La peur ou la confiance
Quand j’étais enfant, pendant les colonies de vacances, il nous arrivait d’aller la nuit dans la forêt, avec tout notre groupe accompagné d’un moniteur.
La nuit était noire, la forêt sombre. Nous n’avions pas de torche… et puis, à un moment, on s’asseyait à terre, bien serrés les uns contre les autres. Le moniteur nous disait : « En ce moment, vous avez peur, c’est normal parce que vous ne connaissez pas encore la nuit. Mais dans quelques instants, quand vous aurez appris à écouter et identifier les bruits de la nuit, vous verrez, vous n’aurez plus peur… »
Alors en silence, on écoutait une brindille qui craquait, le départ d’un vol d’oiseau, un lézard qui se glissait entre les feuilles, le bruit du vent dans les branches… et tous ces bruits nous devenaient peu à peu familiers. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de la nuit parce qu’on m’a appris à ne pas avoir peur…
J’ai vu trop souvent autour de moi des parents, des éducateurs et des adultes qui enseignaient la peur aux enfants. Quel dommage, quel gaspillage ! Peur de la nuit, peur de l’inconnu, peur des initiatives nouvelles, peur de dire la vérité, peur des punitions et des coups, peur de poser des questions, peur du gendarme, peur de l’étranger, peur d’être empoisonné, peur des esprits maléfiques, peur des supposés sorciers et des improbables mangeuses d’âmes, peur… peur… la liste pourrait être longue !
Et toutes ces peurs là se retrouvent hélas, dans nos vies d’adultes si nous n’y prenons pas garde. Et nous les reproduisons spontanément pour les transmettre à la génération suivante. Quel dommage, quel gaspillage !
Peurs irraisonnées qui nous mènent souvent à des comportements bizarres : fuites, rejets, angoisses, incapacité d’entreprendre, paralysie, manque de paix intérieure, cauchemars…
Pire encore, cela mène à la violence parfois : contre les vieilles femmes injustement accusées de sorcellerie, par exemple.
Il arrive aussi que la peur soit instaurée, cultivée par les autorités, qu’elles soient familiales, traditionnelles, religieuses ou politiques pour mieux asseoir leur pouvoir pour nous asservir et nous empêcher de vivre pleinement, comme il serait bon pour chacun de nous, comme Dieu le veut pour chacun de nous, en bons citoyens libres et non serviles, ayant pleine connaissance de leurs droits et de leurs devoirs.
Alors il faut réagir ! Apprendre, nous-mêmes d’abord, à chasser nos peurs et puis l’apprendre aussi à nos enfants pour retrouver la confiance, la joie et une vie heureuse. Bien sûr, il faut être prudent…, mais pas peureux ! Que Dieu vous donne de rencontrer sur vos chemins des gens qui vous apprennent à ne plus avoir peur… et plus encore, à construire un monde de confiance et de paix d’où toute peur inutile sera bannie !
(Qu’en pensez vous ?)
Jacques Lacour
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