mercredi 3 septembre 2008

Solitude et silence pour cultiver l’intériorité

Article du 07 mai 2008
paru dans le journal Le Pays (édition papier)


Droit dans les yeux :

Solitude et silence pour cultiver l’intériorité

« Mon père, tu pars à Ouahigouya seul ?
- oui, bien sûr
Tu mets de la musique dans ta voiture alors ?
- non, bien sûr
Mais alors tu voyages seul et en silence ? »

C’est souvent ainsi que je suis interrogé et beaucoup s’étonnent que je puisse aimer à ce point le silence et la solitude. Ils sont nombreux près de nous ceux qui fuient le silence et la solitude, ils en ont peur.

Pourtant, il y a beaucoup de bonheur à goûter au silence et à la solitude. C’est là qu’on peut apprendre à se connaître et à découvrir son monde intérieur, l’intériorité qui est en nous et qui ne demande qu’à se découvrir.

Souvent, à des jeunes qui s’approchent de moi pour demander conseil, je leur demande d’abord s’ils ont l’habitude de se promener dans leur jardin intérieur, s’ils prennent le temps de cultiver leur jardin intérieur.

C’est là, au fond de nous que se mûrissent les plus belles décisions, c’est là au fond de nous que se forgent les plus profondes convictions, celles qui résisteront au temps et à l’épreuve.

Mais c’est là aussi – et c’est ce qui fait peur – que nous découvrons la part obscure de nous-mêmes. Ces lieux sombres d’où peuvent jaillir nos colères les plus violentes qui nous étonnent nous-mêmes ; ces lieux cachés d’où surgissent nos pulsions les moins contrôlées dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas ; ces lieux enfouis au plus profond de nous-mêmes où se cachent des blessures anciennes oubliées ou refoulées qui n’attendent que la lumière pour enfin guérir…ou qui, demeurant dans l’obscurité, n’en finissent pas d’empoisonner nos vies.

Une fois cependant cette part de nous-mêmes apprivoisée autant qu’il est possible, voilà que nous pouvons accéder à l’univers de l’intériorité apaisée. Là d’où peut jaillir le meilleur de nous-mêmes. Là où, croyant ou non, nous percevons « un au-delà de nous-mêmes » qui nous invite à aller plus loin. Et c’est de ces profondeurs en nous-mêmes que peuvent jaillir les sources de l’inspiration, les fleuves de nos raisons de vivre et les rivières de nos engagements. C’est dans cette intériorité vivante que nous entendrons les appels du véritable amour et que nous découvrirons nos vérités intérieures, celles qui nous permettent d’avancer dans un quotidien souvent tourmenté en étant fidèle à l’appel de la vie.

Mais voilà, il faut oser aller au fond de soi ; « plus vous creusez profondément, plus vous vous libérez de vos limites immédiates, plus vous devenez capables de voir large ».

Très vite, dans l’engagement militant, on reconnaît ceux qui ont travaillé leur intériorité, ceux qui ne s’occupent plus tellement des apparences ou du nom « loué ou gâté », ceux que de profondes convictions animent, ceux qui sont fidèles à leur mission jusqu’au bout, ceux qui gardent le cap dans l’épreuve…

Bien sûr, cela n’enlève rien à leurs limites, mais on les reconnaît et on peut s’appuyer sur eux.

N’ayez donc pas peur du silence et de la solitude, ne craignez pas de découvrir votre univers intérieur, vous vivrez alors votre vie, pas celle que les autres vous souhaitent voir vivre ; vous vous forgerez des convictions personnelles fortes et vous ne serez plus des « caméléons équilibristes » ou des « cubes maggi », vous serez vous-mêmes ; vous pourrez compter sur les autres et les autres pourront compter sur vous !

C’est dans les moments de solitude et de silence que vous découvrirez le meilleur de vous-mêmes et qu’ensuite, sortis de la superficialité et des apparences, vous pourrez offrir le meilleur de vous-mêmes aux autres.

Père Jacques LACOUR (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr




jeudi, 8 mai 2008

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