lundi 29 septembre 2008

Album photos du forum social mondial des migrations (Rivas sept. 2008)

A l'ouverture avec le panel de tous les invités
(le 2° à partir de la droite est un évêque brésilien)


Et l'auditorium rempli à craquer
(et la photo ne montre qu'une partie!)


Un professeur de RDC (Congo) nous explique les causes de la migration dans son pays avec des tableaux peints



Si le capital peut passer les frontières, alors nous le pouvons aussi!


Sur le stand de la fondation Sur, avec, au centre, le Père Jacques venu du Burkina et le Père Julio, directeur de la Fondation consacrée essentiellement à faire connaître et aimer l'Afrique (elle gère l'une des plus grandes bibliothèques sur l'Afrique de l'Espagne).



A la clôture, avec les "délégués", pour parachever la déclaration finale,
mais dans une salle trop petite, archi comble, avec des gens assis partout.






La banderole de la fin qui servira pour la manifestation du dimanche 14 dans les rues de Madrid
Nous migrons pour vivre! Europe, assez de la xenophobie et des expulsions! Nous disons non à la directive du retour. Les migrants du monde.


les pauvres assignés à résidence

Droit dans les yeux

Migrations : les pauvres assignés à résidence


Pendant trois jours pleins, les 11,12 et 13 septembre, j’ai participé au Troisième Forum Social Mondial des Migrations, à Rivas, dans la banlieue de Madrid, en Espagne. Ce Forum a réuni près de 3 000 participants appartenant à plus de 2 000 organisations et venant de 90 pays différents. 40 personnes pourtant, essentiellement originaires d’Afrique, n’ont pas obtenu leur visa pour participer à cette manifestation.



Pendant trois jours, nous avons entendu le cri des migrants qui, sur toutes les routes du monde, sont aujourd’hui menacés.


Les migrations ont toujours existé, elles existeront toujours ; elles sont inscrites dans la nature profonde de l’humanité. Mais aujourd’hui, elles sont amplifiées par l’immense écart de richesses qui se creuse entre les pays et dans les pays.

« Dans les conditions actuelles du capitalisme mondial, les personnes migrantes sont un exemple évident de l'inégalité économique et sociale entre les pays et au sein des pays. Cette situation est aggravée par une crise mondiale et multidimensionnelle: économique, environnementale, alimentaire, et de l'énergie. »

Les migrations Sud-Sud sont les plus importantes, mais ce sont les migrations Sud-Nord qui font le plus parler d’elles :


De l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord, il y a tant d’horreurs sur les routes de l’exil et aux frontières. La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est le principal couloir migratoire du monde, et le Mexique s'affirme comme le pays qui a le plus d'émigrés économiques au monde. En cinq ans, plus de 10 millions de personnes ont franchi cette frontière longue de 3.000 km qui est pourtant dotée d’un des systèmes de surveillance le plus développé du monde.

Mais c’est souvent parce qu’ils ont été chassés de leurs terres qu’ils partent vers le pays de l’oncle Sam !
« Non à la migration forcée des peuples autochtones en raison de l’expropriation et de l'exploitation de leurs terres et à l'augmentation des projets agro-industriels qui ont pour conséquence la perte de leurs racines et la destruction de leur culture. »

Je me suis retrouvé dans un groupe de travail où des femmes colombiennes ont témoigné de leur calvaire et de leur engagement jusqu’à raconter les assassinatsdes militants des droits de l’homme : c’était poignant.


De l’Afrique vers l’Europe. Du Sahel à la Côte : C’est il y a 20 ans que furent recensés les premiers morts dans le détroit de Gibraltar… A Rivas, nous nous en sommes souvenus longuement…
S’ils partent ainsi, si nombreux et acceptant les risques effrayants du désert ou de la mer, c’est pour survivre, pour aider leurs familles restées au pays à ne pas mourir, pour tenter leur chance dans l’espoir d’un avenir meilleur.

C’est invraisemblable que les autorités européennes soient totalement sourdes à ces cris qui montent vers elles.
Mais leur départ, c’est aussi la faillite de 50 ans d’ « indépendance » (ou de néo-colonialisme). C’est la faillite de projets et de politiques de développement qui n’ont fait qu’enrichir leurs promoteurs. C’est la faillite d’une classe politique incompétente préoccupée de sa seule promotion sans avoir jamais été capable de promouvoir une vision du pays où tous trouveraient leur place.

C’est la faillite de l’élite qui a abandonné l’agriculture, se livre aux multinationales, signe les accords de libre-échange…

Plus de 4 millions de Burkinabè hors du pays pour 14 au pays, n’est ce pas un aveu d’échec ?

Un professeur d’Université de RDC (Congo) nous a montré comment dans son pays, il faut fuir la guerre, il faut fuir les multinationales, il faut fuir les rébellions, il faut fuir la débâcle économique.



Des Philippines au Moyen Orient : une migration féminine, souvent très proche de l’esclavage.
« Non à la reproduction et au renforcement d'un système patriarcal qui, dans le contexte de la féminisation de la migration, a conduit à une profonde disparité dans ce qui était déjà une grande inégalité entre les sexes, en raison notamment du fait que les femmes sont principalement employées dans des conditions proches de l'esclavage, en accomplissant les travaux domestiques et les soins à la personne. »


Pendant trois jours, nous avons réclamé pour tous les migrants les mêmes droits que pour tous les hommes, là où ils sont.


Et de nombreux instruments existent déjà, au niveau international, qui pourraient être les bases de l’égalité des droits entre « migrants » et « nationaux ».

L’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui fonde le droit fondamental de la libre circulation des personnes. Tant de pays ont signé et ratifié cette déclaration, mais sans qu’elle n’entre vraiment dans les législations. Une affiche m’a beaucoup touché qui disait : « Si les capitaux peuvent franchir les frontières sans aucun contrôle ni passeport, pourquoi pas nous ? »



Les conventions 97 et 143 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) qui suppriment toutes les discriminations entre travailleurs nationaux et étrangers. Alors, que veut dire, par exemple, le système français qui accueille de nombreux médecins étrangers qui ne lui ont rien coûté en formation et qui sont moins payés en travaillant plus sous le seul prétexte de leur nationalité ? Hors la loi, tout simplement !

Il existe aussi une convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Mais ni les Etats-Unis, ni les Etats de l’Union Européenne ne l’ont ratifiée. Signatures et ratifications sélectives au détriment toujours des droits des plus pauvres.

Si au moins, ces trois instruments étaient intégralement mis en œuvre, déjà il existerait un cadre juridique plus favorable qui rendraient impossibles les énormes atteintes aux droits de l’homme qui balisent la route et la vie des migrants.


Ainsi, de la « directive européenne du retour » ou « directive de la honte » qui prévoit l’arrestation et la détention jusqu’à 18 mois, des migrants, hommes, femmes, enfants ! Mettre des enfants en prison parce qu’ils n’ont pas de papiers, on est où, là ?

Nul ne sait non plus tout ce qui se passe aux frontières, dans les commissariats les centres de transit et de rétention ; mais les « bavures » et les atteintes aux droits y sont innombrables, sans toujours parvenir aux oreilles du grand public. L’ « étranger » est si vulnérable !


Les politiques actuelles favorisent de fait les migrations clandestines puisque les autres formes de migration légale sont interdites pour le plus grand nombre ; sauf l’immigration choisie de Sarkozy qui s’apparente à la traite des cerveaux). Les migrations clandestines multiplient les zones et les situations de non droit, les situations d’exploitation ou les situations absurdes (employés réguliers sans papiers, personnes non régularisables, mais non expulsables, etc.…)


Pendant trois jours, nous avons imaginé le monde autrement, et proposé des alternatives pour un monde sans barrières, sans frontières et sans murs.


Un premier travail essentiel consiste à montrer que ce qu’on nous raconte habituellement sur les migrations est faux ; l’essentiel des migrations se fait de pays du Sud à pays du Sud ; Les migrants qui viennent au Nord ne sont pas les plus nombreux. Le migrant est un homme dynamique dont la formation n’a rien coûté et qui participe activement à la création de richesse pour le pays qui accueille.

Grâce aux migrants qui ont existé depuis les débuts de l’humanité, les brassages et les métissages créent cette humanité nouvelle ouverte aux nouveautés, aux mouvements, aux cultures, à la diversité.

Tout homme, toute femme a le droit pour des raisons personnelles ou autres de chercher ailleurs une vie meilleure. Et ce droit fondamental ne doit jamais lui être refusé si aucun délit n’a été commis.

Une analyse géographique, historique et économique montrerait vite que sans les migrations, notre monde n’en serait pas là où il est aujourd’hui.

Aujourd’hui, les nations riches et puissantes voudraient assigner à résidence les nations les plus pauvres, tout en continuant à piller leurs richesses, à les exproprier de leurs terres et à les écraser par des accords de libre échange injustes.


Il a été souvent rappelé que les nations riches, surtout européennes, ont une mémoire historique très courte, elles qui ont envoyé tant de migrants en Amérique quand les temps étaient plus difficiles !

Mais malgré toutes les restrictions, malgré toutes les répressions, malgré tous les emprisonnements, des hommes et des femmes continueront à chercher un peu de mieux être là où la richesse s’est accumulée. Aucune barrière ne les en empêchera. Il faudrait être stupide pour croire qu’il peut en être autrement.

Un premier et immense défi est d’abord, pour les peuples d’origine de la migration, de se réapproprier leurs richesses, le pouvoir politique et économique pour rendre possible une autre organisation sociale, un autre partage des richesses qui permette à chacun de pouvoir rester dans son pays s’il le désire.

Il serait temps aussi de prévoir et de mettre petit à petit en place un monde où les nationalités et les frontières, sources perpétuelles de conflits, s’estomperaient pour une citoyenneté universelle, où chacun deviendra un habitant de la terre, où chacun pourra résider là où il veut.

A resurgit ainsi l’idée d’ « un passeport universel » basé sur le principe que toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence dans un pays. (N’a-t-on pas déjà inventé le « permis de conduire international » ?)



Une « charte universelle des migrants » est aujourd’hui en cours de rédaction avec la participation de correspondants dans le monde entier, qui rétablit la vérité sur les mouvements de population dans le monde et propose une vision plus humaine et plus respectueuse des droits de tous, à commencer par celui de la libre circulation.

Que Dieu nous aide à faire aboutir toutes ces idées et projets pour un monde plus fraternel, plus convivial, plus libre, où les pauvres ne seront plus assignés à résidence.


A Koudougou, le 25-9-2008

Père Jacques LACOUR. BP 332 Koudougou

jacqueslacourbf@yahoo.fr


Note : Une déclaration a été adoptée à la fin de ce forum, que vous pouvez trouver à l’adresse suivante : http://jacques-lacour.blogspot.com/2008/09/deuxime-dclaration-de-rivas-13-9-2008.html le site même du forum est ici : http://www.fsmm2008.org/



publié dans l'édition électronique du journal "Le pays" du 29-9-08, rubrique "droit dans les yeux"
publié à nouveau dans l'édition papier et électronique du Quotidien Le Pays, rubrique "droit dans les yeux" N°4217 du 07/10/2008

les pauvres assignés à résidence

Droit dans les yeux

Migrations : les pauvres assignés à résidence

Pendant trois jours pleins, les 11,12 et 13 septembre, j’ai participé au Troisième Forum Social Mondial des Migrations, à Rivas, dans la banlieue de Madrid, en Espagne. Ce Forum a réuni près de 3 000 participants appartenant à plus de 2 000 organisations et venant de 90 pays différents. 40 personnes pourtant, essentiellement originaires d’Afrique, n’ont pas obtenu leur visa pour participer à cette manifestation.

Pendant trois jours, nous avons entendu le cri des migrants qui, sur toutes les routes du monde, sont aujourd’hui menacés.

Les migrations ont toujours existé, elles existeront toujours ; elles sont inscrites dans la nature profonde de l’humanité. Mais aujourd’hui, elles sont amplifiées par l’immense écart de richesses qui se creuse entre les pays et dans les pays.

« Dans les conditions actuelles du capitalisme mondial, les personnes migrantes sont un exemple évident de l'inégalité économique et sociale entre les pays et au sein des pays. Cette situation est aggravée par une crise mondiale et multidimensionnelle: économique, environnementale, alimentaire, et de l'énergie. »

Les migrations Sud-Sud sont les plus importantes, mais ce sont les migrations Sud-Nord qui font le plus parler d’elles :

De l’Amérique du Sud vers l’Amérique du Nord, il y a tant d’horreurs sur les routes de l’exil et aux frontières. La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est le principal couloir migratoire du monde, et le Mexique s'affirme comme le pays qui a le plus d'émigrés économiques au monde. En cinq ans, plus de 10 millions de personnes ont franchi cette frontière longue de 3.000 km qui est pourtant dotée d’un des systèmes de surveillance le plus développé du monde.

Mais c’est souvent parce qu’ils ont été chassés de leurs terres qu’ils partent vers le pays de l’oncle Sam !
« Non à la migration forcée des peuples autochtones en raison de l’expropriation et de l'exploitation de leurs terres et à l'augmentation des projets agro-industriels qui ont pour conséquence la perte de leurs racines et la destruction de leur culture. »

Je me suis retrouvé dans un groupe de travail où des femmes colombiennes ont témoigné de leur calvaire et de leur engagement jusqu’à raconter les assassinatsdes militants des droits de l’homme : c’était poignant.

