mercredi 3 septembre 2008

Première Rubrique "Droit dans les yeux": les firmes pharmaceutiques n'ont pas de scrupules


C’est une nouvelle particulièrement choquante qui vient de nous parvenir :

Un procès a commencé depuis quelques semaines en Inde auquel il faut prêter attention car il pourrait avoir des conséquences graves, très graves même pour nos vies quotidiennes si l’Inde venait à le perdre.

La multinationale du médicament NOVARTIS intente un procès à l’Inde pour l’empêcher de fabriquer des médicaments génériques à bas prix qui peuvent guérir certaines maladies et en particulier certains cancers.

En Inde, depuis 2005 et en accord avec les règles de l’OMC, pour obtenir un « brevet » sur un médicament (c'est-à-dire la protection du droit de le fabriquer et de le vendre), il faut prouver que ce médicament est « vraiment nouveau » et qu’il soigne de nouvelles maladies, sinon, pas de brevet. En effet, les fabricants de médicaments cherchent à faire breveter le maximum de médicaments le plus longtemps possible en faisant de petites modifications pour obtenir sans cesse de nouveaux brevets : ils peuvent donc continuer à faire d’énormes bénéfices en prolongeant leur monopole sur la fabrication de « leurs » médicaments.

Ainsi, NOVARTIS n’accepte pas la loi indienne et veut la faire condamner et la faire changer ! parce que cette loi permet à l’industrie pharmaceutique indienne de fabriquer des génériques à bas prix, parfois 10 à 30 fois moins cher, à partir de tous les médicaments qui ne sont pas « vraiment nouveaux » pour soigner de nouvelles maladies.

Il faut savoir effectivement que la « fabrication » d’un médicament ne coûte pas très cher ; c’est surtout le travail de recherches, d’études et d’essais thérapeutiques que les industries pharmaceutiques veulent se faire payer très cher ; alors que souvent des fondations ou même des programmes nationaux de recherche les financent pour une part non négligeable. Et quand les laboratoires font la découverte d’un nouveau médicament, ils cherchent à en tirer le plus rapidement possible le plus de profit possible (jusqu’à mettre en danger même les assurances sociales des pays riches !). Et ils ont le monopole sur leurs médicaments pendant 20 ans ! Et c’est pourquoi aussi ils ne font pas de recherches sur les maladies qui sont dans les pays pauvres (paludisme, maladies et fièvres tropicales) parce que ça ne rapporte pas assez!

Il y a quelques années, plusieurs compagnies pharmaceutiques avaient voulu interdire à l’Afrique du Sud de fabriquer des anti-rétroviraux génériques pour soigner les gens atteints du SIDA, mais la protestation des peuples du monde les avaient découragées de continuer le procès… qui montrait clairement que la mort des malades n’était rien pour elles, comparée à leurs profits.

Aujourd’hui, Médecins sans Frontières ( www.msf.fr ) se bat pour faire connaître cette situation et a déjà recueilli 300.000 signatures contre NOVARTIS qui abuse de ses droits de « propriété intellectuelle » et ainsi contribue à la mort de nombreux malades dans les pays pauvres, en les empêchant de se soigner à un prix abordable. Il faut se rappeler que le chiffre d’affaires du marché du médicament est passé de 300 à 600 milliards de dollars entre 1999 et 2005 et que l’industrie pharmaceutique reste le secteur le plus profitable au monde (NOVARTIS a vu son résultat net gonfler de 92% entre 1995 et 2005…)

Nous espérons tous que l’Inde gagnera son procès contre NOVARTIS pour que des médicaments génériques nombreux (et en particulier des anti-cancéreux) puissent enfin être mis à la disposition des plus pauvres… qui de toutes façons ne pourraient jamais acheter les « spécialités » des grandes compagnies pharmaceutiques.

Koudougou, le 15 février 2007

Jacques Lacour jacqueslacourbf@yahoo.fr

(Ce texte a été publié dans "le Pays", quotidien burkinabè, rubrique "droit dans les yeux" le 6/3/2007)


vendredi, 16 mars 2007

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