mardi 2 septembre 2008

Emigration...suite (9/7/2006)

Suite abcburkina 180… émigration

Bonjour Jacques,

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article que tu as écrit ; il est devenu célèbre : (…). Il y a juste un point où je ne suis pas d’accord avec toi, mais je n’ai pas de solution : « Vous refusez d’investir dans l’agriculture familiale qui seule peut fixer les populations chez elles. » Je me souviens encore de l’exode rural en France dans les années 50, qui montrait que l’agriculture familiale n’était plus viable. Mais à l’époque, il y avait du travail en ville et dans les usines…

Salut Jean,

Tu as vu juste... et, comme tu dis, il ne semble pas y avoir de solutions ! "à l'époque, il y avait du travail en ville et dans les usines..." Ici, il n’y en a pas (encore ?). Donc "ils arriveront quand même" là où il y a "un peu" de travail, et toute la richesse concentrée du monde!" (Les Etats Unis sont aussi débordés que l'Europe à leur frontière Sud : le problème est exactement le même!)

Un responsable du ROPPA (réseau des Organisations paysannes d'Afrique de l'Ouest) pose bien le problème, avec des mots tout simples: L'agriculture, c'est ce qu'on sait faire ici de mieux aujourd'hui, et on peut encore progresser si vous, les dirigeants politiques, nous protégez un peu et nous encouragez un peu (tarifs douaniers préférentiels, exonération de taxes sur les intrants, accès au crédit...)
Sinon, on va droit dans le mur avec 8 millions d'habitants à Ouaga et 4 millions à Bobo... C'est-à-dire 90% de la population dans les 2 grandes villes du pays…
Mais si vous, dirigeants politiques, vous sentez capables de nourrir tous ces gens à bas prix, alors allez y!

Qu'est ce qui est encore viable au Burkina Faso (et dans la plupart des pays du Sud du Sahara), quand toi même constatais avec effarement (quand tu es venu me voir) que ça coûtait moins cher de remuer le béton à la pelle plutôt qu'à la bétonneuse.

Je pense (et beaucoup de ceux qui sont ici y croient) qu'une agriculture familiale un peu encouragée pourrait l'être encore... dans ce contexte.
(à condition aussi que l'étau de certaines coutumes trop féodales se desserre, que le foncier soit stabilisé pour ceux qui cultivent et que les dirigeants actuels prennent plus à coeur leurs populations que leur enrichissement personnel ou celui de leur entourage: C'est vrai que ça fait beaucoup de conditions!)

Donc on continue à réfléchir sur ces questions et, avec les paysans qui voudraient ne pas mourir, faire des propositions pour que l'agriculture et l'élevage restent une petite chance pour les gens qui veulent rester debout ici.
Un grand défi.
qui vaut la peine.
Jacques

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