vendredi 27 février 2009

Le Pieu ("la estaca")

Le Pieu

Composé durant la dictature du Général Franco en Espagne, c'est un cri à l'unité d'action pour se libérer de l'oppression, pour atteindre la liberté
(adaptation française de "la estaca" - Lluis Llach - 1968)



Du temps où je n'étais qu'un gosse
Mon grand-père me disait souvent
Assis à l'ombre de son porche
En regardant passer le vent
Petit vois-tu ce pieu de bois
Auquel nous sommes tous enchaînés
Tant qu'il sera planté comme ça
Nous n'aurons pas la liberté

(refrain)
Mais si nous tirons tous, il tombera
Ca ne peut pas durer comme ça
Il faut qu'il tombe, tombe, tombe
Vois-tu comme il penche déjà
Si je tire fort il doit bouger
Et si tu tires à mes côtés
C'est sûr qu'il tombe, tombe, tombe
Et nous aurons la liberté

Petit ça fait déjà longtemps
Que je m'y écorche les mains
et je me dis de temps en temps
Que je me suis battu pour rien
Il est toujours si grand si lourd
La force vient à me manquer
Je me demande si un jour
Nous aurons bien la liberté

Puis mon grand-père s'en est allé
Un vent mauvais l'a emporté
Et je reste seul sous le porche
En regardant jouer d'autres gosses
Dansant autour du vieux pieu noir
Où tant de mains se sont usées
Je chante des chansons d'espoir
Qui parlent de la liberté

(refrain)
Et si...

(dernier refrain)
Si estirem tots, ella caurà
I molt de temps no pot durar :
Segur que tomba, tomba, tomba !
Ben corcada deu ser ja.
Si jo l'estiro fort per aquí
I tu l'estires fort per allà,
Segur que tomba, tomba, tomba
I ens podrem alliberar.


La musique se trouve là:
http://404.free.fr/datas/LLU_S_LLACH___L_ESTACA.MP3


mercredi 25 février 2009

Dieu aime Darwin

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"Dieu aime Darwin... C'est comme ça que j'intitulerais un prochain message sur la question.
Dieu bouscule et l'église n'aime pas être bousculée... Dieu a réussi son coup en nous envoyant Darwin!"

Cette petite phrase m'est venue en écrivant à un copain scientifique fasciné par ce découvreur.

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mardi 24 février 2009

méningite

Méningite : 1 248 cas dont 178 décès déjà enregistrés

mardi 24 février 2009


Le comité de gestion des épidémies au Burkina s’est réuni pour se pencher sur la situation épidémiologique à la 7e semaine.

Principaux centres d’intérêt, la méningite et larougeole qui donnent des signaux inquiétants.

Pour ce qui est de la méningite, on dénombre 300 cas et 40 décès à la semaine 7. Depuis la première semaine de 2009, cela fait un total cumulé de 1 248 cas suspects de méningite dont 178 décès. Le taux de létalité de 14,26% demeure élevé quand on se réfère aux normes de l’OMS qui le situe à 10%. A noter que dans le cas présent et selon les résultats de laboratoire, c’est le pneumocoque qui est le genre mis en cause. En ce qui concerne la rougeole, plusieurs régions sont touchées.

Ce qui a conduit le ministère de la Santé à envoyer sur le terrain, des missions d’évaluation pour faire le point de la situation et proposer des actions à prendre. Malgré une relative bonne couverture vaccinale, il a été révélé que certaines poches subsistent et méritent une attention particulière. Ce qui appelle un renforcement du Programme élargi de vaccination (PEV) de routine. Fait notable, la plupart des cas de rougeole sont dans la tranche d’âge située entre 5 ans et plus. Faut-il revoir la cible à vacciner au moment des campagnes... ? Selon les spécialistes, les épidémies de rougeole peuvent trouver leur explication dans le fait que le nombre de susceptibles était très important. En plus clair, les personnes non vaccinées sont en nombre assez élevé. Soulignons que le nombre de décès lié à la rougeole est très faible.

Dans le district de Kampti dans le Sud-Ouest, sur 139 cas, il y a eu 0 décès. A l’issue des échanges présidés par le Pr Adama Traoré, SG du ministère de la Santé du Burkina en présence du Dr Djamila Cabral, représentant de l’OMS, il a été proposé de faire une investigation plus poussée pour mieux comprendre la situation actuelle et affiner les stratégies pour améliorer la prise en charge des cas sur le terrain. Les partenaires présents ont réaffirmé leur disponibilité à apporter leur appui. A noter enfin que le ministère et ses partenaires s’attellent à un commander des doses de vaccins pour compléter le nombre de doses actuellement disponible.

