La vieille République bananière françafricaine se porte bien
10 avril 2008
Survie - http://www.survie-france.org/
A peine choisi en remplacement du malheureux Jean-Marie Bockel, remercié pour avoir vexé les dictateurs d’Afrique centrale, assis sur le pétrole et la misère de leurs pays, en critiquant la façon scandaleuse dont ils gèrent les richesses de leurs pays, Alain Joyandet, le nouveau secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie se précipite à Libreville le 10 avril pour se faire oindre par Bongo. C’est ce qu’il appelle, en langage diplomatique, « renouer les fils du dialogue ».
Cette visite se situe entre un rendez-vous avec Christophe de Margerie, PDG de Total, le 9 avril et un autre avec Michel Roussin, vice-président du groupe Bolloré le 10 avril. Alain Joyandet aura ainsi fait le tour en quelques heures des acteurs essentiels de la politique de la France en Afrique : des chefs d’Etats aux fortunes colossales et des PDG aux bénéfices non moins colossaux. Tous ensemble s’engraissent sur les richesses de la terre africaine, tandis que les habitants meurent de misère. L’espérance de vie en Afrique centrale est d’à peine cinquante ans.
Les liens entre les dictateurs d’Afrique francophone et la classe politique française sont indissolubles. Après un demi-siècle de complicité dans le pillage des richesses de ces malheureux pays, Paris ne peut prendre de position politique en Afrique sans l’accord de Bongo. Les ressources du Gabon ont toujours été utilisées par ce dernier comme ses biens personnels et dans l’intérêt exclusif de sa famille. Il a su également se faire suffisamment d’obligés pour que le gouvernement français tremble quand il fronce les sourcils et se plie docilement à ses diktats.
C’est stupéfiant de voir l’effet Bongo sur les politiques français, qui accourent tous comme des caniches dès qu’on les siffle. Pour avoir méconnu la loi du sérail, Jean-Marie Bockel a dû apprendre qu’aucun politique français ne peut se permettre de critiquer les fidèles serviteurs des intérêts français en Afrique. La politique de la France est prisonnière de ses errements invétérés et se trouve enchaînée à ses complices par un pacte bien puissant, dont on voit les effets étonnants.
Ce ne serait que grotesque s’il ne fallait rappeler la toile de fond de cette basse politique : des pays qui sombrent dans le désespoir, des hommes et des femmes qui s’enfuient pour mourir dans les déserts et dans les mers, pour vivre traqués et se trouver jetés dans les charters qui les renvoient à la misère. Des populations qui se soulèvent et sur lesquelles on tire, faisant de nombreuses victimes, dans le silence des médias et des chargés des droits de l’Homme de notre pays, aveugles quand des Africains sont opprimés.
Le choix français de reconduire le pacte d’exploitation néocolonial entre les agents de la traite et leurs séides locaux, est lourd de conséquences. C’est le choix à courte vue des intérêts les plus rapaces, qui ne lâcheront pas un lambeau de la chair vivante de l’Afrique dont ils se nourrissent. C’est le choix du mépris des populations africaines spoliées depuis des décennies. Le réveil sera rude quand les peuples africains qu’on se refuse d’entendre se lèveront pour s’émanciper.
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