L’alcool, un malheur pour notre pays
Oser en parler.
Parmi les fléaux qui frappent notre pays, l’asservissent et le ruinent, il en est trois, très répandus, que nous devrions combattre tous ensemble ! Car ils ont ceci en commun, et c’est très grave : ils créent une dépendance, ils enchaînent…il s’agit de l’alcool, de la cigarette et des jeux d’argent : un buveur, un fumeur et un joueur perdent leur liberté d’homme.
Aujourd’hui, parlons de l’alcool : L’accès à l’alcool est tellement facile au Burkina et à des prix défiant toute concurrence : 1000 F (et parfois moins !) pour une bouteille de pastis !... et en quantité surabondante : le SOPAL se livre en fûts de 200 litres ! Bière, vin, liqueur, dolo…en voilà une liste…
Nous savons déjà tous que l’alcool dilapide les biens de la famille, détruit les liens familiaux, crée des conflits, ruine la santé, compromet la production, multiplie les accidents (l’alcool fait beaucoup plus de morts sur les routes que l’absence du port du casque). Et puis, il y a les congés maladie, l’absentéisme au travail : après les fêtes ou les lundis matins, certains « palu » sont de simples « gueules de bois ». Et pire encore, cirrhoses, maladies chroniques, morts précoces… Dans certaines campagnes, on peut même dire que l’alcool décime les populations ! Et puis, il faut bien le dire, l’alcool empêche les gens de réfléchir et de se mobiliser pour faire face à leurs difficultés… Ne disait on pas autrefois en Russie que même le communisme peut se dissoudre dans l’alcool !
Dans ce contexte, beaucoup ont été choqués par l’instauration d’une fête de la bière à Ouagadougou qui ne fait qu’encourager la consommation d’alcool !
Evidemment, il ne s’agit pas ici de s’en prendre aux rencontres sympa ni aux fêtes qui jalonnent notre existence. De temps en temps et raisonnablement, une calebasse de dolo ou une bonne bière entretiennent une bonne convivialité avec les amis… de temps en temps et raisonnablement…
Mais quand il s’agit de longues heures tous les soirs, cela ne va plus ! Reconnaissons alors que l’alcoolisme est bien là un fléau, un malheur immense pour le peuple du Burkina et qu’il faut le combattre. On pourrait toujours se consoler qu’ailleurs c’est pire… comme en Russie ! Mais je ne crois pas que ce soit là une bonne solution.
J’ai souvent vu des villages entiers renoncer aux cultures de contre-saison ou au jardinage parce que c’est justement au moment du dolo qu’il faudrait arroser !
On peut malgré tout trouver une multitude d’objections : C’est le bénéfice de la fabrication du dolo qui aide les femmes à subvenir à la famille. On pourrait dire alors que c’est un moindre mal, que l’argent reste au village… mais pourquoi n’irait il pas directement à la famille sans passer par la case dolo ?
Et surtout, pourquoi ajouter au dolo les liqueurs, les « quimapousse », les « patassi », les « sopal » qui le renforcent mais détruisent l’équilibre mental de ceux qui le consomment. Et quand tous ces alcools forts sont bus secs, ils peuvent même rendre fous… Nous avons tous connu de telles situations. Mais c’est bien rare que toutes ces situations soient vraiment condamnées : on s’accommode de l’alcool, il devient un sujet tabou : une situation à laquelle on n’ose plus toucher, dont on n’ose plus parler.
Dans d’autres pays, la publicité sur l’alcool est interdite (au moins en partie), la vente d’alcool est interdite aux mineurs, les taxes sur l’alcool sont très élevées pour décourager les buveurs, la distillerie est très réglementée… des moyens existent pour décourager et freiner la consommation d’alcool.
Commençons au moins chez nous par « dénaturer » tous ces alcools forts destinés à désinfecter les plaies ou laver les vitres pour freiner, sinon arrêter leur consommation : ils ne sont pas destinés à être bus.
Et puis surtout, parlons en…
Dans notre pays, il n’y a pas grand-chose qui limite la consommation, ni les prix, ni la quantité… Qui a donc intérêt à ce que les Burkinabè boivent ? Qui a intérêt à « promouvoir » (ou à ne rien faire contre) la consommation d’alcool dans notre pays, cet alcool qui sème le malheur dans nos familles et nos villages ? Cherchez qui… et vous saurez ceux qui veulent le malheur de notre pays ! Cela vous coupera aussi peut être l’envie de boire ! En attendant que ceux qui sont tombés dans l’alcool puissent recevoir des soins pour en guérir, car c’est une vraie maladie…
(Qu’en pensez vous ?)
Jacques Lacour
(Ce texte a paru dans la rubrique "droit dans les yeux" du Quotidien Le Pays... a été repris sur le net plusieurs fois)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire