au bout de notre combat, que l’obscurantisme marqué par la violence a reculé… que chacune et chacun peut enfin trouver sa place dans la société. Que les traditions les moins respectueuses des personnes s’estompent ; on se rassure en se disant qu’il y a de grands progrès.

Mais voilà, quand des situations extrêmes nous « sautent à la figure », on est bien à nouveau obligés d’ouvrir les yeux, de se dire que cela peut se faire encore et encore et qu’il faut rester attentifs toujours et toujours.

Voilà un cas particulièrement dramatique qui nous a été raconté par une religieuse et qui devrait nous garder en éveil, comme nous le rappelait Mr Benoît Ouedraogo récemment : « Nous ne saurions taire non plus le cas du mariage forcé qui est une pratique encore courante dans nos villages. S’il est souvent vécu par la femme dans un silence douloureux, il débouche parfois sur des situations tragiques. Comment comprendre que de telles pratiques soient encore observables aujourd’hui, à l’orée du troisième millénaire ? »

Je vous le raconte, tel qu’il m’a été confié en juin dernier :

« Résumé de cas : Nom de l’intéressée : K.A.

C’est une fille de vingt (20) ans. Elle a une grossesse de cinq (5) mois. Sa mère ne vit plus avec son père.

Elle vivait avec son cousin dans un village situé dans la province du Kouritenga.

Son oncle paternel qui est le doyen de la famille l’a donnée en mariage à un vieux âgé de plus de soixante (60) ans et qui a déjà quatre (4) épouses.

K.A. s’enfuit chez son cousin quand elle apprit la nouvelle. Son oncle alla la chercher là où elle avait trouvé refuge. Elle réussit pour la seconde fois à s’évader et alla solliciter la protection et l’aide du service social de la localité.

Les agents sociaux de cette localité l’ont référée au service social de sa localité d’origine où elle fut placée dans une famille d’accueil.

Malgré l’intervention de l’action sociale et de la gendarmerie, K.A. fut emmenée chez son mari, attachée comme un animal.

Elle réussit quelques jours plus tard à s’enfuir.

Cette fois ci, elle prit la direction de Ouagadougou où des passants lui indiquèrent une communauté de religieuses.

Arrivée là bas, ayant constaté qu’elle était enceinte, les Sœurs l’ont référée au CARMEN Kisito (Centre d’Accueil et de Réinsertion de la Mère et de l’Enfant)

Pour que son mari puisse abuser d’elle, elle fut attachée pieds et mains liés. Elle est arrivée au centre dans un état psychologique déplorable. Elle était traumatisée, triste et déprimée. Elle était blessée non seulement dans sa chair, mais aussi et surtout dans son être le plus profond.

Quelle injustice de voir sa liberté et sa dignité bafouées et d’être traitée comme un animal. »

Merci au CARMEN Kisito d’accueillir ces femmes en si grande détresse.

Merci aux sœurs de nous avoir confié cette histoire pour continuer à réfléchir, et surtout à agir pour que de telles situations ne se reproduisent plus. Pour que chacune, chacun à sa place prenne le mieux possible ses responsabilités : familles, action sociale, gendarmerie, amis, religieuses, justice aussi peut être…

Bon courage à nous tous

Jacques LACOUR (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr

le 22-10-2008

samedi 8 novembre 2008

Déclaration finale conjointe du 1er séminaire catholico-musulman

Déclaration

Le Forum catholico-musulman a été formé par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et par une délégation de 138 signataires musulmans d'une Lettre ouverte appelée « A Common Word », à la lumière de ce même document et de la réponse de Sa Sainteté Benoît XVI par son Secrétaire d'Etat, le cardinal Tarcisio Bertone.

Son premier séminaire a eu lieu à Rome du 4 au 6 novembre 2008. Vingt-quatre participants et cinq experts de chaque religion ont participé à la rencontre. Le thème du séminaire était : « Amour de Dieu, amour du prochain ».