Rodrigue BARRY (Communication & Plaidoyer, IST/AO, OMS/MVP Burkina Faso)
- NB : Le surtitre et le titre sont de la rédaction

Sidwaya

Je suis xénophile

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xénophilie:

"En grec ancien, le mot pour "hôte" pour l'invité, et le mot pour l'étranger, c'est le même mot "xenos".
Et si vous me demandiez de définir notre condition tragique, je réponds tout de suite:
le mot "xénophobie" survit, il est pleinement d'usage, tout le monde comprend.
Le mot "xénophilie" a disparu.
Et c'est par ça que je voudrais définir la crise de notre condition."

Georges Steiner
interviewvé par Laure Adler
le 12.02.09 sur Fr.cult

j'ai piqué cette belle définition sur le blog d'un copain (un post daté du 14/2/2009)

oui, je suis xénophile!

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Droit dans les yeux : Petite revue des ministères

Droit dans les yeux :

Petite revue des ministères


Ministère de la culture


A l’occasion de l’ouverture des NAK (Nuits Atypiques de Koudougou), le ministre n’a pu venir ; c’est normal, il y avait des choses plus importantes ; il a donc délégué un remplaçant. Quand ce remplaçant a lu le discours d’ouverture d’une lecture parfois hésitante, nous, les invités, on a tous souri. Mais quand il a essayé de parler sans texte en improvisant une phrase dans un français approximatif, alors là, on a franchement rigolé ! Ca aurait été sympa d’envoyer quelqu’un culturellement au niveau…


Musée National


En juillet dernier, j’ai reçu ma sœur Monique venue me rendre visite ici au Burkina et avec elle, nous avons voulu découvrir le beau musée national. Deux salles étaient accessibles : dans la première y étaient relatées les récentes découvertes archéologiques faites au sahel dans la région de Oursy… Les visiteurs furent abandonnés à la lecture des panneaux, sans accompagnement aucun. La deuxième salle exposait une série de masques… mais hélas avec des guides peu compétents et qui ne supportaient pas les questions. Quand mon frère Bernard est venu me voir en novembre, on n’y est pas retourné.

Par contre à Loanga, félicitations aux jeunes guides qui nous ont entraîné dans le monde merveilleux des sculptures de granit, avec beaucoup d’intelligence et de poésie… comme s’ils les avaient vu naître. Promis, là-bas, j’y retournerai encore.


Ministères des infrastructures.


Vous connaissez Seytenga, vous ?

Ainsi Seytenga, un gros village du Sahel, aura bientôt sa route goudronnée ! Ce gros village frontalier vaut à lui seul plus que toutes les régions du Sourou, de Nouna, de Dedougou et de Solenzo ensemble ! Alors là, l’explication des techniciens ne me suffit plus (trafic induit, trafic réel, etc…). Je veux comprendre pourquoi – au delà des promesses que l’on vient encore de renouveler (mais qui peut croire encore ces promesses ?) – oui, pourquoi on n’a pas encore fait de routes goudronnées vers cette région, peu importe que ce soit Koudougou-Dedougou, que ce soit Yako-Nyassan ou bien encore Koudougou-Toma-Gassan ; oui pourquoi ? Pourquoi rien n’a encore démarré à ce jour ?


(Des amis m’ont fait remarquer récemment qu’un échangeur, c’est pour aller d’une autoroute à une autre autoroute, pas pour aller d’une piste à une autre piste : je pense surtout aux entrées de Ouaga)


Ministère de l’agriculture


Si j’étais ministre de l’agriculture, vous ne pouvez imaginer comme je serais heureux cette année ! Non seulement, les paysans ont produit beaucoup (maïs, mil, riz…), mais en plus, ils parviennent à vendre leurs récoltes à un bon prix qui paye leur peine et qui va – enfin – commencer à faire reculer la pauvreté dans les campagnes. Et pour le riz, ils valorisent encore parfois leur production par l’étuvage quand ils en ont les moyens. Que demander de plus ?


Eh bien non, notre ministre de l’agriculture n’est pas content du tout : les paysans « refusent » de lui remettre une partie de leur récolte brute à vil prix, un prix ridicule décidé sans eux par des techniciens jamais sortis de leurs bureaux climatisés. Comme au temps de la « traite », comme au temps des administrateurs coloniaux, il aurait aimé se faire livrer pas cher son quota de riz paddy… De toutes façons, si c’était pour les écoles ou les hôpitaux, le riz paddy n’est pas très pratique… Mais le ministre a sans doute quelques amis décortiqueurs ou étuveurs qui auraient arrangé ça…


« Mais que vais je dire au premier ministre ? » s’est il exclamé devant ce refus. Et bien, je pense que le premier ministre qui a 170 ha au Sourou dont il paie toutes les charges, sait parfaitement qu’un kilo de riz paddy à la récolte ne vaut pas 115 F/kg, mais 175 F au moins, et probablement beaucoup plus avec la main d’œuvre qu’il y emploie et qui est sans doute déclarée à la caisse. (Lutte contre la pauvreté oblige ; exemplarité oblige)

Non, le premier ministre ne peut que se réjouir de voir la pauvreté reculer dans les rizières parce qu’enfin le travail des paysans est un peu mieux rémunéré et que certains pourront enfin se libérer d’une partie de leurs dettes accumulées ces dernières années.


