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samedi 13 juin 2009

dernière "interwiew" au Burkina

PERE JACQUES LACOUR

"Droit dans les yeux faisait partie de ma vie"
mardi 9 juin 2009, page visitée 313 fois

Le 22 mai 2009, la direction du journal a offert un pot d’au revoir au Père Jacques Lacour, un collaborateur et animateur de la rubrique hebdomadaire "Droit dans les yeux" et qui également était en fin de mission au Burkina. A l’issue du pot, l’équipe de la rédaction a reçu ce missionnaire des Pères blancs d’Afrique pour un dernier entretien au cours duquel plusieurs questions lui ont été posées. De ses plus beaux souvenirs à sa retraite en passant par l’animation de la rubrique, son point de vue sur les problèmes liés au développement du Burkina, la nomination de Mgr Philippe Ouédraogo, l’élection du président américain Barack Obama, etc., ce sont autant de sujets évoqués dans un entretien de plus d’une demie heure avec Père Jacques Lacour.

"Le Pays" : Vous voilà, à la fin de votre séjour au Burkina. Que retenez-vous comme plus beaux souvenirs de ce pays ?

Père Jacques Lacour : Mes beaux souvenirs du Burkina sont innombrables. Je ne peux pas dire qu’il y en a un, mais beaucoup. En particulier, ce sont toutes les rencontres que j’ai faites avec les uns et les autres et qui m’ont beaucoup marquées. Cela a commencé, à cause de mon ministère paroissial, avec tous les catéchistes, ces gens qui passent par couple dans un village, pour témoigner de leur vie chrétienne. Là, j’ai vu des exemples merveilleux de gens capables de vivre des choses extrêmement profondes et capables de témoigner très fort de ce qui les habitait et cela m’a donné une très grande confiance dans les gens du Burkina. Je peux dire que j’ai d’abord aimé les Burkinabè à travers les premiers catéchistes que j’ai rencontrés, en étant vraiment sûr que dans ce beau pays, il y a des gens de conviction, des gens capables de témoigner, de gouverner. J’ai trouvé cela extraordinaire.

Vous avez remplacé le Père Balemans (qui est rentré définitivement chez lui en Hollande en février 2007 après plus de 50 ans passés au Burkina) pour animer la rubrique hebdomadaire "Droit dans les yeux". Dites-nous, comment s’est fait le passage de témoin ?

Vous savez que Père Balemans a décidé assez rapidement, en raison de sa santé, de partir. Avant de partir, il m’a dit "Jacques, je sais que toi, tu peux faire ça". J’ai répondu que oui mais auparavant, on devait en parler à nos supérieurs. Ce qui fut fait et ceux-ci m’ont donné mandat de continuer le travail de Père Balemans. C’était aussi simple que cela. J’ai toujours fait ce travail avec joie, avec conviction. J’aimais faire ce travail, être une sorte de témoin, de reflet de tout ce qui se passe dans la société burkinabè.

Au regard du ton que vous employiez dans vos articles, ne vous est-il pas arrivé de rencontrer des difficultés particulières ?

Il y a eu une seule fois, quand j’ai parlé de la route Koudougou / Dédougou, que des gens de Ouagadougou sont descendus chez moi. Je leur ai dit que, si je me suis trompé, ils n’avaient qu’à faire un démenti, un droit de réponse pour dire que le Père Jacques Lacour s’est trompé. Ils m’ont fait comprendre que ce n’est pas de cette façon que l’on travaille au Burkina. Ils m’ont alors demandé d’écrire un article dans lequel je rapporterai ce qu’ils m’ont dit. J’ai accepté de faire cet article à condition d’employer l’expression "disent-ils". Ce qui signifie que ce serait leur parole contre la mienne. Il n’y a pas eu de bagarre, notre rencontre s’est bien terminée et j’ai écrit un article en réponse. En dehors de cela, il n’y a jamais eu de droit de réponse à un de mes écrits ou de menace de la part des autorités.

Ne pensez-vous pas avoir été trop dur ?

Non pas du tout. Je pense qu’il y a un certain nombre de gens dans ce pays qui font des choses et cela doit être pointé clairement parce qu’il y a des choses qui sont anormales. Je ne pense pas avoir été dur.

Ne vous a-t-on pas critiqué de rouler pour l’opposition ou d’écrire des articles politiques ?

J’ai souvent précisé très clairement que je ne sers ni l’argent ni le pouvoir ni quoi que ce soit. Je ne sers que mes autres engagements complémentaires et le Forum social du Burkina ainsi que le réseau Justice et Paix des instituts religieux au Burkina. Ce que je fais c’est avoir un regard sur le Burkina qui permette d’être la voix des sans voix, de dénoncer les injustices, de dire là où il faut faire des efforts pour que les plus pauvres puissent s’en sortir. Ce sont là les seules convictions qui m’ont fait bouger, jamais de conviction politique.

A travers vos écrits et ceux du Père Balemans, on est tenté de croire que c’est une spécialité chez les pères blancs que de dénoncer...

Ce n’est pas une spécialité de dénoncer mais, nous avons l’avantage d’avoir au Burkina une communauté à Koudougou qui a comme objectif, justice et paix. Un jeune vient d’arriver dans cette communauté, dont la spécialité est la gestion du conflit. Il a beaucoup travaillé en Côte d’Ivoire, au niveau universitaire. Mais il arrive à Koudougou et il fait cette spécialité. Le Père Maurice Oudet que vous connaissez bien est lui, sur le monde paysan. Notre mission est de porter un message de justice et de paix.

Comment recueilliez-vous vos informations ?

Dès que vous commencez à écrire quelque chose, les gens viennent vous entretenir de certaines choses et, la plupart du temps, je leur demande s’ils acceptent que je fasse un article avec ce qu’ils m’ont dit. Beaucoup ne sont pas d’accord. Des informations, j’en avais beaucoup mais des informations utilisables, il y en a beaucoup moins. Les gens refusent qu’on utilise leurs témoignages. J’ai parlé il n’y a pas longtemps par exemple avec un groupe de Canadiens et de jeunes burkinabè des problèmes fonciers. Au Burkina, un certain nombre de puissants, de riches proches du pouvoir sont en train d’acheter des terres aux paysans et il est cité un cas où un ministre a même fait dégommer un haut fonctionnaire pour faire pression sur lui pour que ses parents lui vendent des terres. On a refusé que je publie un article sur cela. C’est pour vous dire qu’il y a des exemples très clairs où il y a des pressions ignobles qui se font aujourd’hui par les puissants qui veulent s’accaparer les terres du Burkina. Comment dénoncer cela ? Parfois on est obligé de le faire de façon générique.

Comment faites-vous le choix des thèmes ? Y a-t-il des gens qui vous les soufflent ou comment cela se passe-t-il ?

La plupart du temps c’est l’actualité. Je me rappelle qu’un jour il y a un de mes confrères avec lequel on parlait du rang du Burkina dans le classement du PNUD 176e/177. Il a dit que sur cette question le Père Balemans aurait fait un article. Ça m’a titillé et j’en ai fait un. Le plus souvent c’est l’actualité qui s’impose.

Parmi tous vos articles, quel est celui qui a eu le plus d’écho, qui a suscité le plus de réactions ?

Il s’agit de l’article relatif à un groupe catholique a donné une réception à l’hôtel Indépendance à 15 000 F CFA par personne avec la messe comprise au moment de Noël et du nouvel an 2009. Là, je me suis fâché et j’ai fait un article qui a eu un énorme retentissement, qui a été repris dans une newsletter du Monde en France. Avec cet article, j’ai eu des réactions en quantité. C’était un point sensible qui a beaucoup fait mal ; c’était dans notre communauté catholique et les gens ont réagi très fortement dans un sens ou dans l’autre.

Comment le Père Balemans vous jugeait-il dans votre manière d’approcher la vérité ?

Un jour, le Père Balemans m’a envoyé sa réaction, concernant l’article sur les refondateurs où j’avais dit qu’une refondation suppose un autre programme, d’autres alliances, d’autres personnes, etc. Et là, Balemans m’a dit que j’allais un peu fort. Il n’y a pas eu un seul article où je n’ai pas eu de réaction. A tous les articles il y avait ne serait-ce qu’une réaction, soit sur mon mail direct, le Fasonet, soit à celui du journal, etc. Toutes étaient favorables sauf exception et cela m’a étonné et m’a amené à croire que ceux-là qui ne sont pas d’accord avec moi se taisent peut-être à cause de l’expérience publique de Mgr Séraphin Rouamba (NDLR : évêque de Koupèla) avec le Père Balemans à propos d’un article de ce dernier. Ceux qui se permettaient de critiquer trop verbalement Père Balemans s’en sont pris plein la figure. Je pense donc que les gens ont été prudents après pour critiquer.

Comment vous y preniez-vous avec l’animation de la rubrique par rapport à vos multiples occupations, l’Eglise, le Forum social... ?

Ce qu’il y a, c’est qu’un article, ça m’habite. Je ne sais pas si c’est en rapport avec ma façon de travailler mais quand il y a une idée qui germe, je fais une recherche internet et je laisse l’idée faire son chemin. Mais quelquefois, il faut que l’idée m’habite pendant un certain temps, huit jours, quinze jours. C’est ma façon de travailler et ça marche bien. Il m’arrive de me réveiller la nuit et d’y penser. La rubrique faisait partie de ma vie et maintenant que cela va s’arrêter, je vais sentir un petit vide.

Le Père Balemans, avant de partir, vous avait désigné pour lui succéder. Avez-vous pensé vous aussi à quelqu’un pour vous remplacer ?

J’ai cherché, mes supérieurs aussi. On a visé au moins quatre noms mais ces personnes n’ont pas accepté peut-être parce que cela demande du temps, ou c’est le ton de la rubrique qui ne leur convient pas, ou ils n’ont pas envie de s’impliquer dans une aventure comme celle-là.