De l’Afrique vers l’Europe. Du Sahel à la Côte : C’est il y a 20 ans que furent recensés les premiers morts dans le détroit de Gibraltar… A Rivas, nous nous en sommes souvenus longuement…
S’ils partent ainsi, si nombreux et acceptant les risques effrayants du désert ou de la mer, c’est pour survivre, pour aider leurs familles restées au pays à ne pas mourir, pour tenter leur chance dans l’espoir d’un avenir meilleur.

C’est invraisemblable que les autorités européennes soient totalement sourdes à ces cris qui montent vers elles.
Mais leur départ, c’est aussi la faillite de 50 ans d’ « indépendance » (ou de néo-colonialisme). C’est la faillite de projets et de politiques de développement qui n’ont fait qu’enrichir leurs promoteurs. C’est la faillite d’une classe politique incompétente préoccupée de sa seule promotion sans avoir jamais été capable de promouvoir une vision du pays où tous trouveraient leur place.

C’est la faillite de l’élite qui a abandonné l’agriculture, se livre aux multinationales, signe les accords de libre-échange…

Plus de 4 millions de Burkinabè hors du pays pour 14 au pays, n’est ce pas un aveu d’échec ?

Un professeur d’Université de RDC (Congo) nous a montré comment dans son pays, il faut fuir la guerre, il faut fuir les multinationales, il faut fuir les rébellions, il faut fuir la débâcle économique.

Des Philippines au Moyen Orient : une migration féminine, souvent très proche de l’esclavage.
« Non à la reproduction et au renforcement d'un système patriarcal qui, dans le contexte de la féminisation de la migration, a conduit à une profonde disparité dans ce qui était déjà une grande inégalité entre les sexes, en raison notamment du fait que les femmes sont principalement employées dans des conditions proches de l'esclavage, en accomplissant les travaux domestiques et les soins à la personne. »

Pendant trois jours, nous avons réclamé pour tous les migrants les mêmes droits que pour tous les hommes, là où ils sont.

Et de nombreux instruments existent déjà, au niveau international, qui pourraient être les bases de l’égalité des droits entre « migrants » et « nationaux ».

L’article 13 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui fonde le droit fondamental de la libre circulation des personnes. Tant de pays ont signé et ratifié cette déclaration, mais sans qu’elle n’entre vraiment dans les législations. Une affiche m’a beaucoup touché qui disait : « Si les capitaux peuvent franchir les frontières sans aucun contrôle ni passeport, pourquoi pas nous ? »

Les conventions 97 et 143 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) qui suppriment toutes les discriminations entre travailleurs nationaux et étrangers. Alors, que veut dire, par exemple, le système français qui accueille de nombreux médecins étrangers qui ne lui ont rien coûté en formation et qui sont moins payés en travaillant plus sous le seul prétexte de leur nationalité ? Hors la loi, tout simplement !

Il existe aussi une convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Mais ni les Etats-Unis, ni les Etats de l’Union Européenne ne l’ont ratifiée. Signatures et ratifications sélectives au détriment toujours des droits des plus pauvres.

Si au moins, ces trois instruments étaient intégralement mis en œuvre, déjà il existerait un cadre juridique plus favorable qui rendraient impossibles les énormes atteintes aux droits de l’homme qui balisent la route et la vie des migrants.

Ainsi, de la « directive européenne du retour » ou « directive de la honte » qui prévoit l’arrestation et la détention jusqu’à 18 mois, des migrants, hommes, femmes, enfants ! Mettre des enfants en prison parce qu’ils n’ont pas de papiers, on est où, là ?

Nul ne sait non plus tout ce qui se passe aux frontières, dans les commissariats les centres de transit et de rétention ; mais les « bavures » et les atteintes aux droits y sont innombrables, sans toujours parvenir aux oreilles du grand public. L’ « étranger » est si vulnérable !

Les politiques actuelles favorisent de fait les migrations clandestines puisque les autres formes de migration légale sont interdites pour le plus grand nombre ; sauf l’immigration choisie de Sarkozy qui s’apparente à la traite des cerveaux). Les migrations clandestines multiplient les zones et les situations de non droit, les situations d’exploitation ou les situations absurdes (employés réguliers sans papiers, personnes non régularisables, mais non expulsables, etc.…)

Pendant trois jours, nous avons imaginé le monde autrement, et proposé des alternatives pour un monde sans barrières, sans frontières et sans murs.

Un premier travail essentiel consiste à montrer que ce qu’on nous raconte habituellement sur les migrations est faux ; l’essentiel des migrations se fait de pays du Sud à pays du Sud ; Les migrants qui viennent au Nord ne sont pas les plus nombreux. Le migrant est un homme dynamique dont la formation n’a rien coûté et qui participe activement à la création de richesse pour le pays qui accueille.

Grâce aux migrants qui ont existé depuis les débuts de l’humanité, les brassages et les métissages créent cette humanité nouvelle ouverte aux nouveautés, aux mouvements, aux cultures, à la diversité.

Tout homme, toute femme a le droit pour des raisons personnelles ou autres de chercher ailleurs une vie meilleure. Et ce droit fondamental ne doit jamais lui être refusé si aucun délit n’a été commis.

Une analyse géographique, historique et économique montrerait vite que sans les migrations, notre monde n’en serait pas là où il est aujourd’hui.

Aujourd’hui, les nations riches et puissantes voudraient assigner à résidence les nations les plus pauvres, tout en continuant à piller leurs richesses, à les exproprier de leurs terres et à les écraser par des accords de libre échange injustes.

Il a été souvent rappelé que les nations riches, surtout européennes, ont une mémoire historique très courte, elles qui ont envoyé tant de migrants en Amérique quand les temps étaient plus difficiles !

Mais malgré toutes les restrictions, malgré toutes les répressions, malgré tous les emprisonnements, des hommes et des femmes continueront à chercher un peu de mieux être là où la richesse s’est accumulée. Aucune barrière ne les en empêchera. Il faudrait être stupide pour croire qu’il peut en être autrement.

Un premier et immense défi est d’abord, pour les peuples d’origine de la migration, de se réapproprier leurs richesses, le pouvoir politique et économique pour rendre possible une autre organisation sociale, un autre partage des richesses qui permette à chacun de pouvoir rester dans son pays s’il le désire.

Il serait temps aussi de prévoir et de mettre petit à petit en place un monde où les nationalités et les frontières, sources perpétuelles de conflits, s’estomperaient pour une citoyenneté universelle, où chacun deviendra un habitant de la terre, où chacun pourra résider là où il veut.