(Et si une partie des récoltes est partie à l’étranger, que le ministre de l’agriculture s’adresse au ministère du commerce et aux douanes ; et si les commerçants du Burkina n’ont pas fait leur travail, qu’il n’accable pas les paysans ; et s’il est en retard sur le cours des céréales au pays et dans la sous région, qu’il s’informe !)


Ministère de l’enseignement


Est il vraiment nécessaire de frapper un enfant pour qu’il apprenne à l’école ? Je ne le pense pas. Mais quand on a soi même été frappé, on a tendance à reproduire ce qui est arrivé et à frapper aussi et même à trouver cela normal…. Il y a là un cycle de la violence à briser.

Frapper un enfant peut aussi soulager la colère et l’énervement d’un maître… surtout s’il n’est pas venu là par vocation ; mais est ce la meilleure solution ?
N’y a-t-il pas là encore quelques relents d’une mentalité passée qui nous hante encore, selon laquelle « sans la chicote, un noir ne peut apprendre ni faire quelque chose de bon »… Il est grand temps d’en sortir, et définitivement. Le ministère a ouvert la voie…


Mairie de Ouagadougou


Tous les Burkinabè savent que d’ici 2, 5 ou 10 ans, c’est sûr, il y aura à Ouagadougou une « avenue Norbert Zongo »; il est devenu une personnalité incontournable du Burkina, internationalement reconnue… alors pourquoi s’acharner aujourd’hui contre ceux qui ont quelques années d’avance ? C’est uniquement une question de temps. Puisse Simon le comprendre… et l’accepter humblement.



Père Jacques LACOUR (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr





publié dans le journal Le Pays du mardi 24 février 2009, rubrique "Droit dans les yeux":
http://www.lepays.bf/spip.php?article1098

Une histoire actuelle de mariage forcé

MARIAGE FORCE

Le chemin de croix d’une fille de Ouahigouya

Le phénomène du mariage forcé, on ne le dira jamais assez, a la peau vraiment dure. Le cas de Roukiétou Ouédraogo, du nom de cette jeune fille burkinabè née à Soubré en Côte d’Ivoire, est assez révélateur de ce que la pratique a toujours pion sur rue en ce 21e siècle. Les péripéties de son parcours pour éviter son sort sont dignes d’un chemin de croix.

Soubré – Abidjan –Kôrô (Mali)- Ouahigouya –Ramdolaye, tel est le parcours de Roukiétou Ouédraogo, la vingtaine, dans sa course pour échapper au sort que ses parents lui réservaient à travers un mariage forcé.

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mercredi 18 février 2009

t'as raté ta vie aussi, toi ?

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Nicolas Sarkozy aime les Rolex, et alors?

"Tout le monde a une Rolex.
Si à 50 ans on n'a pas une Rolex,
c'est qu'on a quand même raté sa vie"

Et c’est Jacques Séguéla qui le dit !
Difficile de dire une plus grosse c…

Culture de la superficialité et de la bêtise...
La république bling bling n'a pas de limites
et ses acteurs en révèlent toute la stupidité!

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mardi 17 février 2009

Droit dans les yeux: Les transports au Burkina.

Droit dans les yeux


Les transports au Burkina.


On me dit souvent que les transports coûtent cher au Burkina, mais je me demande parfois comment font les transporteurs pour gérer leurs entreprises.


Il y a d’abord l’achat du véhicule… et son amortissement. Si « cela n’est pas compté », on voit vieillir le parc automobile et la société de transport faire faillite.

Il y a ensuite le prix du carburant, que nous avons tant vu varier ces derniers temps ; mais peu ignorent que ce n’est pas forcément la plus grosse dépense des transporteurs, même si elle reste très importante.

Il y a l’entretien du véhicule : vidanges, graissage, changement des pièces d’usure (freins, embrayage, cartouches filtres de gas-oil et d’huile), renouvellement des pneumatiques des courroies, changement de la batterie, et selon l’état des routes, changement des amortisseurs et autres pièces de direction et de suspensions.

Il y a les pièces administratives : contrôle technique, assurance, conformité, carnet de route…que sais je encore.


Et quand tout cela est en place, il y a le chauffeur, son salaire et ses charges sociales (caisse et impôts), un éventuel « graisseur » (souvent mal payé).

Il y a aussi les « frais de route » (vous voyez ce dont je veux parler !)

Les frais éventuels dans les gares…

Et il faut que celui qui a affrété ce véhicule puisse en vivre ; ce doit être un investissement qui doit rapporter au moins « un peu »… Et quand c’est une compagnie, elle a aussi des « gares » à gérer, avec des manœuvres, gardiens et personnels administratifs… qui sont loin d’être tous payés et déclarés…

Il faut alors bien dire qu’à ce moment, c’est difficile parfois de rentabiliser tous les trajets. Bien sûr, il y a des lignes très fréquentées qui sont très rentables, mais d’autres le sont beaucoup moins, surtout quand l’état des pistes laisse sérieusement à désirer.


Que fait on alors pour y arriver… ?


On prend des risques en retardant le changement de pièces essentielles jusqu’à tomber en panne et passer des heures au bord de la route.

On prend le risque de vouloir prolonger la vie des pneumatiques et ainsi de provoquer de graves accidents.

On prend le risque de faire conduire un même chauffeur pendant plus de 20 heures d’affilée, ce qui amène forcément de graves tragédies. (Ayant vécu cela moi-même, j’ai été effrayé de voir l’indifférence des autres passagers devant de tels abus « Ne vous inquiétez pas, il a l’habitude »…. J’ai répondu : « mais c’est de nos vies qu’il s’agit ! »…. Une pareille inconscience me paraît invraisemblable)

On évite de payer l’assurance, espérant que les « amendes privées » seront moins élevées que le prix même de l’assurance (« ça arrange tout le monde » me disait un ami transporteur)

On multiplie le nombre de passagers au-delà de la capacité du véhicule… et la sécurité des passagers n’est plus assurée.

On prend une multitude de bagages qui risquent de déstabiliser le véhicule et d’empêcher les passagers de sortir en urgence…

On roule en pleine vitesse pour « gagner du temps », même dans la traversée des villes et des villages (Il y a quelques jours, un car TCV m’a doublé dans Kokolgho avec grands coups de klaxon, à au moins 90 km/h sinon plus !) Se mettre en danger, c’est grave, mais ça reste ton problème ; mettre les autres en danger, c’est pire !


J’ai toujours été étonné que de nombreux Burkinabè s’angoissent avant d’entreprendre un voyage et partent consulter sur l’opportunité du jour du voyage, l’heure de départ, ou la destination… Mais une fois rassurés sur l’irrationnel, avant de monter dans un car, ils ne prennent pas la précaution de vérifier l’état du véhicule, des pneumatiques, et la sobriété du chauffeur, ou même s’il s’est vraiment reposé depuis son dernier voyage. Etonnant, non ?


En exigeant que le prix des transports soit le moins élevé possible, on prend ainsi le risque d’abus qui conduisent aux drames que l’on a connus.

Et l’état, malgré quelques déclarations tonitruantes, s’en accommode fort bien pour maintenir des prix bas.

Pourtant, il y a quelques mesures qui devraient être raisonnablement prises pour tous :

Limitation de vitesse à 90 ou 80 km/h… comme dans les autres pays du monde sur des routes goudronnées équivalentes. A 80 ou 70 km/h sur les pistes. A 50 km/h réels dans les agglomérations (mais il faudrait que les panneaux correspondent aux agglomérations et ne se trouvent pas 4 kilomètres avant le village). Avec éventuellement des ralentisseurs bien étudiés qui fassent ralentir sans casser les voitures…

Le Ghana a déjà inauguré des radars de contrôle de vitesse.

Et pour les transports en commun, limitation de la durée de conduite en continu ; sur les longs parcours, obligation de deux chauffeurs…

De vrais contrôles techniques… moins entachés de magouilles… surtout pour les autocars, les camions et les taxis.


Et je pense aussi aux deux roues… C’est vrai que le casque pourrait sauver des vies (ceux qui font de grands trajets en portent souvent). Mais pour être sûr que ce ne soit pas perçu par la population comme une opération spéculative gérée par un politicien accointé avec un commerçant, il suffirait peut être de demander que deux casques soient livrés obligatoirement à la vente de chaque « deux roues ». D’ici 5 ou 10 ans, les villes, inondées de casques, pourraient mieux supporter cette mesure qui restera quand même impopulaire (chaleur, coiffures, visibilité…).


En tous cas, à vous tous qui prenez la route, exigez des véhicules corrects, des pneumatiques en bon état, des chauffeurs reposés, la plus grande prudence… et bonne route !



