jeudi 4 septembre 2008

Problèmes de concessions et de parcelles

Quotidien Le Pays n° 4135 du 10/06/2008

DROIT DANS LES YEUX


KOUDOUGOU

Problèmes de concessions et de parcelles

Quand je suis arrivé à Koudougou il y a 3 ans, je me suis étonné des très nombreuses concessions vides, abandonnées, pas mises en valeur dans le quartier où j’habite. Un peu comme si elles avaient été attribuées à des acteurs-propriétaires incapables de les mettre en valeur ou n’en ayant pas vraiment besoin pour se loger.

Bien sûr, m’a-t-on expliqué, Koudougou est une ville sinistrée. La mise en faillite et la fermeture de l’usine textile ont entraîné des conséquences désastreuses pour les populations de la ville dont les projets immobiliers ont été brisés pour longtemps.

Trois ans plus tard, je suis maintenant convaincu que les propriétaires de parcelles sont des gens qui n’en ont pas vraiment besoin pour se loger eux-mêmes.

Avec l’arrivée de milliers d’étudiants dans le quartier, une soudaine frénésie d’investissement immobilier se fait jour à une allure record. Et tout semble déjà loué un an à l’avance, avant même que les constructions ne soient terminées.

Les « celibatorium » se multiplient et je ne pense pas que ce soient les propriétaires qui vont les habiter.

Il s’agit bien d’investissements pour de l’immobilier locatif, pour de l’immobilier de rapport et non pour permettre à des familles propriétaires de se loger.

Il semble donc que ces parcelles ont été attribuées à l’origine à des gens qui n’en avaient pas un besoin urgent pour se loger, eux et leurs familles. Profitant d’une application souple de la réglementation des attributions, certains ont pu obtenir un certain nombre de parcelles, au nom de vieux oncles, de vieilles tantes et de tous les enfants « majeurs » de la concession.

Certains ont pu donc se constituer à peu de frais un patrimoine foncier tout à fait consistant dans le seul but de la revente.

Aucune mise en valeur réelle, pas même un bâtiment en banco – en attendant – pour y loger un frère ou un beau-frère.

Au bout d’un certain nombre d’années, la réglementation prévoit pourtant le retrait des parcelles non mises en valeur pour les attribuer à d’autres personnes ou familles dans l’attente de se loger ou de construire.

Soit cette procédure n’a pas été enclenchée – que fait donc l’administration ? Soit quand elle l’a été, elle a donné lieu à des litiges impossibles à gérer car faisant appel à différents services et parfois à la justice qui tranche sans se renseigner toujours auprès des autres services.

Du coup, le bruit court qu’à Koudougou, il y aurait pas moins de 1200 parcelles "litigieuses" pour une population de moins de 100.000 habitants. Ce n’est pas peu, et pendant un temps, j’ai cru que ce chiffre avait été amplifié par la rumeur. Pas du tout, c’est plus de 1100 plaintes qui ont été enregistrées à la mairie à ce sujet. La mairie semble donc s’être attelée au travail, mais elle en aura pour longtemps à résorber cet imbroglio administratif tant les passions, les rancoeurs et les intérêts sont exacerbés dans ce domaine.

Ce qu’on peut souhaiter de toutes nos forces, c’est que des solutions soient trouvées qui permettent d’abord à ceux qui ont besoin de se loger de trouver des concessions aux tarifs d’une première attribution… Un gros travail de repérage des familles qui en ont effectivement besoin doit être fait, en particulier pour tous ceux qui sont « déguerpis » d’endroits où ils pensaient peut être finir leurs jours sans parfois aucune contrepartie…

La crédibilité de la nouvelle mairie se mesurera à cette capacité de faire attribuer les parcelles libres ou libérées à ceux et celles qui en ont vraiment besoin pour se loger. Et nous y veillerons.

Quant à ceux qui veulent spéculer sur des parcelles non mises en valeur, qu’ils soient sanctionnés comme le prévoit la réglementation.

Ceux qui veulent investir dans l’immobilier locatif, qu’ils passent alors par le « marché » et paient à leur tarif libre des terrains qui vont leur rapporter gros dans les parages de l’université dont les chiffres de fréquentation explosent.


Bonne nouvelle :

Mieux vaut tard que jamais. Il semble que Monsieur Bolloré, propriétaire des sociétés SDV, SNTB, SETO, etc…vient de découvrir que le SIDA existe dans notre pays et qu’il fait des ravages. Et qu’il a décidé de s’impliquer un peu pour cette cause,… à grand renfort de publicité. Ca soigne l’image de marque aussi.

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