Missionnaire blogueur
Depuis le BurkinaFaso où il est missionnaire chez les Pères blancs, Jacques Lacour conte sa vision du monde sur le net. Blog et sites sont ses outils de lobbying.
Point d'aube, ni de col blanc. Jacques Lacour est un de ces prêtres qui se noient dans la masse, une chevalière flanquée d’une croix à la main. Au titre de prêtre, il préfère celui d'aumônier de la société civile. Un engagé de la première heure, défenseur bec et ongles de l’Afrique. Depuis 1978, au Burkina Faso, ce Lorrain de souche, natif de Dieulouard, est entré en mission au sein de la congrégation des Pères Blancs.
En paroisse, il fut pendant longtemps chargé d’animer des équipes de catéchistes et de monter des projets de développement. Face aux injustices du monde africain, de la corruption, de la mondialisation, il avait soif de « faire bouger les choses ». Depuis deux ans à Koudougou, une ville à 100 kilomètres de la capitale du Burkina, il a embrassé la destinée du Sedelan, une maison d’édition.
«C'est un peu comme si j’avais changé de métier reconnait Jacques Lacour. Il multiplie les publications en langues nationales du Burkina. Des ouvrages scolaires à ceux voués à l'agriculture, il sert la cause de la culture. «A quoi sert d'apprendre à lire dans une langue, si le lecteur n'a rien à se mettre sous les yeux ?» glisse l'aumônier. Plus mordant, sa plume chatouille le politique, « Faire passer les messages, sans jamais blesser.» C'est là, la méthode Jacques Lacour. Sa mission de lobbying, il l'exerce volontiers sur le thème de la « souveraineté alimentaire», et participe sans se faire prier aux réflexions avec d'autres ONG (organisations non gouvernementales) sur l'élaboration de politiques agricoles respectueuses des besoins alimentaires du pays, des agriculteurs et de l’environnement. Le riz, le coton, le lait, les OGM, sont ses sujets de prédilection, souvent traités à l'aune de la mondialisation.
Sur le site internet du Sedelan, sur celui du forum social du Burkina, le missionnaire blogueur est partout sur la toile. A commencer sur son blog personnel. Puis dans une chronique publiée et diffusée en ligne, dans le Pays, principal quotidien Burkinabé.
«Un blog informatique, c'est une petite aventure» promet l'aumônier qui, depuis l'Afrique, ne décolère pas en suivant l'actualité mondiale. Un trader de la Société générale qui perd 5 milliards d'euros? « C'est le jeu des fous du néolibéralisme. Placé dans les mains de fous, cela met en danger l'économie réelle.»
Les militants de l'Arche de Zoé tout juste libérés? « Bien sûr des familles Africaines dans la misère sont prêtes à donner un enfant pour qu’il soit élevé dans une famille européenne. Bien sûr que des milliers d'enfants africains sont menacés chaque jour dans leur santé ou leur survie. Mais est-ce la solution d'en extraire quelques-uns pour satisfaire le besoin d'enfant des pays riches ?» interroge Jacques Lacour.
Il dénonce la politique Sarkozy de reconduite à la frontière. «C'est une illusion. Même le rapport Attali dit qu'il faut largement ouvrir les portes». Et de tempêter enfin contre les accords de libre-échange (Etats-Unis/Mexique Alena, ou Européens Ape) dont les effets «ruineront les paysans burkinabé» regrette Jacques Lacour, par mail interposé.
Puis, philosophe, de lancer sur la toile : « Un jour les choses devront changer. L'écart entre riches et pauvres dans un pays est trop démesuré. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres est trop immense.. ».
Emmanuel VACCARO
Un blog et quatre sites
Voici tous les sites sur lesquels écrit Jacques Lacour :
Son blog :
www.fr360.yahoo.com/Jacqueslacourbf
La maison d'édition:
www.abcburkina.net
Site du forum social :
www.forumsocialburkina.info
Chronique dans le journal : (chaque mardi)
www.lepays.bf
Chez les Missionnaires d’Afrique:
www.mafrwestafrica.net
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