Père Jacques LACOUR (BP 332 Koudougou)

jacqueslacourbf@yahoo.fr


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Cet texte a été publié dans le journal Le Pays, rubrique "Droit dans les yeux" du mardi 17 février 2009

http://www.lepays.bf/spip.php?article1032


Il a été également repris sur le fasonet

http://www.lefaso.net/spip.php?article30653

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dimanche 15 février 2009

Gaza ou la mémoire juive bafouée

07-02-2009

Trouvé dans le journal Le Monde (Article paru dans l'édition du 29.01.09).
envoyé par un confrère

Lettre ouverte de Jean-Moïse Braitberg


"Monsieur le Président, je vous demande de retirer le nom de mon grand-père, gazé en 1943 à Treblinka, du mémorial Yad Vashem dédié aux victimes juives du nazisme" : c'est par ces mots très forts que l'écrivain juif Jean-Moïse Braitberg s'est adressé en fin de semaine dernière au chef de l'Etat d'Israël Shimon Peres dans une lettre ouverte publiée par "Le Monde".

Jean-Moïse Braitberg est révolté par les conséquences de l'offensive israélienne sur Gaza, qui a fait 1.330 victimes palestiniennes dont 400 enfants, et plus généralement par le sort réservé aux populations arabes de Palestine depuis 60 ans. Il dénie à Israël le droit d'être "le centre de la mémoire du mal fait aux Juifs et donc à l'humanité toute entière". Un texte bouleversant qui brise un tabou et suscite évidemment des réactions dans le monde entier.
Le mémorial de Yad Vashem est un mémorial israélien à Jérusalem, en mémoire des victimes juives de la Shoah perpétrée par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il a été établi en 1953 par la Loi du mémorial votée par le parlement israélien, la Knesset.

Monsieur le Président de l'Etat d'Israël, je vous écris pour que vous interveniez auprès de qui de droit afin que l'on retire du Mémorial de Yad Vashem dédié à la mémoire des victimes juives du nazisme, le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en 1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale. Je vous demande d'accéder à ma demande, monsieur le président, parce que ce qui s'est passé à Gaza, et plus généralement, le sort fait au peuple arabe de Palestine depuis soixante ans, disqualifie à mes yeux Israël comme centre de la mémoire du mal fait aux juifs, et donc à l'humanité tout entière.

Voyez-vous, depuis mon enfance, j'ai vécu dans l'entourage de survivants des camps de la mort. J'ai vu les numéros tatoués sur les bras, j'ai entendu le récit des tortures; j'ai su les deuils impossibles et j'ai partagé leurs cauchemars.

Il fallait, m'a-t-on appris, que ces crimes plus jamais ne recommencent ; que plus jamais un homme, fort de son appartenance à une ethnie ou à une religion n'en méprise un autre, ne le bafoue dans ses droits les plus élémentaires qui sont une vie digne dans la sûreté, l'absence d'entraves, et la lumière, si lointaine soit-elle, d'un avenir de sérénité et de prospérité.

Or, monsieur le président, j'observe que malgré plusieurs dizaines de résolutions prises par la communauté internationale, malgré l'évidence criante de l'injustice faite au peuple palestinien depuis 1948, malgré les espoirs nés à Oslo et malgré la reconnaissance du droit des juifs israéliens à vivre dans la paix et la sécurité, maintes fois réaffirmés par l'Autorité palestinienne, les seules réponses apportées par les gouvernements successifs de votre pays ont été la violence, le sang versé, l'enfermement, les contrôles incessants, la colonisation, les spoliations.

Vous me direz, monsieur le président, qu'il est légitime, pour votre pays, de se défendre contre ceux qui lancent des roquettes sur Israël, ou contre les kamikazes qui emportent avec eux de nombreuses vies israéliennes innocentes. Ce à quoi je vous répondrai que mon sentiment d'humanité ne varie pas selon la citoyenneté des victimes.

Par contre, monsieur le président, vous dirigez les destinées d'un pays qui prétend, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme. C'est cela qui me concerne et m'est insupportable. En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au cœur de l'Etat juif, le nom de mes proches, votre Etat retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l'otage d'une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l'abomination qu'est le déni de justice.

Alors, s'il vous plaît, retirez le nom de mon grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu'il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens. Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma respectueuse considération.

Jean-Moïse Braitberg

mardi 10 février 2009

la lutte contre la misère, la lutte pour transformer les structures qui engendrent la misère.

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Droit dans les yeux :

L’un des grands combats qui vaut aujourd’hui et toujours, c’est la lutte contre la misère, la lutte pour transformer les structures qui engendrent la misère.


A l’occasion d’un de mes récents articles qui a suscité beaucoup de réactions, je voudrais revenir sur le thème de la pauvreté et de la misère dont je parle souvent dans cette rubrique. Nous ne cessons d’entendre dire et peut être de dire nous mêmes: « Nous sommes un pays pauvre » ; « nous sommes nous-mêmes pauvres » ; « nous manquons de moyens » ; « nous n’en sortirons jamais » et avec la crise, ces sentiments sont plus forts que jamais.


Quand j’étais prêtre en paroisse souvent chargé de l’aide aux pauvres, des distributions de la Caritas ou autres, et que je demandais aux responsables d’identifier les plus pauvres, ils me répliquaient invariablement : « mais nous sommes tous pauvres ». Et pourtant, un regard un peu habitué voyait facilement les familles les plus démunies, les plus dépendantes, sinon les plus misérables. Pas question pourtant lors des distributions de les aider davantage. Il y avait un « égalitarisme », un « refus de voir » qui m’a toujours choqué… quand ce n’était pas le chef qui accaparait une grosse part pour asservir encore un peu plus les plus pauvres…


A l’occasion d’une de ces dotations en vivres, nous avions décidé d’intervenir au niveau des sociétés de culture. En effet, quand vient ton tour de recevoir les travailleurs de ta société de culture dans ton champ, il faut les nourrir, leur donner le dolo et peut être même la cigarette ou la cola. Incapables de préparer cette nourriture, les plus pauvres passaient leur tour de recevoir les travailleurs dans leurs champs et vendaient à vil prix cette journée de travail à des plus riches qui en profitaient pour leurs propres champs. Ainsi les plus pauvres travaillaient pour les autres et les autres ne travaillaient jamais pour eux.

Nous avons donc fourni farine et huile à ceux qui habituellement devaient passer leur tour… et qui ont pu ainsi recevoir leur journée de travail. Pour certains, cela a permis un vrai démarrage… mais j’étais loin de m’imaginer la violence de la réaction des plus riches qui ne pouvaient plus acheter ainsi des travailleurs à vil prix ! Non seulement jaloux que l’on ait aidé efficacement des pauvres (et pas eux), mais surtout fâchés d’avoir été privés de main d’œuvre à bon marché.


Cette expérience fut pour moi déterminante : j’ai vraiment découvert très concrètement, au travers d’une organisation qui se disait solidaire, que ce système d’ « entraide » enrichissait les riches et appauvrissait les pauvres.


Alors, plus jamais je ne veux entendre :
« Les différences existent dans la société et elles existeront toujours. Ce n’est ni de votre faute ni de ma faute s’il y’a des pauvres et des riches »
Les différences existent et c’est à cause des structures injustes contre lesquelles il faut se battre : nous y sommes pour quelque chose et il y a toujours quelque chose à faire, au niveau personnel et au niveau commun. Il y a des choses à faire pour que le fossé entre riches et pauvres diminue.
« Laissez chacun faire sa fête comme il le peut et selon ses moyens. Que ceux qui ont leurs moyens y aillent. Tant pis pour les aigris. »
Il ne s’agit pas d’être aigris ; il s’agit qu’on ne peut pas être vraiment heureux avec un pauvre à sa porte – à moins de se boucher les yeux et de fermer son cœur. On ne peut être heureux tout seul, en fermant les yeux sur le malheur des autres. On ne peut sans cesse ignorer les pauvres et les raisons pour lesquelles ils sont pauvres. Il faut regarder, réfléchir, agir…


Alors, j’aime beaucoup cette parole de Martin Luther King citée aussi par un lecteur :
« La vraie compassion, ce n’est pas jeter une pièce à un mendiant ; c’est comprendre la nécessité de restructurer l’édifice même qui produit des mendiants »
Tous, nous avons à chercher les racines de la pauvreté. Et à lutter ensemble pour les faire disparaître…
Moins d’égoïsme, plus d’attention aux autres
Moins d’âpreté au gain, plus de partage
Moins de « libéralisme », plus de solidarité active organisée au niveau de la nation
Moins de course personnelle à la fortune, plus de recherche du bien commun…
La liste n’est pas finie, vous pouvez ajouter vos suggestions.
Il faut changer, refaire l’édifice qui produit des pauvres et des misérables…
Et ne jamais s’accommoder de leur existence à nos côtés sans rien faire.


Père Jacques LACOUR (BP 332 KOUDOUGOU)
jacqueslacourbf@yahoo.fr


paru le mardi 10 février dans le journal Le Pays, rubrique "Droit dans les yeux"



et repris sur le fasonet

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françafrique: on assassine ?