La discussion, qui s'est déroulée dans un esprit chaleureux et convivial, s'est concentrée sur deux grands thèmes : « Fondements théologiques et spirituels » et « Dignité humaine et Respect mutuel ».

Des points de ressemblance et de divergence ont émergé, réfléchissant le génie spécifique et distinctif des deux religions :

1. Pour les chrétiens, la source et l'exemple de l'amour de Dieu et du prochain est l'amour du Christ pour son Père, pour l'humanité et pour toute personne. « Dieu est Amour » (1 Jn 4, 16) et « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16). L'amour de Dieu est mis dans le cœur humain par l'Esprit Saint.

C'est Dieu qui nous aime en premier, nous permettant de l'aimer en retour. L'amour ne blesse pas le prochain mais plutôt cherche à faire à l'autre ce qu'on voudrait qu'on nous fasse (Cf. 1 Co 13, 4-7). L'amour est le fondement et la somme des autres commandements (Cf. Ga 5, 14). L'amour du prochain ne peut pas être séparé de l'amour de Dieu, parce que c'est une expression de notre amour de Dieu. C'est le nouveau commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Enraciné dans l'amour oblatif du Christ, l'amour chrétien est pardon et n'exclut personne, il inclut donc aussi les ennemis. Il ne doit pas être seulement en paroles mais en actes (Cf. 1 Jn, 4, 18). C'est le signe de son authenticité.

Pour les musulmans, comme il est dit dans « A Common Word », l'amour est une puissance transcendante intemporelle qui guide et transforme mutuellement le regard humain. Cet amour, comme l'indique le Saint et Bien-aimé prophète Mahomet, est antérieur à l'amour humain pour l'Unique Vrai Dieu. Une hadith indique que la compassion aimante de Dieu pour l'humanité est même plus grande que celui d'une mère pour son enfant (Musulman, Bab al-Tawba: 21) ; il existe donc avant et indépendamment de la réponse humaine à Celui qui est « L'Aimant ».

Cet amour et cette compassion sont si immenses que Dieu est intervenu pour guider et sauver l'humanité de façon parfaite, à de nombreuses reprises et dans de nombreux endroits, en envoyant des prophètes et des écrits. Le dernier de ces livres, le Coran, décrit un monde de signes, un cosmos merveilleux de l'Art divin, qui en appelle à notre amour total et notre dévotion, si bien que « ceux qui ont la foi aiment Dieu davantage » (2:165), et que « le Miséricordieux engendrera l'amour entre ceux qui croient et qui font des œuvres bonnes (19:96). Dans une hadith, on lit : « Nul d'entre vous n'a la foi tant qu'il n'aime pas pour son prochain ce qu'il aime pour lui-même »(Bukhari, Bab al-Iman: 13).

2- La vie humaine est un don très précieux de Dieu à chaque personne. Elle doit donc être préservée et honorée à toutes ses étapes.

3- La dignité humaine découle du fait que chaque personne humaine est créée par un Dieu d'amour et par amour, et a été dotée des dons de la raison et du libre-arbitre, et ainsi rendu capable d'aimer Dieu et les autres.

Sur la base solide de ces principes, la personne requiert le respect de sa dignité originelle et de sa vocation humaine. Elle a donc droit à une pleine reconnaissance de son identité et de sa liberté par les individus, les communautés et les gouvernements, appuyée par une législation civile qui garantisse des droits égaux et une entière citoyenneté.

4- Nous affirmons que la création de l'humanité par Dieu revêt deux grands aspects : la personne humaine, homme et femme, et nous nous engageons ensemble à garantir que la dignité humaine et le respect soient étendus sur une base d'égalité aux hommes et aux femmes.

5- L'amour du prochain authentique implique le respect de la personne et de ses choix dans les domaines de la conscience et de la religion. Il inclut le droit des individus et des communautés à pratiquer leur religion en privé et en public.

6- Les minorités religieuses ont droit au respect de leurs convictions et de leurs pratiques religieuses. Elles ont aussi droit à des lieux de culte et leurs fondateurs et leurs symboles qu'ils considèrent comme sacrés ne doivent être en aucune manière objets de moquerie ou de ridicule.

