lundi 17 septembre 2012

Blaise Compaoré à Paris : la Françafrique fait sa rentrée à l’Elysée !

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Paris, le 17 septembre 2012

Deux mois après le gabonais Ali Bongo et alors que l’on annonce la visite prochaine à Paris du tyran tchadien Idriss Déby, le président burkinabè Blaise Compaoré est à son tour reçu par François Hollande ce mardi 18 septembre. Un criminel de plus à l’Elysée, une promesse de moins de tenue : celle d’en finir avec la Françafrique.

Après la réception du dictateur Ali Bongo début juillet, qui a permis aux autocrates gabonais de se revendiquer du soutien du Parti socialiste [1],  c’est au tour du criminel Blaise Compaoré d’être reçu par François Hollande. En prétendant coordonner ou « faciliter » l’émergence d’une solution à la crise malienne, les autorités françaises cherchent une fois de plus à faire passer des vessies pour des lanternes et des dictateurs pour des hommes de paix. Salué pour sa « gouvernance » et ses « médiations », Blaise Compaoré cumule l’absence complète de légitimité démocratique et une implication dans les pires conflits et crises d’Afrique de l’Ouest, mais il est le meilleur défenseur des intérêts françafricains dans la sous-région.



Arrivé au pouvoir la même année que le tunisien Ben Ali, que le Parti socialiste a trop tardivement rangé au rang de tyran, Blaise Compaoré se maintient depuis 25 ans à la tête du Burkina Faso. D’abord par la terreur et les assassinats impunis, dont ceux de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987 [2]  et du journaliste Norbert Zongo en 1998 [3], puis par un tripatouillage constitutionnel et des élections truquées à répétition : le scrutin de novembre 2010, qui l’a prétendument reconduit dans ses fonctions avec 80% des suffrages, en est la dernière caricature[4]. Après avoir fait voter une loi d’amnistie pour se protéger, il semble pousser son frère François Compaoré au rang de successeur potentiel, craignant sans doute d’autres réactions populaires s’il modifiait à nouveau la constitution pour rester au pouvoir. Quelques semaines après sa prétendue réélection triomphale, une explosion de colère avait en effet traversé toutes les principales villes du pays pendant plusieurs mois. Protestant contre la mort de plusieurs collégiens dans des violences policières, la jeunesse envahissait régulièrement les rues, brûlant au passage tous les symboles du pouvoir : villas des dignitaires du régime, bâtiments administratifs, locaux de la police, etc. Mais le plus désastreux pour ce pouvoir s’appuyant sur une grande partie de l’armée, est que de nombreux militaires en sont également venus à se mutiner, se livrant à des viols, des pillages et des tirs à armes lourdes, montrant toute l’étendue de la décomposition de l’État Compaoré.

Corruption, appropriation d’une bonne partie de l’économie par le clan Compaoré, spoliation de terres au profit des dignitaires pour l’agro-industrie, paupérisation de la population, telle est la sombre réalité d’un régime honni par son peuple pour qui sait regarder au-delà des apparences.

Mais Blaise Compaoré, cité par Robert Bourgi en septembre 2011 comme un des fournisseurs de valises de billets à destination des politiques français, est aussi sans conteste le pilier de la Françafrique dans la sous-région, qu’il a souvent contribué à déstabiliser. Son ami Charles Taylor vient d’être condamné à 50 ans de prison par le tribunal spécial pour la Sierra Leone, à l’issue d’un procès fleuve où Blaise Compaoré a été maintes fois cité, au côté de Kadhafi, pour leur implication dans ce conflit et celui du Liberia. 


 C’est cet hôte criminel que François Hollande s’apprête à recevoir, pour discuter ensemble d’une « sortie de crise » au Nord Mali. Il est également de plus en plus question que l’Élysée reçoive le dictateur tchadien le mois prochain, au même prétexte. La France, le Tchad d’Idriss Déby et le Burkina Faso de Blaise Compaoré au chevet du Nord Mali : c’est l’armée des pompiers pyromanes qu’on envoie éteindre l’incendie sahélien.

L’association Survie exige à nouveau que le président et le gouvernement français mettent fin à toute compromission diplomatique et à toute coopération militaire et policière avec ces régimes.

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