jeudi 4 septembre 2008

Et si on augmentait les petits salaires tout de suite ?

Quotidien le Pays n°4140 du 17/06/2008

Droit dans les yeux

Et si on augmentait les petits salaires tout de suite ?

Une commission parlementaire a travaillé. Le gouvernement réfléchit Les ministres et les députés continuent de circuler en 4x4 sur le goudron (et quand ils doivent sortir vers les villages, on refait la route pour eux).
Les séminaires, ateliers, symposiums, tables rondes et autres discutent de la vie chère et font des "plans sur la comète" pour des politiques fumeuses qui ne se réalisent pas…
Les syndicats réclament 25% d’augmentation des salaires, mais rien ne se passe.


En attendant, les plus pauvres, ceux qui doivent gérer un budget de 30 000 F ou 40 000 F ou 50 000 F CFA pour toute la famille n’y arrivent plus. "Les catégories sociales les plus vulnérables", les plus pauvres, souffrent terriblement de l’inflation et de l’augmentation des prix des denrées de base. Tout le monde semble oublier les plus pauvres qui depuis 6 mois maintenant n’en peuvent plus. Le lait a disparu de leur menu, l’huile a diminué de moitié, le morceau de pain du dimanche a rétréci ! Seule la bière semble n’avoir pas augmenté ; mais ils n’en boivent pas !

Alors je suggère que tout de suite, on augmente de 10 000 F CFA par mois tous les salaires compris entre le SMIG (30 000) et 50 000 F. Pour que ceux qui sont le plus dans le besoin, les plus pauvres, puissent faire face à leurs obligations alimentaires par rapport à leurs familles.
Il faut donner un signal fort en direction des salariés les plus pauvres afin qu’ils ne s’endettent pas indéfiniment pour la survie de leurs familles. Il faut une augmentation incompressible de 10 000 F par mois pour tous les bas salaires.

Evidemment, les syndicats vont se fâcher contre moi, eux qui demandent une augmentation générale de 25% des salaires. Mais savent-ils qu’une telle augmentation va creuser encore plus l’écart entre les riches et les pauvres dans notre pays ? Est-ce cela que nous voulons ?
Le 30 000 F gagnerait 37 500 ; mais le 100 000 F recevrait 125 000 ; l’écart passerait de 70 000 à 87 500. L’écart entre riches et pauvres continuerait de se creuser, et l’inflation rattraperait très vite tout le monde.

Evidemment, les employeurs vont se fâcher contre moi, eux qui cherchent souvent à payer le moins possible leurs employés. Et qui redoutent toute augmentation légale des salaires qui diminue leurs marges, accroît leurs charges et, surtout, diminue leurs bénéfices.

Evidemment le gouvernement va se fâcher contre moi. Et ses objections ne manquent pas. Ses bailleurs de fonds, qui fournissent l’"aide budgétaire" ne veulent pas voir augmenter la masse salariale des agents de l’Etat. Et que faire face aux conseils musclés du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui veulent voir les Etats s’effacer au profit du seul secteur privé ? D’ailleurs, de multiples objections administratives seront opposées à ma proposition et on me dira que ce n’est pas faisable. Et pourtant, une prime de "vie chère" de 10 000 F CFA pour les salaires de moins de 50 000 F, ça peut s’inventer, non ? Mais c’est sûr que pour les plus pauvres, on manque terriblement d’imagination dans le milieu des décideurs qui eux n’en manquent pas pour "s’augmenter" allègrement.

Bien sûr, les plus pauvres d’entre les pauvres, ceux qui ne font plus qu’un repas par jour de tô à la sauce baobab, dans le Burkina profond, ceux-là savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Depuis longtemps, ils ont appris qu’en dehors des périodes électorales où tout est joué d’avance, personne ne s’intéresse à eux. Et d’ailleurs, dans les solutions aujourd’hui proposées, qui pense à eux ? Personne ; on ne parle même pas d’eux ! Eux, ils attendent la pluie, celle qui va leur permettre de survivre encore une année, celle qui va leur permettre de semer, de travailler, de récolter peut-être.

A la fin de leur session parlementaire, les journaux nous ont montré les députés priant pour la pluie. Merci à Dieu de ne pas se dérober pour que leur pouvoir ne soit pas menacé !


Bonne nouvelle

Pendant que le gouvernement réfléchit, que les commissions étudient, les paysans de la vallée du Sourou se sont remis tout seuls à la culture du riz : c’est une évidence, avec un prix rémunérateur, forcément ils produiront : ils n’ont pas besoin d’autres politiques. Si des engrais viennent, si la route Niassan-Ouaga est goudronnée, ce serait mieux ; mais depuis le temps qu’ils attendent ! Oh, un ministre ira sans doute les voir pour faire croire au monde entier qu’il y est pour quelque chose…

Ah oui, il faudrait seulement que ceux qui gèrent le barrage du Sourou (personne ne sait vraiment qui ils sont, évidemment) ne laissent pas l’eau s’en aller avant la fin de la campagne pour tout faire perdre aux paysans comme cela est déjà arrivé.

Et que les importateurs-exportateurs de riz, trop proches des politiques, ne reviennent pas l’an prochain ou dans deux ans avec du riz subventionné pour casser à nouveau la filière.






mardi, 17 juin 2008

Aucun commentaire: