mardi 2 septembre 2008

émigration, immigration... (suite, chapitre 3)

Florence, le 20 août 2006.

Bonjour Jacques

(…)

Votre bulletin n° 180 reste vraiment d'une actualité brûlante. Les médias italiens et internationaux nous rapportent ce mois-ci tous les jours des drames apocalyptiques: des embarcations de fortune avec 100 ou même 140 passagers qui font naufrage. Les deux dernières nuits encore deux bateaux ont été renversés au large des côtes italiennes, 40 dispersés, 17 morts en quelques jours. La cible du Ministère de l'Intérieur est maintenant les passeurs, on ne parle plus de tragédie mais d'activité criminelle. Les africains ne partent plus du Maroc, mais directement des côtes sénégalaises et passent parfois deux semaines en mer. Les ports d'arrivée les plus fréquents sont les Iles Canaries en Espagne et l’île de Lampedusa au sud de la Sicile. Pour les opérations de sauvetage et les premiers soins je crois que l'Italie s'investit. Mais ensuite ...?? Camps de détention, fugues, clandestinité, rapatriements ...

Dans les rues de Florence je vois tous les jours les masses de vendeurs ambulants sénégalais, qui étalent leur marchandise (lunettes de soleil, sacs à main de contrefaçon). Ils sont obligés de ramasser et plier leurs "boutiques" - toiles et cartons - vingt fois, trente fois par jour, à chaque passage de la police municipale et ils sont devenus experts en action rapide. La police passe et repasse mais n'intervient que rarement. Mais quand ils le font la note est salée. Ils sont presque tous sans documents, mais espèrent les avoir "un jour". . . Comment créer pour ces jeunes un avenir meilleur? Je lis dans un magazine sur l'Afrique que le taux de croissance atteint maintenant 6,8%, (en moyenne bien sur). Il faudrait préparer les jeunes. Trade, not aid, et beaucoup d'éducation et formation professionnelle pourraient leur offrir des chances?

Avec ce petit feed back, je vous souhaite bonne réception du bulletin et bon dimanche.

Birgitta A.

Koudougou, le 21 août 2006.

Birgitta, bonjour

(…)
Oui, ce problème des mouvements migratoires est immense!
Imaginez un peu que les indiens d'Amérique aient refusé l'entrée des USA aux européens qui fuyaient la misère il y a 1, 2 ou 3 siècles: Pour qui est il, le droit de "se défendre" de l’immigration et de la colonisation ?
Les jeunes en Afrique n'ont pas d'espérance pour leur continent.
La traite, puis la colonisation ont tout tué.
C'est comme un enfant à qui on a dit à l'école durant toute sa scolarité: "Tu n'es qu'un sauvage et un bon à rien; tu n'arriveras jamais à rien; tu n'es bon qu'à être soumis, tu es incapable par toi-même!" Nous savons que cet enfant ne réussira jamais! Il ne peut réussir.
Il en est de même pour les peuples d'Afrique tant que des leaders ne se lèveront pas pour mettre leurs peuples sur un chemin de libération... Thomas Sankara, au delà de toutes les erreurs qu'il a commises (et que je n'excuse pas), était un de ceux là... Il a été assassiné au bout de quatre ans. Beaucoup de gens ont intérêt à ce que l'Afrique reste soumise!
Une libération ne peut pas faire l'économie de la souffrance et des tâtonnements. Le livre de l'Exode est là pour nous le rappeler...
Bien à vous
Jacques LACOUR

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