vendredi 10 mai 2013

Manuel Valls, un an après : un Sarkozy bis à l'Intérieur ?



extraits

Vidéosurveillance et fichage toujours soutenus

Les associations de protection de la vie privée s'étaient inquiétées sous l'ère Sarkozy de la prolifération des caméras de vidéosurveillance (alors rebaptisée vidéoprotection par le gouvernement). Les choses ont un peu changé, pour des raisons budgétaires : les financements étatiques se sont légèrement réduits. Pour autant, Manuel Valls n'a pas lancé d'étude sur l'efficacité du dispositif. "Cela fait vingt ans que nous avons de la vidéosurveillance en France, et nous n'avons aucun rapport sur l'intérêt, ni sur le nombre de caméras réellement déployées : on ne sait pas", explique Jean-Marc Manach, journaliste spécialisé sur les questions concernant l'informatique et les libertés*.

Mais ce n'est peut-être pas le principal problème aujourd'hui. Il s'agirait plutôt du fichage des citoyens, selon Jean-Marc Manach, qui dénonce l'évolution des fichiers de police. "Alors que la Cour européenne des droits de l'homme répète qu'on ne doit pas ficher les innocents, en France on continue !" explique-t-il, faisant référence notamment au fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) dans lequel figurent 2,2 millions de Français, dont "80 % de personnes innocentes, qui n'ont pas été condamnées". Et ce n'est pas l'actuelle ministre de l'Écologie et experte des fichiers de police, Delphine Batho, qui pourra changer quelque chose : elle a été expulsée du ministère de la Justice. Son projet de loi, cosigné avec l'UMP lorsqu'elle était députée PS avant l'arrivée de François Hollande à l'Élysée, semble bel et bien enterré...

Pire, Manuel Valls n'a pas modifié le projet de fusion du Stic (police) et de Judex (gendarmerie) dans le nouveau fichier commun TAJ (traitement des antécédents judiciaires) : malgré les réserves de son camp sur le fond comme sur la forme, il laisse le projet de Claude Guéant aboutir. Même constat pour l'intégration des empreintes biométriques dans tous les documents d'identité ou pour le maintien du plan Vigipirate. Cette mesure d'exception, qui devait être temporaire, est en vigueur dans sa version moderne depuis plus de deux décennies. Pourtant, les dispositions du plan Vigipirate ne sont pas "normales" pour Emmanuel Roux. Selon lui, "si l'on entérine tout cela, on régresse sur les libertés publiques".

Le Point.fr - Publié le 03/05/2013 à 10:35 - Modifié le 03/05/2013 à 14:05

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