Mieux maîtriser les débats autour des OGM
dans l’agriculture et l’alimentation africaines
Du 8 au 10 octobre, nous nous sommes retrouvés à une vingtaine de communicateurs autour du thème des OGM, et des conséquences de leur introduction dans l’agriculture africaine.
Cet atelier se déroulait dans la banlieue Est de Ouagadougou au centre « Paam Yoodo ».
Les animateurs de cet atelier étaient Madame Bernadette OUATTARA, directrice d’INADES-FORMATION et Monsieur Joachim BAZIE
Cet atelier a été organisé par la COPAGEN, Coalition pour la protection du Patrimoine Génétique Africain, une structure née en 2004 à Grand Bassam en Cote d’Ivoire et qui est active actuellement dans 9 pays de la sous région. Cette coalition qui regroupe de multiples structures de la société civile, vise à protéger le patrimoine génétique africain et à garantir les intérêts stratégiques des communautés locales par des actions de plaidoyer. (Le point focal de cette coalition pour le Burkina est INADES-FORMATION)
Le président de COPAGEN-Burkina, Monsieur Drissa SOARE (du CNTB) est venu ouvrir cet atelier. Il nous a invités à mettre toutes nos compétences au service de cette cause si importante qu’est la préservation du patrimoine génétique africain pour qu’ainsi nous puissions sensibiliser les populations par nos communications ; sur ce sujet en effet, l’information dans notre pays est souvent à sens unique.
Ensuite de nombreuses communications sont venues conforter les connaissances des participants dont certains étaient déjà bien à l’aise avec le sujet. D’autres ont pu compléter leur information par ces conférences et par de multiples documents dont 4 (quatre) brochures de vulgarisation qui doivent nous aider à nourrir nos interventions dans les radios, journaux ou ONG avec lesquels nous travaillons.
Les diverses interventions nous ont permis de nous familiariser avec les notions un peu complexes, au premier abord, de biodiversité, biotechnologies, génie génétique, OGM, droits des communautés locales… Cachées derrière des mots complexes, il s’agissait de nous approprier ces notions dans un langage simple pour pouvoir à notre tour les transmettre aux populations. Travail passionnant s’il en est.
Bricoler les brins, les graines de la vie pour la transformer… inventer des plantes nouvelles sans connaître les conséquences de leurs cultures sur l’environnement… se laisser désapproprier nos savoirs ruraux au profit de multinationales qui « s’approprient » tout… La notion actuelle de « propriété intellectuelle » est au seul profit des multinationales… Comment rendre aux communautés locales leurs droits sur le vivant… (Faudra t il payer une taxe un jour pour cueillir une feuille de neem ?)
L’introduction des OGM dans nos agricultures et notre alimentation pose des grands problèmes : dépendance nouvelle des paysans des multinationales du Nord, les OGM enlèvent une part de la diversité génétique, les OGM contaminent les plantes de la même famille, pas de maîtrise des risques (santé, environnement…), résistance des insectes et apparition de nouvelles mauvaises herbes, naissance de nouvelles souches de virus, manque de sécurité biologique, pas d’études d’impact indépendantes, les consommateurs informés ne veulent pas des OGM…
Sur toutes ces questions, un véritable débat démocratique est nécessaire et indispensable, mais il n’a pas lieu : nous devons travailler à ce que naisse ce dialogue entre décideurs, experts, gouvernement, paysans et société civile dans chaque pays de la sous région.
Bien sûr, nos braves paysans ne maîtrisent pas la structure du vivant, sur laquelle nous nous sommes longuement attardés (organisme, organes, tissus, cellule, noyau, chromosomes, ADN, gènes). Mais à l’aide de comparaisons et en créant des mots adaptés dans les langues nationales, il est possible de faire passer les messages pour être compris. Nous avons travaillé à élaborer un peu ce vocabulaire nouveau et il est fort intéressant de constater que nos langues nationales se prêtent magnifiquement à cet exercice.
Une des grandes questions étudiées fut aussi l’aspect juridique qui encadre les OGM, leur dissémination, et les droits des communautés locales par rapport à ces questions. Leurs droits aussi par rapport aux droits de propriété intellectuelle en Afrique. La spoliation qui menace les savoirs traditionnels de nos communautés est grande et toutes les précautions n’ont pas encore été suffisamment prises pour que nos connaissances traditionnelles en matière d’agriculture et de diversité biologique ne soient pas confisquées au profit des seules multinationales et des Etats du Nord.
Nous savons que dans les temps qui viennent, des organismes comme l’USAID, avec MONSANTO et l’INERA vont organiser ici même à Ouaga des réunions d’experts sur ces questions : la voix des communautés rurales sera-t-elle entendue ? Probablement pas, ou à travers des représentants acquis aux causes des multinationales.
Nous avons lancé un appel pour qu’une information impartiale soit donnée à tous, que tous puissent s’approprier ces questions. Le travail des experts est indispensable, mais il n’est pas suffisant pour aboutir à des conclusions engageant toute l’agriculture et l’alimentation de nos pays.
Après avoir conclu les travaux de cet atelier, les communicateurs présents ont décidé de mettre en place un réseau souple pour se communiquer les informations sur ces questions… C’est une autre histoire qui commence. Celle d’un engagement pour nos communautés paysannes, pour notre agriculture, pour notre alimentation… et nous sommes tous dedans !
Père Jacques Lacour (participant à l’atelier)
jacqueslacourbf@yahoo.fr
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