A resurgit ainsi l’idée d’ « un passeport universel » basé sur le principe que toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence dans un pays. (N’a-t-on pas déjà inventé le « permis de conduire international » ?)

Une « charte universelle des migrants » est aujourd’hui en cours de rédaction avec la participation de correspondants dans le monde entier, qui rétablit la vérité sur les mouvements de population dans le monde et propose une vision plus humaine et plus respectueuse des droits de tous, à commencer par celui de la libre circulation.

Que Dieu nous aide à faire aboutir toutes ces idées et projets pour un monde plus fraternel, plus convivial, plus libre, où les pauvres ne seront plus assignés à résidence.

A Koudougou, le 25-9-2008

Père Jacques LACOUR. BP 332 Koudougou

jacqueslacourbf@yahoo.fr

Note : Une déclaration a été adoptée à la fin de ce forum, que vous pouvez trouver à l’adresse suivante : http://jacques-lacour.blogspot.com/2008/09/deuxime-dclaration-de-rivas-13-9-2008.html le site même du forum est ici : http://www.fsmm2008.org/


publié dans l'édition électronique du journal Le pays du 29-9-08, rubrique "droit dans les yeux

jeudi 25 septembre 2008

deux frères ?

Je trouve cette photo sur le net...
Des enfants dans mon bureau m'ont demandé de chercher
des photos d'oiseaux, des photos de maison, puis des photos du président
Je n'ai pas résisté à télécharger celle-ci,
qui me rappelle tant de souvenirs,
le souvenir de Thomas Sankara (bientôt 21 ans de l'assassinat)
mais aussi toute l'histoire récente de ce pays:

mercredi 24 septembre 2008

Deuxième déclaration de Rivas (13-9-2008)

L'Espagne, qui est l'une des principales portes d'entrée pour les migrants africains en Europe, vient d'accueillir pendant 3 jours à Rivas le IIIe Forum social mondial des migrations. Un Forum qui s'est conclu par une manifestation, ce dimanche 14 septembre, dans les rues de Madrid, pour demander plus de droits pour les populations immigrées. Le IIIe Forum social mondial des Migrations a réuni près de 3 000 participants de 2 000 organisations et 90 pays à Rivas une commune de la banlieue de Madrid. J'y étais comme délégué de la province d'Afrique de l'Ouest des Missionnaires d'Afrique

Voici la déclaration publiée à la fin des trois jours de travaux des 11, 12 et 13 septembre 2008


Deuxième Déclaration de Rivas
Assemblée des mouvements sociaux
Tenue au cours du III Forum Social Mondial des Migrations

Aujourd'hui,
alors que nous commémorons le soixantième anniversaire de la Nakba palestinienne, les vingt ans depuis les premiers morts du détroit de Gibraltar, les 35 ans de l’agression militaire contre le président démocratique Salvador Allende,
au moment où cette même légitimité est gravement menacée en Bolivie et demande prise de conscience et solidarité,
alors que nous célébrons la 60ème année de la Déclaration universelle des droits de l'homme,
nous, hommes et femmes, qui faisonse partie de plus de deux mille mouvements sociaux et organismes de 90 pays autour de la planète, nous nous sommes réunis à Rivas Vaciamadrid (Espagne), du 11 au 14 Septembre 2008,
unis autour du slogan :
nos voix, nos droits, pour un monde sans murs

Nos voix

Nous sommes des migrants et des organisations de migrants, des personnes déplacées et des réfugiés, des victimes de la traite des êtres humains et de la traite des esclaves. Nous sommes également membres de mouvements sociaux et d’organismes travaillant de concert avec ces personnes. Nous sommes des individus et des collectifs qui, en raison de notre souci de la migration dans toutes ses dimensions, ont développé des actions pour la transformation radicale des conditions de vie des humains qui ont été forcés de migrer, de se déplacer, ou de chercher refuge.

Nous, les migrants, les personnes déplacées et les réfugiés, et nos organismes, nous nous affirmons comme un nouveau sujet politique et une force sociale mondiale renforcée dans ce III Forum social mondial des migrations. Pour toutes les raisons mentionnées ci-dessus et avec un droit légitime, nous élevons notre voix pour dire:

Non à la détérioration progressive des conditions de vie qui touche aujourd’hui la majorité de la population dans le monde, dans le nord comme dans les pays du Sud, qui touche spécialement les migrants, les réfugiés et les personnes déplacées en provenance de tous les continents, en particulier ceux qui viennent de Palestine, d’Afrique subsaharienne, de Colombie, du Soudan, et de l’Irak.
Nous disons non à la complaisance des politiques des États-Unis, de l’Europe, et de l'Espagne en particulier.

Non à la migration forcée des peuples autochtones en raison de l'exploitation de leurs terres et à l'importance des projets agro-industriels qui ont pour conséquence la perte de leurs racines et la destruction de leur culture

Non aux différentes manifestations racistes contre les migrants et leurs communautés sur tous les continents et spécialement celles qui frappent plus particulièrement les Africains et la communauté latino aux États-Unis

Non à la reproduction et au renforcement d'un système patriarcal qui, dans le contexte de la féminisation de la migration, a conduit à une profonde disparité dans ce qui était déjà une grande inégalité entre les sexes, en raison notamment du fait que les femmes sont principalement employées dans des conditions proches de l'esclavage, en accomplissant les travaux domestiques et les soins à la personne.

Non aux projets qui stigmatisent, catégorisent et excluent les migrants et leurs familles et qui détériorent ainsi le tissu social, communal et organisationnel.
Nous rejetons la tentative de transformer les envois de fonds privés par des politiques de développement dans les pays d'origine renforçant le circuit financier du capital et élargissant encore davantage les inégalités, historiques, sociales, politiques, économiques, culturelles.

Non au discours médiatique conventionnel qui véhicule les stéréotypes, renforce la criminalisation et la victimisation des personnes migrantes dans un discours hégémonique. Non à la xénophobie, à la discrimination et au racisme propagés par ce discours qui tend à faire augmenter ces pratiques et ces conduites dans les sociétés et dans les pays de transit et de destination des migrants.

Non à une mondialisation capitaliste néo libérale, centralisatrice et excluante, prédatrice de l'être humain et des ressources naturelles dans son ensemble, et qui est la cause fondamentale des migrations contemporaines.

Nos droits

Nous sommes des individus engagés à regarder le cours des évènements. Nous analysons et interprétons la réalité complexe des migrations, la place des êtres humains, leur dignité et l’intégrité de leurs droits humains. Nous concevons et à mettons en œuvre des initiatives multiples et diverses, qui nous permettent de continuer à jouer notre rôle de chef de file historique dans la construction d’une autre une réalité.