7- En tant que croyants catholiques et musulmans, nous sommes conscients de l'injonction et l'impératif de témoigner de la dimension transcendante de la vie, par une spiritualité nourrie par la prière, dans un monde qui devient de plus en plus sécularisé et matérialiste.

8- Nous affirmons qu'aucune religion ni ses disciples ne peuvent être exclus de la société. Chacun doit être en mesure d'apporter sa contribution indispensable au bien de la société, spécialement au service des plus nécessiteux.

9- Nous reconnaissons que la création de Dieu, dans sa pluralité de cultures, de civilisations, de langues et de peuples, est une source de richesse et ne doit par conséquent jamais devenir une source de conflit.

10- Nous sommes convaincus que catholiques et musulmans ont le devoir de pourvoir à une solide éducation de leurs membres respectifs dans les valeurs humaines, civiques, religieuses et morales, et de promouvoir une information exacte sur la religion de l'autre.

11- Nous professons que catholiques et musulmans sont appelés à être des instruments d'amour et d'harmonie parmi les croyants, et pour l'humanité entière, en renonçant à toute oppression, toute violence agressive, tout terrorisme, spécialement lorsqu'il est commis au nom de la religion, et en mettant en avant le principe de la justice pour tous.

12- Nous en appelons aux croyants pour qu'ils travaillent à un système financier éthique dans lequel les mécanismes régulateurs prennent en considération la situation des pauvres et des désavantagés, en tant qu'individus ou en tant que nations endettées. Nous en appelons aux privilégiés du monde pour qu'ils considèrent la situation de ceux qui sont plus sévèrement affligés par la crise actuelle de la production et de la distribution de nourriture, et nous demandons aux croyants religieux de toutes les dénominations et à toutes les personnes de bonne volonté de travailler ensemble pour soulager la souffrance de ceux qui ont faim et pour en éliminer les causes.

13- Les jeunes sont l'avenir des communautés religieuses et des sociétés dans leur ensemble. Ils vivront de plus en plus dans des sociétés multi-culturelles et multi-religieuses. Il est essentiel qu'ils soient bien formés dans leurs propres traditions religieuses et bien informés sur les autres cultures et religions.

14- Nous nous sommes mis d'accord pour explorer la possibilité d'établir un comité catholico-musulman permanent pour coordonner les réponses aux conflits et aux autres situations d'urgence et d'organiser un second séminaire dans un pays à majorité musulmane, encore à déterminer.

15- Nous prévoyons le second séminaire du forum catholico-musulman pour dans deux ans environ dans un pays à majorité musulmane, encore à déterminer.

Tous les participants ont éprouvé de la gratitude envers Dieu pour le don de ce temps ensemble et pour leur échange enrichissant.

vendredi 7 novembre 2008

5.400.000 morts en RDC depuis 1998: ça suffit!

Une pétition à signer avec Oxfam France

5.4 millions de morts, c'est le nombre de victimes du conflit en République démocratique du Congo (RDC). Ce conflit, qui dure depuis 1998, est le plus meurtrier au monde depuis la seconde guerre mondiale.

La semaine prochaine, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes se rendra à Bruxelles pour rencontrer ses homologues européens. D'autre part, le Conseil de sécurité des Nations unies, dont la France est membre permanent, a décidé de se réunir très prochainement pour réexaminer le mandat de la MONUC, la force internationale présente en RDC.

La France, présidente en titre de l'Union européenne, est donc en position forte pour faire changer les choses. Elle doit s'assurer que la communauté internationale agisse en faveur des populations en danger au Congo. Ce massacre doit cesser !

Vous pouvez agir. Mobilisez-vous avec Oxfam France - Agir ici en signant la pétition urgente adressée à Bernard Kouchner !

Pour en savoir plus, rendez-vous vite sur www.oxfamfrance.org/rdc

L'équipe d'Oxfam France - Agir ici

Ps : la mobilisation du plus grand nombre est indispensable ! Merci de faire suivre cet email à tous vos contacts dès aujourd'hui.

Oxfam France - Agir ici est une association citoyenne de lutte contre la pauvreté et les injustices dans le monde.

Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.oxfamfrance.org

Droit dans les yeux : Des questions essentielles

Droit dans les yeux :

Des questions essentielles

Une fois n’est pas coutume, mais je voudrais aujourd’hui citer quelques petits extraits d’un texte qui circule dans les milieux catholiques pour la préparation, dans 2 ans, d’une rencontre d’évêques du monde entier sur « L’église en Afrique, au service de la réconciliation, de la justice et de la Paix »

Ce document cherche, dans ses premières pages, à dénombrer quelques priorités dans le domaine de la réconciliation, de la justice et de la paix. Il souhaite poser des questions et inciter à une recherche communautaire de solutions… (Je ne peux évidemment tout citer, le texte fait 42 pages)

Ce document évoque des questions si proches de celles que nous abordons régulièrement dans cette rubrique que j’ai souhaité les partager avec vous. (Les numéros renvoient au texte original qui développe longuement ensuite les réponses chrétiennes à ces questions)

+++++++++++++++++++

(10) Le plus grand défi pour réaliser la justice et la paix en Afrique consiste à bien gérer les affaires publiques, surtout la politique et l’économie. La souffrance des peuples africains est en grande partie liée à la gestion de ces deux domaines et à celui de la culture.

(11) Un des défis majeurs de l’Afrique contemporaine est l’échec de l’État post-colonial dans la grande majorité des pays africains. Le défi est probablement du côté de la bonne gouvernance et de la formation d’une classe politique capable de récupérer le meilleur des traditions ancestrales et de l’intégrer aux principes de gouvernance de sociétés modernes.

(12) On assiste dans certains pays africains à la violation continuelle des droits fondamentaux de l’homme, avec toutes les conséquences qui peuvent en découler. La paix y est souvent confondue avec une unanimité ou une tranquillité imposées par la force, assurant le maintien au pouvoir d’un groupe d’hommes au détriment des populations. Tant que l’on n’en arrivera pas à la création des états de droit en Afrique, gouvernés par des Africains véritablement démocrates, le risque est grand qu’une telle situation perdure encore.

(13) dans la majeure partie des États africains, la position des autorités politiques se caractérise par une grave méconnaissance de la personne humaine, de ses droits les plus fondamentaux et les plus imprescriptibles. L’établissement d’une vraie démocratie qui assure la sécurité des biens et des personnes est une condition indispensable pour le développement des pays africains.

+++++++++++++++++++

(14) L’exploitation de l’Afrique (n’a jamais cessé et) perdure sous de nouvelles formes, y compris le fardeau écrasant de la dette, les conditions injustes du commerce, les décharges de produits toxiques et les conditions excessivement sévères imposées par des programmes d’ajustement structurel.

(15) Le taux d’alphabétisation reste parmi les plus faibles du monde. En de nombreux pays, le système éducatif se dégrade continuellement, le système sanitaire est en ruine et l’assistance sociale quasi inexistante. Dans ces situations de désordres, les personnes les plus menacées sont toujours les plus faibles… Les ressources immenses de l’Afrique sont en contraste avec l’état de misère des pauvres en Afrique; il devient de plus en plus scandaleux au vu des richesses accumulées entre les mains de quelques privilégiés. D’où l’urgence d’étudier les voies et les moyens de favoriser l’émergence de politiciens intègres, déterminés à protéger le patrimoine commun contre toutes les formes de gaspillage et de détournement.

(16) Dans une certaine mesure, il est vrai que l’Afrique produit ce qu’elle ne consomme pas et consomme ce qu’elle ne produit pas. Comment sortir alors de ce paradoxe?
On note des injustices économiques graves: le problème de la main-d’œuvre migratoire, des salaires injustes et des contrats inégaux. La délinquance juvénile, la drogue, la corruption et le chômage ont atteint des proportions inacceptables dans certains pays et ont pour racine ces injustices économiques.
La production alimentaire du continent représente à peine le dixième de ses besoins. L’échec des politiques agricoles ne se traduit pas seulement par cette difficulté d’assurer la sécurité alimentaire aux populations; il a également pour conséquence l’exode rural massif, surtout des jeunes.

