mercredi 3 septembre 2008

Réaction au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar


Réaction au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar

Et voilà le président Nicolas Sarkozy qui vient donner la leçon aux étudiants... Il parle de Dakar, ex-capitale de l’AOF, comme les gouverneurs d’autrefois...

"L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur". Est-ce pour minimiser, celle, ignoble, de ceux qui ont fait l’esclavage, la colonisation, la néo-colonisation et qui continuent l’exploitation du continent (comme continuent de le faire "ses amis") ?

"L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur". Est-ce pour nier que la misère - celle des hommes et celle des peuples - est instaurée et entretenue par un système économique et politique profondément injuste dont il tient aujourd’hui les commandes et tire les profits ?

"L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur". Est-ce pour enfoncer encore un peu plus cette humiliation où l’on fait croire à celui qui est en situation d’échec que c’est de sa faute ?

Pour guérir une famille du malheur et de la misère, l’abbé Pierre nous disait qu’il faut 3 générations. Combien en faudra-t-il à des peuples humiliés pour qu’ils se réapproprient leur histoire, puissent se débarrasser des "démocratures" qui les étouffent, et des élites modelées par le colon et ses perversités ? Et réapprendre à vivre malgré le poids écrasant et aliénant du commerce international d’aujourd’hui qui n’a de "valeurs" que le profit et d’"objectifs" que la marchandisation de la planète.

Pour guérir tous les malheurs et les séquelles de la colonisation - et de la néo colonisation en cours - qu’il refuse d’assumer dans une longue litanie, il faudrait réellement "la main tendue de l’amitié", une main qui cesse de "prendre" et d’"accaparer", une main tendue "désarmée", un esprit ouvert qui soit capable de voir et d’accompagner l’immense travail actuel des paysans d’aujourd’hui qui ne refusent pas de cultiver d’autres cultures, d’accueillir d’autres techniques, de vivre à d’autres rythmes, si toutefois le fruit de leur travail n’est pas spolié. Et qui veulent non pas seulement l’autosuffisance alimentaire, mais la "souveraineté alimentaire".

Vivre en harmonie avec l’univers à la manière africaine nous ferait-il rester dans l’éternel présent ? Mais dominer l’univers à la manière du Blanc jusqu’à le piller et le détruire, quel avenir cela nous prépare-t-il ?

Que faut-il choisir ?

A quoi sert-il de "comprendre" si l’on n’a pas de convictions, si l’on ne croit à rien, et que se perd la boussole du sens ?

A quoi sert-il de "raisonner" si l’on est incapable d’aimer et de partager ?

A quoi sert-il d’"être en conquête", si l’on ne peut plus connaître la vraie paix ?

A quoi sert-il de gagner le monde si l’on y perd sa vie ?

L’unité de l’Afrique ? Tout a été fait pour l’empêcher et le tracé des frontières n’a été imaginé que par les colons !

La réalité de l’Afrique ? C’est un continent asservi par des intérêts économiques autres que les siens, des politiques imposées de l’extérieur et vouées à l’échec, une aide qui va rarement là où il faut, des élites trop corrompues héritées du modèle colonial et aujourd’hui à l’image du modèle ultralibéral.

La jeunesse africaine vit en phase avec le monde. Elle a envie d’apprendre, d’agir, d’aimer, de construire... de vivre décemment.

Mais la simple décision des jeunes n’y suffira pas et nous savons pourquoi.

Et "ce que la France veut faire avec l’Afrique", si ce ne sont que des mots (comme bien souvent), cela n’y suffira pas non plus !

Père Jacques LACOUR (jacqueslacourbf@yahoo.fr)

(publié le mardi 4 sept 07 dans la chronique "Droit dans les yeux du quotidien "le pays")



jeudi, 27 septembre 2007

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