Quotidien le Pays N°4048 du 05/02/2008 | | |||
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Droit dans les yeux |
IMAGES PORNOGRAPHIQUES AU LTO ET A BANGR-WEOGO
Pitié pour nos soeurs !
Un article récent, paru dans Sidwaya n° 6098 du 25-27 janvier 2008 (p.23), nous apprend que circulent à Ouagadougou deux "vidéos pornographiques" dont les acteurs seraient, entre autres, des élèves d’établissements secondaires de la ville. Nous ne savons pas encore s’il s’agit d’un simple "dérapage" de jeunes qu’il ne faudrait pas dramatiser outre mesure, ou de quelque chose de plus important sur lequel il est bon de réfléchir.
L’article épingle longuement les deux jeunes femmes X et Y qui se seraient prêtées à ce tournage amateur. Elles auraient déjà été sanctionnées et seraient exclues ou tout du moins suspendues dans leurs lycées respectifs.
Mais où sont donc les garçons ou les hommes qui sont sur ces mêmes images, dont on ne parle pas, que l’on n’épingle pas, que l’on ne sanctionne pas et que l’on n’exclut pas ?
Dans un cas, il nous est dit que la vidéo aurait dû rester un souvenir intime et secret. Quelle trahison ! Coupable non seulement de pornographie, mais aussi de trahison. Non-respect de "droit à l’image", divulgation de "vie privée". Vouloir salir.
Deux autres garçons figureraient dans la seconde vidéo amateur : comment ont-ils pu se prêter à ce jeu, eux aussi ? Ont-ils été sanctionnés ? Le journal n’en dit rien.
Je ne voudrais pas oublier ici ceux qui ont tourné ces images. Qui sont-ils, où sont-ils ? Ce sont les hommes, en général, qui en sont demandeurs pour leurs fantasmes. Leur responsabilité est bien grande dans cette affaire. Une vocation d’industriel du sexe n’est-elle pas déjà née en eux ? Mais le journal n’en dit mot. Alors qu’il me semble qu’ils sont eux aussi bien coupables dans cette affaire.
Depuis quelques temps, chacun d’entre nous peut ainsi "voler" des images avec un appareil photo numérique ou un bon téléphone portable qui sont aujourd’hui tous capables de faire de petites vidéos. Des images qui peuvent témoigner (la police française les récuse.). Des images qui peuvent violer l’intimité des personnes… mais aussi des images qui nous permettent de garder de merveilleux souvenirs. Que faisons-nous de ces instruments ?
Je voudrais dire un mot de toutes celles et tous ceux qui ont regardé ces "images pornographiques" et qui ont participé d’une manière ou d’une autre à leur diffusion. Ne s’est-il trouvé personne, pour arrêter la "chaîne" ?
Les hommes toujours épargnés
Mais quand on voit la facilité avec laquelle sont distribués et vendus les DVD porno, pas seulement à la sauvette dans la rue, mais même dans les bonnes boutiques (un peu à l’abri des regards, il est vrai), on ne peut que s’interroger sur la diffusion de cette culture dans laquelle ils sont nombreux à être impliqués et qui ne semble plus poser question. Là, ce n’est pas une affaire de jeunes, c’est d’abord une affaire d’adultes… "Faites comme je dis, ne faites pas comme je fais" est un principe éducatif qui ne marche pas ! Et pas seulement de la part des parents.
On peut se demander aussi si ce genre de situation qui est dénoncé avec vigueur n’a pas été préparé dans les mentalités depuis longtemps.
Ceux qui ne pensent qu’à faire danser et s’amuser la jeunesse sans leur proposer un idéal et des objectifs de vie portent une bien grande part de responsabilité.
L’ambiance pornographique, tous les psychologues vous le diront, étouffe dans le cœur des hommes la capacité à une vraie vie spirituelle, une vraie "vie intérieure"… Elle empêche notre humanisation.
Pour ces deux jeunes femmes impliquées dans cette affaire, accusées et déjà exclues, combien d’hommes (de mâles) sont impliqués directement ou indirectement ? Et pourquoi sont-ils presque toujours épargnés ? L’industrie du sexe, pornographie ou prostitution, vient d’abord avec la demande des hommes… Ce sont eux les principaux responsables. Des pays, comme la Suède, l’ont bien compris qui condamnent d’abord les "clients".
Toutes celles et tous ceux qui ont étudié et cherché à comprendre le parcours des actrices du porno ou des travailleuses du sexe savent que la plupart du temps, celles qui entrent dans ces activités sont des femmes blessées qui ont souvent été abusées dans l’enfance ou la prime adolescence et qui, à cause de cela, perdent le respect d’elles-mêmes. Avant de condamner des personnes, il faut comprendre les malheurs qu’elles ont vécus et l’hypocrisie de la société qui les a portés. Trop de confidences me disent cette "pression" pénible et ce harcèlement si fréquent exercés sur les filles et les femmes célibataires… pitié pour nos sœurs !
Père Jacques Lacour
BP 332 Koudougou
jacqueslacourbf@yahoo.fr
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