lundi 24 mai 2010

Niger : Exode de la faim

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Niger : Exode de la faim


Depuis quelque un mois, des cohortes de Nigériens affluent, corps famélique et yeux hagards, vers le Nigeria voisin. A la recherche incertaine de quoi dégourdir des mâchoires grippées par la faim.

Car, malgré les efforts de la Communauté internationale et des nouvelles autorités du pays, près de huit millions de personnes, soit plus de la moitié de la population du Niger, sont touchées par la crise alimentaire. Le bétail se meurt par inanition. La catastrophe est aux portes, si elle n’y est pas encore entrée, au pays du Ténéré.

A l’origine de cette pénurie alimentaire dont on découvre chaque jour l’ampleur grandissante, la conjonction fâcheuse d’une cause naturelle et d’une bêtise humaine. L’une précisément liée à l’irrégularité et à l’arrêt précoce des pluies et l’autre, et c’est là le plus affligeant, à l’incurie criminelle de l’ex-président Mamadou Tandja et de tout son régime.

Aveuglé par sa vile prétention de régner à vie, obnubilé par la peur d’une menace contre la stabilité de son pouvoir, l’ancien homme fort de Niamey a choisi bêtement de faire l’autruche face à la crise alimentaire qui se profilait à l’horizon : refuser de voir la réalité.

Comme s’il suffisait de nier une chose pour qu’elle ne fusse pas. Alors qu’après les mauvaises récoltes, les ONG et autres chancelleries envoyaient des signaux de détresse, Tandja et sa Cour s’évertuaient, eux, à cœur joie, à lancer des feux d’artifice.

En 2009, le gouvernement déchu annonçait, sans sourciller, un excédent céréalier de 18 000 tonnes. Mensonge criminel. La réalité était tout autre : un déficit de 400 000 tonnes.

Pour la préservation de la soupière d’une seule personne, des millions de personnes, surtout des enfants, ont été abandonnés aux affres de la faim. Pourtant, il aurait suffi de donner l’alerte à temps, pour que les partenaires bilatéraux et multilatéraux préviennent la crise, sinon au moins en circonscrivent l’ampleur. Tandja est parti, la laideur de son passage au pouvoir nous pend au visage.

L’Observateur Paalga (lundi 24 mai 2010)


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