Dans les conditions actuelles du capitalisme mondial, les personnes migrantes sont un exemple évident de l'inégalité économique et sociale entre les pays et au sein des pays. Cette situation est aggravée par une crise mondiale et multidimensionnelle: économique, environnementale, alimentaire, et de l'énergie.

La construction de murs géographiques, politiques, juridiques, culturels, tels la « directive européenne de la honte » et d'autres lois publiques et dispositions officielles similaires, est une stratégie criminalisante, qui cherche une plus grande rentabilité pour les capitaux internationaux en éliminant tous les droits de l'homme. Pour cette raison, ils ont recours à l'externalisation des frontières (leur sous-traitance), et à l'internalisation des persécutions, du harcèlement, des déportations et des détentions arbitraires ; l'impunité de la police des frontières et des centres de détention en fait des lieux où la violation des droits de l'homme est monnaie courante.

Nous insistons sur le fait que les accords bilatéraux et régionaux inspirés par le modèle philippin de « programmes temporaires pour les travailleurs », empêchent non seulement l’enracinement du travailleur migrant, mais annulent toute possibilité de faire valoir ses droits portant sur l'exploitation excessive et la déshumanisation des travailleurs. Ils ne sont pas conformes aux obligations des conventions 97 et 143 de l'OIT (Organisation Internationale du Travail). Sans le respect desquelles la détérioration des droits de l'homme au travail va augmenter : perte de salaire, perte de l’environnement social et juridique du travailleur migrant et, au final, transformation des migrants en marchandises.

Face au travail forcé, à l'esclavage et à la précarité, nous affirmons la nécessité de défendre, de revendiquer, et d'étendre la possibilité pour tous d’un travail digne pour une vie digne, qui intègre la liberté, l'égalité de traitement, et de manière adéquate la situation financière de tous les travailleurs.

Nous soutenons les initiatives d’économie solidaire qui rendent plus fort le réseau associatif en mettant en place des processus d’économie sociale et de développement intégral des personnes. Nous refusons que ce soit un instrument pour nier les droits des migrants. (L’économie solidaire doit être une voie alternative aux migrations mais ne peut pas être un mécanisme pour les restreindre).

Nous faisons la promotion de la citoyenneté universelle et réaffirmons le droit universel des individus à la liberté de circulation comme établi dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Pour un monde sans murs

Un monde sans murs est une condition essentielle et nécessaire pour construire un autre monde possible; honorer en totalité les articles 13 et 14 de la Déclaration universelle des droits de l'homme est une exigence et nous sommes déterminés à poursuivre notre lutte pour les droits de tous les migrants.

Pour cela, nous exigeons:

La signature, la ratification et la mise en œuvre de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille par les pays qui ne l'ont pas encore fait. Nous saluons les pays qui ont ratifié la déclaration et ont adapté leur législation nationale aux exigences de cette convention. Nous nous félicitons de l'engagement de chaque autorité locale à soutenir la campagne en faveur de sa ratification, campagne qui a été lancée par les autorités locales de Rivas Vaciamadrid.

L'établissement d'un mandat ou d'une procédure spécifique au sein du système des Nations Unies pour combler les lacunes dans les instruments existants pour la protection des migrants, le CMW (Comité sur les travailleurs migrants), le rapporteur spécial, l’ACNUR, et le Représentant spécial pour les personnes déplacées (intérieures).

L’abrogation immédiate de la directive européenne de retour, ainsi que la suppression de tous les instruments juridiques qui permettent l'arrestation et la détention des migrants dans le monde entier;
le démantèlement de l'agence Frontex et de tous les dispositifs politiques et militaires qui verrouillent les politiques migratoires,
le contrôle des lieux de détention des migrants par des organismes sociaux, et ce, jusqu'à leur clôture définitive.

Que les frontières du monde cessent d'être des lieux d'impunité où les personnes migrantes ne soient plus soumises à toutes sortes de violations, de crimes, et forcées à prendre des risques qui mettent leur vie en danger. Nous exigeons que les pays d'origine, de transit et de destination, assument leur responsabilité pour inverser cette situation.

La régularisation de tous les migrants sans papiers dans toutes les régions du monde.

La reconnaissance d’autres formes de persécution ainsi qu’une plus grande prise en charge juridique des causes déjà reconnues comme l’asile, les réfugiés, la traite des êtres humains ; en garantissant que les demandes et les procédures soient en conformité avec tout ce que la loi prévoit et en se concentrant sur les droits de l'homme de ces groupes. De plus, nous demandons le respect des conditions que le droit international exige pour le retour des réfugiés.

La dénonciation de toutes les conventions d'expulsion, qui sont généralement imposées aux pays d'origine ou de transit et qui, souvent, entraînent de graves violations des droits, des séparations familiales, des représailles par les autorités dans le pays d'origine et une grave perturbation des migrants.

L'annulation des accords et des clauses de réadmission et l'arrêt de toutes les affaires de ce type entre l'Union européenne et les pays tiers et entre les pays tiers.

L'encouragement des personnes et des communautés de migrants à s'organiser, s'exprimer, et dénoncer toutes les formes de domination et d'exploitation et à faire ainsi valoir leurs droits.
Le renforcement de leurs organismes et réseaux de soutien mutuel.

Le respect de la législation internationale qui garantit la protection adéquate des enfants qui sont une partie importante des flux migratoires internationaux.

L'intégration dans notre lutte de la revendication d’une justice environnementale ainsi que la reconnaissance et la protection juridique des réfugiés que provoquent les changements climatiques et la destruction de l'environnement,
préconisant un nouvel ordre mondial qui favorise la dignité humaine pour tous les peuples, à l’écoute du potentiel de notre planète Terre.

Mise en œuvre de politiques visant à garantir l'égalité des chances, le développement de mesures d'insertion qui ne dépendent pas de la situation administrative des personnes migrantes ;
de politiques qui intègrent dans les services publics la diversité culturelle des migrants;
de politiques à long terme pour l’intégration de la jeunesse et pour la promotion de la réalisation de l'égalité des droits des LGBT groupes de migrants et de leurs familles.

Le droit de vote au niveau municipal et la participation active dans la définition des plans locaux de développement, dans le respect de l'autonomie des organismes et des mouvements sociaux, de manière à ce que s'exerce pleinement et efficacement la citoyenneté des personnes migrantes.

La participation politique des migrants dans le but d'influencer les politiques internes et les politiques externes du pays d’accueil en faveur de leur pays d'origine, de rendre visibles les avantages que les migrants apportent à leur pays d'accueil, de devenir des citoyens actifs eux-mêmes.

La poursuite du processus de rédaction collective de la Charte des immigrés, ainsi que tous les processus et initiatives susceptibles de renforcer la défense des droits des migrants.

La multiplication et le renforcement des medias démocratiques qui prend en compte le point de vue des migrants et de leurs communautés et reflète de manière adéquate la complexité de la migration.

