jeudi 4 décembre 2008

Quand on me demande ce que je fais

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Des chemins pour Justice et Paix


En venant à Koudougou en 2005, je savais que la forme de mon apostolat allait changer. Je quittais le cadre paroissial où j’avais donné le meilleur de moi-même depuis 1978.
Arrivant au SEDELAN, il s’agissait d’abord de mieux comprendre les contraintes qui pèsent sur le monde paysan (80% des Burkinabè sont des ruraux) et les possibilités qui leur sont offertes… Vaste chantier qui touche beaucoup de domaines dans lesquels j’ai dû m’informer et me former.

Les « forums sociaux » furent ma deuxième préoccupation, surtout avec la « naissance » parfois laborieuse du « forum social du Burkina » qui a réussi deux « éditions » en 2007 et en 2008 avec une bonne participation.
« Accompagner » une multitude d’associations très différentes, être attentif aux « enjeux de pouvoir », mais aussi goûter la joie d’un rassemblement réussi. « Un autre monde est possible » : Quand la parole est donnée aux gens ordinaires, ils savent très bien dire leurs préoccupations et proposer des solutions alternatives. Pourquoi les puissants (économiques et politiques) ne les écoutent-ils jamais ?

Il m’a été aussi demandé d’animer le « Réseau Justice et Paix des Instituts religieux au Burkina ». Si Justice et Paix est devenue une priorité pour beaucoup d’instituts, bien peu parviennent à y consacrer le temps qu’il y faudrait. Axé sur la formation (2 week ends par an) et l’information (deux lettres par an), ce réseau essaie de garder vive la flamme prophétique de notre consécration. Tout cela m’a donné de bons contacts avec l’Union des Supérieur(e)s majeur(e)s, avec la Commission Nationale Justice et Paix et avec les Semaines Sociales du Burkina où il m’a été donné d’être le « rapporteur général » pour la troisième édition consacrée au thème : « corruption et lutte contre la pauvreté au Burkina : contribution de l’Eglise Catholique » (novembre 2008).

Quand le Père Frans Balemans quitta le Burkina Faso en 2006, la rubrique « Droit dans les yeux » qu’il tenait dans le quotidien « Le Pays » m’a été confiée. Chaque mardi, il s’agit d’aborder un problème de société ou d’actualité de manière critique et de formuler des alternatives. Cela permet de proposer une analyse porteuse des valeurs de Justice et de Paix. Prêtre missionnaire et étranger, je peux avoir dans cette rubrique une certaine liberté de parole que beaucoup de Burkinabè m’envient.

Aujourd’hui, des thématiques fortes m’habitent et me poussent à formuler des analyses et des propositions hors de la pensée unique libérale si réductrice et appauvrissante ; il m’est parfois demandé des interventions sur certains de ces thèmes (conférences, participation à des ateliers) : Commerce international (OMC, APE, TEC…) ; crises financière, alimentaire, économique et environnementale ; problématiques paysannes (foncier, OGM, agrobusiness, place des femmes,…) lutte contre la pauvreté, corruption. Le souci des migrations et des migrant(e)s me préoccupe depuis mes années de formation à Strasbourg et ne m’a jamais lâché. Merci à la Province qui m’a permis de participer récemment au forum de Rivas (Espagne) sur ce thème.

Et pour que rien de tout cela ne se perde, je pose mes textes (et d’autres) sur un blog. A la maison j’assure aussi l’économat local. Et je trouve encore un peu de temps pour la philatélie et la généalogie !

Nous le croyons : Un autre monde est possible, où chaque personne pourra trouver sa place et sa dignité, où chaque paysan pourra vivre de la terre, où chacun pourra vivre et travailler en paix, où l'homme sera remis au centre des préoccupations politiques et économiques, cet homme que Dieu n'a jamais cessé d'aimer...

Jacques LACOUR ( jacqueslacourbf@yahoo.fr )

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