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Dette, pétrole et dictature

Biens mal acquis :

un 21 janvier de sinistre mémoire La Cellule Françafrique entre tristesse, honte et indignation après l’incendie meurtrier à Brazzaville

Le 7 février 2009, par Jean Denard,

Après que l’affaire des biens mal acquis a, selon toute vraisemblance, fait ses premières victimes, au Congo-Brazzaville, la Cellule Françafrique veut exprimer sa plus vive émotion et sa colère. Nous réitérons notre admiration et notre soutien indéfectible à tous ceux et celles qui, au risque de leur vie, refusent le pillage criminel de leur pays par le régime Sassou Nguesso.

Alors que les funérailles de l’opposant congolais se tenaient aujourd’hui 6 février, Nicolas Sarkozy, qui se rend au Congo-Brazzaville fin mars, doit sans tarder exiger une enquête indépendante sur les circonstances de l’incendie meutrier.

Le 21 janvier 2009 restera de sinistre mémoire pour les Congolais qui militent contre la criminalité économique du régime Sassou Nguesso, et toux ceux qui leur sont solidaires.

A Brazzaville, un incendie a tué la femme et les deux enfants de 9 et 11 ans de Bruno Jacquet Ossebi, journaliste franco-congolais de mwinda.org et animateur d’un site web dénonçant les biens mal acquis du clan Sassou. Il avait, le premier, envisagé de rejoindre les plaignants dans la plainte déposée à Paris à ce sujet. Lui-même, brûlé au deuxième degré, est mort quelques jours après, à Brazzaville.

Le même 21 janvier à Saint-Ay, près d’Orléans, Benjamin Toungamani a lui aussi vu son pavillon partir en fumée, sans faire de victime. Ce Congolais avait renoncé, sous la menace, à se porter partie civile, aux côtés de Transparence International et Survie, dans la récente plainte sur les biens mal acquis déposée auprès du Parquet de Paris.

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lundi 9 février 2009

"Je suis un homme"

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Je suis un homme.
L'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur!

Je suis un homme,
et l'oppression indigne ma nature!

Je suis un homme,
les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables,
ne m'inspirent que de l'horreur!

Je suis un homme,
et je veux tout faire pour rendre aux malheureux
la famille, l'honneur et la liberté.

(Cardinal Lavigerie, fondateur des Missionnaires d'Afrique (1825-1892) -- congrégation à laquelle j'appartiens -- lors de la campagne anti-esclavagiste en faveur de l'Afrique)

Je pense aujourd'hui tout spécialement à Gaza, au Darfour, à la RD Congo....

jeudi 5 février 2009

La pièce de 20 centimes et le billet de 500

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Une petite pièce de 20 centimes vient de mourir.
Après une vie exemplaire, elle monte au paradis, un peu inquiète du sort que lui réserve Saint Pierre.
En arrivant, elle est accueillie chaleureusement par tous les anges et Saint Pierre en personne l'embrasse et l'installe sur le plus beau nuage du Paradis.
On la traite comme une reine, elle-même ne comprend pas ce qui lui arrive......



Peu de temps après, c'est un billet de 500 qui passe l'arme à gauche.
Le voilà aussi au paradis. Mais l'accueil est nettement plus froid et Saint Pierre lui montre un discret petit nuage en lui disant que sa place est là.
Lui le billet de 500 est laissé de côté et personne ne s'occupe de lui, alors que pour la pièce de 20 centimes, tout le monde se met en 4.



Quelques temps plus tard, le billet de 500 n' y tenant plus, demande à parler à Saint Pierre :
" Saint Pierre, comment se fait-il que la pièce de 20 centimes soit traitée comme une reine et que moi, le billet de 500, je sois mis de côté ?"
Et Saint Pierre lui répond :
" Toi, tu t'écrases, ... On t'a pas vu souvent à la messe !"


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mercredi 4 février 2009

accords sur les flux migratoires: à Paris, ça a chauffé!

Accord France-Burkina sur l’immigration : Vifs débats au 159 Bld Haussmann à Paris

mardi 3 février 2009

Le 10 janvier dernier, sur les images de la télévision nationale, Brice Hortefeux, alors ministre français de l’immigration et de l’identité nationale et Minata Samaté, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères du Burkina, semblaient plutôt satisfaits de « l’accord relatif à la gestion concertée des flux migratoires et au développement solidaire » qu’ils venaient de signer. Tout sourire, ils s’échangeaient des amabilités et se félicitaient d’être tombés d’accord sur le cadre juridique devant désormais permettre aux deux pays de mieux gérer les flux migratoires.

lire la suite....


En particulier cet extrait:

".......Les débats qui allaient s’engager entre la délégation et les Burkinabè de France ont été pour le moins houleux. En réalité, durant près de deux heures, il n’y a pas eu de discussions, mais on a plutôt assisté à deux monologues en dépit de l’intervention à plusieurs reprises de l’ambassadeur Luc Adolphe Tiao pour rapprocher les deux positions. Globalement, les Burkinabè de France sont hostiles à l’accord et contestent la méthode avec laquelle le gouvernement a mené les négociations. Tout en saluant la démarche d’explication, ils estiment que le gouvernement aurait dû les consulter, écouter leurs doléances et leurs suggestions, ce qui lui aurait permis de prendre en compte leurs préoccupations au moment des négociations. « Nous qui sommes les premiers concernés par cet accord et qui allons le vivre, pourquoi nous avoir ignorés ? » interrogent-ils. « Ni le bureau du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger, ni les associations n’ont été consultés. Pourquoi ? ».

Plus d’une vingtaine d’intervenants se sont relayés soit pour exprimer des inquiétudes, soit pour poser des questions d’éclaircissement, soit pour contester l’opportunité de la signature d’un tel accord. « Avec cet accord qui engage le Burkina à recevoir sur son territoire les ressortissants de pays tiers, notre pays ne va t-il pas devenir le Guantanamo de l’Afrique ? » se demande un intervenant tandis qu’un autre « ne comprend pas pourquoi nous allons nous transformer en gardien de la tranquillité des Européens en empêchant nos ressortissants d’aller chercher le bonheur hors de chez eux ». « On attend rien de vous, tranche un autre. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on a quitté nos familles pour être ici et ce qu’on vous demande, c’est de nous laisser nous battre comme on peut pour nous s’en sortir ».

Alain Ilboudo et ses collègues ne s’attendaient certainement pas à être accueillis avec le Zom Koom de bienvenue (voir vidéo), mais en arrivant à Paris, ils étaient sans doute loin d’imaginer l’hostilité avec laquelle les Burkinabè de France avaient accueilli la signature de l’accord....."

voir ici ce que j'avais écris sur la question

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dimanche 1 février 2009

présentation des voeux au Journal "Le Pays"

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J'étais invité cette année à la présentation des voeux du Journal "Le Pays" et j'ai pu mesurer l'étonnante bonne ambiance qui règne dans cette grande famille à ce beau moment de convivialité: j'y ai même dansé, ce que je n'ai pas fait depuis des années!

des hommes (nombreux et jeunes...)



des femmes (superbes dans leur tenue commune)



Alexandre le grand qui dirige les opérations



Morin qui présente les voeux



et le DG attentif, qui répondra plus tard.


J'ai vraiment passé un bon moment et je les remercie toutes et tous... Bonne année!
Que l'aventure du journal reste pour tous une passion
Information, vérité, conscientisation...
et que l'équipe reste très unie au long des jours!
Oui, que Dieu vous bénisse tout au long de cette année.


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Le pape est il trop vieux ?

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Le pape est il trop vieux ou l’écurie a-t-elle merdé ?

Ces 4 évêques bizarres qui n’ont pas accepté le concile Vatican II, se sont figés sur le latin et n’ont même pas fait une réelle demande de réintégration, ils continuent de proclamer qu’ils ne veulent toujours pas des options de Vatican II les plus essentielles : liberté de religieuse, œcuménisme, dialogue inter-religieux…
Ils ont été, parfaitement conscients de la chose et de plein gré, ordonnés « en dehors de l’église » et ne veulent pas y retourner en acceptant pleinement Vatican II.
Très minoritaires, ils vivaient tranquillement leur vision du monde et de la foi chrétienne : il fallait les laisser tranquilles…
Déjà, en contraignant les évêques français à organiser des messes en latin, le pape y était allé un peu fort… mais soumission oblige, ils avaient fait de leur mieux.
(S’imaginant être allé le plus loin qu’ils pouvaient !)

Mais là c’est vraiment trop fort ; non seulement il veut les « réintégrer », eux qui –comme évêques--n’ont jamais appartenu, de par leur volonté, à la communion de l’Eglise Catholique, mais il n’a même pas compris leur pensée et leur vision du monde liées à l’extrême droite extrémiste… fortement marquées politiquement et ideologiquement par les thèses du FN à la française. (Y compris l'antisémitisme, le révisionisme... mais il n'y a pas que ça)

Je refuse cette décision vraiment stupide, pas pensée du tout… et qui ne fait pas sens pour de très nombreux catholiques en France. S’il ne s’agit que d’une improvisation idiote, il est toujours temps, ayant entendu les discours exprimant leur pensée (au moins ouvertement de l'un d'eux), de faire intelligemment marche arrière en expliquant qu’on n’avait pas tout compris…

Mais si l’on devait persister : errare humanum est, perseverare diabolicum…

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Redoubt Eruption