Droit dans les yeux :
Ce soir, je prends l’avion…
Ce soir, je prends l’avion et je vous dis « au revoir »
Vous ne verrez plus ma signature ici, le mardi,
Où j’ai essayé de partager avec vous quelques convictions profondes
De porter quelques interpellations sur des situations difficiles.
J’ai parfois provoqué, j’ai dérangé certains, j’ai réjoui et conforté d’autres.
C’était le but de cette rubrique. Sans prétention. Liée à l’actualité.
Ce soir, je prends l’avion,
Tout étonné encore de cette belle aventure de l’écriture
Que je ne me connaissais pas ainsi.
Tâche inattendue où Père Balemans avait ouvert la voie
(Qu’il soit ici remercié)
Pour donner la parole aux sans voix
Et intervenir à temps et à contretemps.
Ce soir, je prends l’avion,
Mais je n’oublierai pas les situations que je vous ai dites ici :
Les injustices orchestrées par les puissants ;
Je pars sans avoir vu bitumée la route Koudougou-Dédougou
Et tant d’autres promesses non réalisées, comme les OMD ;
Je pars tremblant pour les paysans abandonnés
Au profit des nouveaux riches qui les dépouillent ;
Je pars en rêvant de vraie démocratie
Pour les peuples du Burkina qui la méritent ;
Je pars en priant pour les hommes et les femmes de ce pays
Dont je sais qu’ils survivront aux épreuves qu’on va encore leur imposer.
Ce soir je prends l’avion après 28 ans au Burkina en trois séjours…
J’ai partagé avec vous les plus belles années de ma vie
Et je puis vous dire que je ne vous oublierai jamais.
Beaucoup de vos visages resteront à jamais gravés en moi.
Je sais pour beaucoup vos vies difficiles
Mais aussi la joie et le bonheur partagés.
Ce soir, je prends l’avion, pour aller travailler au « pays des blancs »,
A Marseille où je retrouverai mes frères africains et immigrés.
Mais je tâcherai de rester un pont, une passerelle entre ces deux mondes
Auxquels j’appartiens un peu
Position si passionnante, mais si inconfortable,
Témoin partout de la rencontre, d’espoirs qui se lèvent, de combats partagés,
De projets qui se concrétisent.
Ce soir, je prends l’avion,
Et je ne sais d’avance sur quels chemins Dieu va me conduire
Ni vers qui encore il dirigera mes pas
Mais je sais seulement qu’il m’invitera toujours à aimer,
Qu’il m’entrainera dans de nouvelles aventures
Et qu’il ne cessera de m’y guider
Ce soir, je prends l’avion,
Et je vous dis à toutes et à tous : « au revoir »
Parce qu’en Dieu nous nous rejoignons tous
Et je vous dis à toutes et à tous : « merci »
Pour toutes ces convictions partagées ici.
Et qui sait ? « A un de ces jours, sur les routes de la vie ! »
Père Jacques LACOUR.
jacqueslacourbf@yahoo.fr
texte publié dans le journal "Le Pays" du 26 mai 2009
rubrique "droit dans les yeux"
et dans la version électronique du journal
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