abc Burkina n° 380
L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne poussent les négociateurs africains à rejeter tout APE (Accords de Partenariat Economique) !
La semaine du lundi 7 juin au vendredi 11 juin 2010, s’est tenue à Ouagadougou une session de négociations sur l’Accord de Partenariat Economique (APE) entre l’Union Européenne et l’Afrique de l’Ouest. Le vendredi soir, un point de presse a été organisé par quelques organisations de la société civile burkinabè et le Dr Cheikh Tidiane Dieye, sénégalais, qui représente la société civile au sein des négociateurs africains.
Voici donc l’état d’avancement des négociations. En réalité, rien ne bouge. Les négociations sont figées. L’Union Européenne qui a toujours dit qu’elle n’avait pas d’intérêts offensifs à défendre, ne fait preuve d’aucune souplesse. Elle maintient des exigences inacceptables.
Par exemple, sur la libéralisation des échanges entre l’Union Européenne et l’Afrique de l’Ouest (principal objectif des APE qui sont, en fait, des Accords de Libre Echange mal-nommés) : L’Afrique de l’Ouest est déjà allée bien loin. Il y a longtemps qu’elle a abandonné le taux de 50 % proposé par la société civile. En novembre 2009, les négociateurs africains, à Abidjan, proposaient un taux de 66,4 %. Et voilà que contre toute attente, en mai 2010, l’Afrique de l’Ouest a proposé d’ouvrir 70 % de son marché à l’Europe. En dépit des récriminations de la société civile et des préoccupations exprimées par de nombreux Etats de la région, cette semaine les négociateurs ont maintenu cette offre de 70 % !
Mais l’Union Européenne veut toujours plus et ses négociateurs ont informés, ici même à Ouagadougou, qu’ils maintiennent leurs exigences à 80 %. « Cette demande n’est pas seulement agressive. Elle est indécente et choque tous ceux qui sont conscients de l’état actuel de l’économie régionale ouest africaine et soucieux de son avenir. D’autant plus que l’Europe demande que cette libéralisation se fasse sur 15 ans, alors que l’Afrique de l’Ouest a toujours proposé de le faire en 25 ans. » (Document de la société civile distribué avant la conférence de presse).
« Les négociateurs européens demandent à l’Afrique de l’Ouest d’accepter, dans un accord commercial bilatéral, d’introduire une clause qui exposerait les Etats à des sanctions économiques pour des fautes politiques présumées commises par leurs dirigeants (« Clause de non exécution » - clause rejetée).
Ils demandent aussi à la région de supprimer les prélèvements communautaires destinés à financer l’UEMOA et
D’autres divergences sont apparues, notamment sur l’origine et le montant des ressources du « programme de l’APE pour le développement ».
Comment réagir en accueillant ces informations ?
Personnellement, il me semble qu’il s’agit de bonnes nouvelles !
L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne est en train d’ouvrir les yeux de nos dirigeants. L’Europe, comme les autres, n’a pas d’amis, mais des intérêts à défendre. En Afrique, elle espérait, grâce à ces accords, barrer la route à
Oui, enfin une bonne nouvelle du côté des APE !
L’arrogance et l’intransigeance de l’Union Européenne poussent les négociateurs africains à rejeter tout APE !
Koudougou, le 12 juin 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
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