Droit dans les yeux
Peut on forcer les peuples à cultiver et à manger des OGM ?
Ce qui vient de se passer en Europe devrait être très instructif pour nous tous ici au Burkina.
La commission européenne présidée par Mr Barroso vient de subir un cinglant revers sur ce sujet : Elle voulait obliger tous les pays de l’Union Européenne à autoriser la culture du maïs OGM Mon 810 de la firme américaine Monsanto, au prétexte que, peut être, un jour, l’OMC allait condamner l’Union Européenne pour ce refus.
Pourtant deux pays ont interdit cette culture sur leur territoire : l’Autriche et
Ainsi, la commission européenne n’a pas pu forcer des états qui ne le voulaient pas à cultiver des OGM, surtout le Mon810, ce maïs à problème dont les peuples, informés, ne veulent pas dans leur nourriture, mais surtout pas non plus dans leur environnement, tant il menace la biodiversité.
Ainsi, les peuples qui n’en veulent pas ont obtenu gain de cause et peuvent continuer de refuser les OGM contre la collusion « Commission européenne – Monsanto », contre les lobbies malhonnêtes qui font des pressions innommables.
Mais pour cela, il faut que les peuples soient informés, qu’ils aient une société civile forte, qu’ils soient sensibilisés au développement durable et à la biodiversité, qu’ils n’aient pas envie de devenir esclaves de Monsanto dont les pratiques sont aujourd’hui mieux connues, et qu’à l’approche d’élections, ceux qui veulent se faire ré élire soient capables d’écouter les peuples.
Pourtant aujourd’hui encore, il y a des dirigeants qui osent proclamer que « seuls les OGM pourront résoudre les problèmes de famines dans monde » ! Faut il être mal informé ou avoir si peu de prudence et de discernement pour dire aujourd’hui des choses pareilles ! Une telle affirmation n’est qu’un argument publicitaire et commercial uniquement proclamé par les multinationales qui les produisent… et un argument qui n’a pas fait ses preuves, une véritable illusion !
Aujourd’hui, trois pays produisent l’essentiel des maïs OGM : les USA, l’Argentine et le Brésil (et encore, essentiellement pour la nourriture animale et les agrocarburants); partout ailleurs – sauf à bricoler les statistiques -- les cultures OGM reculent ou, en tous cas, stagnent, même si le Burkina fait figure d’exception en se lançant dans cette hypothétique aventure dont il ne maîtrise réellement ni la technologie ni les tenants et aboutissants. Hélas !
C’est probablement ce qui fait qu’au Burkina, le débat sur les OGM a été décrété clos avec ceux qui cherchent des explications, remettent en cause les OGM, ou les refusent. Au Burkina, les autorités ont décidé sans le peuple et n’acceptent plus le débat avec ceux qui contestent ces choix. Au Burkina, les autorités en charge de l’agriculture ne veulent plus discuter, et même avec un syndicat paysan qui avait demandé une entrevue sur la question.
On ne discute plus, tant la controverse risquerait de déstabiliser des choix parfois bien difficiles à justifier.
Ainsi, devant un peuple largement analphabète, qui ne sait pas ce dont il s’agit, devant un peuple qui ne vit pas en régime démocratique au sens qu’il n’a pas vraiment la possibilité de s’exprimer, devant un peuple sous informé et qui n’est pas autorisé à poser des questions, devant un peuple de paysans que l’on ne craint pas, alors, oui, on peut continuer à refuser le débat, et alors oui, on peut lui faire cultiver et manger des OGM !*
Père Jacques Lacour (BP 332 Koudougou)
jacqueslacourbf@yahoo.fr
Cette rubrique "Droit dans les yeux" a été mise en ligne sur le site du journal "Le Pays" dès le lundi 20 mars à 21 heures, à l'adresse suivante:
http://www.lepays.bf/spip.php?article1348
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