+++++++++++++++++++++++++

(18) Changer la culture économique de l’Afrique, cela ne signifie-t-il pas qu’au lieu de dépendre uniquement d’un marché mondial dont elle est virtuellement exclue, il lui faut d’abord organiser une bonne rémunération du travail de la terre?

(19) L’ardeur africaine au travail n’est-elle pas trop mesurée pour être capable d’entrer en compétition avec celle de ceux qui, ailleurs, vouent au même travail un véritable culte? Le rapport à la terre n’est-il pas infériorisant?... Les prix des produits agricoles sont désespérément bas. L’Afrique semble être une des régions du monde où l’on néglige ses propres paysans.

(20) À l’heure de la mondialisation, comment pouvons-nous sauvegarder le meilleur des cultures africaines tout en intégrant le meilleur de ce qui vient d’ailleurs? … La question fondamentale est dès lors celle de savoir comment conserver l’enracinement dans la communauté tout en promouvant l’autonomie nécessaire à la personne pour son affirmation comme acteur politique, économique et social? Telle est la grande question que pose l’évolution souhaitée de la culture africaine.

(21) Comment promouvoir une culture de l’écriture et en systématiser l’utilisation, sans perdre l’enracinement africain dans l’oralité?... Comment concilier le sens fort de la famille avec une juste promotion de la personne? Comment concilier écriture et oralité dans le progrès des cultures africaines? Il n’y a pas de projet social possible sans une assise culturelle solide.

(22) Dans certains pays, on assiste encore aujourd’hui à une discrimination sexuelle qui frappe les femmes. Elles se voient alors privées de certains droits qui, pourtant, sont dévolus à toute personne humaine… On doit condamner toute forme de violence infligée aux femmes.
Des injustices graves sont parfois commises à l’égard des anciens, des orphelins, des malades, des personnes à mobilité réduite, qui de plus en plus sont abandonnés par les familles et les communautés. Cela est une injustice grave dans une Afrique où la personne est par la relation et non pas en fonction de ce qu’elle a ou peut faire. C’est là une trahison et une injustice à l’égard de l’héritage commun.

(23) pour de nombreuses personnes, la fuite hors du pays d’origine semble représenter l’unique issue, d’où le grand nombre de réfugiés et immigrés africains, qui se comptent par millions sur tout le continent et en dehors du continent. Les phénomènes des réfugiés, des immigrés ainsi que celui de l’exode rural, s’accompagnent d’une tendance à rejeter la culture et les valeurs ancestrales.

(30) Quel sera le support aux bouleversements comportementaux qui doivent s’opérer pour que le destin de l’Afrique change, pour qu’advienne la réconciliation au milieu de tant de haines et de divisions, pour que règnent finalement la paix et la justice dans cette Afrique? Dans quel champ doit en priorité s’exercer l’imagination pour baliser les routes du futur?... Comment faire face aux excès de la mondialisation?

Toutes ces questions et bien d’autres rejoignent nos préoccupations. Puissent les chrétiens – et les hommes de bonne volonté – qui vont se pencher sur ce document y puiser des forces et des éléments de réponse pour être toujours plus actifs dans la construction d’une société africaine renouvelée qui trouvera la place qui lui revient dans le concert des nations.

Père Jacques Lacour
jacqueslacourbf@yahoo.fr
Koudougou, le 25-10-2008

Ce texte a paru dans la rubrique "Droit dans les yeux" du Journal "Le Pays" du mardi 5 novembre 2008

Réaction au précédent "Droit dans les yeux"

A la rédaction du journal "Le Pays",

Voici une réaction reçue à la suite de la dernière publication de « droit dans les yeux »
Demandons à Dieu que cela nous donne du courage pour être toujours fidèles à l’information juste.
Avec mes salutations respectueuses
Jacques Lacour


Bonjour mon Père !

