Ce matin, je pense à tous ceux qui ont vécu la guerre de 14-18… et en particulier à mon grand père maternel. (Au premier rang, au milieu sur la photo)
Je pense aux villages détruits totalement où vivaient des parents, ceux qui ont été reconstruits dans les années 20 : Viéville en Haye, Flirey, Fey,… et ceux qui n’ont jamais été reconstruits : Regniéville, Remenauville…
Ma mère en 1922 est née dans les « baraques »… en attendant que son village soit reconstruit.
Je pense à la liste impressionnante de noms sur les monuments aux morts, à toutes ces vies fauchées dans leur jeunesse. Pourvu que cela ne recommence plus (et pourtant, 21 ans après, ça a recommencé… et mon père fut fait prisonnier.)
J’ai glané dans la presse d’aujourd’hui les propos des deux derniers poilus, c’est édifiant !
L'importance attachée à la date renvoie à ce qu'elle symbolise: le 11-Novembre, c'est le jour où se termine la boucherie, plus que celui de la victoire.
Le 11-Novembre est devenu rapidement un jour de deuil pour penser aux morts qui ne reviendraient jamais
La guerre n'a apporté que mort et destruction.
L’héroïsme est totalement oublié, ou vu comme quelque chose qui a été galvaudé par la propagande, et il ne reste que les victimes.
Les pauvres poilus, victimes de la hiérarchie militaire, ont été envoyés au casse-pipe.
(Un historien)
Cette année, ils ne sont plus que deux poilus: Louis de Cazenave, 110 ans, et Lazare Ponticelli, 109 ans. Bientôt, il n'y en aura plus.
Quatre-vingt-neuf ans après l'Armistice, le dégoût de la guerre est toujours aussi fort. "Un truc absurde, inutile ! A quoi sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien !",
"Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes, criblés d'éclats d'obus. Ils hurlaient, appelaient leurs mères, suppliaient qu'on les achève. Et on ne pouvait pas bouger pour aller les sortir. Les Allemands, on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez."
Dans les années 1990, il a fallu batailler ferme pour qu'il accepte la Légion d'honneur : "Certains de mes camarades n'ont même pas eu droit à une croix de bois…"
"Tous ces jeunes tués, on ne peut pas les oublier. Je tire sur toi, je ne te connais pas. Si seulement tu m'avais fait du mal…"
«On se battait sans savoir pourquoi. Je n'avais rien contre les Allemands, je ne les connaissais pas.»
Il aime raconter cette fois où un homme avait été blessé entre les lignes : "Il criait : Venez me chercher, j'ai la jambe coupée. Les brancardiers n'osaient pas sortir. J'y suis allé avec une pince. Je suis d'abord tombé sur un Allemand, le bras en bandoulière. Il m'a fait deux avec ses doigts. J'ai compris qu'il avait deux enfants. Je l'ai pris et l'ai emmené vers les lignes allemandes. Quand ils se sont mis à tirer, il leur a crié d'arrêter. Je l'ai laissé avant la tranchée. Il m'a dit : Merci . Je suis reparti en arrière, près du blessé français. Il serrait les dents. Je l'ai tiré jusqu'à la tranchée, avec sa jambe de travers. Il m'a embrassé et m'a dit : Merci pour mes quatre enfants. "
Ce Franco-Italien, a toujours tenu à participer à cette commémoration, qu'il considère comme un devoir : "Pendant la guerre, un camarade m'a dit 'Si je meurs, vous penserez à moi', et je n'ai jamais oublié".
il a retenu une chose: "Vous tirez sur des pères de famille, c'est complètement idiot la guerre"
A propos du refus d’obsèques nationales, « Ce n'est pas juste d'attendre le dernier poilu, s'est-il justifié. C'est un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs qu'ils méritaient. On n'a rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant... Même un petit geste aurait suffi », déclare avec aplomb le centenaire. La fille de Lazare Ponticelli souhaite seulement « une cérémonie très simple dédiée à tous les poilus et aux femmes qui ont participé à cette guerre. J'exige aussi que son corps nous soit restitué afin qu'il repose dans le caveau familial. »
"Si c'est moi le dernier, je dis non. Ce serait un affront pour les gens qui sont morts sans considération". Pour lui, le travail de mémoire s'est mis en place trop tardivement. "Ils auraient dû faire ça avant que les gens ne soient morts et ne puissent plus parler", regrette-t-il.
Et pour conclure : Deux destins qui contredisent une thèse en vogue: les fraternisations avec l'ennemi, les actes de désobéissance n'auraient pas pesé lourd, estiment de nombreux historiens. Or, Cazenave a partagé le bout de gras avec des Allemands. Et le soldat Ponticelli a pactisé pendant trois semaines avec les Autrichiens, ce qui lui vaudra de passer en conseil de guerre.
(Tribune de Genève)
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