Nous voulons réaffirmer la dimension profonde et la dignité de l’être humain, en évitant que la logique commerciale ne vienne affecter nos mouvements sociaux. Nous rappelons également que notre identité de migrants, réfugiés ou personnes déplacées ne nous prive pas de nos autres identités multiples et de nos autres luttes.

A cause de tout cela, nous vous invitons à Quito, en Equateur, en Octobre 2010, pour le IV Forum social mondial sur les migrations.

La migration n'est pas un crime. Les crimes sont les causes des migrations. Nous élevons nos voix, nous défendons nos droits, nous nous battons ensemble pour construire un monde sans murs.

Rivas Vaciamadrid, le 13 septembre 2008

(Traduction provisoire du père Jacques Lacour en attendant la version officielle

Faite à partir des deux versions déjà existantes :

En espagnol http://www.fsmm2008.org/declaracionrivas2.php

En anglais http://www.fsmm2008.org/eng/declaracionrivas2.php )

mardi 23 septembre 2008

RAPPORT DE FORCES PRODUCTEURS/COMMERÇANTS Un enjeu de développement


Droit dans les yeux


RAPPORT DE FORCES PRODUCTEURS/COMMERÇANTS

Un enjeu de développement

Tout récemment, en France, les producteurs de lait se sont vus imposer par les industriels de la filière une baisse unilatérale du prix d’achat du lait. Réaction immédiate des producteurs qui bloquent les usines des industriels, les contraignent à des négociations, obtiennent une augmentation des prix et cherchent à mettre en place aujourd’hui un mécanisme de fixation des prix qui respecte les intérêts de chacun.

Ici, au Burkina, les "cartels" de commerçants, les "ententes illicites" et les "monopoles" tuent tout simplement de nombreuses filières de production ou contraignent les producteurs à vendre leurs produits, à des prix non rémunérateurs ou même en dessous des coûts de production.

Nos autorités ont choisi le système libéral pour gérer le pays, en imposant à tous "les lois du marché" et de la "libre concurrence". Mais le drame, c’est qu’elles n’ont ni les moyens, ni le courage, ni la volonté de faire appliquer le minimum des règles mêmes de ce système : interdiction des cartels, des monopoles, des ententes illicites, de la concurrence faussée… Les liens très étroits (personnels et structurels) entre le monde politique et le monde des affaires semblent au contraire favoriser ce genre de pratiques qui s’apparentent plus à la "loi de la jungle" qu’au "commerce libéral".
Il en a été ainsi de la filière sésame, il y a quelques années, où les producteurs réunis en cartel avaient carrément stoppé la production, tant les prix proposés étaient loin des coûts de production. Aujourd’hui, la filière est mieux organisée, a d’autres alternatives et peut mieux défendre ses intérêts.

Il arrive à certains commerçants burkinabè de se plaindre auprès des autorités pour reprocher à des opérateurs étrangers d’acheter directement sans passer par eux. Beaucoup de commerçants n’ont en effet pas encore compris que leur intérêt était de « partager » les bénéfices avec les producteurs et non de faire de grosses opérations spéculatives qui rapportent « du coup », mais laissent toute la filière dans la déroute.

Je ne parlerai pas du commerce des peaux… où les prix d’achat sont évidemment à la baisse. Quels recours ont les fournisseurs dans la situation que l’on connaît ?

Et qu’en sera-t-il des céréales quand les producteurs auront produit en quantité ? Quelles mesures seront utilisées pour mesurer leurs récoltes ? Quels prix rémunérateurs leur seront-ils proposés ? Pourront-ils manger, se soigner et envoyer leurs enfants à l’école avec le fruit de leur travail ? Alors que d’autres, avec le fruit de leurs mesures truquées et de leurs opérations frauduleuses, se constituent des fortunes. A quand "des mesures universelles" pour mesurer le grain ? N’est-ce pas le rôle "régalien" de l’Etat, même en régime libéral !

Dans un tel contexte, le grand défi pour les organisations paysannes est:
- soit de contrôler toutes leurs filières de production, de A à Z, (production, transport, transformation, commercialisation) sans passer par les commerçants dont ils auraient désespéré,
- soit d’instaurer – avec l’appui des structures d’Etat comme arbitres – des mécanismes de fixation des prix qui respectent les intérêts des uns et des autres.

On est très souvent découragé de voir que la seule loi du plus fort, la loi de la jungle, la loi des cartels, monopoles et ententes illicites est en vigueur contre les producteurs, qui, à la récolte de leurs produits, n’ont plus que leurs larmes pour pleurer devant la rapacité de certains commerçants.

Dans ces conditions, un vrai développement n’est pas pour demain.


Père Jacques Lacour,
jacqueslacourbf@yahoo.fr

.

Le mariage d'Angélique

Samedi, le 20 septembre 2008, j'étais invité au mariage d'Angélique Drabo, la fille de Félix, la petite fille de Michel Drabo qui fut, il y a bien longtemps, cuisinier à la mission de Zaba...
mon premier poste de 1979 à 1989. Des souvenirs inoubliables.
Dans quelques jours, elle s'envolera pour la France avec son mari
Tous mes voeux de bonheur au nouveau couple!


Angelique et son mari attendant patiemment le maire:



La remise des anneaux: "Signe de notre amour et de notre fidélité"
(beaucoup de joie et de bonheur)



Et les prises de photos à la sortie de la mairie,
Angélique avec son papa et sa maman.

« On nous dit que... »

« On nous dit que... »
MICHEL COLLON

Lundi, les Bourses plongent. Vendredi, elles regrimpent d'autant. Ce qui a changé ? Rien. La valeur réelle des entreprises ne se bouleverse pas comme ça.

On nous dit que l'humanité doit être dirigée par de tels « marchés », que le capitalisme est un système rationnel. On nous dit n'importe quoi.

D'où vient cette allégresse du vendredi à Wall Street ? Du Plan Bush. Vous vous rappelez ? Celui qui disait : l'Etat ne doit pas intervenir en économie. Allégresse, car l'Etat fera payer aux petites gens les crimes spéculatifs des grands. Ce qui évidemment ne fera qu'aggraver le marasme.

Et ça, vous l'avez entendu à la télé ?

mercredi 17 septembre 2008

Question foncière : Certains sont mieux sécurisés que d’autres

Droit dans les yeux :

Question foncière :

Certains sont mieux sécurisés que d’autres


Ceci se passe dans un village au bord du Mouhoun, dans l’Ouest du pays. André y est catéchiste depuis vingt ans. Il y a vingt ans, son logeur lui a « donné » une terre que, depuis, il cultive pour nourrir sa famille et ses nombreux enfants.