Vous avez appris à connaître la presse burkinabè dans son ensemble. Comment appréciez-vous le travail qui est fait dans les autres organes ?

Soyons clairs. Sidwaya, c’est son travail de soutenir le gouvernement, les actions du CDP. De ce fait, il est en exergue et nous l’avons bien compris. L’autre presse, j’entends par là "Le Pays", "L’Observateur", "L’Indépendant", "L’Evénement", etc., fait un excellent travail mais, on sent qu’il reste une peur, une autocensure. Sur certaines choses, vous n’allez pas jusqu’où il faut aller. Je me dis peut-être que le Burkina n’a pas encore assez les moyens d’un vrai journalisme d’investigation et c’est un peu dommage. Je me rappelle d’un article de votre journal sur le ciment qui allait quand même un peu plus loin. Osez aller jusqu’au bout, c’est important pour les citoyens.

L’archidiocèse de Ouagadougou a un nouvel archevêque en la personne de Mgr Philippe Ouédraogo. Qu’en pensez-vous ?

Vous n’imaginez pas ma joie quand j’ai appris cette nomination, pour plusieurs raisons. La première est que Mgr Philippe Ouédraogo est un ami. Nous avons travaillé ensemble dans le diocèse de Ouahigouya. Il m’a énormément soutenu et encouragé dans des moments difficiles quand je fondais la paroisse de Arbinda et cela a créé des liens forts entre nous. C’est un homme qui a beaucoup de discernement. Le ton va probablement changer et la distance raisonnable qu’il doit avoir vis-à-vis du pouvoir, je pense qu’elle sera respectée avec Mgr Philippe Ouédraogo. Je m’en réjouis.

Vous avez passé 28 ans au Burkina. Avez-vous pensé à la retraite ?

Dans ma famille, j’ai beaucoup de frères et soeurs. Mon grand frère vient de prendre sa retraite. Je pourrai donc y avoir droit aussi l’année prochaine mais chez les prêtres, c’est pas avant 75 ans.

Quels sont les sentiments qui vous habitent au moment où vous quittez le Burkina quand on sait que vous avez passé beaucoup de temps au Burkina ?

28 ans en trois séjours. Deux ans à Pabré, seize ans à Zaba et Dori et ces dernières années, à Arbinda, un an à Tansila et quatre ans à Koudougou. Ce que j’aimais dire c’est que ce sont mes plus belles années et je suis content de les avoir passées en Haute-Volta et au Burkina. J’ai eu la chance, depuis deux mois à peu près, d’avoir doucement programmé mon deuil et d’avoir pu rencontrer tous ceux que je souhaitais rencontrer pour qu’on se dise un bel au revoir. Il y a deux- trois jours de cela, j’étais à Arbinda et Dori pour saluer une dernière fois. De ce point de vue, c’est bien. C’est forcément un deuil parce que c’est une forme d’arrachement mais, il faut aller de l’avant, un missionnaire est appelé à tourner les pages. Je sais que l’aventure qui m’attend à Marseille sera passionnante aussi si ma santé me le permet.

Justement qu’allez-vous faire à Marseille ?

A ce qu’on m’a dit par courrier, ma spécialité va être la communauté africaine, les associations d’immigrés. L’immigration pour moi, n’est pas un sujet nouveau car depuis mes études à Strasbourg, je suis là-dedans. Mon mémoire de DESS à d’ailleurs porté sur l’immigration. J’ai été permanent d’une association pendant deux ans et, lors de mon premier séjour à Marseille de 1994 à 1998, j’étais beaucoup impliqué dans tout cela et maintenant, j’y retourne. C’est un sujet qui m’a toujours beaucoup travaillé. Même dans les forums sociaux j’ai toujours intervenu sur l’immigration. Les peuples qui bougent m’ont toujours passionné. Un peuple qui ne bouge pas, qui est replié sur lui-même, ce n’est pas intéressant. Les peuples qui bougent aujourd’hui sont des peuples qui souffrent. Il faut donc comprendre, analyser, aider, accompagner.

Y a-t-il possibilité qu’on vous réaffecte au Burkina ?

Une des limites qui me feraient dire spontanément non, c’est ma santé. Je suis cardiaque et diabétique ; il faut donc que je pense à me soigner un peu mieux que maintenant.

N’avez-vous pas peur d’être finalement dépaysé à Marseille après 28 ans passés au Burkina ?

Il y aura forcément un temps d’adaptation et le premier élément d’adaptation sera le prix des produits. Au début, on n’ose rien acheter tellement c’est cher. C’est une expérience que je fais à chaque retour de congés. Le décalage est grand par rapport à ici.

Peut-on s’attendre à revoir votre signature dans le journal de temps à autre ou bien la rupture est-elle définitive ?

Ma rubrique du mardi (ndlr : 26 mai 2009 avec comme titre "Ce soir, je prends l’avion") est la dernière. Vous ne verrez plus ma signature parce que quand on sort du milieu et tant qu’on n’est pas imprégné, qu’on n’a pas les réactions des gens, qu’on n’est pas proche de l’information, on ne peut pas écrire de la même façon. Ce serait trop générique, moins passionnant. Pour conclure, je me répéterai en disant que j’ai vécu l’aventure de l’écriture dans une publication régulière et cela pour la première fois. J’ai parfois écrit des articles ponctuels mais ce travail régulier, engagé, exigeant, c’est la première fois que je le vivais et j’en étais très heureux. Vous m’avez appris à me dépasser et à faire quelque chose que je n’avais pas encore fait. Merci beaucoup.

Pour un observateur un peu particulier comme vous, quel est le problème du Burkina aujourd’hui en termes de développement ?

Il faut de meilleurs leaders que ceux qui sont là aujourd’hui. Il faut, pour le pays, un grand projet qui inclut tout le monde pas seulement un petit projet qui n’inclut que les riches comme aujourd’hui ; d’abord les 80% de gens du monde rural. Il faut que ces gens-là soient soutenus pour que le Burkina s’enrichisse, pour qu’un marché intérieur se crée, pour que l’économie agricole se créé et pour que le Burkina décolle. Tant que les paysans n’auront pas un revenu pour leur travail, le Burkina ne décollera pas. Quand le ministre de l’Agriculture veut acheter le riz paddy à 115 F CFA le kilo, je trouve cela inconcevable parce que le riz paddy se vend à 165 F CFA le kilo. C’est le prix réel qui permet aux paysans de s’en sortir, de vivre du fruit de l’agriculture. A 115 F CFA le kilo, on ruine le paysan.

Que pensez-vous de la polémique suscitée par les propos du Pape Benoît XVI sur le préservatif ?

Tout le monde est d’accord qu’il faut un combat. Et vous connaissez peut-être la grande méthode qu’on appelle « la flottille de l’espoir » qui a été mise au point en Tanzanie il y a une quinzaine ou une vingtaine d’années. Le Sida est un déluge et il ne faut pas se laisser noyer. Il y a donc trois bateaux pour l’éviter ; un qui s’appelle fidélité, l’autre abstinence et le troisième préservatif. Quoi qu’il arrive, il faut rejoindre un bateau. C’est un père blanc de Tanzanie qui a inventé cela et l’ONU l’a même repris. En France, la plus belle déclaration qu’il y a eu là-dessus c’était celle d’un médecin qui avait dit à propos du préservatif : "Ce n’est pas le problème du préservatif. C’est le problème, pour un chrétien, de tenir compte de la morale chrétienne qui dit : n’ajoute pas le meurtre au pêché". C’est-à-dire que si tu pars sur un péché, que ce soit l’adultère, la fornication, quelque chose qui est puni par la foi chrétienne, n’ajoute pas le meurtre, ce qui veut dire "mets la capote". C’était une autre façon de parler de la transmission du Sida. C’était bien dit pour un chrétien qui aime les convictions chrétiennes. Maintenant, les médias occidentaux, qui sont très anti-catholiques et anti-papistes, se sont excités sur les quinze mots que le Pape a dits sur le préservatif. Mais c’est leur problème.

Un mot sur Sarkozy. Est-il, selon vous, l’homme de la rupture ?

Pour l’Afrique vous avez vu qu’il n’est pas l’homme de la rupture, qu’il est dans la pleine continuité de la Françafrique, des multinationales et du pillage de l’Afrique. C’est très clair que Sarkozy n’a rien changé et ne veut rien changer. Il a trop d’intérêts là-dedans. Sarkozy est l’homme de la continuité capitaliste, il est pour l’enrichissement des riches, a un profond mépris pour les pauvres. C’est un homme qui, pour préserver les riches, est prêt à supprimer les libertés du peuple. Je crois qu’on aura beaucoup à combattre même à Marseille par rapport à tout cela. Quelqu’un qui donne un sandwich à un sans-papier ou qui le prend dans sa voiture ou qui recharge son portable, peut faire partie des 5 500 que les policiers doivent arrêter l’année prochaine comme étant les aidants pour les migrants irréguliers parce qu’il y a des quotas.

Et Barack Obama ?

Barack Obama incarne une rupture dans un certain domaine mais on sent qu’il reste un peu prisonnier de tous les lobbies qui l’ont fait élire. On attend donc de voir.

Propos retranscrits par Christine SAWADOGO

http://www.lepays.bf/spip.php?article2110

mardi 26 mai 2009

DEPART DU PERE JACQUES LACOUR

DÉPART DU PÈRE JACQUES LACOUR

Les hommages des Editions "Le Pays"
lundi 25 mai 2009,

Le Père Jacques Lacour, missionnaire d’Afrique en poste à Koudougou, par ailleurs chroniqueur de la rubrique "Droit dans les yeux" du quotidien "Le Pays", quitte définitivement le Burkina ce mardi, pour Marseille en France où il est affecté. Les Editions "Le Pays" lui ont rendu hommage le vendredi 22 mai 2009 à l’occasion d’un cocktail d’au revoir organisé à cet effet dans les locaux du journal.

