mercredi 3 septembre 2008

Pendant ce carême, j'aimerais changer mon regard...


JÉSUS ET LE RESPECT DES AUTRES

Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme. Pour lui, l'autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des Sages et des Docteurs de la Loi, tendent à le réduire. Il voit toujours en celui ou celle qu'il rencontre un lieu d'espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par-delà et malgré ses limites, ses péchés et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf. II lui arrive même d'y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l'action de grâces !

Il ne dit pas : Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l'atavisme moral et religieux de son milieu, ce n'est qu'une femme. Il lui demande un verre d'eau et il engage la conversation.

Il ne dit pas : Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans son vice. Il dit : Elle a plus de chance pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu et leur savoir.

Il ne dit pas : Celle-ci n'est qu'une adultère. Il dit : Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus.

Il ne dit pas : Celle-là qui cherche à toucher mon manteau n'est qu'une hystérique. Il l'écoute, lui parle et la guérit.

Il ne dit pas : Cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les œuvres du temple est une superstitieuse. Il dit qu'elle est extraordinaire et qu'on ferait bien d'imiter son désintéressement.

Il ne dit pas : Ces enfants ne sont que des gosses. Il dit: Laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler.

Il ne dit pas : Cet homme n'est qu'un fonctionnaire véreux qui s'enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres. Il s'invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.

Il ne dit pas, comme son entourage : Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres. II dit que l'on se trompe complètement à ce sujet et il stupéfie tout le monde, ses apôtres, les scribes et les pharisiens, en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : « Il faut que l'action de Dieu soit manifestée en lui. »

Il ne dit pas : Ce centurion n'est qu'un occupant. Il dit : Je n'ai jamais vu pareille foi en Israël.

Il ne dit pas : Ce savant n'est qu'un intellectuel. Il lui ouvre la voie vers une renaissance spirituelle.

Il ne dit pas : Cet individu n'est qu'un hors-la-loi. Il lui dit : Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis.

Il ne dit pas : Ce Judas ne sera jamais qu'un traître. II l'embrasse et lui dit : Mon ami.

Il ne dit pas : Ce fanfaron n'est qu'un renégat. Il lui dit : Pierre m'aimes-tu?


II ne dit pas : Ces grands prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n'est qu'un pantin, ce procurateur romain n'est qu'un pleutre, cette foule qui me conspue n'est qu'une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des tortionnaires. Il dit : Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font...

Jésus n'a jamais dit : Il n'y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci, dans ce milieu-là. De nos jours, il n'aurait jamais dit : Ce n'est qu'un intégriste, qu'un moderniste, qu'un gauchiste, qu'un fasciste, qu'un mécréant, qu'un bigot... Pour lui, les autres, quels qu'ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu.

Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique de Celui qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !

A. Decourtray


mercredi, 6 février 2008

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