OUAGADOUGOU — Des centaines de commerçants et de jeunes de Koudougou, ville du centre du Burkina Faso d'où est partie la contestation en février, ont à nouveau manifesté violemment mercredi, incendiant le domicile du maire et le siège de la police municipale, ont rapporté des témoins à l'AFP.
Les commerçants protestaient contre la décision du maire, Seydou Zagré, membre du parti au pouvoir dont ils ont réclamé la démission, de fermer une quarantaine de boutiques pour non-paiement d'arriérés de taxes locales, et le prix élevé selon eux des emplacements sur le marché de la ville. Il ont ensuite été rejoints par des jeunes élèves.
Les manifestants ont mis le feu au domicile du maire, au siège de la police municipale, à celui de l'établissement public chargé de la gestion du marché de la ville, ainsi qu'au domicile de son directeur, et pillé un grand restaurant. Le calme est revenu en milieu d'après-midi.
Les forces de l'ordre ne sont pas intervenues pour empêcher ces actions, ont rapporté des témoins interrogés par téléphone.
Dans le sud-ouest du pays, à Bobo-Dioulasso, ce sont les producteurs de coton qui ont manifesté par centaines, pacifiquement, pour réclamer une hausse du prix d'achat de leur production et une baisse de celui des engrais. Ils ont mis en garde contre "une révolte paysanne" s'ils n'obtenaient pas satisfaction.
C'est de Koudougou qu'était partie le 22 février la vague de manifesations populaires contre le régime du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, à la suite de la mort d'un étudiant dans des circonstances controversées lors d'une manifestation réprimée par la police.
Ces manifestations de la quasi-totalité des couches de la population (jeunes, élèves et étudiants, magistrats, commerçants et personnels de santé) dans plusieurs villes du pays, dont la capitale Ouagadougou où un couvre-feu a été instauré mi-avril, ont été suivies de plusieurs mutineries de soldats, dont ceux de la propre garde personnelle du chef de l'Etat.
Bilan de ces diverses manifestations, au moins six morts (dont quatre étudiants), des blessés, d'innombrables pillages commis par les soldats mutins, des dégâts matériels considérables.
Pour tenter de contrer ce mécontentement populaire grandissant, M. Compaoré, militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, a nommé un nouveau Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, qui a formé un gouvernement composé de proches et de fidèles du président qui s'y est attribué le ministère de la Défense. Il a également limogé les principaux chefs de l'armée.
L'opposition a appelé à une grande manifestation samedi à Ouagadougou contre le régime du chef de l'Etat qui, depuis 1991, s'est fait réélire quatre fois avec plus de 80% des voix dans des scrutins contestés par ses opposants.
A la revendication politique s'ajoutent des revendications sociales, l'écrasante majorité des 16 millions de Burkinabè vivant avec à peine plus d'un euro par jour alors que les prix des denrées de base ne cessent d'augmenter et que les proches du régime vivent dans l'opulence, selon l'opposition.
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