"Il n’y aura pas de discours officiel ; c’est le coeur qui va parler en des mots très simples, mais emprunts d’une grande sincérité". C’est en ces termes que le directeur général des Editions "Le Pays" a introduit son adresse au Père Jacques Lacour, jusque-là signataire de la rubrique "Droit dans les yeux", à l’occasion de la cérémonie d’au revoir que l’entreprise de presse a organisé vendredi soir en l’honneur de son chroniqueur français qui quitte définitivement le Burkina après y avoir passé 28 années. Dans la série d’hommages qui s’en est suivie, Boureima Jérémie Sigué a insisté sur la "fructueuse collaboration" que le Père a eue avec le journal "Le Pays" dans le cadre de la très prisée rubrique "Droit dans les yeux" qui n’a jamais fait faux bond aux lecteurs du fait de son auteur. Le patron du groupe de presse "Le pays" pour qui la cérémonie d’au revoir au Père Lacour se tient avec plus de tristesse que de joie, pense que "le Père nous rend quasiment orphelins avec son départ". M. Sigué a, par ailleurs, souhaité au partant de bien poursuivre sa noble mission à Marseille en France où il a été affecté par ses supérieurs des "Missionnaires d’Afrique". En retour, le Père a traduit sa reconnaissance à l’entreprise de presse pour lui avoir largement ouvert ses portes et les colonnes du quotidien. "Vous m’avez donné l’expérience de l’écriture régulière, puisque j’étais emmené à écrire quelque chose chaque semaine", a indiqué Jacques Lacour qui se réjouit d’avoir reçu une sorte de formation grâce à la rubrique qu’il a jusque-là animée. Avant de lever le verre en hommage au Père Jacques Lacour, le directeur général des Editions "Le pays" lui a offert en cadeau une statuette en bronze et une lettre de remerciement (lire encadré) lue par Alexandre Le Grand Rouamba, chargé des relations publiques. Avant de quitter les locaux du journal, le Père Jacques Lacour a été reçu par les journalistes en tant qu’invité de la rédaction. Dans l’interview qu’il nous a accordée et que vous pourrez lire dans nos prochaines éditions, Jacques Lacour retrace ses plus grands souvenirs au Pays des Hommes intègres, et jette un regard critique sur le processus démocratique et les stratégies de lutte contre la pauvreté dans un Burkina dont il a été témoin de l’évolution au cours des 28 dernières années.





Lettre de remerciement du DG des Editions "Le Pays" au Père Jacques Lacour

"Père Lacour, Nous accusons réception de votre lettre du 15 avril 2009, par laquelle vous nous informez de votre départ prochain du Burkina Faso. Par la présente, nous vous transmettons nos sincères remerciements pour la bonne et fructueuse collaboration entretenue de nombreuses années durant, au bénéfice de nos milliers de lecteurs et partant, du peuple burkinabè. Nous avons été marqués par votre constante disponibilité et avons apprécié à sa juste valeur votre engagement pour la défense de l’équité, de la justice et de la paix à travers vos écrits qui transpirent le courage et la sincérité. C’est avec un pincement au coeur que nous vous voyons quitter ce pays que vous aimez tant, comme en témoigne votre combat en faveur des Burkinabè. Recevez, Père Lacour, nos sincères salutations et l’assurance renouvelée de notre gratitude.

Le Directeur général Boureima Jérémie SIGUE Chevalier de l’Ordre national Chevalier de l’Ordre du Mérite burkinabè"

Par Paul-Miki ROAMBA


http://www.lepays.bf/spip.php?article1952

DEPART DU PERE JACQUES LACOUR

DÉPART DU PÈRE JACQUES LACOUR

Les hommages des Editions "Le Pays"
lundi 25 mai 2009,

Le Père Jacques Lacour, missionnaire d’Afrique en poste à Koudougou, par ailleurs chroniqueur de la rubrique "Droit dans les yeux" du quotidien "Le Pays", quitte définitivement le Burkina ce mardi, pour Marseille en France où il est affecté. Les Editions "Le Pays" lui ont rendu hommage le vendredi 22 mai 2009 à l’occasion d’un cocktail d’au revoir organisé à cet effet dans les locaux du journal.

"Il n’y aura pas de discours officiel ; c’est le coeur qui va parler en des mots très simples, mais emprunts d’une grande sincérité". C’est en ces termes que le directeur général des Editions "Le Pays" a introduit son adresse au Père Jacques Lacour, jusque-là signataire de la rubrique "Droit dans les yeux", à l’occasion de la cérémonie d’au revoir que l’entreprise de presse a organisé vendredi soir en l’honneur de son chroniqueur français qui quitte définitivement le Burkina après y avoir passé 28 années. Dans la série d’hommages qui s’en est suivie, Boureima Jérémie Sigué a insisté sur la "fructueuse collaboration" que le Père a eue avec le journal "Le Pays" dans le cadre de la très prisée rubrique "Droit dans les yeux" qui n’a jamais fait faux bond aux lecteurs du fait de son auteur. Le patron du groupe de presse "Le pays" pour qui la cérémonie d’au revoir au Père Lacour se tient avec plus de tristesse que de joie, pense que "le Père nous rend quasiment orphelins avec son départ". M. Sigué a, par ailleurs, souhaité au partant de bien poursuivre sa noble mission à Marseille en France où il a été affecté par ses supérieurs des "Missionnaires d’Afrique". En retour, le Père a traduit sa reconnaissance à l’entreprise de presse pour lui avoir largement ouvert ses portes et les colonnes du quotidien. "Vous m’avez donné l’expérience de l’écriture régulière, puisque j’étais emmené à écrire quelque chose chaque semaine", a indiqué Jacques Lacour qui se réjouit d’avoir reçu une sorte de formation grâce à la rubrique qu’il a jusque-là animée. Avant de lever le verre en hommage au Père Jacques Lacour, le directeur général des Editions "Le pays" lui a offert en cadeau une statuette en bronze et une lettre de remerciement (lire encadré) lue par Alexandre Le Grand Rouamba, chargé des relations publiques. Avant de quitter les locaux du journal, le Père Jacques Lacour a été reçu par les journalistes en tant qu’invité de la rédaction. Dans l’interview qu’il nous a accordée et que vous pourrez lire dans nos prochaines éditions, Jacques Lacour retrace ses plus grands souvenirs au Pays des Hommes intègres, et jette un regard critique sur le processus démocratique et les stratégies de lutte contre la pauvreté dans un Burkina dont il a été témoin de l’évolution au cours des 28 dernières années.




Lettre de remerciement du DG des Editions "Le Pays" au Père Jacques Lacour

"Père Lacour, Nous accusons réception de votre lettre du 15 avril 2009, par laquelle vous nous informez de votre départ prochain du Burkina Faso. Par la présente, nous vous transmettons nos sincères remerciements pour la bonne et fructueuse collaboration entretenue de nombreuses années durant, au bénéfice de nos milliers de lecteurs et partant, du peuple burkinabè. Nous avons été marqués par votre constante disponibilité et avons apprécié à sa juste valeur votre engagement pour la défense de l’équité, de la justice et de la paix à travers vos écrits qui transpirent le courage et la sincérité. C’est avec un pincement au coeur que nous vous voyons quitter ce pays que vous aimez tant, comme en témoigne votre combat en faveur des Burkinabè. Recevez, Père Lacour, nos sincères salutations et l’assurance renouvelée de notre gratitude.

Le Directeur général Boureima Jérémie SIGUE Chevalier de l’Ordre national Chevalier de l’Ordre du Mérite burkinabè"

Par Paul-Miki ROAMBA

dernier droit dans les yeux: ce soir, je prends l'avion

Droit dans les yeux :
Ce soir, je prends l’avion…



Ce soir, je prends l’avion et je vous dis « au revoir »
Vous ne verrez plus ma signature ici, le mardi,
Où j’ai essayé de partager avec vous quelques convictions profondes
De porter quelques interpellations sur des situations difficiles.
J’ai parfois provoqué, j’ai dérangé certains, j’ai réjoui et conforté d’autres.
C’était le but de cette rubrique. Sans prétention. Liée à l’actualité.


Ce soir, je prends l’avion,
Tout étonné encore de cette belle aventure de l’écriture
Que je ne me connaissais pas ainsi.
Tâche inattendue où Père Balemans avait ouvert la voie
(Qu’il soit ici remercié)
Pour donner la parole aux sans voix
Et intervenir à temps et à contretemps.


Ce soir, je prends l’avion,
Mais je n’oublierai pas les situations que je vous ai dites ici :
Les injustices orchestrées par les puissants ;
Je pars sans avoir vu bitumée la route Koudougou-Dédougou
Et tant d’autres promesses non réalisées, comme les OMD ;
Je pars tremblant pour les paysans abandonnés
Au profit des nouveaux riches qui les dépouillent ;
Je pars en rêvant de vraie démocratie
Pour les peuples du Burkina qui la méritent ;
Je pars en priant pour les hommes et les femmes de ce pays
Dont je sais qu’ils survivront aux épreuves qu’on va encore leur imposer.


Ce soir je prends l’avion après 28 ans au Burkina en trois séjours…
J’ai partagé avec vous les plus belles années de ma vie
Et je puis vous dire que je ne vous oublierai jamais.
Beaucoup de vos visages resteront à jamais gravés en moi.
Je sais pour beaucoup vos vies difficiles
Mais aussi la joie et le bonheur partagés.


Ce soir, je prends l’avion, pour aller travailler au « pays des blancs »,
A Marseille où je retrouverai mes frères africains et immigrés.
Mais je tâcherai de rester un pont, une passerelle entre ces deux mondes
Auxquels j’appartiens un peu
Position si passionnante, mais si inconfortable,
Témoin partout de la rencontre, d’espoirs qui se lèvent, de combats partagés,
De projets qui se concrétisent.


Ce soir, je prends l’avion,
Et je ne sais d’avance sur quels chemins Dieu va me conduire
Ni vers qui encore il dirigera mes pas
Mais je sais seulement qu’il m’invitera toujours à aimer,
Qu’il m’entrainera dans de nouvelles aventures
Et qu’il ne cessera de m’y guider

Ce soir, je prends l’avion,
Et je vous dis à toutes et à tous : « au revoir »
Parce qu’en Dieu nous nous rejoignons tous
Et je vous dis à toutes et à tous : « merci »
Pour toutes ces convictions partagées ici.
Et qui sait ? « A un de ces jours, sur les routes de la vie ! »


Père Jacques LACOUR.
jacqueslacourbf@yahoo.fr

texte publié dans le journal "Le Pays" du 26 mai 2009
rubrique "droit dans les yeux"
et dans la version électronique du journal

jeudi 21 mai 2009

Dernière lettre du Burkina...

.

Père Jacques Lacour

« Missionnaires d’Afrique »

BP 332 Koudougou

Burkina Faso


A Koudougou, le 20 mai 2009


Bien chers parents et amis,


Vous êtes déjà nombreux à le savoir, mais pas tous encore.

Mon congé de cette année 2009 sera un « retour au pays » ;

En effet, je suis de nouveau affecté dans les quartiers Nord de Marseille où j’ai déjà servi de 1994 à 1998.

Cette nomination était en préparation depuis plusieurs années, mais j’avais demandé qu’on me laisse au moins 4 ans à Koudougou où je venais d’être nommé.


Je prends l’avion à Ouaga ce 26 mai et atterrirai à Luxembourg le 27 mai où ma famille viendra m’accueillir. (C’est l’aéroport international le plus proche de mon « village » : 90 km)

Ainsi à partir du 27 mai et jusque mi septembre, vous pourrez me joindre à DIEULOUARD (France)

Mail : jacqueslacourbf@yahoo.fr le même toujours !



A partir de mi septembre, ce sera à Marseille (15°) avec le même mail:


Pour retrouver ce quartier dont voici une vue partielle :



Voilà donc pour moi une page qui se tourne après 28 passés au Burkina en 3 séjours.

J’ai posé ma petite pierre là où je suis passé : à Zaba, Dori, Aribinda, Tansila, Koudougou ;


J’ai vu naître des paroisses et des diocèses ;

J’ai vu l’œuvre immense des catéchistes dans les villages ;

J’ai vu grandir la foi dans le cœur d’hommes et de femmes qui ont découvert le Dieu d’Amour de Jésus-Christ ;

J’ai vu l’engagement de beaucoup au service de leurs frères et de leurs sœurs ;

J’ai partout été invité à donner le meilleur de moi-même, avec mes qualités et mes faiblesses !

Je sais que là où j’ai travaillé, d’autres continuent selon la grâce qu’ils ont reçue… et j’en rends grâce à Dieu.


Merci à toutes les communautés qui m’ont accueilli, communautés chrétiennes, communautés humaines et communautés de mes confrères.


Me voilà donc en route pour Marseille,

Faire mes bagages n’est pas une mince affaire… surtout que je suis de ceux qui emportent beaucoup trop de choses avec eux – on ne change pas si vite son vieux fond paysan !


Une autre page encore pour ma vie missionnaire dans une communauté nouvelle où je serai le plus jeune ! Etienne, Gérard et Jean-François m’y accueilleront en septembre.

Si vous passez un jour à Marseille, n’hésitez pas à me faire signe : on pourra au moins boire un pastis ensemble…. Et rendre visite à la « Bonne Mère ».



Que Dieu nous garde toutes et tous sur son chemin de Vie !

Avec toute mon affection et ma prière

Jacques

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A la Une du Pays du 20/21 mai 2009

A la Une du Pays du 20/21 mai 2009



voir l'article:
http://www.lepays.bf/spip.php?article1914

mercredi 7 janvier 2009

photo souvenir

A l'occasion du mariage de son fils médecin, Monsieur Jérémie Sigue, directeur fondateur des Editions Le Pays et du quotidien du même nom m'a invité à partager la joie de sa famille. Cette photo souvenir qu'il m'a offerte vient témoigner de ce moment de bonheur.

jeudi 4 décembre 2008

Quand on me demande ce que je fais

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Des chemins pour Justice et Paix


En venant à Koudougou en 2005, je savais que la forme de mon apostolat allait changer. Je quittais le cadre paroissial où j’avais donné le meilleur de moi-même depuis 1978.
Arrivant au SEDELAN, il s’agissait d’abord de mieux comprendre les contraintes qui pèsent sur le monde paysan (80% des Burkinabè sont des ruraux) et les possibilités qui leur sont offertes… Vaste chantier qui touche beaucoup de domaines dans lesquels j’ai dû m’informer et me former.

Les « forums sociaux » furent ma deuxième préoccupation, surtout avec la « naissance » parfois laborieuse du « forum social du Burkina » qui a réussi deux « éditions » en 2007 et en 2008 avec une bonne participation.
« Accompagner » une multitude d’associations très différentes, être attentif aux « enjeux de pouvoir », mais aussi goûter la joie d’un rassemblement réussi. « Un autre monde est possible » : Quand la parole est donnée aux gens ordinaires, ils savent très bien dire leurs préoccupations et proposer des solutions alternatives. Pourquoi les puissants (économiques et politiques) ne les écoutent-ils jamais ?

Il m’a été aussi demandé d’animer le « Réseau Justice et Paix des Instituts religieux au Burkina ». Si Justice et Paix est devenue une priorité pour beaucoup d’instituts, bien peu parviennent à y consacrer le temps qu’il y faudrait. Axé sur la formation (2 week ends par an) et l’information (deux lettres par an), ce réseau essaie de garder vive la flamme prophétique de notre consécration. Tout cela m’a donné de bons contacts avec l’Union des Supérieur(e)s majeur(e)s, avec la Commission Nationale Justice et Paix et avec les Semaines Sociales du Burkina où il m’a été donné d’être le « rapporteur général » pour la troisième édition consacrée au thème : « corruption et lutte contre la pauvreté au Burkina : contribution de l’Eglise Catholique » (novembre 2008).

Quand le Père Frans Balemans quitta le Burkina Faso en 2006, la rubrique « Droit dans les yeux » qu’il tenait dans le quotidien « Le Pays » m’a été confiée. Chaque mardi, il s’agit d’aborder un problème de société ou d’actualité de manière critique et de formuler des alternatives. Cela permet de proposer une analyse porteuse des valeurs de Justice et de Paix. Prêtre missionnaire et étranger, je peux avoir dans cette rubrique une certaine liberté de parole que beaucoup de Burkinabè m’envient.

Aujourd’hui, des thématiques fortes m’habitent et me poussent à formuler des analyses et des propositions hors de la pensée unique libérale si réductrice et appauvrissante ; il m’est parfois demandé des interventions sur certains de ces thèmes (conférences, participation à des ateliers) : Commerce international (OMC, APE, TEC…) ; crises financière, alimentaire, économique et environnementale ; problématiques paysannes (foncier, OGM, agrobusiness, place des femmes,…) lutte contre la pauvreté, corruption. Le souci des migrations et des migrant(e)s me préoccupe depuis mes années de formation à Strasbourg et ne m’a jamais lâché. Merci à la Province qui m’a permis de participer récemment au forum de Rivas (Espagne) sur ce thème.

Et pour que rien de tout cela ne se perde, je pose mes textes (et d’autres) sur un blog. A la maison j’assure aussi l’économat local. Et je trouve encore un peu de temps pour la philatélie et la généalogie !

Nous le croyons : Un autre monde est possible, où chaque personne pourra trouver sa place et sa dignité, où chaque paysan pourra vivre de la terre, où chacun pourra vivre et travailler en paix, où l'homme sera remis au centre des préoccupations politiques et économiques, cet homme que Dieu n'a jamais cessé d'aimer...

Jacques LACOUR ( jacqueslacourbf@yahoo.fr )

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jeudi 4 septembre 2008

A l’occasion de mon anniversaire (le 200° post)


J’essaye un poème…

Il y a 58 ans… C’était le 30 août, à 20 heures,
Dans une petite, toute petite ferme de la rue des patureaux,
A Aingeray, « quelque part en Lorraine ».
Il pleuvait encore en cette fin d’été
Et les moissons n’étaient pas entièrement rentrées,
Ma mère pleurait.

Ils m’ont fait un jour, rejouer ma naissance :
« Mon Dieu, qu’il faisait froid »
Et je suis entré dans ce monde inquiétant,
Marqué déjà par le souci de demain
J’étais en ce temps le quatrième,
Sept autres sont venus après, mais pas tous à la ferme !

Les pages de la vie se tournent, tournent très vite,
Et déjà beaucoup sont partis, trop vite,
Avec qui j’ai marché au fil de mes jours.
Ils me sont en ce jour tous présents.
Bernadette ma soeur avait 19 ans
Et la maman de maman 102 !

La longueur des années, c’est juste un cadeau,
A recevoir, les deux mains ouvertes,
Nous n’y pouvons, ma foi, rien
Sauf nous en émerveiller chaque matin
Juste dire un immense merci à la vie qui vient,
Et à l’Auteur de la Vie, simplement merci.

Je fête ce nouvel anniversaire
Ici, au milieu de ceux que j’aime,
Que je sers et avec qui je vis aujourd’hui
En terre africaine si douloureuse et joyeuse.
58 ans, c’est plus que l’espérance de vie ici,
C’est déjà une autre vie, une deuxième vie.

Mais c’est mille fois promis,
Si Dieu me prête vie, l’année prochaine,
Je le fêterai avec vous qui m’êtes aujourd’hui si loin
Vous tous qui ne m’oubliez pas là bas.
Vous tous de cet autre pays que je n’oublie pas :
Le temps et les distances n’ont pas réussi à nous séparer.