Je viens juste m’associer à votre constante action faite toute de courage et de foi, menée depuis aux côtés des sans voix. Je vous lis régulièrement et j’apprécie hautement vos écrits dénonciateurs simples de lecture et de compréhension mais tranchants comme une épée. Dans un contexte comme celui de notre pays, c’est peut dire que de dire que vous êtes un de ces guerriers dont le peuple a besoin.

Je vous ai lu aujourd’hui dans le « PAYS » sur la problématique des champs de nos dignitaires. Je vous tire mon chapeau et j’adhère pleinement à tout ce vous y évoquez. Indépendamment même de ce que vous dites il y a le mode d’acquisition de ces superficies, la taille démesurées des champs, la qualité des terrains occupés et surtout l’inévitable guerre interpersonnelles que ces expropriations vont susciter dans le futur ;

Mon père je viens vous relater des faits que je vis dans mon service et que j’ai déjà relatés au RENLAC. J’affirme que c’est ce qui se passe dans mon service ; Sans preuve par contre, je sais aussi que c’est ce qui se passe dans beaucoup d’autres services de l’administration publique notamment du secteur de la santé d’où je suis ; Ce sont des pratiques qui participent de la corruption et qu’il faut dénoncer avec fermeté.

En effet dans le service où je sers qui est une direction régionale de santé, tous les jours que Dieu fait, mon directeur est dans toutes les missions pour les PERDIEMS. Sur tous les ordres de missions il faut qu’il y’ait son nom. C’est devenu systématique ; Conséquence, il emmargera pour toutes les activités, même celles auxquelles il n’a pas participé. Un exemple pratique : prenons un jour quelconque ouvrable comme un lundi : ce jour le Service Administratif et Financier doit sortir dans les districts pour des contrôles, le directeur y est chef de mission sur l’ordre de mission; le Service de Lutte contre la Maladie doit former des agents le même jour, sur la liste des formateurs, le directeur est parmi ; le programme de vaccination doit aller en supervision toujours le même jour, monsieur est chef de mission. Lui-même pendant ce temps est à OUAGA pour autre chose. Ce que je dis c’est dans le même temps. Or justement il y a des agents compétents pour les mêmes activités qui sont assis dans les bureaux à ne rien faire sinon à se tourner les pouces.

L’autre stratégie est les doubles budgétisations : la même activité est financer par deux bailleurs différents qui l’ignorent, les mêmes pièces servent de justificatifs. Les réhabilitations de bâtiments, les réparations d’engin à deux, quatre roues sont les deals de monsieur et ses gestionnaires. Le carburant de fonctionnement, l’achat de fournitures sont autant de créneaux pour s’enrichir impunément. Le comble c’est qu’il y a des prétendus contrôleurs qui viennent et qui trouvent que tout est parfait.

Mon père, interpellez monsieur le premier ministre pour qu’il redouble d’efforts dans sa mission et ouvre l’œil urgemment sur certains services ; Interpellez le, sur l’absence chronique des responsables de santé (directeurs régionaux de santé, et médecins chefs de districts) qui passent 85% de leur temps dans des ateliers et autres rencontres sans véritable impact sur les indicateurs positifs. Vous alliez vomir si vous connaissiez la réalité dans ces structures de l’état, du moins dans la majorité des cas.

Je m’adresserais directement et personnellement à l’opinion nationale si je n’avais pas peur des représailles liées à mon statut de fonctionnaire subalterne.

Mon père ce sont des informations que je vous donne, faites en bon usage, quelque part vous rendrez service encore une fois de plus à des citoyens brimés dans le silence et l’ignorance sans défense aucune

Faites bien attention à vous ! Mais que DIEU vous garde. Un de vos lecteurs qui manque de courage !!!


Cette réaction a paru dans la rubrique "droit dans les yeux" du journal "Le Pays" du mardi 28 octobre 2008