"Les enseignants ne sont pas reconnus"
Il y a quelques jours, un étudiant est venu discuter avec moi quelques minutes d’un sujet qui le préoccupe et fera sans doute l’objet de son mémoire.
Un sujet de société qui préoccupe aussi parents, élèves, responsables administratifs et politiques :
"Les enseignants n’ont plus l’autorité d’autrefois ; ils ne sont plus respectés comme autrefois ! Pourquoi et que faire ?"
Pour être respecté, il faut être respectable : un enseignant qui frappe les enfants, qui ne respecte pas ses grandes élèves, qui s’absente pour un oui ou pour un non, convenons que cet enseignant perdra une part de son autorité...
Pour être respecté, il faut être compétent et continuer à se former dans sa spécialité : il faut se tenir au courant des nouvelles pédagogies, préparer ses cours, se renouveler, corriger les copies (je me souviens qu’à Pabré, je corrigeais au moins 250 copies par semaine). L’enseignant qui s’astreindra à tout cela sera "reconnu"…
Pour être respecté, un enseignant doit avoir une "vocation" : Se sentir lui-même fait pour enseigner ; avoir des convictions ; être habité par la passion de transmettre un savoir. S’il ne fait ce "travail" que pour le salaire mensuel sans ce souci profond d’éveiller des intelligences à la connaissance et à la compréhension du monde, il y a peu de chances que son travail "rayonne".
Pour être respecté, un enseignant devrait être un "maître", quelqu’un qui habite sa fonction d’enseignant, et pas seulement un fonctionnaire. Tous, nous gardons le souvenir de tel instituteur, de tel professeur qui ont laissé dans nos mémoires une superbe trace, qui nous ont donné envie de savoir, envie d’apprendre. Et cette trace demeure pour la vie.
Trop d’enseignants ne le sont pas assez par conviction, mais seulement parce qu’ils ont "gagné ce concours-là" et non celui de douanier, de policier ou d'infirmier auxquels ils se sont présentés la même année.
Certains enseignants sont devenus et sont encore, là où ils ont servi ou servent, de véritables notables parce que leur savoir, leur intelligence et leur désintéressement font l’admiration de tous. Merci à eux : ils n’ont pas de problèmes d’autorité… et sont respectés.
Il est vrai que cet idéal n’est pas atteint partout, alors se pose la question, quand l’autorité se perd, de savoir comment la rétablir, comment la "restaurer".
Mon interlocuteur suggérait de "sacraliser" la fonction d’enseignant, de l’inscrire même dans la Constitution, de lui donner une reconnaissance légale.
Mais n’est-ce pas là une forme d’argument d’autorité, béquille fragile dont l’efficacité est douteuse sinon inopérante en ces temps de revendication de la démocratie ?
C’est peut être aussi l’argument des faibles qui puisent hors d’eux-mêmes autorité, respect et légitimité.
Puissent ceux qui se présentent au concours d’enseignant trouver en eux, dans leurs convictions, leur passion et leur travail la source qui fera émaner d’eux respect et autorité dont ils ont besoin pour travailler en toute sérénité.
(Au fait, ce que je viens de dire pour l’enseignant vaut aussi pour beaucoup d’autres : le prêtre, l’infirmier, le maçon, le mécanicien…)
Père Jacques Lacour
BP 332 Koudougou
jacqueslacourbf@yahoo.fr
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