S’il est un vœu que je veux faire,
Pour le temps qui me sera encore offert,
C’est d’essayer d’aimer plus, d’aimer mieux.
C’est d’ouvrir les yeux sur la misère
Pour lutter et la combattre.
Pour que chaque homme puisse vraiment vivre.

Et d’ouvrir les yeux sur la beauté du monde,
Pour sans cesse m’en émerveiller.
Et me préparer à la rencontre de l’Eternel Amour
Qui me rassasiera de Vie pour toujours
Bien plus que je ne pourrais l’espérer
Avec tous ceux que nous avons aimés


A Koudougou, le 30-08-2008
Jacques Lacour ( jacqueslacourbf@yahoo.fr )


dimanche, 31 août 2008

mercredi 3 septembre 2008

Article du 11 avril 2008 dans l'EST REPUBLICAIN


Missionnaire blogueur

Depuis le BurkinaFaso où il est missionnaire chez les Pères blancs, Jacques Lacour conte sa vision du monde sur le net. Blog et sites sont ses outils de lobbying.

Point d'aube, ni de col blanc. Jacques Lacour est un de ces prêtres qui se noient dans la masse, une chevalière flanquée d’une croix à la main. Au titre de prêtre, il préfère celui d'aumônier de la société civile. Un engagé de la première heure, défenseur bec et ongles de l’Afrique. Depuis 1978, au Burkina Faso, ce Lorrain de souche, natif de Dieulouard, est entré en mission au sein de la congrégation des Pères Blancs.

En paroisse, il fut pendant longtemps chargé d’animer des équipes de catéchistes et de monter des projets de développement. Face aux injustices du monde africain, de la corruption, de la mondialisation, il avait soif de « faire bouger les choses ». Depuis deux ans à Koudougou, une ville à 100 kilomètres de la capitale du Burkina, il a embrassé la destinée du Sedelan, une maison d’édition.

«C'est un peu comme si j’avais changé de métier reconnait Jacques Lacour. Il multiplie les publications en langues nationales du Burkina. Des ouvrages scolaires à ceux voués à l'agriculture, il sert la cause de la culture. «A quoi sert d'apprendre à lire dans une langue, si le lecteur n'a rien à se mettre sous les yeux ?» glisse l'aumônier. Plus mordant, sa plume chatouille le politique, « Faire passer les messages, sans jamais blesser.» C'est là, la méthode Jacques Lacour. Sa mission de lobbying, il l'exerce volontiers sur le thème de la « souveraineté alimentaire», et participe sans se faire prier aux réflexions avec d'autres ONG (organisations non gouvernementales) sur l'élaboration de politiques agricoles respectueuses des besoins alimentaires du pays, des agriculteurs et de l’environnement. Le riz, le coton, le lait, les OGM, sont ses sujets de prédilection, souvent traités à l'aune de la mondialisation.

Sur le site internet du Sedelan, sur celui du forum social du Burkina, le missionnaire blogueur est partout sur la toile. A commencer sur son blog personnel. Puis dans une chronique publiée et diffusée en ligne, dans le Pays, principal quotidien Burkinabé.

«Un blog informatique, c'est une petite aventure» promet l'aumônier qui, depuis l'Afrique, ne décolère pas en suivant l'actualité mondiale. Un trader de la Société générale qui perd 5 milliards d'euros? « C'est le jeu des fous du néolibéralisme. Placé dans les mains de fous, cela met en danger l'économie réelle.»

Les militants de l'Arche de Zoé tout juste libérés? « Bien sûr des familles Africaines dans la misère sont prêtes à donner un enfant pour qu’il soit élevé dans une famille européenne. Bien sûr que des milliers d'enfants africains sont menacés chaque jour dans leur santé ou leur survie. Mais est-ce la solution d'en extraire quelques-uns pour satisfaire le besoin d'enfant des pays riches ?» interroge Jacques Lacour.

Il dénonce la politique Sarkozy de reconduite à la frontière. «C'est une illusion. Même le rapport Attali dit qu'il faut largement ouvrir les portes». Et de tempêter enfin contre les accords de libre-échange (Etats-Unis/Mexique Alena, ou Européens Ape) dont les effets «ruineront les paysans burkinabé» regrette Jacques Lacour, par mail interposé.

Puis, philosophe, de lancer sur la toile : « Un jour les choses devront changer. L'écart entre riches et pauvres dans un pays est trop démesuré. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres est trop immense.. ».

Emmanuel VACCARO

Un blog et quatre sites
Voici tous les sites sur lesquels écrit Jacques Lacour :

Son blog :
www.fr360.yahoo.com/Jacqueslacourbf

La maison d'édition:
www.abcburkina.net

Site du forum social :
www.forumsocialburkina.info

Chronique dans le journal : (chaque mardi)
www.lepays.bf

Chez les Missionnaires d’Afrique:
www.mafrwestafrica.net


mardi, 15 avril 2008

Forum Social: les réactions du Père Jacques Lacour


Le Père Jacques LACOUR répond à nos questions
suite à la 2° édition du Forum Social du Burkina
tenu à Ouahigouya, les 27,28 et 29 mars 2008

Le Forum social internationalement connu et dont le Père Jacques Lacour est une des chevilles ouvrières, vient de se tenir à Ouahigouya. Le moment, comme on le sait, est dominé par une crise internationale et par une crise nationale à multiples facettes marquée par des émeutes mais aussi par l'éviction de Salif Diallo du gouvernement.

Nous avons approché le Père pour qu'il nous en dise un peu plus

- Quelle était l'ambiance à Ouahigouya et comment se sont déroulés les travaux ?

Et bien, pour la deuxième fois, à Ouahigouya, nous avons réussi notre pari : 600 personnes ont répondu à l’appel du forum social, ont fait le déplacement et se sont approprié les questions de société qui leur ont été proposées et celles qui les préoccupent. La participation a été très intense et le témoignage des participants touchants : Il est bon de voir des paysans se lever pour dire leurs préoccupations ; il est bon de voir des femmes prendre la parole pour dire des convictions et dénoncer ce qui ne va pas. Il y a eu 2 panels (un sur la souveraineté alimentaire ; l’autre sur l’intégration régionale) 30 ateliers et plusieurs espaces de libre expression et de témoignages.

On prend conscience alors que si on leur donnait vraiment la parole, beaucoup plus souvent, si on les associait réellement à des politiques agricoles intelligentes et réfléchies à long terme, prenant en compte leurs soucis et les enjeux de notre avenir économique, alors les choses pourraient aller nettement mieux. Mais qui veut écouter les paysans ? Qui « craint » les paysans pour se mettre à leur école? Nos autorités continuent à leur imposer des politiques qu’ils ne comprennent pas, et pour cause ! Les politiques se réduisent souvent à des successions de programmes mal adaptés et à court terme…

L’ambiance fut bonne aussi car chacun a pu faire des rencontres avec d’autres, discuter d’expériences très diverses, partager des idées ; certains ont échangé des adresses, se retrouveront, continueront à échanger… Les délégations étrangères (Mali, Togo, Bénin, Nigeria) ont été particulièrement heureuses de participer à nos travaux.

Les soirées culturelles (avec de nombreuses troupes locales) furent réussies et la joie partagée était au programme.

- Que retenir de ce forum ?

Il est bien difficile de résumer en quelques mots la richesse de si nombreux échanges. Je vous invite donc à lire la « déclaration finale du deuxième forum » dont la presse quotidienne s’est fait l’écho et qui figure sur le site du forum. ( http://www.forumsocialburkina.info )

Au cours de ce deuxième forum, nous constatons que les mêmes questions reviennent, que les soucis des populations sont les mêmes : Les paysans veulent vivre correctement de leur travail, mais le monde qu’on leur prépare va devenir de plus en plus dur pour eux, parce qu’ils sentent bien qu’il est construit sans eux et même souvent contre eux. Dans le cadre de politiques faites sans eux et obéissant trop souvent à des intérêts extérieurs…

Les APE dans leur forme actuelle ruineront l’agriculture familiale ; les OGM vont nous rendre dépendants d’une seule multinationale prédatrice (Monsanto) ; corruption et mal gouvernance empêchent notre pays de progresser ; nous devons produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons, viser la souveraineté alimentaire en protégeant notre agriculture, favoriser l’intégration régionale trop freinée par nos dirigeants, défendre la dignité humaine partout, au pays et sur les routes de l’exil, permettre aux femmes d’être mieux respectées et entendues.

- Pensez-vous qu'il y ait des chances que vous soyez entendus par les autorités ?

Dès notre arrivée à Ouahigouya, nous avons eu un interlocuteur d’une très grande sagesse en la personne du gouverneur de région qui nous a très bien accueillis et qui nous a semblé vraiment très attentif aux préoccupations des populations reprises par le forum social. Par lui, peut être, la parole des petites gens – que le forum tente de transmettre -- pourra être entendue dans les sphères des décideurs.

Oui, nous souhaiterions que les autorités politiques de Ouaga cessent d’aller vers les populations paysannes avec autre chose que des discours tout faits qui ne laissent aucune place à la parole vraie et directe des paysans. On a l’habitude de dire qu’il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre… C’est l’impression que nous donnent trop souvent les autorités politiques quand on aborde des questions comme les APE, les OGM, les circuits de commercialisation, une politique agricole incluant la souveraineté alimentaire, les nécessaires soutiens à l’agriculture familiale… ou les tracteurs détournés (dont l’affaire, confiée à la justice, traîne comme d’habitude en longueur et pourrait bien se terminer par un non-lieu !)

Oui, nous souhaiterions que les autorités écoutent davantage les populations rurales et leurs préoccupations ! Mais avec les temps de crise qui viennent, elles y seront sans doute contraintes.

- Nous venons de lire dans Le Pays de ce jeudi 3 avril une interview de Mr amos Ticani, Ambassadeur de l'UE au Burkina Faso. Il a dit : "C’est une fausse affirmation que de dire que les APE vont mettre en danger l’agriculture ouest africaine ». Que pensez-vous de cette sortie de l'ambassadeur Ticani ?

Les APE, nous disait l’an passé au premier forum, une dame productrice de lait, c’est pire que le SIDA : Le Sida, on sait comment s’en protéger, les APE, on ne sait pas. La libéralisation des marchés, les importations de sous-produits de l’agriculture européenne (culs de dinde ou autres) ou de produits subventionnés, le refus de soutenir l’agriculture familiale, les impôts sur le monde agricole qui vont être mis en place, tout cela met directement en danger l’agriculture familiale « ouest africaine ». Celui qui dit le contraire ne me semble pas dire la vérité. Ils sont très nombreux ceux qui l’ont déjà dit.

L’ambassadeur Ticani est représentant de l’Europe et il est tenu de dire cela, même s’il n’y croit pas. Ne dit-il pas au début de son interview qu’à part l’Ile Maurice et le Botswana, aucun pays d’Afrique n’a été réellement gagnant dans les accords précédents qui incluaient la dimension « développement » et étaient « asymétriques ». Malgré ces accords, la pauvreté a progressé, l’Afrique n’a pas décollé économiquement. Qu’en sera-t-il d’accords « réciproques », n’incluant pas la dimension « développement » ? Une catastrophe annoncée !

L’agriculture ouest africaine a besoin d’être protégée (et surtout pas libéralisée), pour atteindre la souveraineté alimentaire. C’est parce que l’Europe n’a jamais aidé l’agriculture ouest africaine à devenir forte – avec la conspiration des dirigeants africains – que l’on connaît aujourd’hui aussi fortement le phénomène de la « vie chère » : nous consommons ce que nous ne produisons pas, nous ne consommons pas ce que nous produisons !

San Finna N° 458 du 07 au 13 Avril 2008

"Il n'est de Liberté qu'en dehors de l'Abus
mais il n'est de Liberté sans capacité de refus"


lundi, 7 avril 2008

"lettre circulaire" pour Noel 2007 et voeux 2008


Jacques LACOUR
"Missionnaires d'Afrique"
BP 332 KOUDOUGOU
Burkina Faso
tél: (226) 50 44 03 56

jacqueslacourbf@yahoo.fr

Koudougou, le 20 décembre 2007

Bien chers parents et amis,

Dans le travail qui m’est confié aujourd’hui, à chaque instant, je touche du doigt quelque chose des grands disfonctionnements du monde, de la société où je vis au Burkina Faso, des disfonctionnements aussi dans le cœur d’hommes et de femmes marqués par l’attrait de l’argent facile et du pouvoir…
Très facilement, je pourrais tomber dans une lecture négative et désespérée du monde, ou bien me laisser envahir par la révolte : Va-t-on jamais s’en sortir ? Faudra t il encore tant de dépendance, d’écrasements, d’asservissements, de morts inutiles d’enfants innocents avant que les choses ne changent ?


Et pourtant contre toutes les apparences, un sauveur vient, il est venu, il reviendra. Il nait, enfoui, aux marches d’un empire totalitaire dans lequel, par manque d’argent et de place, il n’a pu loger, dans lequel il n’y a pas de place pour l’étranger, dans lequel la carte de crédit vaut plus que le cœur, le pouvoir financier plus que ce que tu es.

Il ouvre une brèche dans ce monde et nous permet déjà de voir les signes de son triomphe… Il ouvre des brèches dans l’apparente fatalité d’un monde fermé sur l’égoïsme, la course à la richesse, l’orgueil et la consommation.
Il nous permet étonnamment d’ouvrir les yeux dès maintenant sur tous les petits signes d’amour -- si méprisés des grands et des puissants – et qui font pourtant le bonheur de nos vies et nous disent un autre monde enfoui, mais qui grandit et qui l’emportera. A cause de ce Dieu qui n’en finit pas d’aimer les hommes et les femmes qu’il a appelés à la vie.

Cette année, au Burkina, la récolte n’a pas été bonne, 15 provinces (le tiers de la population) n’ont pas assez récolté, le prix des céréales augmente très fort… Cette année, plus de 3000 personnes sont décédées officiellement de la méningite faute de vaccins et de médicaments… Cette année encore, le Burkina est classé avant dernier pays du monde pour l’indice humain de développement (les choses n’avancent pas vite)… Et pourtant notre président continue à privilégier la construction de sa ville luxueuse de « OUAGA 2000 » – bourrée de villas et de palais qui y poussent comme des champignons --, au détriment de tout le reste du pays qu’il abandonne à la misère. Un petit groupe s’enrichit scandaleusement et impunément, laissant la majorité de la population profondément découragée, les fonctionnaires démobilisés.

Mais voilà que partout continuent de surgir et de fleurir les petits signes qui nous disent des gens capables d’aimer, de vivre, de se battre pour leurs familles, d’initier de nouvelles activités, de prendre des initiatives de toutes sortes. La vie au ras des pâquerettes, celle qui nourrit notre joie et notre amour, celle qui nous pousse à vivre, cette vie nourrie de tendresse, d’amitié, de gratuité, du rire d’un enfant,… cette vie, parfois enfouie, c’est elle qui l’emporte malgré tout (et qui fait la différence), c’est elle seule qui a du sens.

Noel, c’est au cœur de l’obscurité, la lumière d’un enfant qui nait, la lumière de la vie qui est la plus forte, la lumière qui redonne sens, force, courage et espérance au cœur de ce monde si sombre qui a besoin d’être sauvé et qui accueille en cet enfant si fragile le Salut qui lui est promis.

Mon congé en France a trop vite passé. La maman a 85 ans maintenant et continue vaillamment de vivre dans sa maison. Les résultats de mes examens médicaux ont été bons. Merci à toutes celles et à tous ceux que j’ai pu revoir… pardon aux autres.

A Koudougou nous sommes 4. Le plus ancien est rentré définitivement et je lui ai succédé pour écrire, chaque semaine, dans « Le Pays » un quotidien national, une rubrique « Droit dans les yeux », qui se veut très critique.

Avec les autres, nous sommes très présents aux problématiques du monde paysan… et à toutes les organisations de la société civile qui s’engagent avec eux : forum social, OGM, biocarburants, commerce équitable, lutte contre les APE (Accords injustes de libre échange que l’Europe veut imposer à l’Afrique), filière riz, filière lait… et les publications continuent. Et les sites internet se multiplient.

A vous tous, je redis un bon Noel de partage, d’amour et de tendresse (avec moins de consommation), et une bonne année 2008 qui vous donnera de combler ceux qui vous entourent (et beaucoup d’autres) de bonheur et qu’ainsi vous soyez comblés de joie.

Que tout au long de cette année, tous ensemble, nous tissions autour de nous des liens d’amitié, de fraternité, de partage et de solidarité !

Prenez soin de vous
Que Dieu vous garde
Je vous redis ma prière, mon amitié et ma tendresse.
Jacques

mon blog: http://fr.360.yahoo.com/jacqueslacourbf
site des M.Afr: www.mafrwestafrica.net
site du Sedelan: www.abcburkina.net
site du forum social: www.forumsocialburkina.info



jeudi, 20 décembre 2007

Article du 11 septembre 2007: retour

Me voilà de retour au Burkina depuis une semaine maintenant, après un séjour de trois mois en France (en Sarkoland, comme disent les mauvaises langues).

Les docteurs m'ont "donné la route" une fois encore... la santé ne va pas si mal...

J'ai pu revoir tous mes nombreux frères et soeurs et j'ai eu beaucoup de bonheur à les retrouver.

Ma vieille maman qui a maintenant 85 ans continue d'habiter sa maison, de faire son jardin... et de tricoter pour toutes les générations.

Plein d'amis aussi... à l'occasion de rencontres de toutes sortes, en particulier avec le groupe "Partage-Tlani" de Maizières les Metz.

Merci à toutes et à tous pour votre amitié et pour tous les moments forts partagés.

Durant l'été, j'ai pris quelques photos que je vous présenterai dans les jours qui viennent.

Et j'ai continué à écrire pour le quotidien "Le Pays", je mettrai en ligne petit à petit tous mes articles...

A très bientôt donc de nouveau!

(Comme titre, je garde la date symbolique...)





mardi, 11 septembre 2007 -

A la Une du 19 avril 2007

Quotidien « Le Pays » n° 3852 du 19/4/2007
Rencontre

PERE JACQUES LACOUR




"Il ne faut pas laisser la politique à ceux qui ne pensent qu'au pouvoir et à l'argent"

Le vendredi 13 avril dernier, votre journal a reçu comme invité le Père Jacques Lacour qui est membre de la congrégation des Missionnaires d'Afrique. Agé aujourd'hui de 57 ans, il est arrivé en ex-Haute Volta pour la première fois en 1971 et a servi comme coopérant au petit séminaire de Pabré. Après être rentré en France pour des études, il est à nouveau de retour en 1978. Depuis, il séjourne au Burkina et il réside actuellement à Koudougou. C'est avec cet homme d'Eglise qui nous a surpris un jour au service avec sa parfaite maîtrise de la langue nationale mooré que nous nous sommes entretenus un peu plus de 45 mn. Le temps de la mi-temps d'un match de football, nous avons évoqué avec lui son engagement altermondialiste, le dernier forum social du Burkina, la politique au Burkina, la présidentielle française, sa succession au Père Balemans dans l'animation de la rubrique "Droit dans les yeux", etc.


"Le Pays" : Quelle est la spécificité de la congrégation des Missionnaires d'Afrique, à laquelle vous appartenez ?

