Droit dans les yeux :
Petite revue des ministères
Ministère de la culture
A l’occasion de l’ouverture des NAK (Nuits Atypiques de Koudougou), le ministre n’a pu venir ; c’est normal, il y avait des choses plus importantes ; il a donc délégué un remplaçant. Quand ce remplaçant a lu le discours d’ouverture d’une lecture parfois hésitante, nous, les invités, on a tous souri. Mais quand il a essayé de parler sans texte en improvisant une phrase dans un français approximatif, alors là, on a franchement rigolé ! Ca aurait été sympa d’envoyer quelqu’un culturellement au niveau…
Musée National
En juillet dernier, j’ai reçu ma sœur Monique venue me rendre visite ici au Burkina et avec elle, nous avons voulu découvrir le beau musée national. Deux salles étaient accessibles : dans la première y étaient relatées les récentes découvertes archéologiques faites au sahel dans la région de Oursy… Les visiteurs furent abandonnés à la lecture des panneaux, sans accompagnement aucun. La deuxième salle exposait une série de masques… mais hélas avec des guides peu compétents et qui ne supportaient pas les questions. Quand mon frère Bernard est venu me voir en novembre, on n’y est pas retourné.
Par contre à Loanga, félicitations aux jeunes guides qui nous ont entraîné dans le monde merveilleux des sculptures de granit, avec beaucoup d’intelligence et de poésie… comme s’ils les avaient vu naître. Promis, là-bas, j’y retournerai encore.
Ministères des infrastructures.
Vous connaissez Seytenga, vous ?
Ainsi Seytenga, un gros village du Sahel, aura bientôt sa route goudronnée ! Ce gros village frontalier vaut à lui seul plus que toutes les régions du Sourou, de Nouna, de Dedougou et de Solenzo ensemble ! Alors là, l’explication des techniciens ne me suffit plus (trafic induit, trafic réel, etc…). Je veux comprendre pourquoi – au delà des promesses que l’on vient encore de renouveler (mais qui peut croire encore ces promesses ?) – oui, pourquoi on n’a pas encore fait de routes goudronnées vers cette région, peu importe que ce soit Koudougou-Dedougou, que ce soit Yako-Nyassan ou bien encore Koudougou-Toma-Gassan ; oui pourquoi ? Pourquoi rien n’a encore démarré à ce jour ?
(Des amis m’ont fait remarquer récemment qu’un échangeur, c’est pour aller d’une autoroute à une autre autoroute, pas pour aller d’une piste à une autre piste : je pense surtout aux entrées de Ouaga)
Ministère de l’agriculture
Si j’étais ministre de l’agriculture, vous ne pouvez imaginer comme je serais heureux cette année ! Non seulement, les paysans ont produit beaucoup (maïs, mil, riz…), mais en plus, ils parviennent à vendre leurs récoltes à un bon prix qui paye leur peine et qui va – enfin – commencer à faire reculer la pauvreté dans les campagnes. Et pour le riz, ils valorisent encore parfois leur production par l’étuvage quand ils en ont les moyens. Que demander de plus ?
Eh bien non, notre ministre de l’agriculture n’est pas content du tout : les paysans « refusent » de lui remettre une partie de leur récolte brute à vil prix, un prix ridicule décidé sans eux par des techniciens jamais sortis de leurs bureaux climatisés. Comme au temps de la « traite », comme au temps des administrateurs coloniaux, il aurait aimé se faire livrer pas cher son quota de riz paddy… De toutes façons, si c’était pour les écoles ou les hôpitaux, le riz paddy n’est pas très pratique… Mais le ministre a sans doute quelques amis décortiqueurs ou étuveurs qui auraient arrangé ça…
« Mais que vais je dire au premier ministre ? » s’est il exclamé devant ce refus. Et bien, je pense que le premier ministre qui a
Non, le premier ministre ne peut que se réjouir de voir la pauvreté reculer dans les rizières parce qu’enfin le travail des paysans est un peu mieux rémunéré et que certains pourront enfin se libérer d’une partie de leurs dettes accumulées ces dernières années.
(Et si une partie des récoltes est partie à l’étranger, que le ministre de l’agriculture s’adresse au ministère du commerce et aux douanes ; et si les commerçants du Burkina n’ont pas fait leur travail, qu’il n’accable pas les paysans ; et s’il est en retard sur le cours des céréales au pays et dans la sous région, qu’il s’informe !)
Ministère de l’enseignement
Est il vraiment nécessaire de frapper un enfant pour qu’il apprenne à l’école ? Je ne le pense pas. Mais quand on a soi même été frappé, on a tendance à reproduire ce qui est arrivé et à frapper aussi et même à trouver cela normal…. Il y a là un cycle de la violence à briser.
Frapper un enfant peut aussi soulager la colère et l’énervement d’un maître… surtout s’il n’est pas venu là par vocation ; mais est ce la meilleure solution ?
N’y a-t-il pas là encore quelques relents d’une mentalité passée qui nous hante encore, selon laquelle « sans la chicote, un noir ne peut apprendre ni faire quelque chose de bon »… Il est grand temps d’en sortir, et définitivement. Le ministère a ouvert la voie…
Mairie de Ouagadougou
Tous les Burkinabè savent que d’ici 2, 5 ou 10 ans, c’est sûr, il y aura à Ouagadougou une « avenue Norbert Zongo »; il est devenu une personnalité incontournable du Burkina, internationalement reconnue… alors pourquoi s’acharner aujourd’hui contre ceux qui ont quelques années d’avance ? C’est uniquement une question de temps. Puisse Simon le comprendre… et l’accepter humblement.
Père Jacques LACOUR (BP 332 Koudougou)
publié dans le journal Le Pays du mardi 24 février 2009, rubrique "Droit dans les yeux":
http://www.lepays.bf/spip.php?article1098
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire