Comment accepter que, dans le bouillonnement de la révolte au Moyen-Orient, le mortifère statu quo israélo-palestinien reste en place ? Le scénario, que personne ne pouvait imaginer, d'une rue arabe exigeant la fin des dictatures, est devenu réalité en seulement quelques semaines dans plus de la moitié des pays de la région. Et il faudrait se résigner à ce que demeure impossible la signature d'un accord de paix dont les paramètres sont connus du monde entier et approuvés par la communauté internationale depuis presque vingt ans ?
Les juifs de France, dont je fais partie, aiment dans leur majorité à affirmer et réaffirmer leur attachement viscéral à Israël, que ce soit à titre individuel ou par le biais d'organisations prétendant parler au nom d'eux tous, comme le Conseil représentatif des institutions juives de France. Nombre d'entre eux pensent faire la preuve d'un tel attachement en condamnant comme manifestation d'antisémitisme toute critique non juive, et de haine de soi toute critique juive, des politiques d'Israël envers les Palestiniens. Mais les événements actuels ne prescrivent-ils pas à tous ceux qui refusent ce débat de se demander s'ils ont vraiment à coeur de défendre l'intérêt d'Israël ?
Nul ne sait encore ce que sera le Moyen-Orient de demain, mais les équilibres régionaux qui mettaient jusqu'à présent dans le même camp objectif Israël et les autocraties arabes face à la menace islamiste sont indéniablement en voie de dissolution. Et pour Israël, il y a pire : si aucun accord de paix avec l'Etat juif n'est conclu dans les mois qui viennent, l'Autorité palestinienne demandera en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies de reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Il est pressenti qu'une majorité d'Etats membres lui accordera cette reconnaissance, comme elle l'accorda à Israël en 1948.
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Corinne Mellul,chargée d'enseignement à la faculté des sciences sociales de l'Institut catholique de Paris
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