Père Jacques Lacour : La congrégation a été fondée il y a 130 ans par le cardinal Lavigerie spécifiquement pour l'évangélisation de l'Afrique. C'est cela le premier objectif. Par exemple, ce sont les Missionnaires d'Afrique qui sont arrivés à Koupéla dans les années 1900, bien avant la création de la colonie de la Haute Volta. Depuis, ils ont annoncé l'Evangile. Nous continuons le travail à notre façon.

On assimile l'Eglise à la colonisation en ce qu'elle a contribué à préparer le terrain !

S'il y a des pays où cela est un peu vrai, comme dans les zones belges, il faut reconnaître que dans les zones françaises, c'était un peu différent parce que déjà, au départ, l'Eglise et les administrateurs coloniaux ne s'entendaient pas beaucoup. On a la chance qu'ici au Burkina le début de l'histoire de la colonisation et celui de l'histoire de la mission ne sont pas liés. Au contraire, elles étaient assez en conflit les unes avec les autres; ce qui fait que l'on a toujours gardé notre liberté profonde, que l'on a toujours été du côté des populations contre les administrateurs coloniaux qui abusaient de beaucoup de choses. Rappelez-vous le mouvement de Nouna. Je suis fier de cet aspect de l'histoire de l'Eglise du Burkina.

Quelle est votre appréciation de l'évolution de la société burkinabè que vous observez depuis longtemps ?

J'ai eu la chance de connaître 3 cultures différentes, rien qu'au Burkina. J'ai approché un peu les Dafings, Les Mossis, les Peuls et un peu aussi les Bobo Fing puisque j'ai vécu une année à Tansila. Chaque culture a sa réaction, ses manières de vivre, etc. La façon, par exemple, dont les Mossis ont vécu la colonisation est différente de celle des Peuls qui n'ont fait que de la résistance.

Quel est votre point de vue en tant qu'homme d'Eglise sur les moeurs que l'on dit dépravées ?

Effectivement, il y a ce que l'on peut appeler un problème de moralité publique. Hier (NDLR, 12 avril) dans la presse il y a quelqu'un qui remarquait que ça commence à ne plus aller chez les chefs traditionnels, les pasteurs, les prêtres en qui on avait confiance. Il y a une belle réponse aujourd'hui de l'abbé Dominique Yanogo, dans le Fasonet, qui dit de faire attention, car il y a à la fois la fragilité humaine, l'ensemble des circonstances qui entourent la société. Mais moi je dirais qu'avant d'être une affaire de morale, c'est une affaire de conviction. Quelle est la conviction qui t'habite ? Qu'est-ce qui te fait vivre ? Si c'est seulement la recherche de l'argent, tu vas forcément te casser la figure. Mais si, par exemple, c'est la famille, les valeurs, à ce moment là, ça va tenir la route moralement. Mon premier travail est d'aider les gens à trouver en eux les convictions dont ils ont besoin pour réussir une belle vie.

Y parvenez-vous ?

On y arrive pour un certain nombre de gens. Il y a ce bon saint en tout homme, en toute femme, qui lui fait répondre à l'appel à servir quelque chose de beau, de bien. J'y crois.

Est-ce que c'est ce que vous qualifiez de manque de confiance qui se reflète par exemple sur le terrain politique ?

Un des grands problèmes est qu'il ne faudrait pas laisser le terrain politique à ceux qui ne pensent qu'au pouvoir et à l'argent. Un de nos drames ici est que les gens qui ont des convictions ont trop déserté le terrain politique. Les évêques souhaitent d'ailleurs que les gens ayant des convictions par rapport à la société burkinabè, à son équilibre, s'engagent vraiment.

Nous sommes en pleine campagne électorale pour les législatives du 6 mai. Quelle est votre appréciation du processus démocratique burkinabè ?

Je viens de remettre un "Droit dans les yeux" (NDLR : rubrique qu'il anime dans nos colonnes) sur les élections à venir. Laissez-moi d'ailleurs vous dire que l'on se trompe. Qu'est-ce qu'un député ? C'est quelqu'un qui va voter les lois, les impôts et faire le lien entre la province et le centre. Mais on ne pose jamais les vraies questions aux députés qui passent leur temps à dire "c'est le parti que", "c'est le parti qui". Ce sont des délégués de partis plutôt que des députés. Il y a quand même un problème. Il faudrait que les députés eux-mêmes aient des convictions. Est-ce qu'ils vont voter des impôts pour écraser la population ? Ou vont-ils voter des impôts qui créent un équilibre entre les riches et les pauvres ? Ce sont des questions qu'il faut poser aux députés. Alors, s'ils vous répondent que pour les impôts "c'est le parti qui, c'est le part que", je ne suis pas d'accord. Je trouve que là on trompe les populations.

A vous entendre, les députés ne sont pas d'une certaine utilité...

Ils devraient être très utiles, mais, dès l'instant où ils perdent toute personnalité, ils s'écrasent par rapport à des logiques partisanes qui ne permettent pas une libre expression démocratique. Je trouve que c'est dommage. On ne voit pas comment ça peut bien déboucher. Il n'y a pas d'alternative, d'alternance, de vraie opposition. Il n'y a donc pas de vrai jeu démocratique.

Votre pays, la France, est aussi en campagne électorale pour l'élection du président de la république le 22 avril prochain. Pour quel candidat votre coeur bat-il ?

Je peux vous dire qu'il y a des candidats qui sont en contradiction profonde avec mes convictions. Ce sont, parmi les grands candidats, Le Pen et Sarkozy. Ce sont 2 hommes qui ont une logique par rapport à l'immigration, à l'identité nationale qui ne me convient pas; ça manque d'ouverture, d'universalité. Ils veulent bien profiter du monde entier à leur service mais rejettent tous ceux qui se tourneraient vers la France et qui ne sont pas intéressants pour eux. J'ai failli devenir fou en entendant Sarkozy dire qu'il n'a pas besoin de l'Afrique. Il m'a récemment écrit une lettre, comme à tous les Français expatriés, et je lui ai répondu que je ne pouvais pas être d'accord avec ce qu'il dit. Il fait une fixation sur la sécurité; il devient un peu parano comme les Américains.

Vous ne nous avez pas dit, jusque-là, quel candidat a votre préférence.

Je voudrais éviter en tant que religieux de tomber dans les travers qui feraient que l'on dise que le père influence le choix des électeurs. Il y en a qui l'ont fait, et je ne souhaiterais pas les rejoindre. Mais je peux vous dire au moins pour qui je ne vais pas voter. Ni Le Pen ni Sarkozy.

On indexe certains leaders de l'Eglise d'être compromis, de ne plus être neutres. Qu'est-ce que vous en dites ?

ça a pu arriver ici au Burkina et ailleurs. Je crois qu'il y a eu du bon sens de la part des collègues qui ont fait remarquer que c'était une voix mais pas toutes les voix. Il y a eu des rectificatifs qui ont été les bienvenus. Je crois qu'il a perdu une part de son autorité. C'est aussi un peu son problème.

De qui parlez-vous ?

(Rires en guise de réponse)

Que signifie pour vous l'engagement, en tant que religieux, dans l'altermondialisme au regard de la violence qui caractérise parfois plus ce mouvement ?

Il faut d'abord savoir que l'altermondialisme dans la Charte de Porto Alegre, c'est la non-violence. La violence n'est jamais la réponse à donner à une situation politique. Ensuite, le mouvement altermondialiste ne vise pas la conquête du pouvoir. C'est un mouvement qui vise à donner la parole à ceux qui ne l'ont pas face au Forum économique de Davos, au G8, à toutes ces minorités qui accaparent la direction du monde. Le mouvement et l'économie néolibéraux actuels ne font qu'enrichir les riches et appauvrir les autres. Est-ce qu'on peut soutenir à fond un modèle économique de ce type ? Ce n'est pas possible. Il faut des alternatives. Le mouvement altermondialiste est l'une de ces possibilités d'alternative. Je crois que dans l'Eglise un mouvement comme les mouvements d'action catholique proposaient aussi des alternatives. C'est assez sympathique de voir le beau travail effectué pendant des années par les mouvements d'action catholiques ruraux.

Il y a des alternatives qui sont proposées à cette mondialisation néolibérale qui met de côté tous ceux qui ne sont pas grands producteurs et consommateurs. Que va-t-on faire des pauvres ? C'est la question que je pose aux dirigeants du monde actuel. Il n'y a pas de place pour les pauvres, et ils n'intéressent pas ceux qui ont actuellement le pouvoir. C'est le grand drame.

Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) et les Organismes génétiquement modifiés (OGM) ?

Sur les APE, l'Europe est méchante. Elle veut que l'Afrique ouvre ses frontières en supprimant pratiquement tous les droits de douane. Il y a une campagne en Europe qui s'intitule "L'Europe est vache avec l'Afrique". Ce continent est vraiment méchant. D'abord, il impose un calendrier de négociations derrière lequel on s'essouffle en voulant le suivre. L'Europe a des centaines d'experts qui préparent les négociations alors que nous n'avons que 2 ou 3 personnes déléguées pour cela. Comment voulez-vous qu'ils suivent au même rythme les négociations. Ensuite, l'Europe veut imposer un calendrier à tout prix et fait des déclarations mensongères en disant que tous les produits originaires des pays ACP (NDLR : Afrique, Caraïbes, Pacifique), excepté l'Afrique du Sud, pourront rentrer sur le marché européen sans limites. Il n'y a pas une escroquerie plus grande que cela. Prenez le cas de la spiruline qui est produite ici actuellement. Tant qu'elle est envoyée par petits colis de 2kg, elle peut entrer en Europe sans problèmes. Mais dès que vous envoyez un colis de 10kg, les douanes européennes disent d'attendre qu'elles n'ont pas les papiers de ceci, les certificats de cela. Dans ces conditions, il n'y a aucun produit qui peut rentrer. Et si jamais il y en a un qui est conforme, on mettrait une nouvelle norme pour l'empêcher de rentrer. L'Europe empêche tous les produits d'ici d'arriver sur son marché. C'est une dureté incroyable. Par contre, le jour où il y aura une société française qui va racheter une usine burkinabè de séchage de mangues, à ce moment on pourra exporter sans problèmes vers l'Europe. Il n'y a jamais de réciprocité, et on nous fait croire que tous les produits pourront entrer. Ce n'est pas vrai.

Est-ce pour cela que certains pensent que le coton africain est en train de mourir ?

Le problème du coton est un peu différent. Actuellement, si je ne m'abuse, il y a 4 milliards de dollars par an qui sont donnés à 25 000 cotonculteurs américains qui inondent le marché avec une fibre subventionnée. Nous produisons une fibre magnifique mais on ne peut pas la vendre parce que notre prix de vente non subventionné ne colle pas avec ce qui est subventionné. Même si le Burkina cite les États-Unis à l'OMC, est-ce qu'il y a assez de juristes ici pour aller défendre le dossier ? Ce n'est pas possible. Vous n'arriverez pas à avoir le document pour prouver le mal fait par les Etats-Unis en ne respectant pas les accords de l'OMC. Il n'y a aucune chance par rapport à ces mastodontes qui font ce qu'ils veulent.

Vous n'avez rien dit sur les OGM !

Actuellement, on cherche, et c'est très important. Maintenant, faire des cultures en champs ouverts est très grave pour moi parce que personne ne connaît vraiment les conséquences. Il y a un principe de précaution qu'il faut appliquer. Mais je pense que les compagnies qui gèrent les OGM, les vendent et les imposent au monde ont les moyens financiers pour le faire. Et là, beaucoup de choses sont secrètes et nous échappent. Je pense que nos dirigeants ont, de ce point de vue, dû être achetés par les grandes firmes d'OGM. Vous savez que les compagnies pétrolières, les firmes d'OGM fonctionnent systématiquement avec la corruption.

Par rapport à ces problématiques qui concernent en premier lieu le Sud, c'est la société civile du Nord qui se mobilise plus en lieu et place de celle des pays pauvres. Comment expliquez-vous cette situation ?

Prenons le cas du Burkina. Une société civile veut dire des gens qui ont le temps, les moyens de s'engager dans une action. On s'aperçoit que parfois même les gens de bonne volonté, je m'en suis rendu compte lors de la préparation du forum social du Burkina, n'ont pas d'essence pour venir aux réunions, n'ont pas de cartes de téléphone pour les communications. Je crois qu'ici il y a des énergies, des volontés, mais souvent les moyens ne suivent pas. Je ne parle pas des perdiems avec lesquels je ne suis pas d'accord. Trouver le minimum de moyens pour agir, pour informer est important, et la société civile doit en disposer. Quand on se mobilise, on arrive à mobiliser ces moyens.

Quelles sont les principales décisions prises par le forum social du Burkina tenu en mars dernier à Loumbila ?

Il y a eu une déclaration finale qui regroupe un tout petit peu les points sensibles abordés dans les différents ateliers, panels, conférences qui ont eu lieu. Ces points sont faits en 2 petits catalogues pour dire que c'est là-dessus qu'il est important de travailler pour que l'on puisse avancer. Un forum ne prend pas de décision de ce type.

Le forum a-t-il vraiment été un succès vu que l'on n'a pas enregistré la participation de figures emblématiques du mouvement altermondialiste, comme, par exemple, l'ancienne ministre malienne de la Culture, Mme Alimata Traoré ?

ça a été un immense succès. Vous, les journalistes, cherchez l'événement, des choses frappantes. Vous avez raison. Vous auriez aimé que José Bové soit là, et c'est sûr que vous auriez couru au forum. Mais ce n'est pas cela notre problème. Notre préoccupation est que le plus de gens possible du Burkina puisse partager cette expérience en espérant que cela va les mettre en route pour l'avenir, qu'ils prennent conscience qu'ensemble ils peuvent être forts. Je pense que cette prise de conscience a été faite au moins en partie. Et cela est une réussite. Beaucoup d'organisations paysannes de beaucoup de régions du Burkina étaient là. On attendait 600 personnes, il y en a eu au moins 750. Il y a eu entre 100 et 150 organisations qui étaient présentes sur le site du forum, ne serait-ce que pour quelques heures.

Pourquoi êtes-vous allé vous confiner à Loumbila, hors de la ville de Ouaga. Est-ce une des conditions posées par le gouvernement pour autoriser la tenue du forum ?

Ce n'est pas du tout ce que vous pensez. Comme c'est la première fois que l'on organise ça, on s'est mal organisé. On pourrait ainsi le dire. Pour rédiger nos papiers, trouver des financements, on a pris beaucoup de retard. On a été obligé de reporter le forum. On a tout de même appris à travailler ensemble et on a réussi et on est content.

Finalement, nous avons eu un petit financement au dernier moment et on a cherché la façon la plus facile. Dans les différentes possibilités que l'on avait, c'était l'ENEP de Loumbila. On n'a pas demandé l'autorisation au gouvernement; on lui a envoyé les informations. Les autorités étaient bien au courant de ce qui se passait et elles ne nous ont mis aucun bâton dans les roues. Nous avons eu la parfaite liberté pour organiser notre forum comme nous le voulions. C'est nous-mêmes qui avons choisi l'ENEP de Loumbila parce que c'était la plus simple des conditions financières et d'organisation dans lesquelles l'on se trouvait.

Qu'est-ce qui s'est passé pour qu'une association comme l'AREDA soit écartée de la participation au forum ?

On n'a pas écarté l'AREDA. Il y a M. Sawadgo Tasséré qui est venu à une de nos réunions - les réunions étaient ouvertes et tout le monde pouvait y assister - et a contesté beaucoup de choses la première fois. Il a même proposé de reporter notre forum. Voyez ! Quelqu'un qui débarque à la 18e réunion et dit qu'il faut reporter le forum. Qu'est-ce que vous faites ? On n'a refusé aucune structure mais on a refusé cet homme parce qu'on a vu clairement qu'il venait mettre la pagaille.

L'AREDA a donc participé au forum ?

Je crois que le monsieur en question était présent à l'ouverture mais je ne l'ai pas vu. On me l'a dit, et il faudrait vérifier. On n'a écarté personne.

Y aura-t-il un après-forum ? Les participants vont-ils continuer les actions ?

Je ne peux pas anticiper sur ce que le comité d'organisation va décider. On doit se retrouver mardi (NDLR : le 17 avril) pour faire un premier bilan financier et essayer de voir comment on peut prolonger cela. On a tâché de garder le contact avec tous ceux qui ont participé au forum pour, je pense, la prochaine édition qui aura lieu peut-être dans 1 an, 1 an et demi, 2 ans. Mais le succès que nous avons eu nous oblige à continuer.

Avez-vous des relations avec d'autres organisateurs de forums altermondialistes à travers le monde ?

Les autres organisateurs de forums ont été très contents de la tenue du forum du Burkina. On a déjà reçu beaucoup de mails de félicitations.

Pensez-vous que le Burkinabè a une culture de la défense de ses intérêts ?

Le Burkinabè a la capacité de s'organiser. De ce point de vue, il est possible que notre premier forum ait été plus un forum associatif qu'un forum purement militant. Mais ça va venir. Il faut qu'on se retrouve pour cerner ensemble ce qu'il est possible de faire pour que ça prenne de la consistance. Par exemple, tous les groupes qui étaient au forum ont dit qu'il faut absolument qu'on ait une vraie politique agricole qui prenne en compte la souveraineté alimentaire, la disponibilité des terres pour les paysans qui les travaillent avec des baux à long terme. Tout le monde s'est approprié ce genre de choses et on va faire remonter cela. Ce ne sera pas un combat violent mais plutôt un combat au jour le jour pour faire avancer les choses pour que les conditions de travail de la majorité de la population se transforment favorablement.

Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre le relais du Père Balemans pour animer la rubrique "Droit dans les yeux" dans nos colonnes ?

Nous étions dans la même communauté. Nous parlions souvent ensemble de ses articles. Je me rappelle que plusieurs fois dans la communauté la question est venue, à savoir comment ça va se passer le jour où il va rentrer dans son pays. Dans son coeur, il était prêt à confier cette tâche à un des membres de la communauté. Il m'a dit d'essayer parce que je sais écrire et qu'il va en parler avec les Editions "Le Pays". Je lui ai dit que si le journal acceptait mon style et ma façon de dire les choses, et si mes supérieurs étaient d'accord, j'y allais. Il en a parlé à mes supérieurs qui m'ont appelé pour me demander si j'étais d'accord pour continuer le travail de Frans. J'ai dit qu'il n'y avait pas de problèmes. Dans l'Eglise, on prend de plus en plus conscience que justice et paix sont deux choses importantes. Vous avez vu la semaine sociale de l'Eglise, le forum de la société civile. J'étais dans les deux ne serait-ce qu'en tant que participant. Il y a d'autres choses sur lesquelles je vais travailler encore. Mes supérieurs m'ont donc demandé de m'insérer dans cette dynamique.


Avez-vous un feed-back par rapport à l'animation de la rubrique ? Vous félicite-t-on ou vous critique-t-on ?

Comme les deux articles publiés comportaient mon mail, j'ai reçu quelques réponses. Il s'agit de gens qui s'étonnent que j'aie pris la relève du Père Balemans.

En tant qu'homme de Dieu, quelle prière faites-vous pour le Burkina ?


J'aimerais tant que dans ce pays, chaque homme, chaque femme puisse vivre heureux, libre, sans corruption, sans racket, sans abus de pouvoir, sans peur. Que chacun puisse dans sa liberté rendre grâce à Dieu pour une vie meilleure qu'il obtiendra dans un Burkina meilleur.

(Amen ! répondent en choeur les journalistes présents)

Propos recueillis par Séni DABO


mercredi, 18 avril 2007