Mais il y a quelques jours, les enfants de son logeur (décédé il y a un an – paix à son âme) viennent le trouver pour lui annoncer qu’ils ont décidé de vendre leurs terres aux « gens de Ouagadougou ». Sont ils vraiment libres de le faire ? Y sont ils « contraints » ? Je n’ai pu vraiment le savoir.

« D’ici un an, tu devras quitter la terre… mais tu pourras rester si tu nous donnes deux millions ». Où pourrait il donc trouver cette somme ? Lui qui vit de cette terre d’année en année sans économies ni fortune personnelle. Et quand bien même il la trouverait, les démarches de sécurisation foncière ne seraient pas encore commencées… et elles sont longues ou même impossibles pour un paysan qui ne peut aller à Ouaga « pousser » son dossier…

Je ne connais pas encore la fin de cette histoire, mais elle dit bien le tragique de la situation actuelle pour les petites gens et pour les petits paysans qui vont être complètement dépouillés de leur instrument de travail.



Tous, nous sommes convaincus qu’une « bonne » loi foncière est extrêmement urgente pour le pays.

= Pour sécuriser les paysans sur leurs terres,

= pour réconcilier le droit foncier traditionnel et le droit foncier moderne dont le « procès verbal de palabres » est aujourd’hui le lien bien fragile,

= pour permettre à chacun de connaître ses droits et ses devoirs par rapport à la terre qui nous nourrit,

= pour protéger le patrimoine national des trop grands prédateurs et d’un agro-bussiness attentif au profit mais peu préoccupé d’environnement,

= pour définir les espaces entre éleveurs et agriculteurs et être ainsi source de paix sociale,

= pour gérer la « pression foncière » qui va se faire de plus en plus forte au fil des ans (démographie oblige),

= pour mieux gérer les terroirs qui sont un patrimoine commun…



Quand tous attendent cette loi qu’ils espèrent favorable aux producteurs, à ceux qui cultivent eux-mêmes la terre de leurs mains, les consultations, les forums, les réunions, les cassem, les commissions d’étude, les ateliers continuent sans fin de se tenir sur le sujet et retardent indéfiniment la sortie d’une loi qui risque fort, dans la logique libérale, d’être plutôt favorable aux puissants et à ceux qui détiennent l’argent.



A l’occasion des « visites sur le terrain » que des ministres et des députés ont faites durant cet hivernage, nous sommes surpris d’apprendre que les plus puissants du régime et de nombreux « opérateurs économiques » se sont déjà largement servis, se taillant des dizaines ou des centaines d’hectares à leur seul profit. Ils bornent, ils clôturent, ils accaparent ; ils « achètent » des terres à de pauvres paysans qui ne comprennent pas bien souvent l’enjeu de leurs ventes. Et qui se voient ainsi complètement désappropriés. Ils utilisent l’absence de véritable loi foncière rurale pour accaparer le plus rapidement possible le plus de terres possible sur lesquelles ils font travailler des tracteurs – en espérant que ce ne soit pas du lot « non payé »-- et une foule d’ouvriers agricoles « salariés bien moins que le SMIC et non déclarés »

En attendant cette loi foncière supposée protéger les paysans, des zones entières (Léo, Koubri, Sabou,…pour n’en citer que quelques unes) sont accaparées par des propriétaires fonciers (les nouveaux riches du Burkina) qui ne les mettent d’ailleurs pas autant en valeur qu’on pourrait l’espérer.

Et si un seul accapare 170 hectares dans la vallée du Sourou, c’est 170 familles qu’il prive d’un hectare chacune. Mais surtout, c’est combien d’ « ouvriers agricoles » qu’il met à son service et à quel prix ?

Une étude universitaire a même montré qu’en avril 2005, quand l’eau y était au plus bas par négligence de gestion, d’autres « personnalités » n’étaient même pas à jour de leurs redevances… sur ce périmètre aménagé.

Dans ce pays, question foncier rural, certains sont certainement mieux sécurisés que d’autres ! Et cela augure bien mal de l’avenir.



Père Jacques Lacour (jacqueslacourbf@yahoo.fr)

Koudougou, le 30-08-2008


Publié dans le quotidien Le Pays, rubrique droit dans les yeux du mardi 16-9-2008

et repris sur lefaso.net ce mercredi 17

samedi 6 septembre 2008

Je pars au Forum Social Mondial des Migrations

Je pars au Forum Social Mondial des Migrations
où nous nous retrouverons à 3.000 délégués...


Ce lundi 8 septembre, je pars pour l'Espagne jusqu'au dimanche 14.
comme délégué de la Province d'Afrique de l'Ouest des
Missionnaires d'Afrique.


Voici le mot d'accueil du maire de la ville espagnole
de Rivas (dans la banlieue de Madrid)


Pour la deuxième fois de son histoire, la ville
espagnole de Rivas Vaciamadrid donne le plus
chaleureux et fraternel accueil aux plus de 3.000
délégués venus des cinq continents, qui pendant
trois jours participeront au plus grand débat mon-
dial sur les migrations. Le troisième Forum social
mondial sur les migrations (FSMM), dont l’origine
remonte à Porto Alegre en 2005, retourne à notre
ville, rempli de réflexions et de propositions qui
visent à forger un monde meilleur, plus juste et
plus uni. Rivas envisage ce rassemblement massif
comme un événement extraordinaire pour lequel
nous nous sommes préparés méticuleusement
depuis plusieurs mois.
Le déplacement et le voyage de personnes à la
recherche d’une vie meilleure sont aujourd’hui un
des plus grands défis auxquels s’affronte
l’Humanité. Il est vrai que, dans de nombreux
cas, ces voyages sont une tragédie insupportable.
Insoutenable est le mur d’eau que l’Europe blin-
dée lève dans la mer Méditerranée en face de
l’Afrique; Insupportable est la frontière de désert
qui avale des milliers des gens de l’Amérique
centrale dont le rêve est d’atteindre le paradis
promis qui se trouve au nord du Rio Grande;
Insupportable est le mur de ciment qui condamne
les palestiniens à vivre en dehors de leur propre
terre. Ce ne sont là que quelques exemples.
D’innombrables tragédies, qui souvent, il est vrai,
se poursuivent et s’accentuent dans les pays
d’accueil. Mais face à cette situation de calami-
tés et de catastrophes, la migration peut égale-
ment représenter d’énormes possibilités pour
nous aider à aller de l’avant dans la construction
de sociétés et de pays plus diversifiés, plus
riches culturellement et plus solidaires. Ce forum
représente une excellente occasion de le prouver.
Ne manquez pas cette occasion.
Les habitants de Rivas Vaciamadrid tiennent à
vous dire que, durant votre séjour dans notre
ville, vous devez vous sentir comme des voisins
de plein droit, car c’est ainsi que nous vous con-
sidérons: les invités les plus respectables que
nous pourrions jamais avoir. Nous voulons que
nos rues soient vos rues. Et que vos préoccupa-
tions soient nos préoccupations. Nous voulons
partager les questions, même si nous n’obtenons
pas toujours les réponses. Et nous voulons avant
tout, vous accompagner dans une certitude:
la conviction qu’un autre monde est possible
et nous devons lutter jusqu’à la fin pour
l’obtenir.

Vous pouvez jeter un coup d'oeil sur leur site

.

Prière de Pierre Petitfour à l’occasion de son Serment


Prière de Pierre Petitfour à l’occasion de son Serment

Merci. Seigneur, pour tout ce que Tu m’as donné.
Tu me dis : « Laisse toi aimer par Moi !
Laisse Moi aimer par toi ! »
Je te rends grâce car Tu me pardonnes,
Tu me délivres, Tu me libères.
Tu m’appelles à donner Ton amour
et tous les dons que Tu m’as faits â mes frères et soeurs,
et en particulier aux petits et à ceux qui souffrent.
Je m’offre à Toi tel que Tu m’aimes,
c’est-à-dire tel que je suis,
avec mes richesses et mes fragilités.
Tu es mon ami, présent avec moi toujours et partout.
Donne-moi Ta vie., Ta paix et Ta joie.
Donne-moi de savoir faire grandir
encore cette amitié avec Toi.
Car je sais trop bien que seul, sans Toi,
je ne peux pas vivre de Ton amour
qui supporte tout
et qui va jusqu’au don total de sa vie.
Donne-moi Ton Esprit de conseil et de force.
Donne-moi de rester libéré du Mal.
Et s’il m’arrive de perdre confiance,
alors, que je Te dise :
« Seigneur, je me laisse aimer par Toi,
je Te laisse aimer par moi. »
Amen !

vendredi 5 septembre 2008

La pauvreté à l’heure de la mondialisation, nouveau document du Vatican

La pauvreté à l’heure de la mondialisation, nouveau document du Vatican

Une « question sociale mondiale », pour le cardinal Martino

ROME, Mardi 2 septembre 2008 (ZENIT.org) -

La pauvreté à l'heure de la mondialisation, c'est le thème d'un nouveau document en préparation au Vatican, annoncé par le cardinal Martino lors de sa présentation du Compendium de l'enseignement social de l'Eglise en Tanzanie, à Dar-es-Salaam. Radio Vatican relaie l'information.
Le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil pontifical justice et paix, a en effet présenté le Compendium lors de ce congrès continental pour l'Afrique.

« Conscient du caractère dramatique de la situation, le Conseil pontifical justice et paix répond aux exigences exprimées dans le compendium, a expliqué le cardinal Martino, et prépare donc un document sur le thème : « La pauvreté à l'heure de la mondialisation ».

Ce dicastère veut ainsi indiquer, a-t-il précisé, « une approche évangélique pour combattre la pauvreté, identifier qui, au niveau national ou international, a la responsabilité de combattre la pauvreté, sensibiliser l'Eglise à prêter une attention plus articulée et à prendre conscience des problèmes de la pauvreté et des pauvres dans le monde, sans oublier qu'aujourd'hui la pauvreté extrême a avant tout le visage de femmes et d'enfants, spécialement en Afrique ».

« C'est un acte de charité indispensable que l'engagement visant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n'ait pas à se trouver dans la misère, surtout lorsqu'il s'agit d'un nombre immense de personnes et de peuples entiers : une situation qui assume aujourd'hui les proportions d'une véritable question sociale mondiale ».

Pour le président de Justice et Paix, ce congrès de quatre jours - et 3e rassemblement continental après Mexico (2005), Bangkok (2007) -, a constitué « une magnifique expérience de communion et d'amitié ecclésiale ».
« Le dynamisme évangélique de la mission ecclésiale nous pousse - comme Jésus l'a fait - à privilégier les pauvres, à tourner nos forces et nos ressources pour les pauvres, à considérer le renouveau de la société à partir des exigences des pauvres ».

C'est ainsi que le cardinal Martino a rappelé que « l'option préférentielle de l'Eglise pour les pauvres », affirmée dans le sillage de Vatican II, constitue un des points caractéristiques de la Doctrine sociale de l'Eglise.
« La pauvreté, et surtout l'inégalité entre les régions, les continents et les pays, et à l'intérieur de ceux-ci, constitue le problème le plus dramatique que l'on doive affronter aujourd'hui dans le monde », a affirmé le cardinal Martino.

Anita S. Bourdin

Parole du pape sur les migrations actuelles

Angélus du dimanche 31 août

Parole du pape sur les migrations actuelles

ROME, Dimanche 31 août 2008 (ZENIT.org)

APRES L'ANGELUS

"Ces dernières semaines, les médias ont fait part d'une augmentation des épisodes d'immigration irrégulière d'Afrique. Il n'est pas rare que la traversée de la Méditerranée vers le continent européen, vu comme un abordage d'espérance pour fuir des situations défavorables et souvent insoutenables, se transforme en tragédie ; celle qui s'est déroulée il y a quelques jours semble avoir dépassé les précédentes en raison du nombre important de victimes.

Le phénomène des migrations existe depuis le début de l'histoire de l'humanité et a par conséquent toujours caractérisé les relations entre les peuples et les nations. Aujourd'hui, cependant, il s'est transformé en une situation d'urgence qui nous interpelle. Il fait appel à notre solidarité mais exige en même temps des réponses politiques efficaces.

Je sais que de nombreuses instances régionales, nationales et internationales s'occupent de la question des migrations irrégulières : je les félicite et je les encourage, afin qu'elles poursuivent leur action honorable avec un sens de responsabilité et un esprit humanitaire.

Les pays d'origine doivent également faire preuve d'un sens de responsabilité, non seulement parce qu'il s'agit de leurs concitoyens mais aussi pour éradiquer les causes des migrations irrégulières et pour extirper à la racine toutes les formes de criminalité qui y sont liées.

Les pays européens et en tout cas les pays qui sont des destinations de migrations, sont, quant à eux, appelés à développer, d'un commun accord, des initiatives et des structures toujours plus adaptées aux nécessités des migrants irréguliers. Il faut également les sensibiliser à la valeur de la vie qui représente un bien unique, toujours précieux, à préserver face aux risques énormes auxquels s'exposent ces personnes dans la recherche d'une amélioration de leurs conditions de vie, et au devoir de la légalité qui s'impose à tous.

Comme Père de tous, je sens le devoir profond de rappeler l'attention de tous sur ce problème et de faire appel à la généreuse collaboration de personnes individuelles et d'institutions pour y faire face et trouver des solutions.

Que le Seigneur nous accompagne et fasse fructifier nos efforts !"